Un jour, j irai là !
193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cet ouvrage retrace l'itinéraire personnel d'une enfant puis d'une adolescente, écrasée par les conventions et les obligations anachroniques d'un milieu social et religieux étouffant. Le lecteur est transporté dans les villes, les paysages et les écoles d'un autre temps, celui de l'entre-deux-guerres et l'auteur livre un témoignage précieux sur l'éducation donnée aux jeunes filles à cette époque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2006
Nombre de lectures 266
EAN13 9782296612365
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un jour, j'irai là !
 
Collection Cheminements spirituels
Dirigée par Elisabeth Le Quéré
 
Toutes réflexions théologiques, spirituelles,
Toutes expériences mystiques, religieuses, qu'elles se situent au sein ou hors des grandes religions méritent d'être connues.
 
C'est pourquoi nous favorisons leur édition dans cette collection « Cheminements Spirituels » chez I’Harmattan.
Vous pouvez nous envoyer vos écrits , même les plus personnels. Nous vous répondrons.
 
12, rue de Recouvrance
45000 Orléans
Tel: 02 38 54 13 58
 
Déjà paru
 
BERNABEU A., Laissons les enfants grandir
 
BOMBLED J.P. , Quand la modernité raconte le salut....
 
CONTE A. M.,  L'ivre de vie
 
DESURVIRE,  Dire vrai ou Dieu entre racisme et religions
 
DUROC R.,  La foi et la raison
 
GALLO J.G.,  La fin de l’histoire ou la Sagesse chrétienne
 
GARBAR F.,  Chasser le mal
 
GENTOU A.,  Invité à vivre
 
HARRIS J.P.,  Ste Bernadette
 
LECLERCQ P.,  Un Dieu vivant Pour un monde vivant
 
KIRCHNER D.,  Dieu, Créateur ou biblique
 
ROCHECOURT G.,  La cigale
 
SANTANER P.,  Qui est Croyant ?
 
SCIAMMAP.,  Dieu et 1'homme – Méditations
 
Jacqueline Zuinghedau
 
 
Un jour, j'irai là !
 
 
L'Harmattan
5-7, rue de I'Ecole-Polytechnique ; 75005 Paris
FRANCE
 
L'Harmattan Hongrie
Konyvesbolt
Kossuth L.u.14-16
1053 Budapest
 
Espace L'Harmattan Kinshasa
Fac. Sciences. Soc, Pol. et Adm.
BP243, KIN XI
Université de Kinshasa - RDC
 
L'Harmattan Italia
Via Degli Artisti, 15
10124 Torino
ITALIE
 
L'Harmattan Burkina Faso
1200 logements villa 96
12B2260 Ouagadougou 12
BURKINA FASO
 
 
 
www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
© L'Harmattan, 2006
ISBN: 2-296-00129-7
EAN: 9782296001299
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
Avant-propos
 
 
C’est un pari d’écrire, à quatre-vingt-quatre ans, les souvenirs de ses vertes années. C'est le dernier que je veux gagner.
Mon éducation a été le pur produit de celle qui était donnée dans les milieux bourgeois catholiques de l’époque, quand nos mères avaient été élevées dans la mentalité du XIXe siècle expirant et que les supérieures placées à la tête des établissements scolaires libres étaient nées avant, pendant ou juste après Napoléon III. Ces lignes se veulent le témoignage d’une enfance et d’une adolescence vécues au milieu des soubresauts d’une époque tourmentée, quand le deuxième millénaire grabataire chemine péniblement vers un troisième aux prémisses aussi sanglantes qu’iniques. Les événements que je raconte m’ont suffisamment marquée pour que je puisse certifier l’authenticité des faits et l’exactitude des paroles rapportées. J’ai toute ma tête, une excellente mémoire et un ordinateur tout neuf à apprivoiser.
Je suis née en octobre 1919, petite dernière, dix ans après la mort de Gérard, décédé à neuf mois d’une erreur médicale, huit ans après la naissance de Simone, sept après celle de Marie-Ange et, mes parents ayant été séparés par la ligne du Front pendant toute la guerre, cinq ans après celle d’Isabelle. À la difficile contrainte de devoir s’adapter aux bouleversements sociaux, moraux, religieux, économiques et scientifiques, engendrés par une succession de catastrophes mondiales, Père et Mère - c’est ainsi que nous les appelons - après le traumatisme de la disparition de leur aîné, sont confrontés au drame d’un brutal revers de fortune. Les Grands Moulins de Bièvres, en banlieue parisienne brûlent la nuit du 30 mars 1923, le lendemain de leur achat. Un paraphe ayant été omis en bas d’une des pages du contrat, les assurances, en toute mauvaise foi, refusent d’indemniser le sinistre pour non-conformité. Pour abattre définitivement un homme redoutable en affaires, concurrents et créanciers s’acharnent sur lui. Une véritable curée ! En quelques heures, nous basculons du statut de riches à celui de « faillis », dont chacun se détourne par gêne ou crainte d’être sollicité pour un emprunt. C’est au cœur de ce désastre familial auquel mes parents, si différents de tempérament et d’éducation, se heurtent, que je fais l’apprentissage de la vie.
 
Ronchin
 
 
La véranda est méconnaissable. La table centrale, généralement habillée d’un tapis vert à franges, a été démesurément agrandie par des rallonges. Recouverte d’une nappe damassée blanche, brodée aux chiffres de la famille, elle expose aux regards l’argenterie, la porcelaine, les cristaux destinés à faire honneur aux convives et aux maîtres de maison. Le pourquoi de cette réception m’échappe complètement. Je marche depuis peu et suis encore maladroite sur mes petites jambes.
Les invités arrivent, saluent mes parents, se congratulent, me tapotent la joue en passant et prennent place. Mère m’installe à sa droite dans la chaise de bébé. Je suis étourdie par ces gens qui parlent tous à la fois et dont le ton monte proportionnellement au nombre de bouteilles qui se vident. À la mode du Nord, le repas dure des heures. Je commence à pleurnicher de peur et de fatigue quand je vois des messieurs, mes oncles, mes cousins, des amis, se soulever de leurs sièges, se pointer réciproquement d’un doigt accusateur, s’interpeller et s’invectiver, rendus éloquents par l’alcool absorbé.
Bien plus tard, en réfléchissant à ce que pouvait être l’objet de leur discussion, j’ai fini par conclure que, pour y mettre tant de passion, ils devaient parler politique. Étant tous de droite et de droite dure , je ne vois pas le sujet de leur désaccord, à moins qu’ils ne se chamaillent à propos du parti auxquels ils appartiennent : Camelots du Roi, maurassiens, antidreyfusards, Croix-de-feu, au choix...
Mère me sort alors de ma chaise et me laisse trotter. Je n’ai qu’une envie, échapper à tout ce bruit, à ces gens qui me font peur. L’escalier s’offrant à ma vue, j’entreprends de l’escalader à quatre pattes. Arrêt au premier étage. Déjà, les voix s’estompent. En route pour le second. Cette fois les bruits se font lointains. Rassurée, je m’assieds sur la dernière marche qui mène au grenier et regarde la verrière qui éclaire l’escalier : trois grandes vitres jaune, violette et rouge, la face extérieure zébrée de traînées de suie, dessinées au gré des rafales de pluie et de vent, laissent filtrer un jour maussade. Soudain, à travers la déchirure d’un noir nuage d’orage, embrasant de lumière la sombre cage d’escalier, un soleil victorieux jaillit. Il crée à pleins rayons une féerie de couleurs gaies, aériennes, transparentes dans lesquelles vibrionne une joyeuse farandole de poussière dorée. Je contemple, médusée, enchantée, les jeux fantastiques d’ombre et de lumière qui dansent sur les murs.
Je ne sais combien de temps dure mon absence mais des appels inquiets me parviennent d’en bas : « Jacqueline ! Jacqueline ! ». À regrets, je commence alors, à quatre pattes, en marche arrière, la laborieuse descente. À la dernière marche, une tape sur les fesses m’attend. Ainsi se conclurent ma première émotion esthétique et mon premier souvenir d’enfance.
Avant 1923, nous habitons une grande maison à Ronchin. A part mon premier émerveillement devant la beauté de la lumière, les souvenirs de mes premières années sont très confus. Mes sœurs vont à l’école. Les classes maternelles n’existent pas encore. Je suis seule à la maison et, comme toute petite fille qui s’ennuie, je fais mille bêtises. Mère dira qu’elle a eu plus de mal avec moi toute seule qu’avec ses trois autres filles réunies. Je dois pourtant avoir mes heures de sagesse car (Sim

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents