Oscar Wilde et la prison , livre ebook

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Face à un univers qu'il ne connaissait pas, inhumain et cruel par inhumanité, Oscar Wilde, poète et humaniste à sa manière, vit avec lucidité cet épisode douloureux de sa vie, avec la sérénité de celui qui sait que ce qu'il subit est le châtiment inexorable de ses errements passés. Aussi, dans ses deux lettres au rédacteur en chef du « Daily Chronicle », n'hésite-t-il pas à user, sans aucune honte ou rejet de sa triste expérience, de sa notoriété et de son nom pour dénoncer les conditions odieuses de la vie dans les prisons anglaises de l'époque, en particulier lorsqu'elles s'appliquent aux enfants. Dans ce poème admirable qu'est « La Ballade de la geôle de Reading », dont il s'agit ici d'une nouvelle traduction, il nous fait comprendre et partager la douleur et les hallucinations de ses compagnons d'infortune lorsqu'ils sont tous confrontés à cette terrible épreuve que représente l'exécution de l'un d'entre eux, parce qu'il avait tué la chose qu'il aimait. Grâce au travail de Michel Borel, ce double regard d'Oscar Wilde sur la prison est intéressant à plus d'un titre car, à l'aide de son talent et de ses mots, il nous met en face de ce que la société peut avoir de plus cruel et de plus sordide lorsqu'elle se défend et punit, même si la punition est jugée méritée. Plus que bienvenue, une traduction essentielle.

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Date de parution

28 avril 2016

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342050899

Langue

Français

Oscar Wilde et la prison
Michel Borel
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Oscar Wilde et la prison
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Introduction du traducteur
 
 
 
En 1895, à la suite de trois procès qui se dérouleront coup sur coup, Oscar Wilde fut condamné à deux années de travaux forcés pour indécence.
Donnons d’abord un aperçu des circonstances de cette condamnation. Oscar Wilde était alors en relation très personnelle, doit-on dire intime, avec Lord Alfred Douglas ( Bosie ), fils cadet du marquis de Queensberry, noble anglais et autocrate familial grand amateur de boxe et de boxeurs. Homme au comportement brutal et parfois odieux, celui-ci venait de perdre son fils aîné, secrétaire particulier de Lord Rosebery qui sera plus tard Premier ministre. Ce fils s’était suicidé à la suite, semble-t-il, du scandale que son père voulait provoquer pour dénoncer ses mœurs et ses relations avec son protecteur.
Et voilà que son second fils s’affiche avec un individu connu, poète excentrique aux mœurs discutables ou paraissant l’être, Oscar Wilde. C’en est trop pour l’irascible lord qui, de provocations en provocations, amène l’écrivain à lui intenter un procès pour diffamation (Lord Queensberry prétend que M. Oscar Wilde pose au sodomite), vivement encouragé par Bosie qui cherche ainsi à régler des comptes avec son père. Oscar Wilde perd son procès ; dans la foulée, Lord Queensberry lui en intente un autre qui se conclut par une non-culpabilité. Mais les preuves apportées par le père de Bosie sont tellement flagrantes, apparemment, que la couronne britannique intente un nouveau procès à l’auteur qui est finalement condamné, selon la loi puisque l’homosexualité est considérée comme un crime, à deux ans de travaux forcés. Oscar Wilde est immédiatement emprisonné.
Après une première incarcération à la prison de Wandsworth et une hospitalisation de deux mois, Oscar Wilde est transféré à la prison de Reading où il effectue la majeure partie de sa peine. C’est là surtout qu’il est confronté à ce régime pénitentiaire anglais qu’il va pouvoir pleinement appréhender en le vivant et qu’il ne va pas hésiter à dénoncer.
Cette épreuve fut si dure pour lui qu’il en perdit, à sa sortie de prison, toute sa veine créatrice. Mais, c’est pourtant avec une certaine sérénité et beaucoup de lucidité qu’il l’affronta, car il avait en lui la conscience d’avoir commis quelque chose de répréhensible, qu’un châtiment l’attendait et qu’il devait le subir. Mais l’homme Oscar Wilde, sous des apparences souvent futiles, était un être profondément sensible à l’existence humaine et à la simplicité des êtres. Il suffit de se rappeler, dans un tout autre registre, cet épisode de son long voyage d’un an aux États-Unis en 1882 ; invité à faire une conférence sur l’art et sa philosophie de l’art devant un public de mineurs, il sut si bien, avec un tel sujet, captiver leur attention et leur intérêt et se faire accepter par eux que son auditoire, enthousiaste, lui offrit un grand banquet au fond même de la mine.
Enfermé dans cette prison parmi des êtres beaucoup plus simples et frustes que lui, il sut partager totalement leur existence de prisonniers, leurs pensées, leurs angoisses, leurs frayeurs, en rendre compte et les transmettre dans sa langue de poète.
Son séjour en prison le mit en contact avec un monde qu’il ne connaissait pas du tout, mais qu’il sut ressentir et comprendre. Ce qu’il en écrit reflète cette compréhension. Aussi était-il intéressant de rassembler dans un même volume les textes qui montrent comment Oscar Wilde avait appréhendé ce monde si particulier : les deux lettres qu’il écrivit dès sa sortie au rédacteur en chef du Daily Chronicle , journal qui militait pour une réforme des prisons, et ce texte admirable et hallucinant parfois qu’est La Ballade de la geôle de Reading .
Il est d’usage, lorsque l’on évoque la vie de prison d’Oscar Wilde, de citer la très longue lettre qu’il écrivit à Lord Alfred Douglas au cours de ses derniers mois d’incarcération, le De Profundis . Certes, c’est des profondeurs de la prison que s’exhalait la plainte qu’elle exprimait ; mais cette lettre est surtout une longue lamentation personnelle qui n’a nullement trait, quel qu’en soit le passage, à l’univers de la prison et à la vie qu’on y menait, à part quelques allusions.
Le De Profundis est un texte écrit par un homme déprimé, entièrement tourné vers lui-même ; d’abord il s’y perd en reproches, vraisemblablement fondés pour la plupart, mais exacerbés par son état dépressif. Puis l’auteur s’exalte en toutes sortes de projets (qu’il ne réalisera jamais) pour sa sortie et se lance ensuite dans de grandes considérations sur la relation, qu’il juge indissociable, entre l’art et la souffrance, qu’il sublime au point de l’assimiler à la passion du Christ ; enfin, il y revient à des reproches beaucoup plus sordides à l’adresse de Bosie et la termine dans cette tonalité réprobatrice.
Rien dans cette lettre n’indique comment Oscar Wilde vécut cet épisode douloureux de sa vie, la relation qu’il eut avec ses geôliers et ses codétenus, ni même avec le directeur de la prison. Ce qui n’enlève rien, d’ailleurs, à l’intérêt du texte pour approcher la personnalité de l’auteur et à l’admiration que certains lui portent. Mais il est de bon ton, dans le milieu des spécialistes et fervents d’Oscar Wilde, de considérer le De Profundis comme l’apogée de l’art de l’écrivain et, parfois même, comme la seule œuvre artistique qu’il ait écrite.
Or, indépendamment de l’audience que de nombreux autres textes d’Oscar Wilde ont acquise auprès du public depuis une centaine d’années maintenant, c’est tout simplement faire fi de la beauté intrinsèque d’une œuvre comme La Ballade de la geôle de Reading . Serait-ce à cause de leur futilité et de leur médiocre qualité littéraire et artistique, selon certains exégètes de l’œuvre de notre auteur, que The Importance of Being Earnest et The Crime of Lord Arthur Savile sont toujours appréciés ? Il doit y avoir au moins du talent là-dedans !
Enfin, si l’on veut vraiment se faire une idée de la manière dont Oscar Wilde, homme et poète, a vu la prison, c’est aux deux lettres réunies dans ce volume et à La Ballade de la geôle de Reading qu’il faut se reporter.
La première lettre traite du cas du surveillant Martin qui fut révoqué pour avoir donné des gâteaux à un jeune enfant emprisonné dont il avait eu pitié. Outre la sympathie que l’auteur accorde à cet homme pour sa bienveillance envers les prisonniers, c’est avant tout contre le sort fait aux enfants dans les prisons anglaises qu’Oscar Wilde s’indigne dans cette lettre. Il y met clairement en évidence les pratiques sordides du milieu carcéral dans l’Angleterre victorienne, déjà inhumaines pour un adulte, odieuses et inacceptables pour un enfant.
Il y aborde la psychologie de l’enfant de manière simple et pertinente, et argumente son indignation de cette simplicité ; ce qui rendent encore plus fortes sa réaction et sa dénonciation de la perversité d’un système qui conduit même des adultes, vraisemblablement parmi les plus fragiles, à la folie. Alors qu’en est-il lorsqu’elle touche de jeunes enfants et que la seule réponse possible à leur désarroi est la répression ? Il y fait ainsi une véritable analyse psychologique du milieu carcéral dont...

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