Le Dialogue des monuments de Paris en confinement
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Français

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Le Dialogue des monuments de Paris en confinement , livre ebook

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Description

Un soir, comme tous les soirs, de la fenêtre de sa chambre, alors que minuit approche, et que le monde hésite encore hier et demain, un homme contemple, majestueuse et silencieuse, la Tour Eiffel qui, d’un air triste regarde la ville endormie qui s’étale à ses pieds. Il a la vague impression que tous deux partagent le même ressenti bien qu’elle soit de fer et lui de chaire, d’os et d’eau. Il a aussi la vague impression que cet objet inanimé

a une âme, en regardant cette lueur à son sommet qu’il appelle son œil de cyclope, parcourir la distance pour se poser sur les gargouilles de Notre dame dont les larmes sillonnent les joues encore noircies par l’incendie et la catastrophe de l’an dernier.

Elles semblent guetter le retour de Quasimodo faisant danser Esméralda dans un flot de dentelles colorées, pour ramener la joie sur Paris et la France. Alors, il lui donne la parole en l’imaginant, sentinelle solitaire, qui s’étonne de ce lourd silence inhabituel qui étreint la ville à cause d’une « chinoiserie » qui a mis la France sous cloche. Et de l’Arc de triomphe au cours de Vincennes, où seuls des rats goguenards ont le droit de circuler librement, la Tour Eiffel s’épanche, elle crie sa douleur, elle souffre d’imaginer Paris à jamais privée de sa cathédrale. Elle souffre de ce silence imposé, de l’angoisse qui torture les cœurs et se remémore ses conversations imaginaires avec l’ensemble des monuments de la capitale.

Alors, comme par magie, dans un bruissement de voix, Notre Dame, le Père Lachaise,

la Tour Montparnasse et d’autres monuments rejoignent la dame de fer dans un

dialogue actuel et mémoriel qui nous transporte dans un voyage où le temps brise les

chaînes pour nous livrer à l’espérance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414533978
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-53398-5

© Edilivre, 2021
Quand du saint triomphe des lois d’en haut le peuple effrayé,
Crie, pleure, souffre, les monuments rassemblent la mémoire
Des pierres pour fixer l’horizon des hommes.
La sentinelle
Il est bientôt minuit et le temps hésite encore entre aujourd’hui et demain. Ce soir, comme tous les soirs, de la fenêtre de sa chambre l’homme me contemple impavide et rêveur solitaire, m’imaginant majestueuse et silencieuse regardant d’un air triste la ville immobile qui s’étale à mes pieds.
Dans son esprit, il a la vague impression que nous partageons le même ressenti bien qu’il soit de cœur et d’eau, et moi de fer. Oui, comme beaucoup d’humain, il a cette vague impression que je ne suis qu’un objet inanimé sans âme en regardant ce qu’il appelle mon œil de cyclope, parcourir la distance pour se poser sur les gargouilles de Notre dame dont les larmes sillonnent les joues encore noircies par l’incendie et la catastrophe de l’an dernier. Pour lui, elles semblent guetter le retour de Quasimodo en faisant virevolter Esméralda pour ramener la joie à Paris.
Il a raison sur un point : Moi, tour Eiffel, sentinelle solitaire, je crie le désespoir au fond de tout mon être en écoutant ce silence inhabituel qui étreint la ville. Je maudis cette « chinoiserie » criminelle qui a mis la France sous cloche. Et de l’Arc de triomphe au cours de Vincennes, seuls des rats goguenards ont le droit de circuler librement. Elles me manquent ces foules bigarrées qui m’empoignaient il y a encore peu pour escalader mes étages, me manquent aussi ces vendeurs à la sauvette que j’observais de loin fuir à l’approche de la police les poursuivant. J’ai perdu mes repères, même la pyramide du Louvre pointe son nez vitreux vers le ciel en criant sa tristesse. La seine elle, se traîne d’une langueur serpentine, elle semble endormie, apaisée, laissée au repos par les remous des bateaux mouches ou des péniches, où Christine la cinéaste, trompe son ennui les droits de pieds en éventail. Seule habitude qui perdure, ces patriotes qui chaque soir viennent ranimer la flamme du soldat inconnu.
De mon sommet je regarde ces rues vides où le soir venu, seuls quelques courageux travailleurs circulent encore pour aller se mettre au service des plus nécessiteux. Parmi ces courageux, il y ces infirmières, la peur au ventre, obligées de se faire accompagner par des policiers pour les protéger. De mon ouest, je porte mon œil vers l’est pour m’arrêter au cimetière du Père Lachaise où de très nombreux nouveaux pensionnaires, frappés par le sort contraire, viennent chaque jour voisiner sans l’avoir cherché avec leurs nouveaux compagnons, tous plus célèbres les uns que les autres.
Alors, une fois de plus, je fais un rêve fou : Un concert de bienvenue pour ces déshérités arrivés dans la solitude sans que nul proche ne soit présent pour leurs derniers soupirs et leurs adieux au monde des vivants.
Autour d’eux, il y aurait Édith Piaf, chantant La goualante du pauvre Jean, Frédéric Chopin l’accompagnant au piano, Jim Morrison à la guitare, Héloïse et Abélard, symboles de l’amour éternel, faisant les cœurs, ainsi que tous les autres applaudissant.
Ah ! que ce serait beau pour ces justes sortis de la foule agitée, d’arriver au sépulcre près avoir quittés la vie, malheureux d’être partis solitaires, soit par rejet d’une famille impie qui ne les regardait plus que comme un fardeau lourd à porter, soit par la faute d’un confinement nécessaire mais injuste qui leur a fait quitter cette terre presque indigne, endormis dans le grand sommeil sombre, fermant les yeux, ne voulant plus rien voir de ce monde dont le dégoût est aujourd’hui plus grand que celui des vers.
O Notre dame, toi qui comme moi veille depuis si longtemps sur Paris, comme je regrette que tu ne sois plus désormais que roches aveugles et que tes cloches qui ont tant de fois été présentes pour réveiller la ville quand elle était menacée ou pour annoncer, pareil au clairon ou au cor, la joie de la sauvegarde comme à la libération, soient désormais réduites au silence.
Oui Notre dame, j’ai peur de me retrouver seule, sans personne de ma nature avec qui dialoguer en nous moquant des êtres humains pétris d’orgueil qui s’imaginent toujours seuls maîtres du monde. J’ai peur de me retrouver seule comme un vieux rôdeur sans but, une espèce de spectre immobile subissant parfois, la tête ennuagée, les frimas de l’hiver après m’être désespérée vainement d’assister au dépouillement des arbres de leurs feuilles jaunies à l’automne, tout en espérant l’arrivée des premiers coquelicots naissant à mes pieds au printemps, ou admirer les premières épaules dénudées des femmes sous les douces chaleurs de l’été.
Hier, dans la nuit naissante, j’ai pleuré quand regardant le ciel rougeoyer j’ai compris que cette incandescence venait de ton antre, j’ai pleuré de cette infamie qui semblait vouloir priver, sous un nuage de sombres fumées, Paris de son éclaireur, de son avertisseur qui claironnait à la terre entière qu’elle était la plus belle ville au monde. J’ai pleuré jusqu’à penser ne plus avoir de larmes car je me demandais quel horrible monstre, inerte ou vivant, voulait ainsi te réduire au silence afin que nul ne sache que Paris est le phare de l’univers, la ville qui rend libre les hommes en grondant quand certains menacent leur liberté. Quel est ce monstre qui s’est persuadé qu’en te détruisant il allait priver les bancs publics de Brassens de ses amoureux qui, cœurs contre cœurs, venaient implorer ta bénédiction sur leur amour naissant ? Pauvre ignorant, l’amour est immortel qui brave tous les interdits et toutes les embûches pour s’épanouir même au milieu des décombres.
O ma sœur de pierre, qu’il est mauvais l’homme ou la négligence qui commet un crime aussi odieux de brûler un temple, de quelque obédience soit-il, pour priver l’humanité de cette lumière que lui ne voyait plus car son horizon, depuis toujours, était limité par les ténèbres.
Depuis que le silence s’est abattu sur toi en cette fin de journée d’avril, j’ai souvent regretté les histoires que tu me contais après tes journées harassantes et bruyantes, ou tu avais admiré sans jamais te lasser, l’Île de la cité, la Sainte chapelle, tous les toits de Paris, les multiples églises, l’Obélisque de la place de la Concorde que tu appelais le crayon, et surtout l’étonnement de cette foule, en colonne serrée, agglutinée sur ton parvis, levant les yeux au ciel pour scruter les images effrayantes des gargouilles qui semblaient vouloir l’avaler pour te protéger. Tu me contais aussi l’histoire de ces amoureux, transis ou fougueux, se tenant timidement par la main ou s’embrassant à plein cœur comme des assoiffés d’espérance.
Ah ! Tu en as vu des choses depuis 1163, l’année de la pose de ta première pierre par l’évêque Maurice Sully et la fin de ta construction en 1250. Tu as été triturée, malmenée, embellie, vandalisée par les révolutionnaires en 1870, mais tu as aussi protégé des soldats, des déshérités, hébergé des sans-abris.
Comme un vaisseau surgi des flots, tu as bien mérité de la devise de Paris « Fluctuât nec mergitur ». Outre tes récits journaliers, quel plaisir tu me donnais à l’écoute de tes indignations à l’image de celle qui t’avait révulsée lors du sacre de Henry VI d’Angleterre qui avait eu l’impudence de vouloir s’emparer de la couronne de France six mois seulement après que ses compatriotes aient sacrifié Jeanne d’Arc sur le bûcher. Oui, je te revois encore autrement indignée du sacre de Napoléon premier par le pape Pie VII. Pour toi, ce jour-là, par son attitude, le nouvel empereur qui se voulait Alexandre le grand était devenu Napoléon le petit.
Bien sûr tu as eu d’autres sujets d’indignation, mais tu en es revenue à l’exemple de celle où tu faillis t’étrangler à l’édification de la tour Montparnasse, faite de matières non nobles dans les années 60, qui selon toi allait défigurer ta chère ville. Et cette autre colère qui fit trembler tes rosaces quand tu découvris ce que tu appelais « l’infamie du centre » ou « l’usine à gaz », je veux parler du centre Georges Pompidou. Et puis… Ah ! Souviens-toi de la violence de ta colère lorsque tu découvris la construction de la fameuse pyramide du Louvre. C’était pour toi l’offense des offenses faite à Paris et à l’harmonie de son architecture dans ce quartier si chargé d’histoire...

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