Voulant à tout prix assimiler et imposer ses visions héritées d’un universalisme impérieux et bien-pensant, nos sociétés se font assassines. En elles se dilue toute diversité, en elles s’aplanissent toutes les différences. Sous prétexte d’une intégration, l’Autre est ainsi constamment anéanti et pulvérisé, aboli dans ses particularités. Une menace qui rôde aujourd’hui autour de la société tsigane, répondant à des codes, des mœurs, un fonctionnement absolument hétérogènes aux nôtres. Une société sur laquelle se poursuit, sous d’autres manières, plus policées, l’éradication ancestralement perpétrée contre elle. Un monde qui entretient un autre rapport au temps et à l’espace, à la famille et au clan, auprès duquel œuvre Olivier Fouchier, qu’il nous décrypte et pour lequel il élabore d’autres solutions de coexistence. Associant perspectives philosophiques, historiques et ethnologiques autour des politiques mises en place à destination des communautés tsiganes, Olivier Fouchier donne jour à une réflexion consistant tout autant en un dévoilement des implications délétères des actions entamées par les pouvoirs publics, qu’en une immersion auprès des Tsiganes et de leurs codes. Iconoclaste et sous-tendue par une tolérance respectueuse – et non celle qui se teinte d’une morgue condescendante –, l’essai qu’il tire de son expérience et de ses lectures critiques replace l’Autre dans toute son intégrité, dans son irréductibilité, l’imposant comme un partenaire avec qui négocier, et non plus comme un être de deuxième ordre à acculturer. Assurément, une réflexion qui risque de faire du bruit!
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