Collégiennes en quête de beauté
230 pages
Français

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Collégiennes en quête de beauté , livre ebook

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Description

Maquillage, parfum, coiffure: les jeunes filles accèdent de plus en plus tôt à l'univers de la beauté. Pourquoi ces jeunes filles s'intéressent-elles si tôt à leur apparence ? Que recherchent-elles ? Quels rôles tiennent la beauté et l'apparence dans leur construction et leur expression identitaires ? Quelles sont leurs pratiques quotidiennes ? Ont-elles des codes spécifiques ? Voici une étude menée auprès de collégiennes de 10 à 15 ans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296537828
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions
Alexis FERRAND, La pratique sociale des groupes de jeunes. Identité et localisation , 2013.
Servet ERTUL, Jean-Philippe MELCHIOR, Éric WIDMER, Travail, santé, éducation. Individualisation des parcours sociaux et inégalités , 2013.
Pascal VALLET, Les dessinateurs. Regard ethnographique sur le travail de dessinateurs dans des ateliers de nu , 2013.
Yannick BRUN-PICARD, Géographie d’interfaces. Formes de l’interface humanité/espaces terrestres , 2013.
Lucie GOUSSARD et Laëtitia SIBAUD (dir.), La rationalisation dans tous ses états, Usages du concept et débats en sciences sociales , 2013.
Christiane Saliba SFEIR, Parentalité, addiction et travail social , 2013.
Hélène BUISSON-FENET et Delphine MERCIER (dir.), Débordements gestionnaires, Individualiser et mesurer le travail par les outils de gestion , 2013.
Robin TILLMANN, Vers une société sans classes ? Le cas de la société suisse contemporaine (1970-2008) , 2013.
Délina HOLDER, Natifs des DOM en métropole. Immigration et intégration , 2013.
Fred DERVIN (dir.), Le concept de culture. Comprendre ses détournements et manipulations , 2013.
Séverine FERRIÈRE, L’ennui à l’école primaire. Représentations sociales, usages et utilités , 2013.
Jean-Yves DARTIGUENAVE, Christophe MOREAU et Maïté SAVINA, Identité et participation sociale des jeunes en Europe et en Méditerranée , 2013.
Titre
Rachida BOUAISS






COLLÉGIENNES EN QUÊTE DE BEAUTÉ

Entre devoir social, expression identitaire et hédonisme
Copyright
© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66750-8
Introduction
Estimé en 2003 à 300Md$ à travers le monde, le pouvoir d’achat des 9-14 ans en fait une cible de consommateurs, potentiels acheteurs, « qui vaut de l’or » 1 , et ce, sans même parler de leur pouvoir d’influence sur les achats familiaux, pouvoir estimé à 1 880 Md$ 2 .

Près de 8 ans après ce constat, largement relayé avec enthousiasme dans la presse professionnelle à l’époque, l’offre en direction des moins de 15 ans et des plus de 7 ans semble néanmoins en retard en France, voire même pour certains observateurs, toute la classe d’âge semble encore et toujours « passer à la trappe » 3 (Gassmann et Damay, 2011).

Paradoxalement, les raisons de s’y intéresser ne manquent pas, dont trois principales :

• Le pouvoir d’achat, estimé à 3 milliards d’euros en France 4 ;
• L’influence sur les décisions familiales sur tous les plans (les 9-14 ans influenceraient à 80 % les marques achetées par leurs parents) ;
• Le potentiel de fidélisation par la création d’une relation entre l’enfant et la marque, à même d’être conservée à l’âge adulte 5 .

Parallèlement à ces constats sur le potentiel économique de cette population, les 8-14 ans évoluent, grandissent et cherchent visiblement à s’exprimer par la consommation et les marques (Le Bigot et al. 2004) dans un monde dominé par le règne de l’hypervisibilité et de l’exposition de soi permanente (Aubert et al. 2010), de la consommation postulée en paradigme quasi existentiel (Stiegler, 2008), de l’hypercommunication et de l’hyperconnexion, s’agissant justement d’une génération « née connectée ». Si quelques tentatives notables peuvent être relevées sur certains marchés, notamment les jeux ou l’alimentaire, les « jeunes » de 8 à 14 ans ne semblent pas aisés à atteindre et à comprendre.

Le secteur de la beauté et des cosmétiques, en particulier, déchaîne la polémique 6 dès lors qu’un pas semble fait en direction des 8-14 ans. Paradoxalement, les offres qui peuvent être proposées aux jeunes filles semblent pourtant correspondre à des attentes puisque les pratiques quotidiennes des plus jeunes semblent de plus en plus orientées vers l’embellissement, le travail de l’apparence et la mise en scène de soi. Par exemple, les filles de 8 à 13 ans apparaissent de plus en plus investies dans une logique d’apprentissage de la féminité qui se traduit concrètement par l’initiation aux pratiques de beauté. Ainsi, selon les résultats d’une étude menée par L’Observatoire des Petites Filles du groupe Prisma Presse, en 2010 :

• 81% font attention à leur look,
• 86% se maquillent régulièrement pour aller à l’école,
• 60% se parfument tous les jours,
• 73% déclarent vouloir maigrir et 77% déclarent avoir un ou plusieurs complexes physiques.

Malgré cela, l’observation de l’offre en Hygiène et Beauté sur les segments de la Grande Distribution et du Sélectif révèle peu de marques ou de gammes spécifiquement dédiées en France, les seules marques non enfant et non adulte en maquillage par exemple, s’adressent par ailleurs aux adolescentes, à partir de 15 ans (Debby, Gosh, Benta Berry).

Dans ce contexte, nous nous sommes intéressées aux jeunes filles impliquées dans la consommation de produits de beauté et de parfum, dans une logique de compréhension des représentations, des motivations et des pratiques pouvant expliquer leur implication croissante et vraisemblablement massive dans l’univers de la beauté. Cela, dans un objectif d’identification de potentiels axes de développement d’une offre plus spécifiquement dédiée.

Avant de présenter plus précisément la démarche de restitution de nos recherches et résultats, il importe de clarifier la définition de la population « cible » dont nous traitons. Il y a en effet débat sur l’étiquette à donner à ces jeunes filles : sont-elles préadolescentes, adolescentes, tweens , adonaissantes ? Nous retenons à la suite de Le Bigot et al. (2004) et de De Singly (2006), le qualificatif d’adonaissantes pour désigner notre population « cible ». En effet, le qualificatif de « préadolescentes » largement utilisé dans les discours sociaux semble peu pertinent dans la mesure où les jeunes filles en question ne sont pas dans l’antichambre de l’adolescence. Elles ont bel et bien entamé un processus avec lequel elles ont déjà un pied dans l’adolescence (Fize, 2010 ; De Singly, 2006) mais sans être pleinement sorties de l’enfance ni pleinement accomplies en tant qu’adolescentes.

Les travaux des sociologues et spécialistes de cette population (Fize, 2010 ; De Singly, 2006 ; Le Bigot et al, 2004) ont mis à jour des critères permettant de définir l’adonaissance :

• D’une part, des critères liés à des mutations physiologiques (entrée dans la puberté) 7 , corrélés au processus de socialisation par la scolarisation (arrivée au collège) ;
• D’autre part, des critères identitaires et attitudinaux. Au sein du registre de critères, « la précocité du désir d’adolescence » (Fize, 2010) apparaît clé, étant suivie d’actes et de manifestations signant la sortie du « cocon de l’enfance » et l’adolescence en formation 8 .
• À ces deux critères principaux, s’ajoutent celui de la revendication d’une appartenance sociale définie du point de vue du genre et celui du désir d’autonomie combiné à une dépendance de fait aux parents, matérielle et affective.

Nous faisons le choix de retenir une segmentation par niveau scolaire spécifique à la France et limitons le périmètre de notre recherche aux jeunes filles de 10 à 15 ans, scolarisées au collège. L’intérêt de ce choix réside dans le passage d’un cap symbolique très fort entre le primaire et l’arrivée au collège qui signe l’entrée dans un univers de « grandes », marquant ainsi le début du sentiment de n’être plus une enfant. Sentiment qui va aller croissant au fil des classes passées pour amener les jeunes filles au seuil de l’adolescence en classe de 3 e , soit vers 15 ans en fonction du parcours individuel (Brée, 1993, Le Bigot et al. 2004, Monnot, 2009, Gassmann et Damay, 2011).

Sur cette base, cet ouvrage s’organise

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