Regards croisés dans la mondialisation
185 pages
Français

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Regards croisés dans la mondialisation , livre ebook

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Description

A l'heure où la mondialisation abolit la distance physique et rend possible les échanges culturels comme jamais auparavant, la question de l'identité individuelle et collective est redéfinie et prend de nouvelles formes. Cet ouvrage propose des analyses politiques, historiques et esthétiques, portant sur les transferts culturels aux XIXè et XXè siècles et leurs répercussions sur le monde contemporain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 94
EAN13 9782296229518
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09121-4
EAN : 9782296091214

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Regards croisés dans la mondialisation

Les représentations de l’aitérité après la colonisation
Collection « Discours identitaires dans la mondialisation »

Dirigée par Michel Naumann


La collection "discours identitaires dans la mondialisation" entend rendre compte des nouvelles conditions dans lesquelles se vivent les identités sociales et communautaires, notamment les contacts auxquels sont exposées ces identités mais aussi la faiblesse d’une mondialisation qui, à cause de son caractère marchand et des inégalités qu’elle génère, ne peut créer une identité universelle qui emporte l’adhésion. Les nouvelles façons de se définir révèlent alors parfois des caractères inquiétants alors que d’autres au contraire s’ouvrent à une perspective altermondialiste.
Cécile Girardin et Arkiya Touadi


Regards croisés dans la mondialisation

Les représentations de l’altérité après la colonisation


L’H ARMATTAN
Les auteurs tiennent à remercier Michel Naumann, président du SARI, et René Lasserre, président du CICC, sans qui la publication de cet ouvrage n’aurait pas été possible.
Introduction
« Ils nous décrivent […] et nous succombons à l’image qu’ils construisent de nous », avertissait l’un de ses personnages des Versets sataniques , transformé en monstre, car décrit comme un monstre. En mettant son texte à l’épreuve du littéral, Rushdie formulait en 1988 une critique du racisme dans les grandes villes occidentales et sa fiction proposait une stratégie de rébellion et de résistance, certes imaginaire, mais hautement signifiante au plan des représentations politiques. La vigilance à l’égard des discours et des mots représente une exigence partagée par tous les auteurs des textes rassemblés dans le présent ouvrage {1} , qui proposent de saisir la complexité du regard sur l’Autre dans une époque marquée par autant d’influences que le legs du colonialisme, le nationalisme, la mondialisation, l’exil.
Dans un premier temps nous avons abordé le concept de « visée », emprunté au philosophe Jean-Luc Marion, dans le regard impérial. L’Autre n’est jamais compris qu’à partir de stratégies politiques (Ingrid Sankey le montre au sujet de l’image des princes indiens à l’époque victorienne) qui se logent jusque dans l’art (comme le découvre Françoise Baillet en étudiant un tableau de Joseph Noel Paton). L’Autre est également construit par l’effet de projections lourdes de préjugés, mises en évidence par Odile Boucher-Rivalain lorsqu’elle décrit le regard de Frances Trollope sur la France, ou par Madhu Benoit, qui dénonce les idées préconçues des suffragettes à l’égard des Indiennes. La réception de l’Autre lorsqu’il fascine ne se fait jamais sans jalousie : Fabien Chartier montre ainsi toute l’ambiguïté des relations entre Yeats et Tagore, l’admiration du premier pour le second étant autant une manière de faire connaître le poète bengali au monde occidental que de polir son propre mythe. Il se peut même que les tentatives postcoloniales de réhabilitation de l’Autre ne puissent échapper au mythe de son effacement inscrit au cœur de la raison occidentale (ce que découvre Arkiya Touadi au terme de son étude d’une héroïne indienne, la rani de Jhansi, devenue un personnage de Michel de Grèce). La visée, selon Marion, découpe et remodèle l’Autre. Or le concept lui-même découpe la réalité au lieu de la laisser advenir, un trait qu’il partage selon Marion avec l’idole, ce qui situe cette impossibilité de saisir l’Autre au sein même de la culture occidentale.
Nous le savons d’abord parce qu’il est aisé de percevoir le caractère antithétique des regards venus d’horizons divers, comme cela apparaît dans l’étude de Ludmila Volna sur les visions opposées exprimées au sein du Commonwealth et de l’Empire britannique au sujet de l’accord de Munich qui démantela la Tchécoslovaquie. Rachida Yacine reprend ce thème des regards contradictoires au sujet du président Nasser au moment de la crise de Suez : après avoir fait éclater une République pour satisfaire le dictateur nazi, l’Occident voulut faire de Nasser un nouvel Hitler et maîtriser l’avenir de l’Egypte. L’antithèse conduit donc à un salutaire scepticisme qui est le premier pas vers la connaissance.
Elle n’est pas la seule car, pour les membres des diasporas qui se multiplient dans le monde, la transversalité relève du quotidien. Denise Coussy décrit comment l’héroïne de Barathi Mukerjee, Jasmine, se réinvente en tant qu’Américaine en utilisant une violence créatrice qui pourrait relever de l’énergie de la terrible déesse Kali. La transversalité est aussi la poésie même de R.K. Ramanujan pour Maxime Shelledy, qui dévoile la complexité et l’ampleur de l’œuvre du poète indien, décrit comme un trapéziste effectuant un numéro périlleux entre deux mondes. En mettant le conte indien au cœur du dialogue entre l’Orient et l’Occident, la romancière Suniti Namjoshi crée, quant à elle, un outil critique de la société indienne et occidentale, selon Suhasini Vincent.
Le centre, déstabilisé par ces transversalités et ces antithèses, se sent regardé, jugé : le « nouveau Commonwealth » (Inde, Afrique, Antilles, Océanie) regarde l’« ancien » (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) et l’Angleterre. Dans le même temps la périphérie est conduite à se poser en s’opposant. Belkacem Belmekki nous présente la vision de l’Angleterre de Sayyid Ahmed Khan, un admirateur de l’Occident qui tente de mettre les qualités qu’il admire le plus chez l’Autre au service de l’éducation des élites musulmanes et indiennes. Dans certains romans qui décrivent les expériences et impressions d’un visiteur originaire d’un pays colonisé, l’exil conduit à une redécouverte de son identité ainsi que le montrent Dhana Underwood pour l’île Maurice et Kolawolé Elecho à travers le regard porté par le Sud-Africain Coetzee sur les Anglais. La contradiction régénératrice accompagne l’itinéraire identitaire des nouvelles nations mais il est possible de s’interroger sur son efficacité. Ne reste-t-elle pas toujours prisonnier d’un rapport binaire entre centre et périphérie qui produit une connaissance notoirement imprécise ? Dans un tel cadre, l’Autre subalterne ne peut parler qu’à condition d’être libéré du discours dominant. Maria-Sabina Alexan-dru analyse le roman de Dalrymple The Last Mughal comme un texte qui permet, à la manière des études subalternes, d’entendre d’autres discours et témoignages sur les événements de 1857 grâce au point de vue d’un personnage décentré et secondaire. À l’époque contemporaine, au sud des États-Unis, Erwan Rebuffé envisage les colonias comme un exemple de transver-salités, de transferts et d’échanges, avec l’émergence de nouvelles identités hispano-américaines qui permettent de revisiter le concept de melting-pot.
Si le rapport Nord-Sud reste teinté par des polarités néocoloniales, le regard Sud-Sud, esquissé par Dalrymple, pourrait se révéler prometteur. Il n’est certes pas toujours libéré des influences occidentales comme le montre Michel Olinga dans son étude des regards croisés entre Camerounais francophones et anglophones. En revanche, il serait possible de voir dans l’art contemporain indien une créativité véritablement transversale, assumant ses influences occidentales et orientales. Peut-on avancer le concept de « transmutation » d’une signification traditionnelle pour l’adapter aux défis de l’histoire contemporaine ? C’est en tout cas ce qui réunit Chinua Achebe, Wole Soyinka et U.R. Anantha Murthy dans le thème du rituel interrompu étudié par Michel Naumann: tous suggèrent une transmutation du rituel condamné par le temps en un rituel qui inaugure une communauté élargie, affirme un continuum, l’ajuste à la nouvelle dispensation et injecte du sens et d

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