Kant, l invention de l homme
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Kant, l'invention de l'homme , livre ebook

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Extrait de l'introduction de l'éditrice : "Jean Ferrari a été mon professeur de philosophie au Lycée de Jeunes Filles de Rabat lorsque j’étais adolescente. Je me souviens parfaitement de ses cours et de sa manière de les donner… Il parlait beaucoup de Kant, que je trouvais triste…
Quand je revis Jean Ferrari le 20 septembre 2003, à Marrakech, il m’apprit qu’il n’avait pas encore soutenu sa thèse quand il enseignait à Rabat.
Immédiatement, je sus que le seul philosophe sur lequel il avait pu exercer sa pensée et pu aimer le discours jusqu’à en faire sa thèse, c’était Kant.
Et puis, je compris qu’il avait tellement travaillé sur Kant qu’il en était devenu un spécialiste. "

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Date de parution 25 septembre 2018
Nombre de lectures 16
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JEAN FERRARI
Kant L’invention de l’homme
Collection Humanités - Bibliothèque de Philosophie
DL 2004/0412 ISBN 9954-429-08-5
ED I T I ON S A Ï NI B E N NA Ï 131, boulevard d’Anfa 20000, Casablanca, Maroc Tél. : +212 22 270907 +212633368402 E.mail :eds.aini.bennai@wanadoo.net.ma
Edition en version numérique sur Youscribe
INTRODUCTION DE L’EDITRICE
Jean Ferrari a été mon professeur de philosophie au Lycée de Jeunes Filles de Rabat lorsque j’étais adolescente. Je me souviens parfaitement de ses cours et de sa manière de les donner Il parlait beaucoup de Kant, que je trouvais triste Quand je revis Jean Ferrari le 20 septembre 2003, à Marrakech, il m’apprit qu’il n’avait pas encore soutenu sa thèse quand il enseignait à Rabat. Immédiatement, je sus que le seul philosophe sur lequel il avait pu exercer sa pensée et pu aimer le discours jusqu’à en faire sa thèse, c’était Kant. Et puis, je compris qu’il avait tellement travaillé sur Kant qu’il en était devenu un spécialiste. Il m’apprit que l’année 2004 était « l’année mondiale Kant », l’année du bicentenaire de sa mort. Je ne sais par quel hasard il me parla par la suite de « son » Kant dans la mythique collection « Philosophes de tous les temps », publiée par les éditions Seghers, édition qui accompagna les adolescences studieuses et cultivées jusqu’à la fin des années 1970. Je n’eus alors qu’une idée, celle de publier ce travail, désormais classique, puisque les livres m’avaient tellement hantée que, de lectrice, j’étais devenue « auteur » puis « éditeur ». Il m’était ainsi donné de publier mon ancien Maître (j’aime tous mes Maîtres et je pense que je ne serai rien devenue sans eux !) et son Maître, Emmanuel Kant, dans un pays arabe, le pari étant qu’une femme arabe puisse publier Kant, présenté par l’une des personnes qui le connaissait le mieux dans le monde : c’est une aventure extraordinaire Il me semblait également nécessaire qu’un tel ouvrage puisse voir le jour dans un pays d’une tout autre tradition de pensée : l’enseignement de la Philosophie étant réintroduit dans l’enseignement public marocain, je formule le vu que ce livre devienne un classique scolaire.¨ Jean Ferrari s’inscrit dans cette action de nouer et de renouer le fil de la pensée européenne, essentiellement française et allemande, et celui de la pensée orientale,falsafa machrekia et maghrebia :en témoignent ses références à la pensée arabomusulmane dans l’uvre de Kant
NOTE SUR QUELQUES REFERENCES A A LA PENSEE ARABOMUSULMANE DANS L’OEUVRE DE KANT
JEAN FERRARI
C’est « au nom du Dieu Clément et très miséricordieux » et cette expression figure en langue arabe sur le diplôme (1) , que la Faculté de philosophie de l’Université de koninsborg conféra à Emmanuel Kant, le 12 juin 1755 , le grade de Docteur en philosophie , qu’au milieu du XVIII siècle, dans les textes officiels d’une université prussienne de création récente (2), l’on trouve en arabe le premier verset du Coran , témoigne de l’importance Qui était accordée à l’époque à une langue et à une pensée dont le rayonnement permit au moyenAge chrétien de retrouver les sources grecques de la philosophie .Et même si ses références ne sont point exemptes de graves erreurs et de critiques injustifiées , significatif à cet égard est l’intérêt qu’un auteur comme Kant porte à la tradition arabomusulmane, non seulement dans ses ouvrages de philosophie, mais aussi dans ses études de géographie et d’histoire (3).
D’abord Kant tout naturellement cite, lorsque dansses réflexions(4) etses leçons sur la logique il esquisse une brève histoire de la philosophie, les grands noms de la pensée arabe : Averroès et Avicenne .Ils ont, ditil, fait naître à nouveau la philosophie d’Aristote non sans lui ajouter la connaissance expérimentale qui est l’apport original de la pensée moderne.
(1) (2) (3)
(4)
نحرلاهلامسبميحرلا L’université de konigsberg n’a été fondée qu’au XVI siècle, en 1544. Nous nous référons aux uvres complète de Kant, publiée par l’académie des sciences de Berlin .le premier chiffre indique le tome, le second la page, le troisième la ligne. 16 058 03
Mais ce bref éloge n’implique pas une véritable connaissance de la philosophie arabe.certes que , dans la querelle qui opposa Kant et Helder après la parution de la première partie des «Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanitéd’averroïsme ait(1875) »,l’accusation pu apparaître , pourrait montrer que cette philosophie constituait un point de référence compréhensible pour les contemporains .Mais l’allusion ne renvoie pas à la philosophie d’Averroès en ellemême , seulement à une méthode scolastique de philosopher dont la stérilité est reconnue et que Kant et Helder se défendent de pratiquer .(6) A plusieurs reprises , dans ses ouvrages sur la morale et sur la religion , Kant est amené considérer les dogmes et les pratiques de la religion musulmane , sans doute ignorant l’arabe, n’atil pas eu une connaissance directe ni du Coran , ni des pays musulmans , mais son immense curiosité lui a fait lire sur la question un grand nombre d’ouvrages qui n’étaient malheureusement pas tous exempts de préjugés et d’erreurs .Et comme Kant n’examine jamais une doctrine en ellemême , mais toujours par rapport à ses propres desseins , il ne faut pas s’attendre à un exposé objectif des thèses auxquelles il s’oppose , mais à celleslà il ne fait que des allusions qui lui permettent de préciser sa propre pensée .c’est ainsi qu’il est amené dansla critique de la raison pratique (7) à condamner le « paradis de Mahomet » :certes comme toute idées d’un bonheur terrestre ou céleste qui servirait de motif déterminant à l’action , il ne saurait avoir aucune valeur morale dans une doctrine où s’affirme l’autonomie d’une volonté .
=================================================================== (5) 24 036 24 ; 24 004 24 (6) Dans un compte rendu sévère où se mêlaient à l’accusation de confusion et de facilité des éloges ironiques sur la belle éloquence de Helder ,Kant invitait l’auteur des idées à plus de ème rigueur scientifique ,Helder répliqua dans la 2 partie de son livre et s’en prit vivement à la philosophie Kantienne de l’histoire .l’idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique avait paru l’année précédente (1784) ,Helder critique ce qu’il appelle les abstractions kantiennes et répugne à l’idée d’un progrès qui s’opérerait selon Kant à travers l’espèce , Helder proteste : seuls les individus existent et il ajoute : « Ne laissons pas notre philosophie de l’histoire s’égarer dans les sentiers de la philosophie d’Averroès ».Dans le compte rendu de cette seconde partie , paru la même année (1785), Kant se défend de l’accusation de Helder et revenant sur l’allusion à la philosophie d’Averroès , il interprète ironiquement comme le désir affirmée de Helder de ne pas s’en tenir à des définitions stériles de mot( cf. .08 065 17 ; 08 065 37) Voir aussi Kant, la philosophie de l’histoire n opuscules traduits par Piobetta , Aubier , éditions Montaigne .Paris 1947,pp125et126
(7) 05 120 35
Qui s’oblige ellemême selon la loi de l’impératif catégorique .Ailleurs il remarque pourtant que « les musulmans s’entendent fort bien pour donner à la description de leur paradis voué à toutes les sensualités un sens spirituel » (8). Dansla religion dans les limites de la simple raisonKant a le souci constant d’opposer ce qu’il appelle les croyances , juive , musulmane , chrétienne , à la religion qui est unique et universelle et se dégage progressivement des représentations historiques et des rites particulier (9). Lorsqu’il traite de la religion musulmane, il en souligne le lien avec les deux autres religions monoteîstes (10) et il s’interroge plus particulièrement sur les rapports entre l’intention et les actes fondamentaux de l’Islam : il esquisse alors la critique d’un formalisme des cinq grands commandements de l’islam dont se défendraient être des moyens de grâce que s’ils se faisaient avec le sentiment vraiment religieux et vertueux du devoir humain » Il dégage enfin dans un passage assez remarquable du même ouvrage ce qu’il considère comme l’esprit de l’Islam : « L’islamisme se distingue par la fierté , car il voit sa foi confirmée , non par des miracles , mais par des victoires et l’assujettissant de nombreux peuples , et ses pratiques de dévotion appartiennent au genre courageux » (12) .Et il précise dans un note : « La fierté que ce peuple ignorant bien que sensé a de sa foi peut provenir du sentiment qu’a eu son fondateur d’avoir renouvelé seul le concept de l’unité de Dieu et de sa nature spirituelle » (13). Mais c’est probablement dans la troisième partie de sagéographie physiqueoù il examine « ce qu’il y’a de plus remarquable dans la nature de tous les pays selon l’ordre de la géographie » qu’il s’étend le plus longuement sur les Arabes et sur l’Islam .Mêlant à la description des lieux géographiques, l’examen des ressources naturelles, les références à l’histoire, aux murs, à la religion, il consacre aux principaux pays arabes et
(8) 06 1111 15, il se réfère ici à l’orientaliste hollandais Reland 16761718) qu’il cité expressément (cf son uvre :De religione Mohammedica,libri duo trajecti ad Rhenum,2 éd,1717,livre II,$ XVIII (9) 06 108 04
(10) 06 137 16 (11) 06 193 37 (12) 06 184 15 (13) 06 184 32 Particulièrement à l’Arabie des chapitres importants (14), S’il ne manque jamais de rappeler la religion des pays musulmans d’Afrique, d’Asie ou d’Europe c’est à la description physique de l’Arabie qu’il rattache l’évolution de l’histoire de Mahomet et de l’Islam (16) .Il commence par une description précise du tombeau de Mahomet à Médine et de la kaâba à la Mecque .Suivent alors des remarques sur l’aspect physique des Arabes , leur manière de vivre , de s’habiller , certaines particularités de leur comportement .La vie de Mahomet est enfin racontée en quelques lignes : sa naissance à la Mecque , son mariage avec khadija , sa rencontre avec l’ange Gabriel , l’accusation qu’il porte contre les juifs et les chrétiens d’avoir falsifié le Saint Livre , la présentation du Coran , ses prosélytes Ali, Osman , AbuBekr « Mahomet , dit Kant , était généreux , éloquent , beau .Sa manière d’écrire était si admirable qu’il pouvait s’appuyer sur la beauté de son style pour prouver qu’il était bien l’auteur d’une lettre » .On sent dans ce passage , qu’il faudrait citer tout entier , la volonté de Kant de distinguer ce qui est proprement historique des légendes et des calomnies :il rejette à la fois les miracles faussement attribués à Mahomet et les accusations de mensonge portées contre lui. Mais bien des erreurs historiques se glissent dans ce récit dont Kant a emprunté les éléments à Salmon (17) et malgré sa prudence, Kant confond souvent ce qui appartient à la tradition particulière d’un peuple avec le donné révélé de l’Islam tel qu’il se présente dans le Coran ,Très Curieux de détails anecdotique , il prête volontiers à l’ensemble des Arabes ce qui n’est peutêtre que le mythe d’une tribu ou des tolérances locales.
(14) Mais il ne consacre que quelques lignes au Maghreb dont il ne semble pas avoir perçu l’originalité : »les habitants sont un mélange des premiers habitants, des Arabes et des Vandales ; ils n’ont pas de différence notable avec les Européens, les productions de ce pays sont les mêmes qu’en Egypte » 09 420 05 (15) Ainsi il est amené à dire que les habitants des ILES Mollusques (09 389 21) de Bornéo (09 391 05), de Sumatra (09 392 28) de la libre Tatarie( 09 403 22 )de la Turquie d’Asie(09 406 09) , du Sénégal (09 413 12), de la Gambie (09 413 28), du Niger(09 415 06), ,etc. sont musulmans , il rappelle aussi l’occupation Arabe de l’Espagne (09 425 21) et
dans son chapitre sur la perse , qu’Avicenne (Ibn SINA )est le plus grand philosophe et médecin de ce pays (16) 09 398399400 (17) SALMON, die heutige order der gegenwartige staat des turkischen Reichs, Altona und Flensburg, 1748.
Ainsi dans leconflit des Facultés (1798),se fait l’écho d’une tradition selon Kant laquelle au commencement du monde ont été mesurées à chaque homme une ration de nourriture et ne ration de sommeil (18) et dansune réflexion surl’anthropologieil écrit « celui qui maintenant dort trop (ne pas être allongé plus longtemps qu’on ne dort) dormira lorsqu’il sera vieux .Mahomet » (19),Ailleurs(20) il reproche à la religion musulmane de permettre l’usage de l’opium et d’interdire l’usage du vin alors qu’il n’est fait nulle mention de l’opium dans le Coran et qu’une règle de la jurisprudence musulmane interdit au croyant toute chose enivrante . Ainsi l’intérêt de ces quelques références ne saurait dissimuler la caractère approximatif des connaissances qu’elles comportent. ,.N’étant pas luimême islamologue, Kant était entièrement tributaire des livres qu’il avait lus et de la science de son époque ,Une double originalité apparaît pourtant :d’une part c’est par le biais de son enseignement de la géographie et de l’histoire que Kant est d’abord amené à reconnaître l’importance de la pensée arabomusulmane .D’autre part malgré certaines méprises , un soucis d’objectivité s’y manifeste , témoignant de l’honnêteté intellectuelle de Kant et du renouveau des études arabes en Allemagne qui préparait déjà l’admirable rencontre de la pensée orientale et du romantisme européen.
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