Mortenol
133 pages
Français

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Description

Combien sont-ils à s'obstiner à glorifier Mortenol en voulant imposer un mythe. Mortenol pour eux, sert d'oriflamme aux cavalcades meurtrières des conquêtes européennes en Afrique, à Madagascar et en Indochine. Ils veulent mettre un nom, "Commandant Mortenol", sur l'impasse de la colonisation et masquer ainsi les crimes perpétrés... L'historien guadeloupéen expose les conclusions de ses investigations : l'origine du patronyme, la famille, l'enfance en Guadeloupe, la carrière dans la marine et, pendant la Grande Guerre, ses fonctions à la Défense Contre-Aéronefs du Camp Retranché de Paris.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 77
EAN13 9782296932319
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MORTENOL

Un colonisé exemplaire


1856 -1930
ORUNO D. LARA


MORTENOL


Un colonisé exemplaire


1856 -1930


L’H ARMATTAN
Ouvrage publié avec le concours
du Centre de Recherches Caraïbes-Amériques – CERCAM
cercam@wanadoo.fr
Site/blog: Oruno-D-Lara-Cercam-le blog.com


© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11073-1
EAN : 9782296110731

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Du même auteur

Les Caraïbes, Paris, P.U.F., 1986, réédition 1997.
La Guadeloupe dans l’Histoire, Paris, Editions L’Harmattan, 1979, rééd. 1999.
Caraïbes en construction : espace, colonisation, résistance, 2 vols., Paris, Editions du CERCAM, 1992.
De l’Oubli à l’Histoire. Espace et identité caraïbes. Guadeloupe, Guyane, Martinique, Haïti, Paris, Editions Maisonneuve et Larose, 1998.
La naissance du Panafricanisme. Les racines caraïbes, américaines et africaines du mouvement au XIXe siècle, Paris, Editions Maisonneuve et Larose, 1999.
Breve Historia del Caribe, Caracas, Venezuela, Academia Nacional de la Historia, 2000.
Caraïbes entre Liberté et Indépendance. Réflexions critiques autour d’un Bicentenaire, 1802-2002, Paris, Editions L’Harmattan, 2002.
La liberté assassinée. Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, 1848-1856, Paris, Editions L’Harmattan, 2005.
La colonisation aussi est un crime. De la destruction du système esclavagiste à la reconstruction coloniale, Paris, Editions L’Harmattan, 2005.
Space and History in the Canbbean, Princeton, USA, Markus Wiener Publ., 2006.
Suffrage universel et colonisation, 1848-1852, Paris, Editions L’Harmattan, 2007.
Tracées d’historien. Entretiens avec Inez FISHER-BLANCHET, Paris, Editions L’Harmattan, 2007.
Guadeloupe : faire face à l’Histoire, Paris, Editions L’Harmattan, 2009.
Directeur de publication de Espaces Caraïbes, Université Paris X Nanterre, et de Cimarrons, Centre de Recherches Caraïbes-Amériques, CERCAM.
Ouvrages consacrés à MORTENOL :


Oruno D. LARA, Le Commandant Mortenol, un officier guadeloupéen dans la « Royale », Paris, Editions du Centre de Recherches Caraïbes-Amériques, CERCAM, 1985.

Oruno D. LARA, De l’Oubli à l’Histoire. Espace et identité caraïbes. Guadeloupe, Guyane, Haïti, Martinique , Paris, Editions Maisonneuve et Larose, 1998.

Oruno D. LARA Mortenol ou les infortunes de la servitude , Paris, Editions L’Harmattan, 2001.

Oruno D. LARA, en collaboration avec Inez FISHER-BLANCHET, Capitaine de vaisseau Mortenol. Croisières et campagnes de guerre, 1882-1915, Paris, Editions L’Harmattan, 2001.

AVERTISSEMENT PRÉLIMINAIRE

En vertu de la législation en vigueur, relative à la propriété intellectuelle et à la protection des œuvres écrites, tout emprunt au texte du présent ouvrage devra porter en référence la mention de son titre et du nom de son auteur.
Au Koeproek de Bruxelles
Un ramassis de loufiats torves fumiers tonitruants au verbiage poussif, fielleux et rampant.
Que dire à tous ces gâteux de servitude… Pantins pervers, à ces brelans d’insignifiance…

Que tout le reste n’est que pitreries, impostures
et grimaces d’assistés assimilés
d’eunuques
de colonisés avilis anesthésiés saignés et
parqués
préoccupés de jaspiner au gré des sonnailles et
des hochets…

O.D.L., Poèmes de résistance.
PRÉFACE
Un quarteron d’individus, morts ou vivants, confortablement installés dans les ors d’une république coloniale, s’accroche désespérément, depuis des lustres, à l’idée de faire de MORTENOL un modèle. Un modèle républicain, qu’ils disent, mais au vrai, un modèle de réussite d’un Nègre colonisé sous le chapiteau de l’assimilation.

J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer comment Victor SCHŒLCHER s’était métamorphosé, de son vivant, en un personnage emblématique utilisant l’émancipation générale des esclaves pour devenir immortel {1} Certains de ses amis, comme Emest LEGOUVÉ, Gaston GERVILLE-RÉACHE, ont collaboré à cette métamorphose et sont devenus des officiants. Les officiants sont des admirateurs particuliers, qui participent activement à la gestation et à l’émergence du mythe. Après le décès de leur illustre figure de proue, les apôtres s’empressent de lui ériger des statues, de lui tresser des couronnes, de le parer d’une auréole. Bref, les officiants-apôtres, par des cérémonies dans les cimetières de préférence, des articles de presse, des publications et des manifestations publiques, s’échinent à maintenir un halo mythique autour du personnage historique.

Dans la décennie 1930-1939, des officiants d’origine insulaire vivant en France se rendent au Père-Lachaise sur la tombe de SCHŒLCHER. Ce sont les mêmes qui se mettent, à partir de 1931, à fréquenter, à Paris, le cimetière de Vaugirard où repose MORTENOL, décédé le 22 décembre 1930. Isaac BÉTON, son exécuteur testamentaire, a créé en 1938 une Société des Amis de MORTENOL au sein de laquelle figurent Gaston MONNERVILLE, Léon HANNA-CHARLEY, Raoul CÉNAC-THALY, Victor BASQUEL, Elie BLONCOURT. Après la guerre, les apôtres réussissent à mettre SCHŒLCHER au Panthéon, ainsi que Félix ÉBOUÉ. Le cercle des officiants, autour de Gaston MONNERVILLE, se compose alors d’amis de MORTENOL tels qu’Octave CHANLOT et Gabriel LISETTE. CHANLOT est l’auteur d’une pétition, à Paris le 12 août 1945, adressée au ministre des Colonies, demandant l’accroissement de la représentation parlementaire pour les colonies de Guadeloupe et de Martinique. Il réclame quatre représentants au lieu de deux retenus par le projet de loi d’assimilation.

Dans mon ouvrage MORTENOL ou les infortunes de la servitude {2} , dont les informations et les documents reproduits ont plusieurs fois été repris et empruntés sans mention de référence, je cite quelques auteurs comme Henri STEHLÉ, Elisabeth ANTÉBI qui imaginent, inventent un MORTENOL : « Capitaine de vaisseau, l’un des plus brillants de la marine française », « il fut avec le Maréchal GALLIENI, le sauveur de Paris ». Un certain J.C. DEGRAS va encore bien plus loin. Dans le magazine France Iles {3} , il n’hésite pas à avancer : « Admis… au concours d’entrée de l’Ecole Polytechnique, il est reçu également 3 e à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, mais décide de préparer le concours d’entrée à l’Ecole Navale d’où il sortira major de sa promotion ». Admirons la précision dans l’imaginaire de cet histrion ! MORTENOL ne s’est jamais présenté au concours de l’Ecole Navale. Nimbé de cette gloire militaire posthume, acquise sur mer et sur terre grâce au travail acharné de ses admirateurs, MORTENOL semble désigné pour tenir, lui aussi, un rôle de figure emblématique.

Or, depuis 1985, les recherches historiques que j’ai entreprises établissent, avec le témoignage accablant des documents tirés des Archives nationales, la carrière et le parcours colonial de MORTENOL {4} . Un officier de la Royale qui n’a jamais obtenu des autorités de l’Amirauté de « commandement à la mer ». Ce qui l’empêche définitivement, même de manière posthume, de prétendre aux étoiles d’amiral, malgré tous les efforts des officiants.

Quant à sa carrière sur terre, MORTENOL, colonel d’artillerie de réserve, a servi sous les ordres du Général RENAUD à la Défense Contre-Aéronef (D.C.A) du Camp Retranché de Paris (C.R.P.) jusqu’à sa mise à la retraite. Il n’a jamais été ni le brillant marin, ni le « sauveur de Paris » que l’on cite en exergue. En revanche, il a servi fidèlement la France en Afrique, à Madagascar et en Indochine pendant la période de conquête coloniale. On peut suivre le « glorieux parcours » de ce combattant d’élite en lisant MORTENOL ou les infortunes de la servitude, que j’ai publié en 2001 {5} , ainsi que l’ouvrage que j’ai écrit avec Inez FISHER-BLANCHET, Capitaine de vaisseau MORTENOL. Croisières et campagnes de guerre, 1882-1915 {6} Deux volumes de cette ampleur ont été nécessaires pour fournir au lecteur la base documentaire indispensable.

Les officiants d’aujourd’hui ne désespèrent pas d’obtenir gain de cause : à savoir, la consécration de leur champion. Ils multiplient leurs tentatives vouées à l’échec. Derrière ce montage d’

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