Julien Green et l Europe
187 pages
Français

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Julien Green et l'Europe , livre ebook

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Description

Analyser la présence de l'Europe dans la vie et dans l'imaginaire de Julien Green signifie essayer de comprendre, à travers ses écrits, la liaison qu'il a tissée, au fil des ans, avec un continent qu'il a parcouru en voyageur attentif et exigeant. Il le décrit dans certains de ses romans, l'aime et sait en interpréter les aspirations les plus profondes. Les trois sections qui composent ce volume proposent un parcours critique visant à souligner les jalons essentiels de cette relation voyageur-Europe, parfois apparemment contradictoire. Elle a jalonné toute la vie de l'auteur et nous montre la qualité de la renommée que le Vieux Continent, grâce aux différentes traductions, a réservée à un artiste au «coeur » profondément européen.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 février 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304039573
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Daniela Fabiani et Danilo Vicca
Julien Green et l’Europe
L’Esprit des Lettres
Éditions Le Manuscrit Paris


© Éditions Le Manuscrit, 2012
EAN : 9782304039566 (livre imprimé)
EAN : 9782304039573 (livre numérique)


Le présent ouvrage rassemble les actes du colloque qui s’est tenu à l’Université de Macerata les 29 et 30 octobre 2010.
Organisé par le Département de Langues et cultures modernes de l’Université de Macerata et par la Société Internationale d’Études Greeniennes, ce colloque a pu avoir lieu grâce au concours de ces organismes : que tous les acteurs qui ont contribué à la réussite de ces journées soient ici remerciés.


« L’Esprit des lettres »
Collection coordonnée par Alain Schaffner et Philippe Zard
« L’Esprit des lettres » présente, dans un esprit d’ouverture et de rigueur, toutes les tendances de la critique contemporaine en littérature française ou comparée. Chaque proposition de publication fait l’objet d’une évaluation scientifique par les directeurs de collection ainsi que par des spécialistes reconnus.


Dans la même collection
Agnès Spiquel et Alain Schaffner (ed.), Albert Camus, l’exigence morale. Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi , 2006
Jean-Yves Guérin (ed.), La Nouvelle Revue française de Jean Paulhan , 2006
Isabelle Poulin, Écritures de la douleur. Dostoïevski, Sarraute, Nabokov , 2007
Philippe Marty, Le poème et le phénomène , 2007
Philippe Zard (ed.), Sillage de Kafka , 2007
Jean-Yves Guérin (ed.), Audiberti. Chroniques, roman, théâtre , 2007
Emmanuelle André, Martine Boyer-Weinmann, Hélène Kuntz (ed.), Tout contre le réel. Miroirs du fait divers , 2008
Yves Landerouin, Aude Locatelli (ed.) , Musique et littérature , 2008
Hedi Kaddour (ed.), Littérature et saveur. Explications de textes et commentaires offerts à Jean Goldzink , 2008
Alain Romestaing (ed.), Jean Giono. Corps et cosmétiques , 2009
Jean Goldzink, La Plume et l’Idée, ou l’intelligence des Lumières , 2009
Vincent Ferré, Daniel Mortier (ed.), Littérature, Histoire et politique au 20 e siècle : hommage à Jean-Pierre Morel , 2010
Jean Goldzink, Aux amis, faux frères et malades imaginaires des Lumières , 2011
Patrick Sultan, La scène littéraire postcoloniale , 2011 Yves Landerouin, Le roman de la quête esthétique , 2011
Sous la direction d’Alison Boulanger, Chiara Nannicini et Alice Pintiaux, Les ruptures du récit , 2012


Introduction
« La coexistence de deux voix devient une menace, conduisant à la schizophrénie sociale, lorsque celles-ci sont en concurrence, mais si elles forment une hiérarchie dont le principe a été librement choisi, on peut surmonter les angoisses du dédoublement et la coexistence devient le terrain fertile d’une expérience nouvelle » 1 . Le principe de cette hiérarchie librement choisie Julien Green l’avait établi, peut-être encore un peu inconsciemment, dès sa jeunesse, lors de son premier séjour américain : « En Amérique, en 1922, j’avais le choix : rester là-bas, y faire ma vie, ou bien regagner l’Europe. J’ai hésité. J’ai choisi la France » 2 . Il a pu mesurer encore mieux l’étendue de cette césure pendant son exil américain dû à la deuxième guerre mondiale, quand il a vécu intimement la souffrance d’une séparation de ce pays qu’il considérait sa véritable patrie : c’est une césure qui s’établit non seulement au niveau de sa vie matérielle ou géographique entre l’Amérique et l’Europe, mais surtout au niveau de sa vie culturelle et intérieure, de façon que si la France et l’Europe seront les lieux où puiser et féconder sa personnalité d’homme et d’artiste, l’Amérique devient pour lui le lieu de la mémoire, refuge intime dont il a hérité une vision qui reste elle aussi une source presque intarissable de son inspiration créatrice.
C’est ainsi que son œuvre devient le lieu de rencontre de deux mondes et deux cultures qui cohabitent en lui de façon parfois spéculaire ; dans ses textes les deux continents se côtoient, se superposent, se renvoient ainsi que ses deux langues de référence, qui contribuent elles aussi à créer cette sorte de ‘paradoxe’qu’est l’entre-deux greenien :
Un homme peut parler couramment une demi-douzaine de langues, et ne se sentir chez lui que dans une seule, celle de ses pensées intimes. Moi-même, selon les circonstances, je pense dans l’une ou l’autre langue, mais autant que je puisse m’en rendre compte, dans des moments dramatiques mes pensées profondes se manifestent en anglais. Ma langue maternelle, j’allais écrire naturelle, ressurgit 3 .
Écrivain français né à Paris de parents américains, qui a gardé la nationalité américaine tout en ayant élu Paris et la France comme lieux où vivre, qui a choisi la langue française pour sa création littéraire mais pour qui l’anglais reste la langue de l’intimité profonde : voilà le noyau d’une personnalité qui a fait de ce que l’on pourrait envisager comme une contradiction la source d’une sensibilité artistique originelle. Les deux ‘voix’qui l’habitaient sont devenues ainsi le moteur d’une vie placée sous l’égide de l’enrichissement, car chaque expérience, personnelle ou créatrice, n’a été pour lui que l’occasion d’une réflexion sur son identité et d’une connaissance plus approfondie de son moi intérieur par lesquelles construire cette ‘patrie secrète’ 4 qu’est son univers romanesque, capable de parler aussi au cœur du lecteur. Car son écriture, véritable lieu de l’enracinement greenien, n’est que l’expression d’une identité qui ne se lie plus directement à une race, à une langue, à une culture nationale mais à une personnalité qui s’enrichit et se construit dans le temps et dans l’espace, grâce à ses expériences différentes.
Or, si le choix de Julien Green ‘pour’le Vieux continent lui a permis d’ unir, à l’aide de l’écriture, ce qui était apparemment divisé, il est tout à fait légitime de se demander en quoi consiste le rapport que Green a entretenu avec cette Europe qui est devenue son espace de prédilection, car elle revient à tout instant, sous différentes facettes, dans ses œuvres ; le diariste ainsi que le romancier et l’essayiste, témoignent de son implication profonde et intimement vécue aux vicissitudes, aux événements, à la culture et à la civilisation d’un Continent qu’il a choisi comme terrain fertile de croissance personnelle mais qu’il n’a pas évité de critiquer quand il lui semblait renier ses principes fondateurs. Les études rassemblées ici veulent répondre justement à cette question concernant la qualité de la présence du Vieux continent dans la vie et dans l’imaginaire greenien, analyser la liaison qu’il a tissée au fil des ans avec un continent qu’il a parcouru en voyageur attentif et parfois exigent, qu’il a parfois décrit dans ses romans, qu’il a beaucoup aimé et dont il a su interpréter les aspirations les plus profondes.
Les trois sections qui composent ce volume nous invitent donc à un parcours de lecture critique visant à souligner les jalons essentiels de cette relation, parfois apparemment contradictoire, qui a accompagné toute la vie de J. Green : il a aimé passionnément, mais de façon lucide, notre continent et son histoire non seulement à cause de sa naissance parisienne mais aussi pour la foisonnante richesse d’une civilisation qui a été capable de répondre à ses désirs les plus intimes. La première partie, nous plonge alors au cœur même de sa vision de l’Europe pour en dégager les aspects qu’il a particulièrement appréciés et surtout le parcours de réflexion et de travail personnel et artistique qu’il a entamé face à une civilisation dont il partageait l’essentiel et qui semblait trop se différencier de l’univers américain d’où il était issu ; d’où la deuxième section, qui essaie de saisir la qualité de la coexistence de sa duplicité culturelle et la vision qu’il en restitue dans ses œuvres. La troisième veut par contre faire apprécier la valeur du choix européen de J. Green : si cela a poussé l’auteur à privilégier, à l’intérieur du Vieux Continent, certains pays comme décor/palimpseste de son univers culturel, il faut également

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