Le dernier congrès λμ 16 (Avignon, 2008), axé sur le thème des « nouveaux défis de la maîtrise des risques », a donné lieu à de nombreux travaux et échanges dont le présent ouvrage tire les enseignements. S’appuyant également sur une étude prospective reposant sur des avis d’experts issus des mondes académique et industriel, ce livre développe les problématiques de maîtrise des risques que l’on peut anticiper à l’horizon 2020 et les actions et recherches qu’il conviendrait de mettre en œuvre dès à présent. Il souligne le caractère pluridisciplinaire et transversal de la discipline, et en spécifie les grandes tendances d’évolution. Identifiant les tâches prioritaires et les difficultés à surmonter, il propose un ensemble d’orientations et de recommandations, actualisé en fonction des événements de rupture les plus récents. Cet ouvrage s’adresse aux consultants, experts ou ingénieurs en maîtrise des risques et sûreté de fonctionnement, notamment des instances décisionnelles des mondes académique et industriel ainsi qu’aux entreprises, aux autorités réglementaires, aux laboratoires d’étude et de recherche, aux étudiants et enseignants.
Informations légales : prix de location à la page 0,4300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Anticipation, innovation, perception : des défis pour la maîtrise des risques à l’horizon 2020
Anticipation, innovation, perception : des défis pour la maîtrise des risques à l’horizon 2020
Patrice Kahn André Lannoy Dominique PersonSilhol Dominique Vasseur Coordonnateurs
11, rue Lavoisier F-75008 Paris
Dans la même collection
série « Notes de synthèse et de recherche » Modélisation dynamique des systèmes industriels à risques E. Garbolino, J.P. Chéry, F. Guarnieri, 2010 Introduction à la sécurité économique G. Pardini, 2009 Retour d’expérience et maîtrise des risques – Pratiques et méthodes de mise en œuvre J.L. Wybo, W. Van Wassenhove, 2009 Cadre juridique de la prévention et de la réparation des risques professionnels P. Malingrey, 2009 Pratiques de prévention des risques professionnels dans les PME C. Martin, F. Guarnieri, 2008 Maîtriser les défaillances des organisations en santé et sécurité du travail – La méthode TRIPOD J. Cambon, F. Guarnieri, 2008 Maîtrise des risques et sûreté de fonctionnement : repères historiques et méthodologiques A. Lannoy, 2008 La défense en profondeur – Contribution de la sûreté nucléaire à la sécurité industrielle E. Garbolino, 2008 Le cadre juridique de la gestion des risques naturels V. SansévérinoGodfrin, 2008 Les plans de prévention des risques : la prévention des risques majeurs par la maîtrise de l’usage des sols G. Rasse, 2008 Risques et enjeux de l’interaction sociale J.M. Stébé, 2008 Retour d’expérience et prévention des risques – Principes et méthodes W. Van Wassenhove, E. Garbolino, 2008 série « Références » La ville au risque du ghetto H. Marchal, J.M. Stébé, 2010 Aide à la décision et expertise en gestion des risques M. Merad, 2010 Traité du risque chimique N. Margossian, 2010 Risque environnemental et action collective. Application aux risques industriels et d’érosion côtière dans le PasdeCalais O. Petit, V. Herbert, coord., 2010
Risques et territoires Interroger et comprendre la dimension locale de quelques risques contemporains T. Coanus, J. Comby, F. Duchêne, E. Martinais, coord., 2010 L’expertise : enjeux et pratiques K. Favro, coord., 2009 Introduction à l’analyse probabiliste des risques industriels H. Procaccia, 2009 Le syndrome de vulnérabilité J. Bouisson, 2008 Les fondements des approches fréquentielle et bayésienne. Applications à la maîtrise du risque industriel H. Procaccia, 2008 La politique de sécurité routière – Derrière les chiffres, des vies J. Chapelon, 2008 La catastrophe AZF – L’apport des sciences humaines et sociales G. de Terssac, I. Gaillard, coord., 2008 série « Innovations » Le risque inondation. Diagnostic et gestion F. Vinet, 2010 La santé au travail à l’épreuve des nouveaux risques N. DedessusLeMoustier, F. Douguet, coord., 2010 Les paradigmes de la perception du risque C. Kermisch, 2010 Réduire la vulnérabilité des infrastructures essentielles – Guide méthodologique B. Robert, L. Morabito, 2009 Climat et risques : changements d’approches D. Lamarre, 2008 Sociologie d’une crise alimentaire : les consommateurs à l’épreuve de la maladie de la vache folle J. Raude, 2008 La réduction de la vulnérabilité des PMEPMI aux inondations P.G. Mengual, 2008 série « Débats » Le débat public, un risque démocratique ? L’exemple de la mobilisation autour d’une ligne à très haute tension D. Boy, M. Brugidou, coord., 2009 Violences routières – Des mensonges qui tuent C. Got, 2008
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’édi teur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands Augustins – 75006 Paris), est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d’autre part, les analyses et courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre er dans laquelle elles sont incorporées (Loi du 1 juillet 1992 – art. L. 1224 et L. 1225 et Code pénal art. 425).
Préface
1 par Philippe Klein
C’est peu après le congrèsλµnous avons été sollicités pour prolonger que l’aventure « prospective 2020 en matière de maîtrise des risques et de sûreté 2 de fonctionnement », étude réalisée en marge de ce congrès pour recenser et analyser les facteurs pouvant influencer l’acceptation ou le rejet d’une innovation, définir les actions à engager en termes notamment de justification technico économique de la sûreté de fonctionnement d’un nouveau prod uit, de communi cation sur le risque, de gestion des connaissances et des compétences, de néces saire adaptation de la réglementation, et pour proposer des thèmes prioritaires de recherche. Les rédacteurs ont souhaité aller plus loin dans l’étude prospective ellemême en faisant appel à des experts des différents domaines de la sûreté de fonctionnement et de la maîtrise des risques pour mieux peser la vraisemblance des trois scénarios proposés et valider, compléter ou reformuler les développe ments à envisager. Ils ont également voulu illustrer les travaux déjà en cours et les pistes de développement identifiées en les mettant en perspective avec les communications présentées auλµ16, le tout aboutissant au présent ouvrage. Porteur d’expertise dans de nombreux domaines de la maîtrise des risques et « grand pourvoyeur de communications » au congrèsλµ, mon département a donc été sollicité pour participer à la réalisation de cet ouvrage, à la fois sur l’il lustration de certains axes de recherche identifiés dans l’étude par des travaux que nous menons (les articles sur les signaux faibles, l’efficacité des barrières et les méthodes d’optimisation technicoéconomique), sur l’approfondissement de l’étude prospective – on en parle juste après – ainsi que, et c’est un honneur pour moi, pour le préfacer. Approfondir l’étude prospective relevant de mon point de vue d’un travail collectif de réflexion et d’une mise en débat, j’ai fait appel aux experts en interne,
Anticipation, innovation, perception : des défis pour la maîtrise des risques
qui, bien entendu, ont réinterrogé les hypothèses, remis en question la méthode, proposé d’autres scénarios…, bref, ont répondu à la demande audelà de toute attente ! Ainsi, l’existence de scénarios différents selon l’espace (pays concerné et son niveau de développement ou secteur industriel) et le temps (impact de l’occur rence d’événements graves ou de crises sur les orientations politiques en matière de gestion des risques) paraît plus probable qu’un scénario unique. Par ailleurs, d’autres scénarios peuvent être proposés si l’on mène l’ana lyse en s’interrogeant sur le couplage entre analyse et gestion des risques,i.e.sur qui prend finalement les décisions dans la société et sur la base de quelle analyse de risques (voir les conclusions et les perspectives). L’échec du récent sommet de Copenhague sur le climat montre d’ailleurs l’im portance de ce couplage : les 192 hommes d’État, groupe d’élus qui ne savent pas, ne se seraient pas réunis pendant douze jours s’il n’y avait eu les travaux du 3 GIEC , groupe d’experts qui savent mais ne sont pas élus. Mais c’est un accorda minimaqui a été obtenu, ce qui a certes montré les limites du politique, mais pose tout autant question sur le scientifique et son implication, par ses analyses, dans les processus de prise de décisions,i.e.dans la gestion des risques. Pour revenir sur les grands défis en matière de maîtrise des risques et de sûreté de fonctionnement auxquels l’industriel EDF sera confronté dans les prochaines décennies, le décor est clairement posé. Dans un contexte ré glementaire, légis latif, juridique, public et médiatique de plus en plus exigeant, il nous faut chercher à améliorer en permanence la sûreté et la performance de nos installations, et ce, dans la durée, c’estàdire en cherchant aussi, simultanément, à préserver, voire prolonger, la durée de vie de notre patrimoine industriel. Le premier défi à relever est celui de lacomplexité. C’est celle de notre objet d’étude, le système sociotechnique à risques, soit pour EDF, une centrale nucléaire ou thermique, un ouvrage hydraulique, le réseau d e transport, etc. Car la maîtrise des risques y afférente nécessite d’aborder le système sociotechnique dans toutes ses dimensions : le composant (luimême constitué de composants élémentaires ou de souscomposants), le système technique combinaison de maté riels, de procédures mais aussi d’acteurs humains au sein d’équipes organisées en structures complexes qui conçoivent ou exploitent le sys tème, sans oublier bien évidemment l’environnement du système (naturel, technologique, organisa tionnel, réglementaire...). Sur ces thèmes, nos travaux de recherche portent sur les méthodes et outils de sûreté de fonctionnement, sur l’évaluation des risques de défaillance d’un système conduit par l’homme, sur la conception de situations de travail toujours mieux adaptées à l’homme, sur le diagnostic organisationnel de la sûreté et de la résilience d’une organisation, sur les signaux faibles ainsi que sur des méthodes globales, macroscopiques, d’analyse intégrée des risques pesant sur un système complexe. Le second défi est celui de l’incertitude: dans les phéno. Elle est partout mènes physiques et leurs aléas, dans leur modélisation forcément simplifiée ou
3. Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
leur mesure, et par essence, dans toute activité humaine, que nul ne peut décrire intégralement (et encore moins modéliser). Pour la maîtriser, on cherchera à en réduire les sources (en multipliant les observations, les données) ou les consé quences (en prenant des marges conservatives), ou encore, et c’est l’objet de nombre de nos travaux, en propre et avec des partenaires externes industriels et universitaires, à disposer de méthodologies de référence permettant d’évaluer, pour mieux en comprendre les causes et mieux gérer les marges, l’ensemble des sources et des conséquences des incertitudes. Le troisième défi est celui de ladécision(et de son corollaire, l’action). Surgit ici la difficulté de devoir gérer les antagonismes potentiels inhérents à nos objec tifs d’industriel, par exemple pour les plus évidents : améliorer la sûreté ET la performance, accroître la performance à court terme ET la durabilité de l’installa tion. La décision doit s’inscrire dans une problématique bien posée assortie d’une analyse exhaustive des enjeux portés par les diverses parties prenantes. Elle doit aussi reposer sur un processus partagé qui associe acteurs de la décision (experts, managers) et parties prenantes externes, et qui rende compte de leur diversité d’appréciation du risque. C’est ce vers quoi tendent nos travaux, par le dévelop pement de méthodes, de modèles et d’outils permettant : l’évaluation probabiliste de la sûreté et de la fiabilité préalable à une décision indus trielle ; ou de guider et justifier, dans l’incertain, les choix de maintenance ou d’investissements sur la durée d’exploitation ; ou encore, par la modélisation multicritère ou l’approche coûtbénéfice, d’apporter des éléments solides et opposables d’aide à la décision pour la maîtrise des risques industriels. Mais l’efficience des recommandations issues de l’analyse décisionnelle n’est garantie que si elles sont suivies d’effet. Pour aller encore plus loin face à ce défi de la décision, étudier le rapprochement entre aide à la décision et analyse organisationnelle est une voie de recherche que nous commençons à explorer : l’idée est d’articuler les approches procédurales, cognitives et économiques avec l’analyse socioorganisationnelle (individus, équipes, structures, organisation, jeux d’acteurs, processus) du contexte de la décision, afin de faciliter le passage à l’action, autrement dit : englober l’aide à la décision et l’aide à la mise en œuvre de la décision. C’est, je crois, un sujet majeur de R&D pour une entreprise industrielle : apporter des éléments qualitatifs ou quantitatifs d’aide à la décision, hiérar chiser des scénarios, préconiser une solution sur la base d’ analyses technico économiques, utiliser des approches de type coûtbénéfice ou s’appuyer sur des systèmes formels à base de règles logiques, prendre en compte les préférences des décideurs et leur aversion au risque…, tout cela est nécessaire. Toutefois, il reste à « passer à l’action », à mettre en œuvre la décision qui, logiquement, s’en est déduite, à mettre en branle l’organisation, à dérouler les processus. En gros, la moitié du chemin reste à accomplir…