Pour une géopoétique interaméricaine
252 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Pour une géopoétique interaméricaine , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
252 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« La géopoétique suppose, par sa nature même, une analyse des rapports des humains avec la nature. Ces correspondances font fusionner le corps et l'esprit dans de lents cheminements évoquant les liens entre le ciel et la terre. Elle implique un exercice de la pensée, guidée par une perception détaillée, car la conception holistique humboldtienne force le regard à parcourir les traces vivantes des lieux. Comment envisager dans ces conditions un état poétique du concret des villes et traiter les marcheurs des rues et les simples passants comme des géopoéticiens ? » Dans cet ouvrage, Licia Soares de Souza s'est attachée à se centrer sur une géopoétique en privilégiant Montréal comme ville de la littérature québécoise contemporaine, car elle permet d'étudier les mouvements des individus et des groupes avec leurs formations culturelles à travers la configuration urbaine de la métropole québécoise. Dans la majorité des œuvres analysées, la ville est plus qu'un décor puisqu'elle dévoile une mise en scène d'appareils poétiques concernant les relations des protagonistes avec les endroits où ils développent leurs expériences, individuelles ou collectives. Cet essai littéraire, riche de connaissances érudites et approfondies, offre au lecteur la découverte d'un mouvement regroupant des chercheurs et artistes en quête de rapports privilégiés avec le monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342166309
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour une géopoétique interaméricaine
Licia Soares de Souza
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Pour une géopoétique interaméricaine
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
licia-soares-de-souza.societedesecrivains.com
 
À Rita Olivieri-Godet et à Brigitte Thiérion, compagnes de tous les colloques de l’ACFAS où j’ai pu mûrir la plupart des réflexions de ce cet ouvrage.
Introduction
Cette étude vise à poser les bases d’une géopoétique urbaine de Montréal à dimension interaméricaine. Elle analyse quelques figures spatiales dans plusieurs romans québécois contemporains. Le rapprochement entre la littérature et la géographie nous impose « un travail qui nous invite à aller dehors, à l’affût des signes du vent, de la terre, des vagues, de tout ce qui compose notre environnement » (B OUVET , 2008, p. 7). Nous avons voulu travailler avec une géopoétique urbaine, un territoire de recherche qui s’est développé de manière attachante ces dernières années, surtout grâce à l’équipe de l’Atelier québécois de géopoétique, nommé La Traversée (B OUVET , C ARPENTIER , G ERVAIS ). Pour nous, il s’agit de nous pencher sur la dynamique des lieux, d’analyser leurs effets sur les regroupements et les sociabilités du point de vue de leur matérialité concrète et de leur localisation. Informer la dynamique des lieux représentés implique d’identifier les mouvements des protagonistes dans les décors urbains où il n’y a pas seulement des éléments naturels, mais aussi et surtout des éléments construits par les humains, comme les rues et les immeubles, ainsi que les éléments culturels qui émanent de l’aménagement de l’environnement.
Dans ce contexte, nous envisageons de nous recentrer sur une géopoétique de Montréal comme ville privilégiée de la littérature québécoise contemporaine, qui nous donne à voir les mouvements des individus et des groupes, avec leurs formations culturelles, à travers la configuration urbaine de la métropole québécoise. Dans la majorité des œuvres analysées, la ville est plus qu’un décor ; elle permet une mise en scène d’appareils poétiques concernant les relations des protagonistes avec les endroits où ils développent leurs expériences individuelles ou collectives. Ces appareils poétiques peuvent apparaître et se laisser localiser en des points textuels particuliers, avec des modes préférentiels d’affleurement et de manifestation. Il y a là des relations spécifiques d’une démultiplication poétique que nous pourrons observer également dans les différentes conceptions du flâneur qui, de Baudelaire à Carpentier, dévoilent les activités des observateurs de la dynamique de la croissance de la ville ; ils transforment les moindres gestes dans un coin perdu en effusion lyrique. Popovic, à son tour, nous livre une nouvelle conception qui englobe les activités desdits mauvais flâneurs, en soulignant les nouveaux mouvements des personnages marginaux dans des villes de plus en plus complexes où l’inhumanité sévit.
Ensuite, nous travaillons avec la conception de sémiosphère (équivalent de biosphère) du Russe Youri Lotman, sémioticien selon qui chaque culture peut être représentée par des contours plus ou moins bien définis. Chaque sémiosphère est constituée d’un centre et d’une périphérie qui peut se confondre avec celle d’autres sémiosphères. Les mouvements internes d’une sémiosphère sont déterminés par toute une série de forces qui agissent sur la culture concernée : les forces centrifuge et centripète, qui sont dirigées vers des directions opposées. Avec les sémiosphères, la visée géopoétique est investie de valeurs heuristiques, dans le sens où il est possible de voir les descriptions des mouvements des forces dans la structuration des œuvres dans lesquelles plusieurs types de flâneurs déploient leurs foyers de lisibilité poétique avec la présomption de sémioticité qui leur est attribuée.
Dans un premier chapitre, intitulé « Les bases de la géocritique », nous voulons présenter la pensée de Bertrand Westphal. Il est question surtout d’observer comment se consacrer à l’étude de lieux décrits dans la littérature par des auteurs divers, par la méthode géocritique. Nous choisissons Les Failles de l’Amérique, de Bertrand Gervais, comme œuvre privilégiée pour l’analyse, tout en essayant de mettre en place les quatre points cardinaux de l’approche géocritique : la multifocalisation, la polysensorialité, la stratigraphie et l’intertextualité.
Le deuxième chapitre est consacré à la présentation de la méthode géopoétique en relation avec la pensée des mobilités des sémiosphères, avec leurs centres et périphéries. Nous mettons l’accent sur les mouvements internes des sémiosphères, qui sont déterminés par toute une série de forces agissant sur les cultures concernées. Nous nous demandons s’il est possible d’ouvrir la voie à une perception géopoétique d’une ville et d’y intensifier l’observation des rapports sensibles à la Terre, dans des lieux marqués par le bruit, la pollution, la saleté, la surpopulation et l’insécurité. Dans ce contexte, l’œuvre analysée est Oscar de profundis, de Catherine Mavrikakis.
Le Souffle de l’harmattan, de Sylvain Trudel, sera l’objet du troisième chapitre. Nous y découvrons un espace-frontière qui permet à deux enfants, un Québécois et un Africain, de s’évader de leur monde contraignant vers les espaces naturels de l’Afrique, dans un mouvement de force centrifuge. Considérant l’Amérique comme une partie du monde appelée « Accident », et Montréal comme ville d’un continent accidentel, l’enfant narrateur Hughes entreprend un travail de déconstruction des sens cristallisés de la sémiosphère québécoise qui sont continuellement inculqués aux enfants immigrés. Hughes semble avoir subi l’influence des enfants narrateurs de Ducharme, destinés à déstabiliser les significations formatrices des centres des sémiosphères.
Dans le quatrième chapitre, nous étudions Côte-des-Nègres, de Mauricio Segura. Nous caractérisons un espace-charnière comme étant le plus significatif pour faire ressortir les mouvements des protagonistes dans la sémiosphère montréalaise. Segura est un écrivain d’origine chilienne connaissant bien les quartiers où vivent les néo-Québécois qui cherchent à s’adapter dans leur nouveau pays. L’accent y est mis sur la difficulté que les enfants des Haïtiens et des Latino-Américains rencontrent au cours de leur acculturation, en ce qu’ils forment des groupes antagonistes vivant sur une charnière spatiale apte à les mettre en contact, mais incapable de produire leur intégration. Ces enfants se déplacent, mus par des forces centrifuges et centripètes à la fois, dans un va-et-vient entre le monde montréalais et le monde des pays de leurs parents. Ils finiront par s’affronter dans les rues, tels des animaux sauvages.
Le cinquième chapitre est consacré au roman du sociologue Henri Lamoureux intitulé Squeegee. Nous y reconnaissons un espace-gigogne comme zone privilégiée des mouvements d’une bande d’enfants junkies qui vivent dans la rue. Y sont en jeu des forces centrifuges qui font que ces enfants désertent leurs foyers et se retrouvent dans une vie d’indigence, mais aussi des forces centripètes qui leur font superposer plusieurs strates culturelles dans les lieux où ils braconnent comme des chasseurs. Ils y fondent une nouvelle hiérarchie de valeurs, un système normatif distinct de celui du centre, susceptible de déconstruire et de construire les nouveaux carrefours névralgiques privilégiés du texte.
Vamp, de Christian Mistral, est l’objet du sixième chapitre. Nous y évoquons un espace de la contre-culture. Comme dans l’ouvrage précédent, il y a ici deux forces qui dirigent les mouvements des protagonistes, l’une centrifuge et l’autre centripète. Le protagoniste, Christian, chef du groupe qui devra vampiriser Montréal, part à la recherche de la place qu’il devrait occuper dans le monde de poésie qui s’ouvre devant lui. Il refuse l’Amérique de la consommation et du marché, et cherche à dompter cette Amérique sauvage incarnée dans la figure de Moby Dick. Tel le capitaine Achab, Christian part à la conquête des territoires inconquis de la ville, maîtrise Montréal comme un amant passionné, et crée son foyer de création de poésie de contre-culture.
Le septième chapitre aborde le roman Paradis, clef en main, de Nelly Arcan, qui s’est suicidée deux mois après avoir mis le dernier mot à son roman. Celui-ci aborde la tentative de suicide de Toinette, dans l’ainsi nommé espace de mort, ce qui ne marche pas et fait d’elle une paraplégique. C’est dans ce but que la protagoniste engage une entreprise spécialisée dans la préparation du suicide de personnes en bonne santé qui veulent quitter la vie. Le ton surréel du roman n’élimine pas le ton poétique avec lequel l’auteur traite Montréal, dans laquelle elle tourne plusieurs fois, sur la tranquillité du fleuve Saint-Laurent. C’est après être devenue paraplégique, enfermée dans un espace panoptique, à savoir sa chambre équipée des toutes nouvelles technologies, qu’elle situe sa ville en Amérique, comme continent où les impulsions belliqueuses instillent le désir de mort chez les personnes.
Finalement, le huitième chapitre présente une étude du roman de Monique Proulx, Ce qui reste de moi. Nous y découvrons des forces centrifuges qui entraînent de nom

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents