Les réseaux sociaux contre la démocratie - Palimpseste de La Société du Spectacle
108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les réseaux sociaux contre la démocratie - Palimpseste de La Société du Spectacle , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dans ce texte sous forme de palimpseste du célèbre essai de Guy Debord, Bertrand Mertz analyse le phénomène des réseaux sociaux dans la perspective de la société du spectacle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414516049
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-51605-6
 
© Edilivre, 2021
Exergue
 
« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir, mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez. »
Hannah Arendt
 
En démocratie, les décisions qui déterminent notre sort collectif sont théoriquement prises par tous. Combien sont-elles à être prises en connaissance de cause ? Dans une République où il n’existe aucune censure officielle, une République qui a rendu l’enseignement public, gratuit et obligatoire, une République où l’offre culturelle recouvre tous les champs de la connaissance, où l’on peut lire librement les Évangiles comme L’Antéchrist ou Le Capital , dans une telle République où chacun est le produit de ses œuvres, le découragement, la passivité, la confusion des esprits et la perte de l’initiative, qui dominent aujourd’hui, n’ont pas moins de « légitimité » que les vertus qui s’y opposent.
Une telle situation n’est pas le fruit du hasard.
Dès les années 1960, l’union des industries du spectacle et de l’information avait produit une terrible machine à décerveler ; de nos jours, la République et la démocratie risquent bien de ne pas survivre au type de société induit par cette association diabolique.
Cette problématique a été identifiée il y a déjà longtemps comme celle de la «  société du spectacle ». Elle n’est pas très différente de l’ancienne question de l’idéologie dominante. Problématique abandonnée à une sorte de jachère depuis au moins trois décennies, depuis que la pensée journalistique a imposé ses formes et catégories, et notamment celle de « pensée unique », à la réflexion philosophique et politique.
La Société du spectacle , le livre de Guy Debord paru en 1967 chez Buchet/Chastel, a connu un destin extraordinaire en devenant depuis plus de cinquante ans la référence critique pour toute analyse de la « société de communication », selon l’expression inventée par Gregory Bateson et Jurgen Ruesch dès les années 1950 dans leur livre Communication. The Social Matrix of Psychiatry .
Le matérialisme historique, qui fait des rapports de production la matrice des rapports superstructurels, ne pouvait en effet ignorer le fait médiatique et spectaculaire. La révolution électronique (radio, télévision, micro-informatique, Internet…) a produit un bouleversement du rapport entre l’homme social et les objets de sa représentation et de son désir.
À partir des années 1960, la société du spectacle ne pouvait plus être considérée comme un simple effet de superstructure. Guy Debord se demandait s’il était encore possible de faire que le plus grand nombre se libère de l’influence déterminante de ce que j’appelle la matrice spectaculaire .
L’émergence des réseaux sociaux, depuis les premières années du XXI e siècle, est pourtant venue bouleverser la situation en créant une strate supplémentaire au sein de cette matrice sur laquelle il est absolument nécessaire de s’interroger maintenant.
Le choix de la forme du palimpseste est délibéré. Il ne s’agit pas seulement de se hisser sur les épaules de Guy Debord, mais bien plus d’exposer la continuité entre les phénomènes qu’il a décrits en son temps et le phénomène contemporain des réseaux sociaux, tout en montrant, dans un même mouvement, l’approche nouvelle à laquelle ceux-ci obligent si l’on veut comprendre ce qui se passe aujourd’hui par rapport à ce qui prévalait dans la période précédente.
Conformément à la définition en grec ancien du mot palimpseste , il s’agira d’effacer en partie le texte de Guy Debord pour le réécrire ensuite à partir des constatations qui peuvent être faites, en cette fin de deuxième décennie du XXI e siècle, sur ce que la société du spectacle est devenue à travers les réseaux sociaux.
Comme c’était le cas avec l’écriture de Guy Debord, chez qui la préoccupation littéraire impose ses formes au raisonnement, le texte que vous avez entre les mains expose une thèse en même temps qu’il développe une analyse.
Il n’a qu’un objectif : rendre un phénomène compréhensible dans le but de pouvoir agir sur lui.
Il se veut délibérément bref pour être facilement lu par le plus grand nombre, même si sa lecture nécessite un peu de concentration.
Il n’est pas un essai, mais le palimpseste d’un guide de combat pour le temps actuel.
I. L’atomisation de la société reliée aux réseaux
« La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »
Edward Bernays ( Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie , 1928)
1.
Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de la communication s’annonce comme une immense accumulation de mensonges. Tout ce qui était directement su s’est éloigné dans une représentation mensongère.
2.
Les mensonges qui se sont détachés de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, la réalité de cette vie ne peut plus être vécue. La vérité considérée partiellement se déploie dans sa propre logique générale en tant qu’altermonde à part, objet de la seule observation. La spécialisation des mensonges du monde se retrouve...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents