Des pédophiles derrière les barreaux
156 pages
Français

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Des pédophiles derrière les barreaux , livre ebook

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Français

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Description

Les violences sexuelles perpétrées sur les enfants conduisent de plus en plus d'hommes en prison et ils y restent de plus en plus longtemps. A partir d'un travail d'enquête auprès de détenus condamnés pour ces faits et d'agents de détention, l'auteur analyse comment s'organise la société contemporaine par rapport à ce type de comportement. Il s'agit d'identifier les processus qui co-construisent une pluralité des points de vue et de comprendre comment les rapports de force se dessinent autour de la question des comportements de violence sexuelle envers les enfants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2014
Nombre de lectures 21
EAN13 9782336696256
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Maryvonne CHARMILLOT, Marie-Noëlle SCHURMANS, Caroline DAYER (dir.), La restitution des savoirs, Un impensé des sciences sociales ? , 2014
Les « Nouveaux » clowns, Approche sociologique de l’identité, de la profession et de l’art du clown aujourd’hui , 2014.
Delphine CEZARD, Les « Nouveaux » clowns, Approche sociologique de l’identité, de la profession et de l’art du clown aujourd’hui , 2014.
Christian BERGERON, L’épreuve de la séparation et du divorce au Québec. Analyse selon la perspective du parcours de vie , 2014.
Jérôme DUBOIS et Dalie GIROUX (dir.), Les arts performatifs et spectaculaires des Premières Nations de l’est du Canada , 2014.
Frédéric COMPIN, Traité sociologique de criminalité financière , 2014.
Yolande RIOU, Etre un maire en milieu rural aujourd’hui : témoignages d’élus du Berry , 2014.
Jean-Pierre DARRE, Parcours d’un sociologue, Objectivité et parti-pris , 2014.
Dan FERRAND-BECHMANN et Yves RAIBAUD (dir.), L’engagement associatif dans le domaine de la santé , 2014.
Régis MACHART et Fred DERVIN (dir.), Les nouveaux enjeux des mobilités et migrations académiques , 2014.
Laurence FOND-HARMANT (dir.), Prévention et promotion de la santé mentale. Une alliance transfrontalière innovante , 2014.
Abdessamad DIALMY, Sociologie de la sexualité arabo-musulmane , 2014.
Chahnaz PARVANEH, La Femme Iranienne, tiraillée entre la tradition, la modernité et la postmodernité , 2014.
Fred HAILON, L’ordre idéologique, Éléments de cognition politique , 2014.
Daniel BERTAUX, Catherine DELCROIX, Roland PFEFFERKORN (dir.), Précarités : contraintes et résistances , 2014.
Titre
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-69625-6
INTRODUCTION
« Plus l’angoisse provoquée par un phénomène est grande, moins l’homme semble capable de l’observer correctement, de le penser objectivement et d’élaborer des méthodes adéquates pour le décrire, le comprendre, le contrôler et le prévoir. » 1 Georges Devereux.
Panique morale
C’est à partir de la lecture d’un texte de Mélanie-Angela Neuilly et de Kristen Zgoba intitulé « La panique pédophile aux États-Unis et en France » 2 , que se situe le point de départ de la réflexion. En effet, ce texte privilégie une approche sociologique constructionniste à travers laquelle les auteurs tentent d’estimer l’existence potentielle d’une crise morale liée à ce type de crime. Un crime qui représente l’horreur absolue dans la catégorie des crimes sexuels en ce que les enfants en sont les victimes. Les auteurs proposent des pistes et des réflexions d’ordre méthodologique afin de faire tenir au travers d’une équation complexe l’analyse de potentielles paniques morales, pour reprendre leur terminologie. Cette perception sociale de la criminalité sexuelle pédophile est à relier sans doute plus généralement à la fabrique des figures de « monstre criminel » qui trouve sa figure de proue à des périodes de l’histoire déterminées. Les constructions historiques et sociales « du monstre » sont complexes et aussi fluctuantes. L’historien Marc Renneville estime que « le monstre criminel « type » est devenu pour notre société le prédateur d’enfant. » 3 Le « pédophile » 4 est devenu littéralement le pire des délinquants que la société ne peut pas supporter. Selon l’historien, c’est à partir des années 1850 que s’est esquissé un mouvement de victimisation des accusés et de criminalisation des victimes qui, peu à peu, aurait participé de substituer le parricide de son statut de crime ultime en laissant place aux meurtres et aux infractions sexuelles commis sur les enfants : « Cette émergence d’un regard compréhensif posé sur le parricide est liée à la nouvelle figure de l’enfant à protéger ; bientôt de l’enfant victime. » 5 A côté de cela, nous ajoutons aujourd’hui l’observation d’une sacralisation de la parole des victimes dans les affaires de viols ; une sacralisation qui participe, d’une certaine manière, à renforcer le caractère insoutenable de cette criminalité, avec l’affirmation constante d’un sujet irrémédiablement traumatisé 6 .
Un durcissement des peines
Du point de vue du traitement social et répressif des auteurs de ces agressions, l’ensemble des interventions institutionnelles sur les questions de pédophilie rappelle fortement l’indignité qui frappe ces individus-là à notre époque : peines de plus en plus longues, voire possibilité d’une rétention de sûreté. Bruno Aubusson de Cavarlay montre précisément l’existence d’une forte élévation du niveau des sanctions criminelles, et notamment pour les crimes sexuels. En effet, l’auteur compare les peines fermes privatives de liberté (PFPL), prononcées entre 1984 et 1996, selon la durée et le type d’infraction, et relève la chose suivante : « Les crimes sexuels connaissent cependant une évolution particulière : c’est la seule rubrique du tableau pour laquelle le nombre total absolu de PFPL augmente et la proportion des peines supérieures ou égales à dix ans passe de 18% à 55%, ce qui représente de loin le plus fort accroissement de sévérité. Du coup, en chiffres absolus, l’augmentation des peines de dix à moins de vingt ans provient pour beaucoup de celle des crimes sexuels sanctionnés de cette façon. » 7
De plus, les personnes condamnées pour ces faits apparaissent très clairement, dans la conscience collective, comme la déshumanité absolue. Le pédophile incarne le pire du pire au sein des perceptions sociales, y compris si on le compare à l’acte le plus grave représenté par le meurtre. Marcela Iacub observe à ce sujet un élément intéressant pour notre propos : « Si cette mise au ban de l’humanité commença avec les pédophilies, les auteurs d’autres infractions sexuelles sont l’objet d’appréciations semblables. Ainsi, tandis qu’entre nous et les meurtriers – même les plus sanguinaires –, nous ressentons une différence de « degré » dans la capacité de haïr et de nuire à autrui, avec les criminels et les délinquants sexuels, il y aurait un écart de « nature ». » 8 La représentation du monstre et du non-humain trouve son expression paroxystique au travers de la figure du pédophile, étranger à nous-mêmes.
Puis, comme pour chaque fait divers mettant en scène un agresseur sexuel et des victimes, l’embrasement médiatique est immédiat et on assiste à une surenchère de déclarations politiques, déclamées sur un ton toujours plus alarmiste et dramatique, au travers d’une énonciation de « mesures » là encore toujours plus lourdes concernant le contrôle social de ces individus. Le socio-démographe Pierre V. Tournier 9 parle d’une politique pénale « pavlovienne » qui fonctionne de la façon suivante : une tragédie, une loi. Dit autrement, la loi est de plus en plus une réaction à l’actualité. Dans le même temps, on peut remarquer que le taux de récidive pour ces faits-là est bas. Dans son ouvrage consacré aux violences sexuelles 10 , Xavier Lameyre cite les travaux de Carine Burricand, statisticienne au ministère de la Justice, qui relève des taux de récidive 11 des condamnés pour viol qui varient entre 2,5% et 4% selon les années 12 . Pierre V. Tournier 13 relève aussi un taux de récidive de 2,7% parmi les condamnés de 2007 pour viols et autres atteintes sexuelles criminelles et un taux de 3,8% pour les délits sexuels auprès de cette même population. Cette donnée statistique concernant le taux de récid

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