Debout sur la bascule, cheminement politique d un cuisinier désobéissant
292 pages
Français

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Debout sur la bascule, cheminement politique d'un cuisinier désobéissant , livre ebook

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Description

Vous ne comprenez pas bien le mouvement des gilets jaunes ? C’est un mouvement spontané de colère populaire, moderne et protéiforme, sans réels leaders, sous le seul contrôle des forces de l’ordre mobilisées et qui semble ne jamais devoir s’arrêter. Comme à chaque soubresaut, les politiques sont surpris. Il n’est pire aveugle et sourd que celui qui ne veut ni voir, ni entendre. Ces chroniques rédigées depuis la fin des années 90 jusqu’à l’affaire DSK en mai 2011 montrent les effondrements successifs de notre civilisation ; autrement dit les collapses. Nul besoin d’être un chef étoilé pour comprendre que ça mijote depuis longtemps sous les crânes. L’origine et le socle de cette colère désespérée sont contenus dans ces quelques pages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414350773
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gub
Debout sur la bascule, cheminement politique d’un cuisinier désobéissant
FLash-back, back-drat eT lashbaLL
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Nous sommes individuellement responsables des décisions collectives que nous prenons… et inversement. Gub
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Finalement, il semble bien que j’avais raison. Ça me fait une belle jambe !
L’ordre juste, la démocratie participative, la réal politique, le libéralisme, le progressisme, le déclinisme, le collectivisme, l’individualisme, le mutualisme, le néocapitalisme, le populisme, le réformisme, le communisme, le nationalisme, l’écologisme, le socialisme, l’anarchisme, le complotisme… Que puis-je encore apercevoir lorsque je suis debout sur la bascule ? Les unes après les autres, les officines et les chapelles mettent la clé sous la porte et battent en retraite : fuite des adhérents, manque de projets et d’éthique et fin des croyances sur fonds de scandales, de promesses non tenues, de peurs et d’inquiétudes. Le désert avance, la terre se réchauffe et la politique est aux abonnés absents. Les élites peinent à donner le change et s’obstinent à vouloir rouler le peuple dans la farine pour mieux le contrôler. Ça tiendra le temps que ça tiendra ; au moins le temps de courir les promotions avant cessation d’activité. Nous, le peuple, nous faisons semblant de les écouter. Nous les craignons car nous les savons puissantes et impitoyables. Mais au fond de nous, nous savons bien qu’elles ont renoncé. Elles sont passées de date, toutes cassées, rouillées, déglinguées. Elles ne nous impressionnent plus vraiment.
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Elles nous encombrent et nous empêchent d’avancer. « Vous cherchez de la politique ? Attendez, je crois qu’il me reste quelques échantillons dans la réserve. Je peux vous en céder tout un lot pour trois fois rien.
Ce sont principalement des documents qui traitent de la fin des d’idéologies, d’anciens programmes, des professions de foi, quelques compilations de discours… Ça n’intéresse plus que quelques universitaires, principalement des chercheurs en archéologie sociale. Autant vous dire que c’est devenu pratiquement invendable. Les plus jeunes préfèrent Vianney et les vieilles séries ; triste époque… Je crois qu’il me reste encore quelques curiosités amusantes qui pourraient vous intéresser : un discours de Fidel Castro qui a duré plus de six heures, une compilation numérisée des interventions télévisées de Georges W. Bush lorsqu’il voulait en finir une fois pour toutes avec les communisses en vietnamie et les terrorisses ; ça c’est vraiment drôle, personnellement je ne m’en lasse pas. Ce sont des pièces devenues rares qui n’ont pas pris une ride. À mon avis, elles devraient intéresser des collectionneurs. Si vous ne trouvez pas ce que vous recherchez, vous pourrez toujours aller sur internet ; il y a des sites spécialisés. » Ne riez pas. Si parfois ça peut paraitre comique, ça ne l’est pas toujours, car la réalité dépasse souvent l’affliction. Au travers des articles rédigés, il y a plus de vingt ans pour certains d’entre eux, vous pourrez constater que les effondrements qui s’opèrent sous nos yeux étaient prévisibles ; Certes, ils étaient pré-visibles mais nous préférons souvent la cécité. Les poètes et les artistes sont des visionnaires. Prévoir, faire preuve de lucidité et avoir finalement raison a posteriori est toujours un déchirement
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car ça ne sert à rien ; à peine une petite satisfaction personnelle à l’occasion. Je vous l’avais bien dit. Depuis plus de trente ans, je ne cesse de vous le répéter et de vous prendre la tête avec mes drôles d’idées pas drôles.
Cassandre était détestée car elle avait l’impudence d’annoncer de mauvaises nouvelles. Jadis, dans la Grèce antique, il fut un temps où les messagers qui rendaient compte de défaites ou de catastrophes étaient exécutés sur le champ. De nos jours, il semble toujours aussi inconvenant de réveiller les princes qui sommeillent, et tout aussi mal venu de tenir des propos jugés pessimistes, quand ce n’est pas défaitiste. C’est récemment que j’ai pris réellement conscience de la pertinence de certaines de mes analyses. Comme beaucoup, dans les années soixante-dix, j’ai été victime de la montée de la culture du mépris de l’autre et des premiers méfaits de l’horreur économique. J’avais connu l’âge d’or durant lequel le travail venait à moi sans que je ne m’en soucie, puis, quasiment du jour au lendemain, celui des vaches maigres et de l’effondrement professionnel. Comment avais-je pu me laisser surprendre à ce point ? Il m’a fallu de nombreuses années pour le comprendre et me libérer d’un manque de confiance en moi et d’une culpabilité qui, je le sais aujourd’hui, n’avaient pas lieu d’être. J’avais également très mal vécu le fait d’être pris en otage par les deux super puissances qui, d’une part et d’autre de l’Atlantique fourbissaient leur missiles nucléaires. A la télévision, les stratèges militaires et les journalistes appelaient ça l’équilibre de la terreur ; effectivement, c’était
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bien terrorisant… Au fil des années, j’avais pu assister à la fin programmée du processus d’individuation ainsi qu’au désastre écologique sur fonds de pollution et de réchauffement climatique.
Vampirisé comme la plupart d’entre nous par la trivialité du quotidien, j’ai sans doute manqué de vigilance et de combativité. Pourtant, aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais voulu ce monde-là. Lorsqu’on ne comprend pas soi-même ce qu’il nous arrive, on se sent incompris et marginalisé. Je voyais bien que j’empêchais de consommer en rond avec mes idées bizarres. Je sentais profondément que quelque chose ne fonctionnait pas et ma vision du monde était devenue floue et inquiétante. Une question me revenait en boucle : « Comment allions-nous faire pour remettre à l’endroit ce que nous nous ingéniions à mettre obstinément à l’envers ? » Il y avait aussi nombre de contradictions dans ma propre vie. Mes comportements ne correspondaient pas toujours à mes convictions naissantes, et rien n’est plus épuisant que de chercher à assumer ou à dissimuler ses contradictions. Ne parvenant pas à trouver ni ma juste place, ni une forme d’équilibre qui eut été acceptable, je me vautrais régulièrement dans les travers que je dénonçais volontiers. Les chemins de la vertu sont tortueux et initiatiques, et c’est ainsi que je me laissais parfois dominer par mes violentes poussées de fièvre acheteuse : des pulsions irrépressibles de hamburgers frites et autres désirs de grosses bagnoles troueuses de couche d’ozone. Dans ces conditions, que pouvais-je rétorquer lorsqu’on me reprochait d’avoir un peu recherché mes ennuis ?
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« Regarde, qu’est-ce qui t’empêche de faire comme moi ? je vais bien. Je ne me prends pas la tête comme toi avec tous ces trucs qui nous dépassent. Avec Sophie, on ne manque de rien, et je fais tout ce qu’il faut pour que ça dure… »
Il avait sans doute un peu raison. C’est un fait qu’il allait apparemment bien : bon job, bon salaire, petite famille sympa, gros crédit pour la maison, plus petit pour la voiture et plus petits encore pour la télévision, la chaine hifi, et le véto pour le chien… Jusqu’à son licenciement et son divorce, il avait certainement raison. De toute façon c’était son point de vue et pas le mien. Pourtant, je ne délirais pas et il suffisait de lire et d’observer pour s’en rendre compte. Je le sais aujourd’hui, mon point de vue particulier provenait avant tout de l’ennui. Quand j’y pense, c’est fou comme j’ai pu m’ennuyer : à l’école, à l’internat, au sein de ma famille, au travail, pendant mon service national, dans les bars, avec les copains, avec les filles, sur les pistes de danse et partout où j’étais sensé me socialiser ou me distraire. C’est fou comme l’ennui incite à se cultiver. J’étais avide de lecture, de cinéma, et de tout ce qui permettait de combler le vide glacial qui me cernait, et de passer mon temps sans trop avoir le sentiment de le perdre. Croyez-moi, si vous voulez que vos enfants aient une chance de réussir, au moins dans leurs études, arrangez-vous pour qu’ils s’emmerdent comme des rats morts. Je prenais des notes et je n’ai pas eu à effectuer de longues et fastidieuses recherches pour me faire une opinion concernant les effondrements qui étaient en cours. Les imposteurs soutenus par les mafias, les corrupteurs et les corrompus, les lobbies industriels et financiers, et plus généralement tout ce qui constitue la lie de la société,
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s’ingéniaient jour après jour à me donner raison en s’exonérant de toutes les règles légales, morales ou éthiques pour continuer à se gaver tant et plus.
Le bloc communiste ayant cédé, le roi se trouvait nu. Sans opposition, le capitalisme triomphant et parfaitement décomplexé devint pain béni pour les potentats, les tyrans et les dictateurs de tous poils. Il y avait eu Franco la muerte, Pinochet, Idi Amin Dada et d’autres joyeux drilles. Il y a maintenant Abdelaziz Bouteflika, Alexandre Loukachenko, Bachar Al Assad, Denis Sassou Nguesso, Ilham Aliev, Issayas Aferwerki, Meles Zenawi, Omar Hassan Ahmad el-Bechir, Pervez Mushanaf, Rodrogo Duterte, Kim-Jong Un, Xi Jinping, Vladimir Poutine, Victor Orban et quantité d’autres personnages, plus ou moins démoniaques, qui mériteraient de figurer en bonne place dans cette liste déjà trop longue. Pourquoi se reproduisent-ils à l’infini ? Peut-être y a-t-il un nid quelque part. Que dire aujourd’hui des nouveaux dirigeants planétaires ? de Xi Jinping, de Vladimir Poutine et de Donald Trump ? Duquel de ces chefs d’Etat devrions-nous avoir le plus peur ? This evening, the winner is… Donald Trump. Pensons-nous sérieusement que les Américains méritent ce clown dégénéré ? Donald est à la fois synthèse et aboutissement ; figure emblématique d’un capitalisme dévoyé triomphant, fossoyeur de la démocratie, leader des pauvres gens incultes et chantre des financiers à courte vue. Ce personnage monstrueux ignore jusqu’à la définition du mot politique. Il joue la survie de la planète comme il joue au casino boursier et diffuse ses fantasmes hallucinés entre deux parties de golf, au moyen de tweets minimalistes et souvent rageurs. Bien sûr, je n’oublie pas les deux autres
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