Conte et narration au féminin
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Conte et narration au féminin , livre ebook

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Description

Dans L’écriture-femme, Béatrice Didier rappelle les siècles de tradition orale où le rôle de la femme a été déterminant, particulièrement à travers le contage. Il nous a donc semblé intéressant de poursuivre cette recherche en étudiant ce que des contemporaines ont fait et font du conte : comme « conteuse » du récit pour enfants comme Carmen Martin Gaïté, comme plasticienne trouvant dans les contes fantastiques une sortie pour l’exploration identitaire comme Leonora Carrington , comme romancière transformant le conte de l’enfance dans le tissu de l’écriture romanesque comme Simone Schwarz-Bart, Sylvie Germain et Nancy Huston , comme conteuse aujourd’hui, dans un nouveau rapport au public et à la tradition.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 avril 2005
Nombre de lectures 1
EAN13 9782304053333
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Christiane Chaulet Achour
Conte et narration au féminin
Actes du séminaire de recherche du CRTH (Centre de Recherche Texte/Histoire de l’université de Cergy-Pontoise) 2003-2004
Collection Genre(s) et création
é ditions Le Manuscrit Paris


ISBN numérique 9782304053333 ISBN papier 9782748150308 © éditions Le Manuscrit, avril 2005


La collection Genre(s) et création
À l’heure du combat pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination de l’identité de genre, la création, sous toutes ses formes, demeure le lieu privilégié pour la révéler et l’affirmer. Qu’elle soit littéraire, artistique ou scientifique, il s’agit de questionner, de déconstruire, de subvertir les classifications sociales et culturelles du féminin et du masculin fabriquées par le système sexe/genre binaire et normatif. Cette collection se propose d’une part de publier en langue française des ouvrages théoriques fondamentaux pour la réflexion, d’autre part de faire connaître des travaux de recherche susceptibles d’enrichir les savoirs et de dynamiser les pratiques.


Conte et roman en interaction
Nicole Mas-Pruvost
Si écrire est réécrire, si étudier la littérature est inévitablement « établir les rapports concrets entre les œuvres vivantes » comme le disait Étiemble, il est évident que la lecture du conte passe par différentes étapes historiques permettant d’analyser le glissement du texte premier au texte second, faisant de ce dernier un texte à part entière.
Il est indispensable, tout d’abord, de tenir compte de la mémoire collective issue de l’oralité première, puis de la première écriture qui donne ses statuts au conte, mais aussi des écritures similaires dans un même pays et dans un même temps, et enfin de la réécriture consciente ou non, affichée ou cachée, traduisant dans un même temps le poids de la tradition et la volonté de s’écarter du modèle ancien pour l’assimiler dans une nouvelle création, un « roman nouveau ».
C’est dans la perspective d’étudier ces différentes créations que ce livre s’inscrit, nous permettant d’analyser ce que le conte peut apporter aux écritures ou pratiques contemporaines de femmes avec Le Petit Chaperon rouge à Manhattan 1 de Carmen Martin Gaïté, La Débutante, contes et pièces 2 de Leonora Carrington, Ti Jean l’horizon 3 de Simone Schwarz-Bart, L’Enfant méduse 4 de Sylvie Germain, La Virevolte 5 de Nancy Huston et l’expérience de néo-conteuses aujourd’hui.
André Jolles, dont le cours fut édité en 1923 d’après les notes prises par ses étudiants, a apporté des idées nouvelles en analysant ce qu’il nomme les « formes simples » que sont les « légendes, gestes, mythes, devinettes, locutions, cas, contes ou traits d’esprit ». En effet, ces formes avaient été négligées par la critique littéraire et laissées à l’ethnographie. Henri Becker, son disciple, le présente en un tableau à double entrée, mettant en ordonnée les cinq modes de discours et en abscisse les deux types de modélisation, la « modélisation réaliste » et la « modélisation idéaliste », la première permettant de réaliser l’action désignée, la seconde étant du domaine de l’imaginaire, donc échappant à la notion de vrai ou faux. Il obtient ainsi dix formes simples représentées dans le tableau suivant :
Les 5 modes du discours :
interrogation
assertion
silence
ordre
souhait
Modélisation réaliste
le cas
la geste
la devinette
la locution
la fable
Modélisation idéaliste
le mythe
le mémorable
le trait d’esprit
la légende
le conte
À partir de ces dix formes simples, le premier acte de création sera le passage à « la forme simple actualisée » , par exemple la légende, forme simple, deviendra forme simple actualisée si on évoque « la légende de la Bête du Gévaudan », ou bien la geste, forme simple, deviendra forme simple actualisée si on évoque « la geste du Roi Arthur ».
Mais il n’y aura création littéraire proprement dite que s’il y a passage au stade ultime, c’est-à-dire à « la forme savante ». Par exemple, Le Petit Chaperon rouge à Manhattan de Carmen Gaïté sera la forme savante du Petit Chaperon rouge de Charles Perrault, forme simple actualisée et devenue le modèle de référence.
Cependant, ce passage à la forme savante ne sera possible que par l’appropriation d’une syntaxe, d’une grammaire, qui partant de la forme simple à la forme simple actualisée sera ensuite déviée pour devenir la forme savante du créateur de l’œuvre. Chaque auteur a ainsi sa forme savante.
Il est possible de résumer cette démarche dans le tableau suivant en ne cloisonnant pas les colonnes, car il y a interaction de haut en bas ainsi que de bas en haut du tableau selon l’évolution des formes simples actualisées.
Virtualité
Langue
Grammaire
Formes simples du langage
Potentialités du langage
Création collective
Folklore
Réalisation des énoncés
Formes simples actualisées
Anonymat de la création
Création individuelle
Littérature
Particularisation individuelle
Formes savantes
Personnalisation de la création
Il est intéressant d’analyser les mécanismes de passage de la forme simple à la forme simple actualisée puis à la forme savante chez les nombreux « réécrivains », devenant eux-mêmes un support de forme simple actualisée si d’autres « réécrivains » les prennent pour modèles pour aller vers la forme savante. On peut ainsi parler d’écriture, de réécriture, de re-réécriture, et ainsi à l’infini.
Prenons un exemple simple : la peur des mystères de la nature dont le loup est un des symboles, forme simple, Le Petit Chaperon rouge de Perrault, forme simple actualisée, Le Petit Chaperon rouge à Manhattan de Carmen Martin Gaïté, forme savante, Le Petit Chaperon rouge à Manhattan après la bombe … (pure imagination ne servant que d’exemple), repoussant ainsi le roman de Carmen Martin Gaïté non plus dans la forme savante, mais dans la forme simple actualisée, support de cette nouvelle forme savante.
La place du conte dans l’imaginaire collectif
C’est ainsi qu’évoquer le conte, en Europe, c’est obligatoirement évoquer le texte écrit qui sera la référence incontournable dans ce domaine, les Contes de ma mère l’Oye , de Charles Perrault 6 , appelés aussi Histoire et contes du temps passé avec des moralités . Perrault servira en effet de modèle pour les réécritures des contes et ceci pas uniquement en France, mais aussi en Angleterre puisque Thackeray réécrira Barbe bleue en 1843 et Dickens Cendrillon en 1853, pour ne citer que deux exemples.
Avant de passer à l’analyse de contes contemporains, avant de chercher à comprendre en quoi Charles Perrault a laissé une trace indélébile dans notre imaginaire, il nous semble utile de noter que l’œuvre de Perrault fait partie de ces œuvres qui sont fondatrices dans la littérature mondiale. Les raisons sont diverses et pèseront plus ou moins lourd sur l’auteur qui s’est approprié l’imagerie de Perrault selon le degré d’imprégnation des lectures, selon les répercussions affectives, selon les réappropriations personnelles ou traditionnelles qu’il en fera.
N’oublions pas que le conte fait partie de notre culture enfantine et que nous-mêmes devenant adultes, la transmettons à nos enfants à un moment où le conte s’imprégnera dans leur mémoire puisque c’est bien souvent le soir avant de s’endormir que la cérémonie du coucher commence par le sacro- saint « il était une fois… ».
De plus la caution de Bettelheim, dont l’ouvrage est devenu un classique, nous donne des raisons supplémentaires de continuer cette tradition.
On peut aussi penser qu’un enfant qui ne connaîtrait pas Le Petit Poucet , Cendrillon , La Belle au Bois dormant, Barbe bleue ou Le Petit Chaperon rouge serait probablement exclu de la communauté enfantine dans ses fantasmes. Et même si la culture enfantine a changé de par l’intervention d’une autre imprégnation qui est la télévision et d’autres références que sont le cinéma et les contes revisités par Walt Disney entre autres, l’imaginaire de l’enfant n’échappe pas au conte de Perrault pour autant.
Le conte dans la littérature française, de la fin du xix e siècle au milieu du xxe siècle
Avant d’analyser en quoi la littérature actuelle aussi bien pour adulte que pour enfant fait une grande place au conte, Perrault continuant d’en être l’un des pivots, la référence culturelle ou le support, nous allons dans un premier temps constater qu’il en a toujours été de même, parfois à des périodes où on s’y attendrait le moins.
En effet, l’œuvre de Perrault sera entièrement revisitée, surtout à la fin du xix e siècle qui sera la période la plus florissante pour le conte. L ’Ogre , le Petit Poucet , Barbe bleue , Le Petit Chaperon rouge , Cendrillon ou La Belle au Bois dormant , si présents dans l’imaginaire collectif serviront de « ferment ou de levain » à une autre notion du merveilleux comme le dit si bien Jean de Palacio dans l’ouvrage qu’il consacre à la réécriture du conte dans la période de 1862 à 1922. Ce phénomène peut paraître paradoxal, car l’évolution des sciences et l’ém

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