La robe couleur abricot
306 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Deux complices font sortir de la pénombre parents, voisins, amis en parcourant les lieux animés de leur enfance. Elles nous entraînent à travers leur correspondance entre l'Espagne, la Turquie et la France dans le milieu sépharade, celui de "los muestros", et vers les autres - ceux de leur quartier à Paris. Des mondes se rencontrent. La couleur abricot est le symbole souriant de leur héritage et d'une culture toujours vivante dans leur coeur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2008
Nombre de lectures 277
EAN13 9782336283937
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan 1 @wanadoo. fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296054486
EAN : 9782296054486
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Préface Première partie - « Aki estamos » « Ici nous sommes »
Sage comme une image Le magasin Le rebouteux Grand-mère au coin du feu Chère Mathilde, Grand-mère se repose Le bain turc Chère Mathilde, Paris 1932 La guerre
Deuxième partie - « Por aki o por aya » « De-ci de-là, cahin-caha »
Le voyage Vichy La fracture La gifle Le décret d’Alhambra Chère Mathilde, Commentaires Espagne Les grandes rafles du XIe arrondissement 20/23 août 1941 Gway ! Chère Mathilde, 1939 ma mère à vingt ans Oncle Albert Le mignon petit chien « Kita corset, Mete corset » Chère Mathilde , Frontières Les préparatifs Le passage 1942 : La ligne de démarcation Chère Mathilde, Istanbul c’est Byzance ! Nostalgie Montauban Chère Mathilde, Vingt ans après
Troisième partie - « Los muestros » « Les nôtres »
Elisa, Corinne, Rachel et les autres La maison de poupée Nous irons en Eretz… La voisine Chère Mathilde, Je prends la main Mon père, l’école et moi Chère Evelyne, Mon père, ma mère, l’école… et Rachelica Cartes et café : le troisième cercle Chère Evelyne, Tristes dimanches Madame Tapon et Monsieur Tapon Chère Evelyne, Le Monsieur Tapon du Pays basque Bruits et odeurs Chère Evelyne, Premier étage, face gauche La gloire de ma mère. Je t’emmène à la campagne ! Einstein et les autres Les affaires Los hechos Chère Evelyne, Les marchés Quisas, quisas, quisas Allons enfants de la patrie ! Chère Evelyne, Les Justes Le kal Chère Evelyne, Arlette La fille de Londres Chère Evelyne, Ma Normandie
Quatrième partie - « Ke haber ? » « Quoi de neuf ? »
Un enkontro en la kaye o « los tchapeos » Une rencontre banale dans les rues du quartier ou « les chapeaux » Notre langue : culo y boyo Mon quartier Chère Evelyne, Cris et chuchotements Appels Barminam ! Chère Evelyne, Anges et démons Des gens sans histoire Canta no llores Monuments etPapillon s Chère Mathilde, La romance est sur le point de s’achever Chère Evelyne, Commençons par les emplettes Chère Mathilde, Les biscotchos La grande sœur El fostan de pitagra Remerciements d’Evelyne Remerciements de Mathilde
Documents et photos Evelyne
Edicto de expulsion de los Judios (Edit d’expulsion des Juifs) Traduction de la lettre de mon grand-père
Documents et photos Mathilde - Textes en judéo-espagnol
Pendivich ! Pendivich ! Ecrire le judéo-espagnol Nos adresses dans le XI e arrondissement
TABLE
La robe couleur abricot
El fostan de pitagra

Mathilde Elias-Pessah
Evelyne Nahmias
A ma famille A mes amis A los muestros Ils m’ont transmis leur culture et leur allégresse
Mathilde
« Ceci est un retourneur de temps »
Harry Potter.
A ma famille A los muestros A mes voisins Aux habitants de mon quartier.
Evelyne
Préface
Originale entreprise que celle de Mathilde Elias-Pessah et Evelyne Nahmias, celle d’enquêter sur le judéo-hispanité et de s’en (nous en) entretenir par lettres. Un roman épistolaire en quelque sorte.
Toutes deux ont vécu près de la place Voltaire (aujourd’hui, Léon Blum) dans le quartier judéo-espagnol par excellence, mais les dix ans qui les séparent font que l’aînée Mathilde a connu l’occupation, les rafles, la déportation du père, la fuite, les caches dans la zone dite « libre » alors que l’autre, Evelyne, née juste après la guerre, ne sait que ce que les siens lui ont raconté. D’où ce besoin de COMPRENDRE, cette QUÊTE, qui les tenaillent toutes deux et dont les découvertes nous sont communiquées au fur et à mesure avec talent.
Le mystère est à tous les niveaux, à commencer par les origines, ce décret d’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 dont le texte castillan nous est offert, puis l’installation dans l’Empire ottoman en formation ; et plus tard ces nouveaux exils vers un mieux être, toutes interrogations qui conduisent nos auteures à recueillir les nostalgies accompagnant les leurs, de siècle en siècle, d’un pays à l’autre.
Ainsi font-elles revivre leur quartier, ses heurs et malheurs, son histoire, l’occupation, petites histoires tragiques ou non, qui font la macro-histoire, les douces sonorités de leur langue souvent marquée d’accents parisiens, les us et coutumes, les superstitions, la solidarité, mais aussi ces rencontres entre le castillan moderne et judéo-espagnol, mais aussi l’après-guerre l’antisémitisme pas mort, « ces petites écorchures qui réveillent une ancienne blessure » ; la prise de conscience.
Moments et scènes qu’annonce clairement la table des matières : Nous voici ! – Sage comme une image – Le magasin – Le rebouteux – Grand-mère au coin du feu – Le voyage – Vichy – La fracture – La gifle… Montauban, etc. etc. Le tout, accompagné d’émouvants documents et photos – de plans du quartier et d’Istanbul, bref un puzzle aussi riche et fragile que ce fostan de pitagra, robe en pâte d’abricot, que proposait taquinement une mère à sa fille lorsqu’elle lui disait qu’elle n’avait rien à se mettre, une robe imaginaire et fragile évoquant à la fois le Pays de Cocagne, l’abondance, mais aussi l’éphémérité, qu’on veut retenir, « minute arrête-toi un instant », ce que font avec talent, bonheur et souvent humour, Mathilde et Evelyne grâce auxquelles notre univers judéo-espagnol guère ne s’évanouira.
Haïm-Vidal SEPHIHA Chaire de Judéo-espagnol Professeur émérite

Chère Mathilde,
Cette lettre risque de te surprendre, de te troubler peut-être, mais j’ai une proposition à te faire : t’arrêter un instant sur le bord de la route, prêter l’oreille à quelque chose qui serait comme un appel, te retourner pour apercevoir une petite fille de quatre ans, et aller à sa rencontre.
Chère Mathilde, j’aimerais qu’ensemble nous tissions les fils de nos souvenirs à travers des récits qui diraient l’atmosphère d’autrefois, que nous retrouvions notre enfance, nos familles, notre quartier du XI e arrondissement.
Nos vies sont mêlées depuis toujours car nous habitions le même immeuble, rue Sedaine ; nous étions « vizinas » (voisines) : mot dérisoire qui ne tient pas compte de nos liens d’amitié anciens et solides. Si tu es d’accord, il faudrait s’y mettre maintenant avant que la mémoire nous fasse défaut, avant que les carte nous tombent des mains et nous laissent sans jeu et sans voix, avant que l’oubli soit plus vaste que le souvenir.
Le genre autobiographique est très à la mode. Fleurissent les révélations étonnantes, scandaleuses, inquiétantes. Celles d’un mauvais garçon, celles d’une jeune bourgeoise amoureuse d’un truand, celles de la fille de la femme d’un acteur célèbre, celles de la fille de la fille de la femme d’un ancien champion, etc. etc.
Nos histoires feront peut-être pâles figures, bluettes, chansonnettes, mais qu’importe… nous marcherons côte à côte en écoutant parler les anciens, en repensant à notre enfance.
Allons-y Mathilde, sans plus attendre commençons la partie.
Dans la mer Baltique, il y a des babatoriks disait mon père d’un ton moqueur. C’est là que j’irai pêcher ou plutôt dans la mer de Marmara ; dans mes filets je ramènerai un rire, un mot, une image, une chanson, un paysage.
Il suffit de si peu pour que tout s’efface, que les lumières s’éteignent et laissent sur la scène de pauvres ombres figées dans leurs costumes démodés des années 50, pour que les confettis de la fête retombent alors dans le ruisseau, se décolorent, se ratatinent, emportés par les eaux sales du temps, mais il faut très peu aussi pour qu’éclate une bouffée d’émotion, et que tout à coup, la mer Baltique se remplisse à nouveau de babatoriks ; je me laisse juste pénétrer par cette réalité sonore : ba-baba-tique-torik qui s’impose avec la force de l’évidence, sa force et son mystère – car j’ignore ce que sont les babatoriks, où est la mer Baltique, et s’ils s’en trouvent dans d’autres mers ou océans… ba-baba-tique-torik !
J’ignore aussi comment se cousent les fameuses robes de pitagra 1 fabriquées sur les terrasses ensoleillées de l’humour sépharade.
Sur nos vêtements d’aujourd’hui flotte la robe d’autrefois, parfois légère car nos vies sont simples, parfois lourde comme un héritage car l’Histoire la leste d’un poids tragique… L’Histoire qui charrie les êtres, les broie et les échoue naufragés défaits, ici ou là, sur les rivages du monde.


C’est sur les rivages du Bosphore, à Daghamam, que naquit Joseph mon pèr

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