Histoires extraordinaires mais vraies de médecins diaboliques (XVIIe - XXe siècles)
214 pages
Français

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Histoires extraordinaires mais vraies de médecins diaboliques (XVIIe - XXe siècles) , livre ebook

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Description

Les médecins des XVIIe et XVIIIe siècles, dont le savoir se réduisait à la portion congrue et à de beaux discours en latin macaronique, n'étaient pas bien méchants. Avec leur longue robe, leur masque au grand bec et leur clystère, ils ne provoquaient que railleries et n'effrayaient personne. Tel n’est plus le cas des médecins des XIXe et XXe siècles. Les progrès de la médecine en font des personnages puissants. Toutefois, cette puissance peut aussi leur donner les moyens de devenir des personnages diaboliques, pour peu que l’avidité, la vanité ou le goût du pouvoir s’en mêlent. Tel professeur à l’orgueil démesuré n'hésite pas à sacrifier des milliers de vies humaines pour ne pas reconnaître le talent d’un jeune médecin qui pourrait bien lui porter ombrage, tel autre ameute la planète en annonçant qu'il a mis au point le traitement radical de la tuberculose. Ou encore, c’est un médecin charlatan qui, usurpant le génie de Pasteur et se disant son égal, monnaye ses fausses découvertes selon un procédé qui relève du chantage à la mort. Certains médecins prétendent avoir percé le mystère des pulsions criminelles. À ce titre, les voilà partis à la conquête du prétoire, dont ils veulent déloger les magistrats à leur profit, ne reculant devant aucune fausse science pour arriver à ce but : crâniométrie, anthropologie criminelle, crime sous suggestion hypnotique ou chromosome Y surnuméaire. Ce livre retrace donc certains épisodes, parmi les plus marquants, de cette longue saga que fut l’Histoire des erreurs et des escroqueries médicales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 août 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414443963
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson - 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-44395-6

© Edilivre, 2020
Introduction
Le médecin, comme l’enseignant ou le prêtre, occupe une place à part dans notre imaginaire. Ces personnages n’ont-ils pas barre sur nos âmes, notre vie, notre bien-être, nos destinées et l’avenir de nos enfants ? D’eux dépendent le bonheur des uns et le malheur des autres. Jusqu’au XVIIIe siècle, le médecin est pourtant un personnage ambigu qui, avec sa longue robe, son masque au nez en pointe et son clystère, n’effraye personne et aurait plutôt tendance n’inspirer que railleries. Son seul pouvoir, il le tient alors de sa connaissance d’un latin macaronique dont il use et abuse dans de longues dissertations destinées à impressionner le public.
Tout change au XIXe siècle. Avec la diffusion de la vaccination antivariolique et la mise au point par Pasteur et les grands microbiologistes de vaccins et de sérums au pouvoir thérapeutique incontestable. Avec la généralisation de l’hygiène, de l’antisepsie et de l’asepsie et grâce à une meilleures compréhension des maladies pulmonaires et aux progrès de la chirurgie, la médecine entre dans l’ère et l’efficacité et la mortalité régresse. Des malades hier encore incurables se retrouvent en parfaite santé. Dans la foulée, on imagine la médecine capable de venir à bout de toutes les misères du monde. Du coup, l’image du médecin change. Il n’est plus Diaforus mais le prêtre, le saint laïque des temps modernes.
Dans ce contexte, Le médecin de la Belle Époque incarne avec plénitude une manière de triomphe de l’Europe victorienne, et, s’il fallait prendre à la lettre le lyrisme du discours médical de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, il serait aussi l’aristocrate des temps modernes, un ingénieur du corps humain, un artiste, un arbitre social et un demi-dieu animé d’une vocation prométhéenne.
Les médecins se font alors une très haute idée d’eux-mêmes. Le Dr Lombard, dans un article publié en 1909 dans La Chronique médicale sous le titre « Les Philosophes, les artistes et les médecins » soutient que la médecine n’est une science que dans la seule mesure où elle repose « sur quelques données expérimentales ». Pour le reste, elle est un « art » ou, plus exactement, « une science au service d’un artiste ». L’homologie peut être poussée plus loin. L’œuvre de l’artiste, comme celle du médecin, est une œuvre de bonté : l’un guérit ou soulage, l’autre ravit les yeux par la contemplation qu’il propose d’œuvres belles , et pour tout dire, créer du bonheur autour de soi, telle est la tâche des artistes et des médecins .
Pour le professeur Lacassagne, le médecin n’est pas seulement un artiste. Mieux adapté que quiconque à l’air du temps, il est surtout l’ingénieur du corps humain. Avec l’ingénieur des techniques, il forme le dyptique sur la compétence duquel reposent la prospérité et le bonheur de toutes les sociétés modernes. En présence de ses étudiants l’éminent médecin criminologue déclare, lors de la rentrée universitaire de 1901, dans son discours inaugural : Dans la société de la vapeur et de l’électricité, dans les démocraties modernes, il y a deux classes privilégiées, exceptionnelles, j’allais dire deux aristocraties : celle des médecins et celle des ingénieurs. L’ingénieur est chargé de mettre en exploitation notre planète, de surveiller le capital, de l’utiliser et de l’amortir par une féconde production. Le médecin contrôle la machine humaine et vérifie ses usures. Mais à la différence de l’ingénieur des techniques, qui officie sur des choses, le médecin doit accéder à un humanisme d’exception car la machine humaine est indissociable de l’être social et sensible. A l’hôpital, au régiment, à l’atelier, partout où nous appelle le devoir, nous devenons un protecteur. Le pauvre, l’abandonné sentent qu’ils peuvent se confier à nous puisque nous sommes souvent seuls à les consoler .
Oui, le médecin est devenu une sorte de Bon Dieu. Mais le Bon Dieu est indissociable du diable. Et s’il en est qui sont d’essence divine, il en est d’autres qui sont d’essence diaboliques. Certes, les médecins des XVIIe et XVIIIe siècles, dont le savoir se réduit à la portion congrue et aux beaux discours en latin, ne peut pas être bien méchant. On le voit exploiter les pauvres os du géant Theutobocus ou trafiquer les pantelantes dépouilles sorties des hôpitaux ou des mains des bourreaux à des fins de dissection et ses diableries n’effrayent personne.
Tel n’est plus le cas des médecins du XIXe siècle. Les progrès de la médecine, en font des personnages puissants et les maîtres du temps. Mais cette puissance peut aussi leur donner les moyens de devenir des personnages diaboliques, pour peu que l’avidité, la vanité ou le goût du pouvoir s’en mêlent. Dans l’affaire Semmelweiss, nous voyons un professeur à l’orgueil démesurée sacrifier des milliers de vies humaines pour ne pas reconnaître le talent d’un jeune médecin qui pourrait bien porter ombrage à son pouvoir et à son prestige. Dans l’affaire Doyen, c’est un médecin charlatan qui, usurpant le génie de Pasteur et se disant son égal, monnaye ses fausses découvertes selon un procédé qui relève du chantage à la mort. Certains médecins prétendent avoir percé le mystère de l’âme, de la bonté, mais aussi, des pulsions criminelles. A ce titre, le voilà partis à la conquête du prétoire dont ils veulent déloger les magistrats à leur profit, ne reculant devant aucune fausse science pour arriver à ce but : craniométrie, anthropologie criminelle, crime sous suggestion hypnotique ou chromosome Y surnuméaire.
Ce livre retrace donc certains épisodes, parmi les plus marquants, de cette longue saga que fut l’histoire des erreurs et des escroqueries médicales.
Première partie Les temps héroïques (XVI e – XVIII e siècles)
I L’énigme du géant Theutobocus
« Un géant de dix mètres ! » Tel est l’étonnant constat du chirurgien qui examine, en 1613, les restes récemment exhumés du prétendu roi des Cimbres et des Teutons, Theutobocus. Personne ne se doute alors que cette découverte va déchaîner les passions dans les milieux de la médecine et de la chirurgie et devenir une source juteuse de profit pour quelques médecins peu scrupuleux et pour d’habiles affairistes.
Le 11 janvier 1613, des ouvriers qui travaillaient dans une sablonnière dauphinoise voisine du château de Chaumont, à proximité des villes de Montricaut et de Serre, exhumaient d’étranges ossements. Après les avoir examinés attentivement, un médecin de Beaurepaire, Mazurier, déclara qu’il s’agissait des restes d’un géant de dix mètres. Dans une surenchère inattendue, il précisa même que ces restes étaient ceux du fameux Theutobocus, roi des Cimbres et des Teutons, qui s’était jadis illustré dans une bataille contre Marius. Il y avait là de quoi donner une sérieuse assise à bon nombre de mythes dont celui de l’existence d’une ancienne race de géants qui avait longtemps fait débat.
Un siècle et demi plus tard, en 1767, un curieux savant, Changeux, publiera encore un ouvrage intitulé Traité des extrêmes ou éléments de la science de la réalité . Comme de toute éternité, les nains et les géants y feront l’objet de descriptions peu complaisantes. Ils seraient paresseux et bêtes et tout juste capables de faire mauvaise figure dans ces parades de monstres organisées sur les champs de foire. En 1845, Geoffroy Saint-Hilaire remarque qu’il ne se passe toujours pas d’année sans que des géants ne soient offerts à la curiosité du public.
En pleine période positiviste, les préjugés qui pèsent sur les géants restent d’actualité. Geoffroy Saint-Hilaire reproche-t-il à Changeux d’avoir fort peu étudié les êtres dont il s’occupe » et d’avoir « presque toujours tiré des conclusions générales de quelques faits isolés ? Il n’en reprend pas moins à son compte la plupart de ses préjugés : Les géants, écrit-il, de même que les nains, sont pour la plupart d’une intelligence très bornée, paresseux et impuissants. Autre curiosité, on conserve au muséum des chirurgiens de Londres le pénis du géant irlandais Patrick O’Bryan. Un pénis monumental mais fort peu fonctionnel. Le faire entrer en érection demanderait une si grande dépense d’énergie que le malheureux y aurait trouvé la mort.
Les géants intriguent à ce point que certains chercheurs ont tenté d’en produire de façon expérimentale en soumettant des enfants à un régime approprié. L’expérience, tentée par un évêque de Berkeley au XVIIIe siècle, aurait été couronnée de succès si le cobaye humain, un certain Macgrath, n’était mort à l’âge de 20 ans, épuisé par l’effort requis pour cette monstrueuse croissance.
D’autres chercheurs ont même essayé de ressusciter l’ancienne race des géants en trafiquant le sperme. De tous les peuples mythiques de géants, ce sont les Patagons du Chili qui ont le plus vivement impressionné les esprits. En fait, les légendes coriaces qui s’y attachent ont été forgées par les Anglais soucieux de dissimuler la découverte de mines et de faire passer l’armement des navires destinés à leur exploitation pour des missions scientifiques.
Au XVIIIe siècle, c’est un étrange académicien, Denis Henrion, qui reprend à son compte la fable du peuple des géants. Numismate émérite, titulaire d’un fauteuil à l’Académie des inscriptions, il était d’abord entré dans les ordres et, pendant quelques années, s’y était consacré à l’étude de l’hébreu. Il abandonna ensuite la carrière ecclésiastique, se maria et mit sa connaissance des textes sacrés au service d’une doctrine nouvelle sur le dogme de la Chute. Henrion était de surcroît un mathématicien de talent mais les mathématiques lui furent d’un piètre secours dans ses recherches sur la taille d

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