Les Rêves party de Paul-Tanguy de Ramonville
144 pages
Français

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Les Rêves party de Paul-Tanguy de Ramonville , livre ebook

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Description

Qui est VRAIMENT Paul-Tanguy de Ramonville, représentant en tuiles de son état ? Un inspecteur de la crim', perdu dans un hôtel fantôme où un double meurtre réveille un passé qui ne passe pas ? Un photographe de mode surdoué, côtoyant (de très près) de troublantes et troubles top-models ? Un pilote de ligne naviguant entre ses hauts et ses bas mais toujours prompt à garantir le septième ciel ? D'une identité l'autre, et les cartes toujours rebattues, PTDR balade le lecteur dans ses aventures philosophico-drôlatiques " à la San Antonio", où la plume, piquante et salée bien souvent, dans un argot châtié mais non châtré, fait de son auteur le digne petit frère d’un certain Frédéric Dard.

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312021706
Langue Français

Extrait

Les Rêves Party de Paul-Tanguy de Ramonville
Philippe Jauréguiber
Les Rêves Party de Paul-Tanguy de Ramonville









LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-02170-6
« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité »
A NTOINE DE S AINT -E XUPÉRY



À mon paternel

Sacré Bernie !
Comme un usager du rail
qui observe les vaches tranquilles,
je regarde de la rive
paresser les péniches immobiles.
Le Canal du Midi a toujours ranimé le poète qui sieste en moi. La lenteur de ses eaux vertes et ses platanes centenaires exaltent à chaque fois mon âme bucolique.
Bucolique. Quel étrange mot pour louer la nature et sa beauté ! Depuis la toute première fois où je l’ai lu, j’ai toujours imaginé une bouche grande ouverte par devant et une poire à lavement bien remplie par derrière. Bucolique… Non, vraiment, quel drôle de mot.
Je trotte à bonne allure sur ce qui était autrefois les chemins de halage des berges du Canal du Midi. Je m’éloigne de Toulouse, faisant face à un vent d’Autan tiède et turbulent. Certes il ralentit ma course, mais il me procure une agréable sensation d’effort et de vitesse.
Je vais à la rencontre d’une péniche dont la proue affiche fièrement son nom de baptême : « PRESENT ». Je remonte les trente mètres de bois et de fer, quand j’entends retentir la sonnerie d’un téléphone. C’est extrêmement désagréable et tellement vulgaire dans ce décor. Le timbre inopportun provient sans équivoque de la timonerie de l’embarcation. Il semble ne gêner personne, pas plus à bord qu’aux abords. Excédé, j’interromps ma foulée et casse mon élan. Je dois intervenir sans délai et mettre fin à cette insupportable agression auditive. D’un pas décidé mais prudent, je m’engage sur l’étroite passerelle en bois.
Il y a là un vieux téléphone à cadran. Il est vissé de guingois sur le vieux bois cent fois verni de la marquise. Je décroche avec rage le combiné. Cette satanée sonnerie persiste ! Elle me vrille les tympans et le cervelas de part en part. Assommé par l’horrible télécacophonie, j’arrache sèchement l’unique fil qui se tortille et dépasse de l’antique appareil. Ça drelingue encore ?!
Driiiiiiinnngggg !
À plat ventre sur mon lit comme un naufragé rejeté par la mer, je tente à grand peine d’ouvrir un premier hublot. Sur la table, à mon chevet, carillonne un bigophone électronique. Le corps et l’esprit profondément envasés, j’élève mollement un bras que j’abats sur l’engin. Je l’agrippe et le tire vers moi à l’aveugle. Des trucs tombent sur le sol ; ça fait un boucan de tous les diables.
– Allô !
Grelot en pogne, bouche farineuse et paupières à mi-course, je réalise alors deux choses. La première, c’est que personne ne va me répondre puisque je viens de décrocher un téléphone dont la seule fonction est de sonner pour réveiller. Inutile donc que je tende l’oreille pour ouïr la voix douce de la réceptionniste qui vous susurrait jadis : « Bonjour Monsieur, il est six heures. Nous vous souhaitons une excellente journée ». Ça, n’y pensez plus, ne l’attendez plus, vous ne l’entendrez plus.
La deuxième chose que j’aurais bien voulu partager avec vous et même vous refiler avec plaisir, c’est ce putain de mal de crâne qui me défonce le bulbe depuis que j’ai levé les rideaux. C’est au minimum du barreau neuf et demi sur l’échelle d’Alka Setzer. C’est un peu comme si on me jouait l’Angélus à six heures du mat’à grands coups de battant dans la cloche. L’horreur.
Solitaire et nu comme un ver, j’utilise toute la force de mes bras pour me redresser et m’asseoir au bord du paddock. Les yeux clos, les coudes sur les cuissots, je pose lentement ma tête entre mes mains. Dans un immobilisme total, j’appréhende le prochain tir de boulet qui va me défoncer le casque.
« Bong ! Bong ! Bong ! » Bon sang, ça ne finira donc jamais ?! Appelez-moi vite un toubib pour me prendre le pouls ou alors une infirmière diplômée d’Etat que je me pende à son cou. En dernier recours, mettez-moi un canon de 9 mm sur la tempe. Un « Bang » pour ne plus entendre de « Bong », que j’en finisse ! Mais s’il vous plaît, par pitié, sauvez-moi du « Bong », je n’en peux plus !
Après d’interminables minutes de prostration et de souffrance crânienne absolue, j’observe un timide espacement des « Bong ». Certains même mutent en « Bing », plus supportables. La douleur s’estompe un peu, mais je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi je suis dans cet état. Il me semble pourtant qu’hier soir j’ai été sobre comme une image et sage comme un chameau, ou peut-être l’inverse, je ne sais plus. Quel boxon dans ma tête. Je la relève prudemment avec la lenteur d’un paresseux arthritique. Je grimace, craignant un énième sanctus entre les pavillons.
Rassuré par l’amélioration de ma grosse céphalée du matin, je tourne doucement la tête en direction du coin salon de la chambrée. Dans la demi-obscurité, mes yeux devinent plus qu’ils ne voient une table basse flanquée de deux gros fauteuils en velours rouge. Celui de gauche est couvert de mes seuls vêtements et sous-vêtements de la veille. Je regarde de l’autre côté du lit. J’ai dormi seul. C’est déjà ça. Quant à la table basse, elle est couverte de petites boîtes rondes et métalliques. Des dizaines de petites boîtes de cirage.
Cette information insolite peine à parvenir à mon cerveau-processeur fatigué. Je reprends calmement ma position de départ, la tête dans les louches, le regard hagard. C’est à ce moment précis que j’aperçois entre mes pieds, une de ces petites boîtes rondes débarrassée de son couvercle. Une partie de son contenu verdâtre s’est répandue sur le sol, colorant au passage mes chaussons d’hôtel. Du cirage vert, voilà qui n’est pas commun.
Ne pouvant compter sur ma mémoire défaillante, j’envoie ma main gauche chercher le petit couvercle resté posé à l’envers sous la table de chevet. Je m’étire prudemment, craignant encore pour ma caboche douloureuse. Du bout de l’index, je parviens à atteindre l’objet convoité. J’applique une trop forte pression qui le fait bondir et partir en roulade sur le parquet de la piaule. Impuissant, je suis des yeux le parcours de la petite roue métallique. Contre toute attente elle revient lentement vers moi et finit sa course contre mes orteils. Un dernier bruit de métal blanc et le petit couvercle tombe, déséquilibré, à mes pieds, à l’endroit.
– Snus !
Le son nasal et monosyllabique résonne douloureusement dans ma pauvre tête en préchauffage. Si je n’avais pas lu le mot sur le couvercle, je serais encore en train de me faire des nœuds au cerveau.
J’entrevois des bribes de souvenirs, quelques fragments des moments qui ont précédé à ce qui ressemble plus à un coma artificiel qu’à un sommeil paradoxal.
J’ai débarqué hier soir dans cette chambre d’hôtel. Je suis là parce que j’ai un… J’ai rendez-vous… ce matin… Oui c’est ça, j’ai un rendez-vous avec… heu… un… un client. Qui ? On verra ça plus tard, je trouverai bien dans mon agenda. Je dois d’abord me souvenir de ce que j’ai fait hier soir avant de me pieuter. Me connaissant, je n’ai pas dû me coucher avec les pondeuses. Enfin je ne crois pas. Ah, ça y est, ça me revient, je suis sorti. Oui c’est ça, je suis sorti… pour aller manger. Je déteste manger dans les restaurants d’hôtels. Je suis allé dans un restau grec… euh non, c’était un libanais !? Ça aussi on s’en tape. Mais revenons à ces petites boîtes rondes dont le format m’a induit en erreur.
Vous m’avez clairement entendu dire « snus » (se prononce [snus]), à ne pas confondre avec chnouf ; je ne fume ni ne mange de ce pain-là. Car ce sont bien des boîtes de snus et non de cirage de pompes qui forment ce petit tas rigolo sur la table du petit salon.
Je devine que pour la plupart d’entre vous, « snus » ne veut pas dire grand-chose. Vous n’allez sans doute pas finir prix Nobel de chimie à la fin du bouquin, mais peut-être allez-vous apprendre deux-trois bricoles que vous pourrez servir frais à vos amis à l’occasion d’un apéro.
Tout d’abord, inutile de chercher à vous en procurer en France ou même en Europe, cette poudre de tabac y est interdite à la vente. Vous n’en trouverez qu’en Suède ou au Danemark, berceaux historiques et culturels de la dite substance. Pour ne pas priver leurs sujets particulièrement friands de snus et pour éviter une bronca générale, les deux royaumes scandinaves ont demandé qu’une clause d’exception soit incluse dans leur traité d’adhésion à l’Europe. De ce fait, seuls ces deux pays peuvent aujourd’hui fabriquer et comm

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