La vie qu on a
349 pages
Français

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Description

Cette autobiographie transcrit le parcours d'une jeune prostituée moldave sur les trottoirs de Bruxelles. A travers son histoire on découvre que ce qu'on appelle communément traite et esclavage ne sont autres que les moyens d'entrer dans l'espace Schengen que doivent monnayer des migrants volontaires, mais clandestins, et à ce titre dépendants de passeurs rarement respectueux de leurs clientes ; que le pire pour les prostituées de rue, ce n'est pas leur travail mais leur peur d'être expulsées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 210
EAN13 9782296244818
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Préface9
Chapitre 1
Avant,quandj’étaisaupays 17
Chapitre 2
Jenem’attendaispasàcequ’ellesoit
longuecommeça,l’histoire 81
Chapitre 3
Jedirigemavietouteseule 247
Remerciements309
Postface311Préface
Ce livre donne la paroleàl’auteure,Roxana, témoindes
réalités que vivent lesfemmes venant d’Europe de l’Est et
exerçant la prostitutiondansl’espaceSchengen. Originaire
de Moldavie,Roxana aquittéson payset pratiquela
prostitutiondepuis l’âgede vingt ans. Ce sont desdifficultés
socio-économiques quil’ont poussée, comme beaucoup
d’autres,àpartiràl’étranger pourseprostituer.Lorsdeses
pérégrinations,ilest arrivéqu’elleseretrouveentre lesmains
de personnesmal intentionnées qui luiont pourtant permis
de franchir lesfrontières. Elle a vécu etvit encore des
momentsdifficiles, elleaétéexpulséeàplusieurs reprises,
mais c’est de pleingré et de faço n indépendantequ’elle
pratiquelaprostitutionaujourd’hui, avec l’espoird’unavenir
meilleuret celuid’obtenir despapiers quiluipermettraient
de rester légalement en Belgique…
Écrire unlivre sursa vie:ladémarche vient d’elle.Alors
qu’elle était petite, comme elle le raconte, cetteidéeluiavait
déjà traversé l’esprit.Fin 2006,par le biaisd’une association
quimilitepourladéfense desdroitsdes prostituées,elle entre
en contact avec Jean-MichelChaumont,sociologue
s’intéressant aux questions de traiteet de prostitution. C’est le
début d’une série de rencontres. Petitàpetit,elle luidévoile
desépisodesdesa vie,deson enfance, de sonadolescence, de
ses voyages,deson travail… Elle s’exprimesurlafaçon dont
elle voit la société, lesgensqui l’entourent;elle évoqueses
ressentisetlesquestionsqu’elleseposesurla vie.
En mai 2007,Jean-MichelChaumont me proposede
transcrireces entretiens au cours desquelsRoxana litàhaute10 La viequ’on a
voix les textes qu’elle apréalablement écrits. Bien qu’elle
parle couramment plusieurs langues, elle ne maîtrisepas
l’orthographe de la languefrançaise qu’elleécrit de faço n
phonétique. À titre d’exemple, voici unextrait de son
manuscrit original :
«Jeeme bian la viique je fe se pas tusjour
fasili me,sesaque me fe aprondre beacoupdes choz
dan ma vi.Iadefruaque juejemedomand
combiandes experiansjepasedan ma vi que je e
combianjeapri compar example: conjeparto
travai je emebianpartiavec metroavec le transport
on comansamefeaprondre beacoupdes choz je
emebianosi leotransportoncoman parseqeo se osi
bien purlaecologic. Conjesuisdan le transpor on
comanjeeme bian reogarde le gane essee de a
dovinequesqefe comtravaiojeemebiana ecute
quesqelejan se parleontre io (mem que sa se pas
educativ de ma part)mejeeme bian (grasale
pliuzior langeque je comprandquesqeiiparlele
jandeplliuzior nasionalite) osisamefer etre un
petitpeo dan se probleme dan se vii, savuar coman
panse le jandes le choz se un choz que me fe ancor
un frua aprondre la vi.Iadefruaque je me
domandiaquelcan dansemetro que spionosi le
jancom muae quesqeioiipanse de muaiodovin
quesqejefecom travai?»
La transcriptionlittéralefait apparaître ce quisuit :
«J’aimebienlavie que je fais,c’est pas tous les
joursfacilemaisc’est ça qui me fait apprendre
beaucoup de choses dansmavie.Ilyades fois que
je me demandecombien d’expériencesj’aipassées
dansmavie que j’ai,etcombien j’ai appris, comme
par exemple: quand je pars au travail, j’aime bienPréface 11
partir avec le métro, avec lestransports en commun.
Ça me fait apprendre beaucoup de choses. J’aime
bien aussi lestransportsencommunparceque c’est
aussi bien pourl’écologique.Quand je suis dansles
transports en commun, j’aime bien regarderles gens
et essayerdedevinercequ’ilsfontcomme travail, ou
j’aime bien écouterceque lesgensseparlententre
eux(même si ce n’est pas très éducatif de ma part)
mais j’aime bien (grâceà lesplusieurs languesque
je comprends, je comprendsceque parlentles gens
de plusieursnationalités).Aussi,çamefaitêtreun
petitpeu dansces problèmes, dans cesvies, savoir
comment pensentles gens deschoses. C’est une chose
qui me fait encore une fois apprendre la vie. Ilya
desfoisque je me demande: ilya quelqu’un dans
ce métroqui espionne aussi lesgenscomme moi?
Et qu’est-cequ’ilspensent de moi?Ils devinent
qu’est-ceque je fais comme travail? »
Le travailde transcriptionpeut sembler fastidieux à
première vue. En réalité, dèslespremiers instants, le récit me
touche, il m’emportedemot en mot et de phraseenphrase.
Tout en écoutant lesenregistrementset avec sonmanuscrit
sousles yeux,je transcris littéralement sans me rendre
comptedutemps quipasse. Au furetàmesure,jeparviens à
décrypter sans difficultéson manuscrit original.Les
enregistrementsrestenttoutefoisprécieux parcequ’elle tient
souventàajouter unpassage qu’ellea omis d’écrireouune
anecdotequia traitàcedont elle est en train de parler. A u
cours desentretiens,ladiscussion s’engage
traditionnellement autourdeson histoire et des thèmesqu’elle
aborde.Son histoire et ses réflexions imprègnent mo n
esprit;jepense constammentà tout ce qu’elleapuvivre en
quelques années. Je ne peux m’empêcher de comparer nos
vies. Quel âgea-t-elle déjà?Vingt-huit ans…,à peinecin q
ansdeplusquemoi.Quel parcours,quellessouffrances,12 La viequ’on a
quelle luttepourla vie…Jemesurprendsà être fièredecette
femme quejen’aiencorejamais vue.
Quelques mois plus tard, je rencontre Roxana. Je suis
heureuse de faire sa connaissance, mais je suis unpe u
intimidée parlefait quejecommenceà bien connaître sa vie,
alorsqu’elle ne connaît riendemoi.Cequejeressens, elle le
comprend,parce qu’elle déclareaprès quelques instants
qu’elle m’appellera dorénavant «son secret ». Le courant
passe trèsbienet,depuis ce soir-là, une amitié est néeentre
elle et moi. Je participeensuiteà desentretiens et je la
retrouvequelquefoisdanslequartierdes prostituées à
Bruxelles. C’est l’occasion pourmoi de découvrircertaines
réalités duterrain:ledéfilédes voitures, lesclientsen tout
genre, certains m’accostant pourmedemandermon prix
1(« Désolée, mais je ne travaillepas,Monsieur»), desfilles
quimefont comprendre quejedoisaller plusloincar je suis
surleurmorceau de trottoir…
La duréedes enregistrementsreprésente une bonne
vingtaine d’heures. Aprèsla transcription, nousnousattelons
autravaildestructurationdu livre.Lemanuscrit est découpé
en épisodes et en thèmesspécifiques afin de remettre de
l’ordredanslasuccession desévénementset desannées. Je
tiens àsoulignerque, surlefond,Roxana aelle-même
sélectionné lesépisodesqu’elle voulait rapporter.C’est
également elle quia choisi l’ampleurqu’ellesouhaitait
accorderàchacund’entre eux.Ellea eu la libertéd’exprimer
ce qu’elle voulait;aucune questiondechercheurneluia été
imposée et ce n’est qu’exceptionnellement,quandnous
l’avons vueenpanne d’inspiration, quenousluiavons
proposéd’écriresur tel outel sujet.Ensuite, nousprocédons
1 Lesprostituées s’appellent«filles» entre ellesquelsquesoient leurâge et leurstatut
matrimonial.Cetteexpression remonteà des temps ancienset soulignequeles
prostituéesnesont pasreconnues comme desfemmesresponsables.Onpeut
considérer queson emploi parles prostituéeselles-mêmes correspondàlafoisà une
intériorisationdu stigmateetàl’expression de l’affectionqu’elles se portent face à
l’adversité.Préface 13
àdes améliorations stylistiques et concordances verbales
pourfaciliter la compréhensiondes propos.
Roxana, souhaitant queson langagen’ait pas une allure
enfantine, tientàcequenousretravaillions ses tournuresde
phrases. Nousyveillons donc tout en essayant de préserver
au mieux l’esprit de sonécriture et certainesdeses
expressions auxquelsnousavons étésensibles. Enfin, nous
prenons le soin de modifier lesnomsdepersonneset de
certains lieux précis quiapparaissent dans le récit.
Cetteexpérience m’a donc appris et fait découvrir
beaucoupdechoses, quece

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