Manuel pour changer le monde
76 pages
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Description

De nos jours, il est devenu dangereusement banal d’affirmer que notre monde est en crise. Crise économique, crises humanitaires, crise de confiance envers les institutions, aggravation des inégalités sociales, précarité économique, montée de l’extrême droite : autant de symptômes d’un monde qui ne tourne pas rond.
Dans ce contexte, plusieurs ressentent l’urgence d’agir, lancent une panoplie d’initiatives et suscitent une recrudescence des mobilisations pour la défense de l’égalité et de la dignité. À l’heure où les gens ne croient plus aux changements politiques « par le haut », cet ouvrage se veut un antidote à l’épuisement des énergies utopiques et à la morosité ambiante, en offrant un guide pratique pour aider à surmonter les multiples défis de notre temps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 janvier 2020
Nombre de lectures 8
EAN13 9782895967903
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Lux Éditeur, 2020
www.luxediteur.com
Les droits d’auteur de cet ouvrage sont versés à l’Atelier d’innovation sociale Mauril-Bélanger pour financer des projets collectifs.
Dépôt légal: 1 er  trimestre 2020
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN (papier): 978-2-89596-324-0
ISBN (epub): 978-2-89596-790-3
ISBN (pdf): 978-2-89596-979-2
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada pour nos activités d’édition.

PROLOGUE
En juin 2015, l’Université Saint-Paul annonce un don de 2,5 millions de dollars pour la création d’une nouvelle école d’innovation sociale. Sa mission? S’attaquer aux injustices, lutter contre les exclusions et réduire la pauvreté sous toutes ses formes: précarité économique, marginalisation, insécurité alimentaire, etc. Cette école, la première du genre au Canada, devra former des jeunes, professionnel·le·s, militant·e·s et entrepreneur·e·s afin de favoriser l’émergence de solutions innovantes, d’initiatives locales, d’organismes communautaires et d’entreprises sociales qui auront pour but de rendre le monde meilleur.
Dès janvier 2016, une équipe de quatre professeur·e·s engagé·e·s doit relever un immense défi: créer une série de programmes (du baccalauréat au doctorat) entièrement consacrés au champ émergent de l’innovation sociale, puis mettre sur pied un «incubateur» inspiré des espaces de cotravail, des laboratoires d’innovation et d’autres programmes visant à accélérer le démarrage d’entreprises sociales. Le don en question provient des Sœurs de la Charité d’Ottawa, qui cherchent à passer le flambeau afin de poursuivre la mission de leur mère fondatrice Élisabeth Bruyère. Cette rencontre insolite entre tradition et modernité, valeurs sociales de l’Église, milieux militants et univers des startups peut sembler déroutante, mais il arrive souvent que les innovations surgissent aux frontières de mondes qui se croisent pour générer quelque chose d’inédit.
Loin de se limiter à la sphère des bonnes œuvres et de la philanthropie, la mère supérieure des Sœurs de la Charité d’Ottawa a souligné un jour à l’équipe que «pour lutter contre la pauvreté, il ne faut pas seulement la charité et quelques gestes pour apaiser la souffrance; il faut changer le système, et la justice sociale». Cette confidence ne restera pas lettre morte: elle sera placée au cœur de la vision de l’innovation sociale de la nouvelle école. Le but ultime de l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère ne sera pas de créer des entreprises commercialement viables à «visage humain» qui perpétuent l’ordre établi, mais de remettre en question les structures de domination et d’accélérer la transformation sociale par tous les moyens possibles.
La nouvelle équipe doit affronter une série de questions complexes, fondamentales et incontournables. Comment peut-on changer le monde? Quels sont les outils, méthodologies et stratégies nécessaires pour mieux comprendre les réalités sociales, analyser les causes multiples des injustices, expliquer les changements sociaux, puis démarrer des organisations qui soient à la fois viables, efficaces, démocratiques et inclusives? Comment mobiliser les sciences sociales, de même que les sciences de la gestion, les savoirs militants et d’autres apprentissages collectifs pour favoriser l’éclosion d’initiatives citoyennes, d’associations, de mouvements sociaux, de coopératives et de nouvelles institutions afin d’avoir un impact réel sur les communautés? Plus fondamentalement, qu’est-ce l’innovation sociale?
Bien que la vision, les programmes et les initiatives de l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère soient empreints de ces réflexions, l’équipe de professeur·e·s a décidé de prendre ici un certain recul pour décortiquer ces épineuses questions. Comment notre école doit-elle prendre position dans les débats théoriques et pratiques sur l’innovation sociale? Comment peut-elle contribuer concrètement à la transformation de la société? C’est dans cet esprit que ce projet d’écriture est né, non seulement pour raconter notre histoire, mais dans l’objectif de créer un guide accessible offrant des pistes concrètes pour changer le monde.

INTRODUCTION
APPRENDRE À CHANGER LE MONDE
Un monde en crise
De nos jours, il est devenu dangereusement banal d’affirmer que notre monde est en crise. Crise écologique, crises humanitaires, perte de confiance envers les institutions, creusement des inégalités sociales, précarité économique, montée de l’extrême droite: autant de symptômes d’un monde qui ne tourne pas rond. Malheureusement, un aspect plus inquiétant encore semble profondément ancré dans notre esprit: la conviction qu’il n’y a pas d’alternative, que nous courons vers l’effondrement, que nous ne pouvons pas changer fondamentalement le cours des choses ou agir collectivement pour infléchir la marche de l’histoire. L’idée que les nouvelles générations auront une qualité de vie inférieure à celle de leurs parents est de plus en plus acceptée comme une fatalité, le gouvernement de Trump et celui de plusieurs autres pays plaident pour la fermeture des frontières, et la montée des discours intolérants semble la seule façon de maintenir en place une société qui s’effrite à vue d’œil. Bref, l’avenir ne s’annonce guère prometteur.
Dans ce contexte explosif, plusieurs ressentent l’urgence d’agir. Cela ne peut plus durer: il faut inventer quelque chose, d’autres façons de produire, de consommer, d’habiter, de se relier aux autres et au monde. Une panoplie d’initiatives citoyennes voient le jour: jardins collectifs, systèmes d’entraide, monnaies locales, marchés publics, coopératives de solidarité, circuits courts, plateformes collaboratives, etc. Depuis quelque temps, on assiste aussi à la recrudescence des mobilisations pour la défense des droits, de l’égalité et de la dignité: Occupy, les mouvements étudiants, #MeToo, Idle No More, Black Lives Matter – et les grèves et manifestations pour le climat qui ont eu lieu récemment. Nous sommes dans une période de transition; le vieil ordre se durcit et un nouveau monde cherche à émerger.
Cela dit, le simple fait de constater l’existence d’alternatives n’est pas suffisant: il faut les multiplier et les faire durer. Ce ne sont pas les mouvements, l’énergie et les idées qui manquent, mais nous devons renforcer nos capacités pour réaliser nos projets, les rendre viables à long terme et les faire changer d’échelle afin de transformer le monde en profondeur. Pour y arriver, il est important de répertorier et de synthétiser les outils et les méthodes à privilégier, ainsi que les façons de faire et de s’organiser pour avoir un impact concret sur les gens et les collectivités. S’il n’y a pas de recette magique, de plan idéal, ni de formule miracle qui pourrait nous sauver une fois pour toutes, il existe sans contredit des manières relativement fiables de nous orienter, des stratégies éprouvées pouvant être mobilisées par les forces du changement.
À l’heure où les gens ne croient plus à la révolution ou aux changements politiques «par le haut», une nouvelle proposition surgit dans le paysage: et si on essayait de mettre en place des initiatives par nous-mêmes, sous la forme d’innovations sociales? Mais qu’est-ce que l’innovation sociale? Aujourd’hui, cette notion est devenue un véritable buzzword, une idée qui semble bien sympathique, cool et inspirante à première vue. Rien de plus inoffensif, positif et merveilleux qu’une innovation, dotée d’une dimension sociale en plus!
Pourtant, la notion d’«innovation sociale» n’a pas toujours existé. Elle porte aujourd’hui de nombreuses significations, des plus critiques et radicales aux plus fallacieuses et stériles, particulièrement lorsque les organisations qui s’en réclament reproduisent à leur insu certains dysfonctionnements qu’elles prétendent résoudre. C’est pourquoi nous apporterons quelques clarifications théoriques à la notion controversée d’«innovation sociale», afin de mieux situer notre école dans ce champ de bataille.
Entre entrepreneuriat et

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