Éthique et chaos : le devoir de s indigner
262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Éthique et chaos : le devoir de s'indigner , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cet ouvrage est une réflexion éthique autour de la notion de chaos. Plus précisément, nous y analysons des faits et des événements chaotiques qui se sont produits en Haïti sur les plans politique, social et sécuritaire.



Le chaos en Haïti aujourd’hui est un aveuglement politique conjugué à des actions et des méthodes criminelles qui banalisent la vie, la loi, les institutions et l’avenir de tout un peuple. C’est le chaos absolu, c’est-à-dire un glissement vertigineux dans l’abîme, un corps à corps sans fin avec la mort, un épaississement des ténèbres qui étouffent la lumière, une dictature de la violence qui opprime, agresse brutalement et systématiquement toute espérance.



Comment l’éthique peut-elle se saisir du chaos ?



L’éthique peut entrer dans la danse contre le chaos en mettant en œuvre les mécanismes dont elle dispose afin de le contrarier. Elle s’emploie à le saisir pour freiner, sinon annihiler son pouvoir malfaisant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 juin 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414529636
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-52964-3

© Edilivre, 2021
Du même auteur

Du même auteur
Enjeux éthiques et théologiques de la parole autour de la souffrance , Paris, Cerf, 2015.
L’euthanasie : du débat social à la réflexion théologique et pastorale , Paris, Cerf, 2019.
L’accompagnement à la formation de soi et la créativité : utopie pédagogique ou projet réalisable dans la pratique éducative haïtienne ? Paris, Edilivre, 2019.
La pédophilie : le scandale d’une paternité brisée , Paris, Cerf, 2021.
Le désespoir ne se boit pas.
Il s’avale tant il est amer.
L’indignation ne se noie pas.
Elle pénètre les aires chaotiques.
Dédicace

A mes parents,
A Mgr Willy Romélus,
A ceux et celles qui s’indignent contre l’absurde en Haïti,
A toutes celles et ceux qui informent et accompagnent le peuple haïtien : la journaliste Liliane Pierre Paul, M. Rony Colin, Jean-Baptiste Osnel, Jean Oreste Morin et Jean Monard Métellus.
Aux victimes du Kidnapping,
A HAITI CHERIE,
A mon ami d'enfance Irland Tibé et son épouse Lousy .
Introduction L’art de s’indigner
L’espérance est une force animatrice, invisible et dynamique. Elle est la principale opposition au découragement. « Elle renvoie au fait de voir à l’avance quelque chose dont on a quelque raison de penser qu’elle parviendra à son accomplissement 1 . » Elle chasse la dynastie de la désespérance, la dictature et l’arrogance de toutes banalités pour fonder le règne du possible même dans des conditions jugées extrêmement limites. Pour le Jésuite, théologien moraliste, Alain Thomasset, elle « est peut-être la vertu la plus nécessaire dans notre temps d’incertitude, de doute, de démesure et de désespoir 2 . »
D’où le sens de ces mots du philosophe grec Héraclite : « Si tu n’espères pas, tu ne rencontreras jamais l’inespéré » Magda Hollander-Lafon, rescapée de la machine à tuer du régime nazi, dans son livre Quatre petits bouts de pain , a fait aussi l’éloge de la foi et de l’espérance de ses « frères et sœurs », que l’on estimait entrer dans « la chambre à Gaz comme des moutons muets 3 » Elle a rétorqué, qu’elle les entendait, au contraire « prier, implorer l’Eternel jusqu’à la dernière minute. Cette dernière minute, celle de leur espérance en la vie 4 . » La sagesse populaire haïtienne exprime la même réalité à travers l’adage suivant : « Tout tan tèt pa koupe, li espere pote chapo 5 » Ainsi comprise, l’espérance n’est pas seulement une vertu théologale, elle est aussi une méthode de résistance par rapport à d’éventuelles menaces.
Mais qu’est-ce qu’espérer dans un pays où des corps humains se confondent avec des ordures ? Qu’est-ce qu’espérer quand des criminels massacrent, tuent, saucissonnent et carbonisent les cadavres impunément ? Qu’est-ce qu’espérer quand le kidnappeur viole, torture, martyrise et menace de mort lorsque la rançon tarde à venir ou quand elle ne répond pas à ses exigences ? Qu’est-ce qu’espérer dans un tourbillon ? Qu’est-ce qu’espérer dans un contexte de chaos absolu ?
C’est avec cette tension que nous voulons introduire cet ouvrage. De fait, elle le traversera d’un chapitre à l’autre, parce que l’éthique n’intervient pas dans le chaos en cherchant le consensus avec le mal et ses artisans. Au contraire, elle l’attaque, elle l’éconduit en sa frontière jusqu’à ce que le bien puisse s’épanouir.
Nous devons le concéder dès le départ, éthique et chaos sont deux concepts diamétralement opposés. En effet, le premier est un ferment d’ordre et de sens, alors que le second, est par définition, désordre et bouleversement. Réfléchir à l’éthique et au chaos, implique une sérieuse préoccupation qui est le point de départ de toute indignation par rapport au mal, notamment lorsqu’il se déploie massivement, portant atteinte aux droits et à la dignité humaine. L’indignation devient alors un art : l’art de se rebeller et de récuser l’insensé. Ici, émerge une question de fond : comment l’éthique peut-elle saisir le chaos ? De quelle manière peut-elle s’y prendre pour l’arrêter dans sa course ?
Au début du précédent paragraphe, nous avons fait état de la relation conceptuelle entre éthique et chaos : il existe entre eux une opposition naturelle. Car ce sont deux réalités irréconciliables : l’une est l’envers de l’autre. L’éthique est toujours une quête de sens et d’humanité, alors que le chaos est la manifestation de l’absurde. De ce fait, la fonction de l’éthique vis-à-vis du chaos est une fonction de contrariété. Elle s’emploie à le saisir pour freiner, sinon annihiler son pouvoir malfaisant. L’éthique est donc qualifiée pour entamer un combat contre le chaos, quelle que soit la forme sous laquelle il se présente. En effet, c’est le combat le plus facile à comprendre et à mener, parce qu’il s’agit de la problématique du bien et du mal.
L’éthique élabore, entre autres des règles et des normes pour tracer le chemin du bien, et aider l’être humain à construire son avenir à travers des comportements concrets au quotidien. Elle refuse et dénonce le mal en tant qu’obstacle à son déploiement. La compétence de l’éthique tient, surtout, en sa capacité d’orientation vers des rives humaines et fiables, et en sa capacité de dénonciation et de résistance constantes des dérives institutionnelles et humaines. Aussi peut-elle interroger le chaos et lui résister également.
Dans Dictionnaire des synonymes, nuances et contraires, publié en 2005 chez Le Robert, le chaos se définit comme « confusion, bouleversement, désordre, pagaille, perturbation. » Il indique, pour ainsi dire, un déficit de sens, d’ordre et d’orientation claire. Par voie de conséquence, il est un défi pour l’intelligence et la raison humaines qui doivent se mobiliser pour chercher et proposer une possibilité de direction. L’homme se doit de réagir pour assurer sa survie d’une part (court terme), et de l’autre, pour se projeter durablement vers l’avenir.
En référence au tremblement de terre du 12 janvier 2010, nous avons défini le chaos « comme la disparition brutale de tous les repères humains et sociopolitiques. Il a pris des visages multiples : suspension du droit, multiplication de la violence, absence d’orientation, détérioration des conditions sociales, effondrement des institutions éducatives, politiques et sociales 6 . » Nous avons formulé cette définition dans un contexte de catastrophe naturelle. A l’heure où nous écrivons ces pages, le contexte est différent. C’est un régime politique qui met la loi en suspens et donc, agit au détriment des droits fondamentaux et naturels des citoyens, dont le droit à la vie.
Le chaos en Haïti, aujourd’hui, est un aveuglement politique conjugué à des actions et des méthodes criminelles qui banalisent la vie, la loi, les institutions et l’avenir de tout un peuple. C’est le chaos absolu ! Entendons par là un glissement vertigineux dans l’abîme, un corps à corps sans fin avec la mort, un épaississement des ténèbres qui étouffent la lumière ; une dictature de la violence qui opprime, agresse brutalement et systématiquement toute espérance. Les mots du pape François conviennent bien ici pour interpeller les politiques en Haïti : « Enfoncer un peuple dans le découragement, c’est boucler un cercle pervers parfait : c’est ainsi que procède la dictature invisible des vrais intérêts cachés qui s’emparent des ressources et de la capacité de juger et de penser 7 . »
Ce livre se veut une contribution pour éviter que le peuple haïtien plonge dans le découragement. Nous y proposons une réflexion de morale fondamentale. A travers les différents chapitres, nous poursuivrons un seul et même objectif : des idées qui permettent de respecter et de sauvegarder la dignité et la grandeur de l’homme. Celles-ci sont d’autant plus pertinentes dans un contexte où le chaos prend chaque jour des proportions ahurissantes.
Les deux premiers chapitres seront consacrés à la définition de la morale et de sa capacité à créer des relations métaphysiques qui promeuvent la croissance en humanité du sujet éthique. Le chapitre troisième consistera en un détour philosophique. Ceci répond à cette exigence de la recherche scientifique : recourir aux autres disciplines pour élaborer un discours crédible sur les problématiques complexes comme celle du chaos. C’est, dans ce sens, que nous analyserons l’idée de banalité chez Hannah Arendt. Ce qui nous permettra de qualifier les acteurs du chaos et leurs actions dans le pays.
Aussi pourrons-nous aborder les quatrième et cinquième chapitres où nous tenterons de nommer et de décrire le chaos en Haïti. Dans ses différentes expressions : massacres, viol, kidnapping, nous constaterons une banalisation de la vie et de la mort. D’où l’hypothèse d’une indignation éthique pour que les Haïtiens récupèrent leurs droits et leurs libertés souillés par les agents de la violence et de la mort. Ces deux chapitres auront à la fois une valeur historique, philosophique, anthropologique et éthique. Ils pourront être lus, analysés, commentés et critiqués à l’école comme à l’université. Il ne s’agira pas d’une analyse politique, mais d’une analyse philosophique et éthique de certains faits politiques et sociaux.
Dans les chapitres six et sept, nous mettrons l’accent sur la nécessité d’une éthique incarnée dans la situation d’Haïti. Celle-ci sera fondée sur l’Écriture Sainte et la loi naturelle. Les chapitres huit à dix, liés aux deux premiers, constitueront le socle de ce travail, parce qu’ils traiteront de la dignité de la personne humaine en contexte de chaos, de l’identité de l’éthique chrétienne en tenant compte des débats et des convictions qui en résultent. Nous rappellerons que l’amour est le cœur de l’éthique chrétienne

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents