Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine
132 pages
Français

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Description

Depuis les soulèvements du Printemps arabe en 2011, les changements politiques au Maroc et le Hirak en Algérie, le Maghreb redevient un territoire géopolitique animé par plusieurs défis. Dans des sociétés encore tiraillées entre un conservatisme tourné vers la sauvegarde des valeurs traditionnelles et une logique progressiste, les questions relatives aux droits des femmes refont surface pour devenir un enjeu politique et social important. Inquiètes pour leurs fragiles acquis, les femmes, parfaitement émancipées par le travail et les études, s’activent pour installer des rapports plus égalitaires entre le féminin et le masculin en matière de droits. Au cœur de ce combat pour l’égalité, la création littéraire des autrices du xxie semble à même de rendre compte de ce bouillonnement. Résolument tournés vers la modernité et en rupture avec un système patriarcal discriminant, les nouveaux personnages féminins dans la fiction maghrébine contemporaine, par leurs discours et à travers leurs manières d’agir, ébranlent les stéréotypes. Les romans d’Emna Belhaj Yahia, Sonia Chamkhi, Bahaa Trabelsi, Maïssa Bey, Malika Mokeddem et Halima Hamdane décrivent un monde en convulsion qui annonce une possible et durable révolution pour des femmes debout contre la fatalité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304054170
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Imèn Moussa
Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine
Préface de Sylvie BRODZIAK
Genre(s) et création
é ditions Le Manuscrit Paris
ISBN epub 978-2-304-05417-0
ISBN papier 978-2-304-05416-3
© éditions Le Manuscrit, février 2023


Dans la même collection
Queer Phenomenology. Orientations, objets et autres , Sara Ahmed, trad. de Laurence Brottier, 2022.
Devenir non-binaire en français contemporain, Vinay Swamy et Louisa Mackenzie, 2022.
Fictions documentées , Amarie Petitjean, 2020.
Le Féminin chez J.-M.G Le Clézio , Christelle Sohy, 2010.
Noirs secrets , Christiane Chaulet Achour, 2009.
Féminité et expression de soi , Brigitte Riéra, 2008.
Le Corps à l’œuvre , Sylvie Brodziak, 2007.
Pères en textes - Médias et Littérature , Christiane Chaulet Achour, 2006.
Frontières des genres , Christiane Chaulet Achour, 2006.
Conte et narration au féminin , Christiane Chaulet Achour, 2005.


La collection Genre(s) et création
À l’heure du combat pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination de l’identité de genre, la création, sous toutes ses formes, demeure le lieu privilégié pour la révéler et l’affirmer. Qu’elle soit littéraire, artistique ou scientifique, il s’agit de questionner, de déconstruire, de subvertir les classifications sociales et culturelles du féminin et du masculin fabriquées par le système sexe/genre binaire et normatif. Cette collection se propose d’une part de publier en langue française des ouvrages théoriques fondamentaux pour la réflexion, d’autre part de faire connaître des travaux de recherche susceptibles d’enrichir les savoirs et de dynamiser les pratiques.


À mon père Kamel Moussa.


Baba, entre les gerçures de tes mains a fleuri mon savoir.


Préface
Sylvie Brodziak Professeure des universités CY Cergy Paris université
Rédigé à partir d’une excellente thèse de lettres modernes soutenue peu d’années avant la naissance du mouvement historique émancipateur qu’est Me Too, le passionnant essai d’Imèn Moussa prouve à nouveau la puissance de la littérature non seulement pour éveiller les consciences et bousculer les imaginaires, mais aussi pour relayer les cris et les chuchotements de celles qui œuvrent à transformer nos sociétés patriarcales. En choisissant d’analyser plusieurs romans écrits par des écrivaines du Maghreb contemporain, Imèn Moussa accomplit un geste à la fois scientifique et politique. Sa critique rigoureuse met en évidence les voix multiples des femmes et les discours de celles et ceux stigmatisés pour leur genre. Son analyse sans parti pris rappelle haut et fort que les femmes et les jeunes filles au Maroc, en Algérie et en Tunisie comme dans l’ensemble du monde arabe font naître les luttes pour l’égalité et la liberté de toutes et de tous. Que ce soit Maïssa Bey, Malika Mokkedem, Emna Belhaj Yahia, Sonia Chamkhi , Halima Hamdane et Bahaa Trabelsi, toutes ces autrices se servent de l’écriture pour se dire et conter celles qui, rappelle Imèn Moussa, « en dépit de leurs meurtrissures, sont inflexibles et veulent changer la donne ».
Changer la donne, c’est cela que les Algériennes du Hirak ont espéré dans la rue en 2019, changer la donne, c’est cela que les Iraniennes crient en arrachant leur voile en 2022. Imen Moussa, dans son stimulant essai, démontre que, au-delà des frontières géographiques, économiques, religieuses et culturelles, les femmes refusent de construire des murs entre elles et le monde. Toutes différentes, elles sont inéluctablement sœurs et aspirent ensemble à l’égalité, à la liberté, à la vie heureuse tout simplement. Par sa qualité et sa clairvoyance, Genre et émancipation des femmes dans la fiction maghrébine contemporaine affirme que la création littéraire reste encore la plus belle arme pour changer la donne !

Sylvie Brodziak


Prologue
« Mais, comme leurs sociétés, [les femmes] sont aujourd’hui dans le mouvement. Jouant de stratégies multiples, des luttes aux compromis, elles façonnent le présent en ébranlant – volontairement ou non – la dictature du masculin. Apparemment soumises à ce dernier ou le refusant publiquement, elles modifient de toute façon les règles du jeu et contraignent tout le monde à questionner les certitudes, à entrouvrir les citadelles » 1 .
Sophie Bessis
La fiction, miroir des sociétés contemporaines
Secousse sociale et effritement du pouvoir masculin, c’est en ces termes que l’historienne tunisienne Sophie Bessis, s’interroge dans son essai Les Arabes, les femmes, la liberté , sur une possible fin de l’ordre patriarcal ancien qui permettrait, en ce xxi e siècle, de penser des rapports plus égalitaires entre le féminin et le masculin. Autour des enjeux d’une égalité sociale et pénale effective, l’historienne affirme que de grandes incertitudes pèsent sur les femmes arabes face aux tentatives qui se multiplient pour dérober leurs acquis et freiner l’évolution de leurs situations.
Au Maghreb comme au Moyen-Orient, les femmes ont accompli des avancées remarquables sur le plan du travail et des droits de la famille. Néanmoins, après les changements sociopolitiques de ces dix dernières années, les fragiles acquis en matière des droits des femmes font face à deux écueils. Le premier obstacle est la division constante entre le monde citadin relativement ouvert aux changements et le monde rural moins favorisé, et plus imprégné par les archaïsmes. Le deuxième obstacle se manifeste sur le plan politique puisque la discrimination sexuelle est encore patente. Même si la participation des femmes dans les différents corps de l’État est de plus en plus importante, la société maghrébine contemporaine peine à se détacher de ses fondements patriarcaux. En dépit de l’ouverture des secteurs d’activités, les postes à hautes responsabilités sont majoritairement accordés aux hommes. Les plus fondamentalistes d’entre eux tentent de remettre en question les acquis de celles-ci au nom d’une identité nationale ou religieuse multiséculaire tournée vers le passé. Depuis les soulèvements du Printemps arabe de 2011, le Maghreb redevient un territoire géopolitique animé par plusieurs défis. En lien avec ce bouillonnement, les questions relatives aux droits des femmes refont surface et deviennent un enjeu politique et social important.
Contrairement aux guerres de libération qui ont mis en lumière des filles ou femmes de militants et des étudiantes, les soulèvements survenus ces dernières années dans certains pays du monde arabe projettent dans l’espace politique des femmes issues de toutes les catégories sociales. Les révolutions en É gypte, en Tunisie, en Libye et au Yémen, mais aussi les changements politiques au Maroc et le Hirak en Algérie ont lancé sur le devant de la scène des millions de femmes revendiquant l’égalité et la démocratie dans un système social à domination masculine où la pensée religieuse demeure forte et autoritaire. Ces révolutions ont permis de démocratiser le débat sur les droits des femmes, qui était jusqu’alors réservé à une élite intellectuelle. Certaines ont joué un rôle déterminant dans les soulèvements,comme la blogeuse Lina Ben Mheni qui fut la première à alerter les médias internationaux sur les abus du régime de Ben Ali. En É gypte, Asmaa Mahfouz devient l’emblème de la révolution en postant une vidéo sur la toile pour inviter ses compatriotes à manifester sur la place Tahrir et abattre le régime de Moubarak. L’actrice Fadwa Souleman est aussi connue pour avoir organisé des manifestations contre le régime à Homs. La militante yéménite Tawakul Karman organise les rassemblements à Sanaa contre le régime d’Abdulah Saleh. Au Bahreïn, la militante Zainab Al-Khawaja entame une grève de la faim pour protester contre les violences faites aux détenus et devient la leader des manifestations organisées place de La Perle. Plus récemment encore, le mouvement populaire du Hirak, qui a débuté en 2019 en Algérie, donne la voix au « carré féministe » formé par une trentaine de femmes. Ces dernières prennent place chaque vendredi dans le centre-ville d’Alger et affichent leurs banderoles où l’on peut lire : « Nos droits, c’est tout le temps et partout », « Algériennes libres, n’acceptant pas la honte. Nous poursuivrons la route jusqu’à la victoire ». Femmes au foyer, ouvrières, intellectuelles, jeunes ou âgées, elles se mobilisent lors de marches spontanées et dénoncent les régimes totalitaires, la corruption, la répression et les inégalités sociales. À la faveur de ces événements, des voix vont plus loin dans la contestation pour dénoncer la situation juridique et sociale de la femme dans le monde arabe qui demeure accablante. Ces mouvements féminins, issus de la colère générale, travaillent les sociétés en profondeur. Visible, la participation massive des femmes aux mobilisations déconstruit les stéréotypes et les fantasmes orientalistes de celles qui sont inéluctablement aliénées et dociles. Mais les prises de paroles, à travers les médias, brisent le silence qui leur est imposé. Elles s’affirment en actrices du changement et développent un contre-pouvoir contre la culture ancestrale dominante.
Lorsque les femmes prennent part aux protestations contre l’autoritarisme des dirigeants, leur participation est la bienvenue. Mais, une fois les régimes déchus, les nouveaux pouvoirs mis en place, des voix s’élèvent pour demander aux manifestantes de « rentrer chez elles ». Deux raisons expliquent ce rejet. D’une part, certains hommes craignent de voir les femmes siéger en grand nombre au parlement, participer massivement à la formation des nouveaux gouvernements ou présider les conseils d’administration des entreprises. De plus, la réapparition de l’Islam réactionnaire conforte la présence des hommes dans toutes les instances de pouvoir. Les questions soulevées par les activistes s’effacent, laissant place aux pratiques sexist

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