Terrains de recherche. Chroniques du quotidien d'un scientifique

Jean-Claude Leprun

Description

Cet ouvrage est la suite chronologique d'Une jeunesse malgache, 1942-1966, paru en 2009, où l'auteur contait les vingt premières années de sa vie à Madagascar. Dans ce livre, il raconte en 135 anecdotes le quotidien de trente-cinq années de sa vie de chercheur sur les différents terrains des pays d'Afrique de l'Ouest : Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso ; de Madagascar et du Brésil.

Sujets

• Anthropologie
• Autobiographie
• Ethnologie
• Civilisation
• Récit
• Témoignage
• Lettres et linguistique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2010
• Nombre de lectures: 283
• EAN13: 9782296449138
• Langue: Français

Extrait

T ERRAINS DE RECHERCHE

Chroniques du quotidien d’un scientifique
Collection TERRAIN : récits & fictions
dirigée par Bernard Lacombe

La collection « TERRAIN : récits et fictions » prend en compte l’ambition des sciences sociales, sciences du récit par excellence, d’intégrer l’ensemble des formes d’écriture. Ajustant la forme de l’écrit au sens du terrain, explicitant ainsi l’expérience qu’ils ont vécue, les auteurs de cette collection interrogent, par leurs textes, le sens du récit dans les sciences sociales et le poids de la fiction dans le discours scientifique.

Le logo de la collection est dessiné par Chantal Pairaud-Lacombe.
Il représente un serpent bwaba du Burkina Faso.

Déjà parus

Paulin Nguema-Obam, Mythes et légendes fang, 2009.
Elisabeth Levasseur-Schreiner, Mémoires d’une Bavaroise en pays de Caux, 2009.
Henri Bouillon, L’Héritage de sang, 2009.
Yann Benoist, Sans-logis de Paris à Nanterre. Ethnographie d’une domination ordinair e, 2009.
Abdallah Gnaba, La mémoire réinventée. Chronique anthropologique d’une association vietnamienne de Paris, 2008.
Marie-France Rezcek, Le Tabac dans tous ses états, 2008.
Bweni Soalma, La case aux fétiches – légende des savanes d’Afrique (Burkina – Niger), 2008.
Adama Coulibaly, Contes toussian de Péni. Burkina Fasoi, 2006.
Saratta Traoré, Mariage et célibat à Ouagadougou, 2005.
Bernard Germain Lacombe, Ethnographiques, récits de voyages, 2003.
Moussa Ouattara, Le grin, rires et blagues à Bobo-Dioulasso, Burkina Faso, 2003.
Saratta Traoré, Femmes dans le miroir de leurs récits : Mariage et célibat à Ouagadougou, 2003.
Arthur Tsouari, L’arbre des sagesses, Mboongi, The Tree of Wisdom, 850 proverbes beembé, Congo, ouvrage trilingue, 2001.
Jean-Claude LEPRUN


T ERRAINS DE RECHERCHE

Chroniques du quotidien d’un scientifique

Brousse africaine, tanety malgache et sert ã o brésilien

1967-2001
Du même auteur

Une jeunesse malgache, 1942-1966, L’Harmattan, 2009, 225 p.


Principaux ouvrages et articles scientifiques évoqués dans l’ouvrage

« Comparative Ecology of two Semi-Arid Regions : the Brazilian Sertão and the African Sahel » , In : Soils and Sediments. Mineralogy and Geochemistry . H. Paquet et N. Clauer éditeurs, Springer Verlag, Berlin Heidelberg, 1997.
O RSTOM-Brésil, trente ans de coopération scientifique (Coordinateur). Éd. de l’ORSTOM, coll. du Cinquantenaire, Paris, 1994,559 p. (Même ouvrage en portugais).
« Les "brousses tigrées" : structure, dynamique, écologie (Mali et Burkina Faso) », In : L’aridité : une contrainte au développement. Caractérisation-Réponses biologiques-Stratégies des sociétés. Coll. Didactiques ORSTOM éd., Paris, 1992, pp. 221-244.
Les cuirasses ferrugineuses des pays cristallins de l’Afrique Occidentale sèche. Genèse. Transformations. Dégradation. Thèse de Doctorat d’État en Sciences, Université de Strasbourg, Coll. Sciences Géologiques, Mémoire n° 58, Strasbourg, 1979, 224 p.


Photographies de l’auteur Cartes réalisées par Marie-Odile Schnepf.
Illustrations d’Édith Driffort et d’Annick Aing.


© L’H armattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
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ISBN : 978-2-296-13561-1
EAN : 9782296135611


Fabrication numérique : Socprest, 2012
À mes compagnons africains de brousse à qui je dois tant,

à Ousseynou Guèye,
mon chauffeur, mon ami, fidèle, fraternel, irremplaçable,

à tous mes collègues brésiliens qui m’ont si bien accueilli et parmi lesquels
j’ai vécu des années inoubliables
Je n’aime dans l’histoire que les anecdotes
Prosper Mérimée
(Chronique du règne de Charles IX, 1830)
Village Mossi (Burkina-Faso)



«Fil-de-Fer» sur le bac de Gao (Mali)
Chapitre 1 Sénégal
Ma première affectation à l’ORSTOM (Office de recherche scientifique et technique d’Outre-mer) : Dakar
Arrivé seul à Dakar, début 1967, j’ai, encore une fois, l’agréable surprise d’une rencontre inopinée. Seul, car mon épouse a dû être opérée d’urgence juste avant notre départ de Paris. On m’a dit avant de partir que je serai accueilli à mon arrivée par deux collègues plus anciens : Charles T. et Georges F. Drôles de noms slaves, pensais-je. A l’arrivée à l’aéroport de Yoff, au milieu de la foule grouillante et bruyante qui, singulièrement en Afrique, envahit les halls d’arrivée, je cherche mes deux collègues que je ne connais pas. Je lève les yeux et aperçois alors, au-dessus d’une balustrade vitrée, une pancarte de carton qui s’agite et sur laquelle est écrite en gros en rouge ORSTOM. Juste dessous une paire de jambes nues et des mollets galbés et bronzés qui, plus de douze ans après, me reviennent en mémoire. F… ! Georges F., qui était pensionnaire à l’ EPS , "école primaire supérieure" d’Analakely, à Tananarive, devenu ensuite le lycée Rabéarivelo. …En 1954, il est en classe de troisième et moi en quatrième. Il a été chargé de façonner une carte de France en relief à l’aide de pâte à modeler de différentes couleurs correspondant aux différents niveaux d’altitude : plaines en vert, faibles reliefs en jaune, moyennes montagnes en orangé, hauts reliefs en rouge. Il réalise cette carte suspendue au mur, au fond de la salle d’étude principale, juché sur un escabeau. Il est toujours vêtu d’un short kaki. Le short kaki et les muscles allongés des mollets, si caractéristiques chez lui, sont bien là, des années après {1} , au-dessus de ma tête : je ne les ai pas oubliés !
Quel hasard de le rencontrer si loin et si longtemps après, fonctionnaire dans la même « boîte » que moi ! Nous nous sommes rejoints à la livraison des bagages. Il avait fait l’École Supérieure d’Agronomie de Grignon et avait opté pour la botanique. Charles T., qui est avec lui, est pédologue et a fait ses études supérieures en Sciences de la Terre à Strasbourg. Ils me conduisent au « Château de Bel Air », grande bâtisse appelée pompeusement de ce nom, qui abrite, au rez-de-chaussée, les bureaux des Sciences Humaines et, à l’étage, quelques chambres de passage. René F., le chef du centre ORSTOM de Dakar, pédologue lui aussi, mais absent à ce moment-là, a fait dire que ce logement n’était que provisoire. Un appartement neuf situé rue Félix Faure sur le Plateau, quartier européen de la ville, serait très prochainement disponible. À cette époque, nous étions logés et meublés gratuitement par l’organisme. Georges F., célibataire, y habite déjà un studio. Il s’agit d’un immeuble de briques rouges, situé au croisement des rues Hassan I et Mohamed V (Hassan i et Mohamed v comme disent les Sénégalais, peu familiers des chiffres romains). C’est une rue cosmopolite très animée du Plateau où siègent bars, restaurants, la boîte de nuit le « Black and White » et des boutiques diverses de commerçants, les bana-banas . Un livre récent raconte les aventures qui se déroulent dans cette voie typique de la ville {2} La rue Félix Faure, c’est la rue de la vie, des bars clandestins, des tripots où coulent à flots le vin Kiravi Valpierre et la bière La Gazelle Coumba. Dans la rue Félix Faure se côtoient dans des éclats de rire des jeunes femmes aux dos nus, se mêlent dans un énorme tohu-bohu des gens venus de tous les horizons, miséreux à la poursuite de leurs rêves, immigrés capverdiens. La rue Félix Faure est la rue de Dieu.
Parmi ces gens venus d’ailleurs, il y a donc, depuis peu, des jeunes chercheurs français et leurs femmes. J’y aménage quelques jours avant que ma femme ne vienne me rejoindre à Dakar. Appartement neuf de trois pièces dont une vaste salle de séjour à larges baies vitrées donnant sur le croisement des deux rues précédemment citées, meubles neufs ou récents dont un canapé et des fauteuils de skaï rouge. Il n’y a rien à dire, de l’avis même des anciens et de leurs épouses, nous sommes gâtés. Notre déménagement arrive peu après. Quelle joie de ranger nos affaires de jeunes mariés, p