Médée, viens jasons ... chronique d un confinement
112 pages
Français

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Description

Ce jour-là alors que vous regardez un livre de peinture, une image vous saisit sans que vous compreniez pourquoi. Cette femme debout à la fenêtre en train de regarder un incendie tout dévaster au dehors qui est-elle ? Pourquoi parler de ce tableau de Paul Delvaux en pleine épidémie ? Quel est le lien ? Pourquoi Médée ? Comment se fait-il que Maigret mène l’enquête ? Qu’est-ce que tout cela signifie ?



Parfois un ressenti inconnu pour être pensable exige de celui qui le vit qu’il prenne forme d’abord dans une histoire. S’agirait-il de cela ?



Il se pourrait alors que le lien entre tous ces personnages et la pandémie d’aujourd’hui ne soit pas tout à fait fortuit...





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2020
Nombre de lectures 5
EAN13 9782414483785
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-48377-8
 
© Edilivre, 2020
Du même auteur
 
Du même auteur
«  Je me tue à vous le dire. Le suicide à la croisée des regards de la psychanalyse et de la criminologie. » Anne Perrier Durand, Editions Erès 1998.
« L’inconscient de Lipps à Freud. Figures de la transmission. » Anne Durand, Editions Erès 2003.
« L’amort dans l’âme. Enquête à propos de l’étrange signature de Michel-Ange sur sa Pietà… » Anne Durand, Editions l’Harmattan 2014.
« À travers une meurtrière. » Roman psychanalytique. Anne Durand, Editions l’Harmattan 2015.
« René Magritte le double sens des images. Essai à propos de quelques toiles énigmatiques. » Anne Durand, Editions Edilivre 2017.
« Velàzquez et l’étrange histoire de la croix de Santiago. » Anne Durand, Editions Edilivre 2019.
Dédicace
 
À vous que j’aime,
À mes amis passés, présents et à venir…
Exergue
 
« … ce tableau, c’est peut-être parce que malgré le merveilleux il y flottait un air légèrement oppressant. »
Christian Bobin
« … la tragédie (…) elle croise la politique et l’amour. »
Alain Badiou
« Il est aussi raisonnable de représenter une espèce d’emprisonnement par une autre »…
Daniel Defoe
 
1. L’incendie
Jour de printemps et de grisaille, jour de confinement. Le temps est en avance, les muguets du premier mai ont déjà fleuri quelque chose se passe tout est chamboulé. Lui, a découvert une série, « Le bureau des légendes », Elle, se passionne pour un tableau du peintre Paul Delvaux, cette femme debout devant un palais en feu la fascine… Peut-être s’accroche-t-elle à une image pour se cacher de la peur, de son abrupt là, juste à côté, au dehors où tout est désert à cause de la mort qui gronde.
Mettez-vous un instant à sa place…
Ce jour-là, alors que confiné vous regardez distraitement un livre de peinture, ce tableau de Delvaux « L’Incendie 1  » est venu vous chercher. Très vite il devient votre question, votre problème alors que vous ne lui avez rien demandé ! La femme debout devant les flammes est venue s’installer chez vous, en vous, comme un squatter décidé à ne pas payer le loyer et à toucher à tout
… un peu comme ce gars hier à Pau qui s’est fait enfermer la nuit dans le supermarché d’Auchan et qui a passé la nuit à boire de bons vins et à manger de l’épicerie fine en regardant des films X. Il n’a même pas cherché à fuir.
On l’a retrouvé endormi ce matin la zapette à la main. Est-ce qu’on va tous finir comme ça ?
Obsession, obsession, une enquête, ça commence toujours par une obsession, comme la sienne, à lui en ce moment, addict à son « bureau des légendes », dès qu’il a fini un épisode, il a envie de voir la suite, ça le tient, ils le tiennent. Imaginez que pour vous c’est devenu pareil avec ce tableau, ça vous tient : mais enfin qui est-elle et pourquoi ce feu d’un temple ou d’un palais grec ?
Il vous tarde d’en être à la fin, au moment du « bon sang, mais c’est bien sûr ! » seulement là, pas question de faire défiler le film à toute vitesse, il va vous falloir prendre le temps, ce n’est pas ce que vous préférez, mais au fond en ce moment, y’a pas grand-chose à faire que de tuer le temps d’une façon ou d’une autre.
C’est sûr que ce matin-là de ciel gris et de bourgeons de chênes de pluie et de fleurs de cerisiers au « bon sang c’est bien sûr » vous n’y êtes pas ! Alors machinalement pour vous en sortir, vous ouvrez « Maigret voyage 2  ».
Vous extrapolez…
C’est le moment où vous vous dites qu’il est réveillé dans la nuit, par l’incendie, et puis où on lui dit qu’on a retrouvé une femme immobile au bord des flammes, qu’il faudrait qu’il vienne lui parler parce que jusque-là elle est restée muette, et qu’il râle Maigret en disant une de ces grandes vérités qui vous clouent sur place comme celle-ci, que « les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l’air simples »…
Vous le voyez à présent. Il s’est levé, il a bourré sa pipe, il longe les rues mal éclairées au petit matin, on est en 1915, date du tableau, on est encore au temps des réverbères.


1 . Paul Delvaux, « L’Incendie », Huile sur Toile, 1935, Bruxelles, Musées royaux des beaux-arts de Belgique.

2 . Georges Simenon, « Maigret voyage », Presse de la Cité, 1958.
2. Maigret voyage
Vous la regardez cette femme et lui aussi maintenant la regarde. Vous l’observez, devant l’incendie qui fait rage, elle vous semble tranquille. Vous vous demandez pourquoi ce calme, ce sang-froid.
Paul Delvaux, un temps surréaliste, Belge comme son collègue Magritte qui ne l’aimait pas et l’appelait « Delvache » a joué dans ce tableau les maîtres du mystère en semant ses indices, juste quelques cailloux pour le petit poucet : elle, le feu du temple ou du palais, la Grèce qui insiste au dehors et aussi au-dedans avec cette colonnade, dans la maison.
Pour le moment tout ça ne lui dit rien à Maigret, et puis il y a l’autre, vous supposez qu’ils sont deux, ils sont toujours deux. Le second de Sherlock, celui qui pose les questions élémentaires, celles qui débloquent tout :
— Eh ! Chef, et si c’était elle tout simplement l’incendiaire !
Alors là tout d’un coup y’a plus d’histoire y’a plus d’enquête c’est juste l’image d’un fait-divers, comme quand Notre-Dame a brûlé, une catastrophe, avec des voisins abasourdis, sauf que là c’est l’incendie d’un opéra, d’un bâtiment antique.
— Faut juste vérifier que ce n’est pas elle qui l’a allumé ! Comment savoir, on a encore rien sur son identité et donc rien sur ses possibles mobiles.
Arrêt sur image. Le vent est tombé. Les réverbères se sont éteints et le jour n’est pas encore là vous êtes à moitié dans le noir ou bien dans la boue tout seul au milieu du gué.
Vous réouvrez le polar, sur une page au hasard, c’est l’époque des hôtels particuliers, des maisons de maîtres, le jeune Maigret a la sensation de pénétrer dans un nouvel univers.
Justement ! Exactement comme pour vous à ce moment-là : une maison bourgeoise avec ses colonnades, et puis une certaine qualité de silence, elle seule et rien autour ni personne que la chaleur qui envahit la terrasse et le crépitement des flammes ; entre elle et les flammes, une sorte de passion, d’affinité de conspiration secrète.
Bientôt le feu aura tout détruit, il n’y a déjà plus de possibilité d’un retour en arrière. Désormais plus rien ne sera comme avant.
Pause pause…
Faut voir cet homme, faut voir un peu ce qu’il peint, ce qui vous chiffonne c’est cette allusion appuyée à la Grèce antique.
Pause pause…
Vous allez faire votre petit tour autorisé dans le vieux camp militaire abandonné. Les maisons effondrées les fenêtres éventrées envahies par le lierre vous ramassez des fleurs des champs vous aimez à nouveau les boutons d’or, lui quand il voit une fleur de pissenlit, un « Larousse » comme il dit, il voit le corona virus, la géométrie parfaite, ça doit ressembler à ça le mal absolu. Dur de s’en débarrasser il est dans nos têtes.
— Vous n’avez rien trouvé Watson ?
— Non rien ah ! si, une petite chose…
— Dites toujours…
— Ah ! Oui… Ce tableau de Delvaux qui vous occupe, il en manque un morceau…
— Vous auriez dû me le dire avant, ça nous aurait peut-être évité de nous compliquer l’existence !
3. Du côté de la Grèce antique
— Allez-y je vous écoute à propos de ce morceau de tableau qui manque…
— Des passionnés, un couple je crois, a découvert la partie manquante de « L’Incendie » de Delvaux…
— Allez au fait ! Il représente une femme de face, nue dans une pose de séduction, peut être une prostituée, on ne l’a pas identifiée, en tout cas dans le tableau de la femme de dos, il y a le feu du palais, mais il y a aussi une autre femme.
— L’autre femme, la Grèce, le palais en feu…
— C’est peut-être une histoire de jalousie, un drame passionnel.
— Maigret ne répond pas, Sherlock non plus, attendre, vous attendez, ils réfléchissent, ça les titille cette histoire de Grèce antique d’autant que ces dames sont vêtues et dévêtues à la mode moderne.
— Chef, ce sont peut-être des actrices !
— On ne peut pas savoir si le peintre a déplacé sa passion secrète dans le temps, ou s’il s’est servi d’une tragédie antique pour la dire en la taisant, on dit qu’il était savant dans ce domaine…
Devant la panne de vos agents vous vous dites qu’il va bien falloir y aller du côté de la Grèce antique, vous confondez allègrement l’histoire d’Antigone d’Agamemnon et autres…
Vous avez oublié les péripéties d’Œdipe d’Ulysse et de l’Odyssée. Vous êtes bon pour une petite révision !
Vous retrouvez Maigret sur le tarmac de l’aéroport, un masque sur le visage, et là une de vos copines vous envoie ça, une femme sur son balcon près d’un rideau rouge, qui chante de l’opéra, c’est magnifique, c’est un chant très beau et désespéré. Elle a la voix de Callas. Il y a les voisins d’en face et d’au-dessus qui reprennent le refrain la la laaaa…
— Il se peut que ce soit un signe dit Maigret d’un air entendu, allez savoir !
Vous êtes sur la route de l’aéroport.
Dans le hall aujourd’hui évidemment pas de journalistes, vides aussi les comptoirs des diverses compagnies de navigation. Tous les appareils cloués au sol, et un haut-parleur qui n’arrête pas de lancer des appels, restez chez vous, restez chez vous et puis le nom de l’inspecteur et puis la porte pour l’embarquement dans un avion militaire… Vous vous rendez compte qu’il n’y a que son nom et le vôtre sur la liste des passagers pour Athènes.
Tous les cafés fermés. On signale des orages sur toute la ligne. Vous montez avec lui dans l’avion. Vous avez pris un bouquin sur les tragédies d’Euripide 3 . Lui à côté de vous somnole dans son fauteuil les yeux mis clos. Il a l’air de ne penser à rien, tandis

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