Fondements culturels du retard de l Afrique Noire
158 pages
Français

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Fondements culturels du retard de l'Afrique Noire , livre ebook

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Description

Pourquoi les africains donnent-ils des noms de Mitterrand, Giscard, Churchill à leurs enfants ? C'est un échec anthropologique et une catastrophe culturelle qui se manifestent dans cette décision d'importation de nom. Ce problème découle d'une insuffisante affirmation culturelle et d'une dépersonnalisation identitaire. Pour l'auteur les peuples affamés doivent rechercher d'abord dans les profondeurs de leur personnalité culturelle, les causes et les remèdes de leur retard immense par rapport au reste du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 221
EAN13 9782296925748
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fondements culturels
Du retard de l’Afrique Noire
SHANDA TONME




Fondements culturels
de l’arriération de l’Afrique Noire
© L’Harmattan, 2009

5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanado.fr

harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-07781-2

EAN : 9782296-07781-2

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
DEDICACE


A

Ruben UM NYOBE

Patrice Emery LUMUMBA

Amilcar CABRAL

Eduardo MONLANE

Thomas SANKARA

Martyrs des peuples africains, porteurs d’espérances nouvelles de progrès et de développement effectifs vite étouffées par les mains criminelles de ceux qui n’ont jamais voulu et ne veulent pas d’une Afrique fière, libre, indépendante, digne, et pleinement maître de son destin.
Introduction
En 2007, lors d’une mission de consultation pour le compte d’une organisation internationale au Bénin, petit pays plein d’ardeur, de vitalité, de chaleur et de traditions situé sur la côte ouest de l’Afrique, j’étais invité avec le groupe d’experts dont je faisais partie, à assister à une représentation des scènes de vaudou en fin de journée. Cette sorte de théâtre de récréation était surtout censée nous relaxer après un dur labeur et nous décompresser l’esprit. Ce à quoi nous assistâmes finalement, n’avait rien de récréatif et était au contraire une petite entreprise qui se voulait magique, torturante pour nos méninges et à la limite de l’impressionnisme. En effet, c’est une équipe bien décidée à mystifier leurs hôtes qui était en action. Il y avait sur place des acteurs, des parrains, des serviteurs, des premiers rôles, des seconds rôles, des porteurs de sacs, des collecteurs de fonds, des chargés des relations publiques qui expliquaient chaque geste, chaque acte, chaque parole, chaque objet mis à contribution.
En réalité, le tout ressemblait à une sorte de revanche sur nous, une mise en scène destinée à nous montrer qu’il y avait des choses que nous ne maîtrisions pas, qu’il y avait des gens très puissants au-dessus de notre science, loin de nos croyances et de nos certitudes logiques. Pour bien faire passer la pilule, quelques badauds triés sur le volet n’hésitaient pas à nous rassurer sur la puissance absolue du vaudou et sur les craintes que leurs influences inspirent partout dans le pays et jusqu’aux détenteurs du pouvoir d’Etat. Si nous avions un doute sur cette présentation de puissance, nos amis béninois de même rang, donc des experts d’un niveau universitaire et professionnel élevé, étaient également de service pour nous dire combien ces choses avaient un caractère vrai, magique et transcendantal. Voici donc que, des amis sur qui nous comptions pour relativiser ces croyances mystiques, apportaient plutôt la preuve de leur entière adhésion au camp des maîtres du vaudou.
Le même soir, j’ai regardé une émission sur une chaîne de télévision européenne qui montrait des artistes opérant presque de la même façon que les maîtres du vaudou béninois, et sans que personne ne soit emporté dans le mysticisme condescendant et superpuissant. Ici, il n’était question que de manipulateurs habiles, capables de mettre en œuvre d’habiles manipulations grâce à la dextérité des gestes, à la ruse et à une certaine rapidité d’exécution. D’un côté, il y a donc l’Afrique, faisant de quelques montages intelligents une science absolue, et de l’autre l’Occident, ramenant ce genre de théâtre public à une banale mais respectable entreprise d’artistes entraînés qui en ont sans doute fait un métier. Du vaudou, j’en avais entendu parler avant cet après-midi au Bénin, mais jamais comme une si puissante machine d’embrigadement et de contrôle de la société au point de réussir à réduire même des universitaires coriaces à un suivisme d’esclaves interdits de toute critique.
Evidemment, il suffisait de bien se concentrer et de rechercher toutes les ficelles de départ pour reconstituer chaque scène présentée comme magique, transcendantale et surhumaine. Durant les trois jours de travaux qui nous restaient, je m’efforçai d’observer et d’analyser les interventions et les réactions des amis béninois qui avaient manifesté une adhésion aveugle à la puissance du vaudou. Je me rendis ainsi compte que ceux-ci développaient une propension naturelle à la suspicion, s’exprimaient peu, prenaient rarement une position claire et tranchée, et privilégiaient au contraire le secret. En effet, il me fut facile par la suite, de reconstruire les schémas mentaux de mes amis et d’aboutir à une dialectique d’extraversion et de subordination à des forces invisibles extérieures à leurs capacités naturelles d’expression.
Cette scène m’a brutalement rappelé une autre, vécue cette fois au Cameroun, dans la ville balnéaire de Kribi. L’occasion était quasiment semblable à celle du Bénin. Pour relaxer un groupe de cadres d’une organisation internationale qui tenait un séminaire dans un hôtel de la place, les responsables du programme avaient invité une troupe de danse locale de la tribu batanga. A priori, il n’y avait rien d’impressionnant par rapport à tout ce qui se voit en Afrique souvent : pagnes noués autour de la tête ou de la hanche, tam-tams, bouts de bois que l’on manipule pour produire divers sons, amulettes, masques, etc.
Pourtant, à un moment de la danse, une jeune fille s’est effondrée et est entrée dans une sorte de transe morbide. On la voyait s’agiter, trembler de tous ses membres et donner l’impression de ne plus se contrôler, d’être à moitié ivre, étourdie ou installée dans un processus de coma violent. Evidemment, nous avons eu droit aux explications de ses acolytes, comme au Bénin, des gens placés là pour nous convaincre. Voici en somme le discours, livré comme une confidence rare : « ah, comme vous la voyez, ce n’est plus elle. C’est une autre personne. Elle est déjà dans un autre monde. Elle est en communication avec des êtres invisibles, des dieux de la mer et des ténèbres. Elle peut s’en aller pour toujours les rejoindre. Nous devons faire des choses pour la ramener à nous, dans le monde des êtres vivants, de ceux que nous voyons. La suite fut que trois gaillards bardés d’amulettes vinrent transporter la jeune fille pour une destination inconnue. Et voilà le manège, pour entretenir quel mystère, et surtout à quelles fins, pour quelle démonstration de puissance ou d’intelligence ?
Au fond, je repassai par la suite dans mon esprit, le film de mes voyages en Afrique et des débats notoires sur notre place dans le monde, sur notre contribution à l’avancement de l’humanité, et sur les causes de notre constante régression. L’histoire du vaudou va plus loin et comporte une véritable question d’éthique dans la projection de l’Afrique noire dans la modernité. Ce n’est pas d’une simple question de mal développement et de gouvernance que souffre cette partie du monde, le mal vient de loin et ses causes s’enracinent dans une perversion culturelle qui demeure impénétrable à des transformations radicalement innovantes.
C’est de l’évocation des contours de ces tares culturelles, de leur manifestation et de leurs implications profondes, qu’il est question dans nos efforts ici et maintenant. Comment se présente fondamentalement le problème ?
I Le complexe éternel d’esclave et de race inférieure
Il n’est plus, à proprement parler, besoin d’inventorier les faits, les signes, les gestes et les présentations à partir desquels, il est possible aujourd’hui de conclure à un traumatisme profond de l’Africain au Sud du Sahara. L’esclavage et le colonialisme ont profondément détruit le psychique du Noir et installé dans son subconscient, un sentiment d’infériorité chronique. Quoique le Noir fasse, quoiqu’il devienne et où qu’il parvienne dans son évolution, il conserve dans ses rapports aux mondes, aux autres cultures et civilisations, une sorte de dette, d’excuse, de reconnaissance inexplicable. Tout se passe comme si, parvenu justement au sommet de la science et de la maîtrise des arts, le Noir devrait encore se justifier, se faire accepter et valider son crédit.
La vérité est devenue à tel point cruelle, que rien ne peut dans le bons sens, expliquer certai

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