Prenez et mangez-en tous, ceci est une patate chaude
168 pages
Français

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Prenez et mangez-en tous, ceci est une patate chaude , livre ebook

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Description

Ce n’est pas à un inventaire auquel je me livre mais à un sinistre état des lieux. Ecologie, éducation, santé, finances, culture, armée et nation : tous les feux sont au rouge.



Depuis ma plus tendre enfance je n’ai pas souvenir d’une telle situation. Il y a de l’eau dans le gaz, de l’électricité dans l’air ou du stress dans mon cerveau, appelons cela comme on veut : c’est évident, le monde d’hier est parti et je désespère de le voir revenir un jour.



Martin Louise, 42 ans directeur d’école primaire à la Rochelle, profite de la crise actuelle pour jeter un regard piquant sur notre société et ses maux, incitant le lecteur à prendre part à sa réflexion au travers de sa quête de la compréhension humaine

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414580644
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-58065-1

© Edilivre, 2022
I
6h45, le réveil posé sur ma table de nuit me prévient : il est l’heure de se lever. Je regarde avec bienveillance cet objet si mal aimé, pour la première fois je le vois de manière différente. Il n’a pas la connaissance du drame, dépourvu d’esprit il ne peut le deviner. Moi humain j’ai le triste privilège de connaître le passé, le présent et deviner le futur ; comme je l’envie.
Je traverse en traînant des pieds le couloir séparant ma chambre de la cuisine, je le trouve plus long que d’habitude. La cafetière posée sur l’étagère me fait le même effet, j’ai versé le café en grains, fait couler l’eau dans le récipient, appuyé sur le bouton « on » et comme son collègue le réveil, elle a fait le job : le café coule dans ma tasse.
Tenant la soucoupe d’une main, j’allume de l’autre la télévision sur une chaîne d’infos.
Je me dirige vers le réfrigérateur pour y prendre le beurre que je me prépare à étaler sur mes tartines sans oublier la bouteille d’eau pour mon Aldactazine ou plutôt devrais-je dire mon comprimé de Spironolactone Altizide car de mon médicament initial, il n’y en a plus. Les chinois ont décidé de ne plus en fabriquer, pas assez rentable paraît-il, alors je dois me contenter du générique, ma tension devra s’en accommoder.
Vient l’heure de la toilette, la douche, se laver les dents enfin le moment redouté de la taille de barbe. Ce n’est pas tant le fait de désépaissir mon système pileux qui me chagrine mais l’image du type qui va surgir de la glace et me regarder que j’appréhende. Audacieux, je lui demande :
— Qui donc es-tu pour me regarder comme cela d’un air inquisiteur ?
— Je suis ton double, ton image, je m’appelle Martin Louise, j’ai quarante-deux ans, je suis directeur d’école primaire en Charente-Maritime à La Rochelle et pour la première fois de ma carrière, j’ai peur !
Le verdict est terrible, cet instant si savoureux de la rentrée des enfants en classe me donne la nausée et rien, pas même le regard amical des parents venus me confier leur progéniture ni les « Bonjour Monsieur » des élèves se mettant en rang pour gagner leur salle de cours, n’y font quelque chose. Mes mains deviennent moites, je suis oppressé, comment justifier auprès d’eux le discours que je vais leur tenir. J’ai bien pris quelques notes sur des feuilles volantes, je ne suis pas sûr de respecter l’ordre, en fait je ne suis plus sûr de rien. Mes certitudes ont foutu le camp comme mes grands principes et mes plans sur la comète. Dans un instant, je vais emmener vingt petites têtes blondes et brunes dans un univers dirigé par l’inconnu, tout le contraire de ma mission.
D’un pas mal assuré j’ouvre la porte, en franchis le seuil pour la refermer et me dirige vers le bureau où Anne-Marie l’institutrice se lève pour me céder la place.
— Asseyez-vous les enfants, j’ai un message important à vous communiquer.
Ce soir l’école va fermer pour une durée indéterminée, au minimum un mois.
— Pourquoi M’sieur ? demande Alexis en levant la main, un sourire me vient sur les lèvres : celui-là n’est jamais le dernier pour prendre la parole.
— Parce que notre ministre nous le demande. Vous avez dû entendre chez vous qu’une pandémie, c’est-à-dire une épidémie en plus vaste, frappe actuellement le monde et bien entendu la France.
Je vois les visages interrogateurs des enfants devenir plus graves, je me dois d’être rassurant.
— Ne vous inquiétez pas, c’est comme une grosse grippe, vous connaissez ? On va donc essayer de ne pas l’attraper et pour cela, nous allons tous rester chez nous dès ce soir. Attention, ce ne sont pas des vacances, votre institutrice va vous donner des devoirs à faire et continuera de vous donner des cours par internet. Si vous ne comprenez pas, il suffira de lui poser votre question comme vous le faites en classe mais ce sera au travers de l’écran que vous pourrez vous parler ainsi nous ne pourrons pas nous contaminer.
Vos parents sont déjà prévenus par courrier, vous prendrez donc toutes vos affaires ce soir pour les ramener à votre domicile, je ne veux pas voir un cahier, un livre ou un vêtement traîner après votre départ, il vous faudrait un mois pour le récupérer, ce ne sera plus possible de venir en classe, l’école sera fermée.
Des dizaines de questions fusent encore de la bouche des enfants, groggy tel un boxeur quittant le ring, je réponds tant bien que mal dans une espèce de brouillard plus ou moins opaque, je ne suis pas sûr d’être clair. Anne-Marie vient me tirer de là.
— Monsieur le Directeur a répondu à toutes vos questions, nous allons maintenant nous organiser pour mettre ces nouvelles décisions en place.
Je salue ces élèves que j’aime tant et à qui je viens d’annoncer l’irréel : c’est moi, Professeur des écoles qui vient de demander à des enfants de ne plus venir en classe, le monde est devenu fou, nous marchons sur la tête.
Je repasse par mon bureau boire un verre d’eau, ce serait plutôt de cognac dont j’aurai besoin. Je me laisse glisser sur le grand dossier de mon fauteuil en cuir usé pour reprendre des forces, il me reste encore trois classes auxquelles je dois faire cette stupide annonce : ne venez plus à l’école. De Charlemagne à Jules Ferry, ils doivent tous se payer ma tête à l’heure qu’il est.
Il est 19h00 je viens de fermer la porte, le bruit de la clé dans la serrure me paraît plus grave que d’habitude, plus sourd. Bien entendu c’est dans ma tête que la sonorité change et il me faut bien l’avouer, ça bouillonne sévère dans celle-ci.
Comment les parents vont-ils faire pour garder leurs enfants, nous sommes en province, souvent l’homme et la femme travaillent, de surcroît à environ une demi-heure de transport du domicile, gérer cette présence continue va être très compliqué pour eux.
Marc et Michèle sont en train de divorcer, Martine est veuve et a déjà du mal à s’en sortir.
La République ne répond pas présente pour venir en aide à ses enfants et ce n’est pas un problème politique, c’est à une attaque sanitaire qu’il faut répondre. L’école peut faire toutes sortes de choses, elle peut soigner les esprits mais pas les corps, je ne suis pas médecin, mes collègues non plus.
20h00, je traverse la cour pour rejoindre mon appartement, un logement de fonction situé à cinquante mètres de l’école, pas besoin de voiture, j’en profite pour griller une cigarette avant le dîner, mon médecin n’approuve pas, ma femme non plus mais ce soir je m’en fous. Ce n’est pas seulement ce mois de fermeture qui me hante bien que symboliquement ce soit un gros morceau à avaler, je pense plutôt que nous approchons d’une tempête dont nous ne maîtrisons ni la force, ni la taille, ni la fin et cette idée m’est intolérable pour tous ces enfants auprès desquels nous nous sommes engagés à offrir un monde meilleur que le nôtre, c’est comme cela depuis des siècles, le progrès, l’industrialisation, la médecine, la science en général vont dans une seule direction, ont un seul but : offrir à ceux qui arrivent une vie encore meilleure que la précédente. Aujourd’hui je pense que nous sommes en train de dévisser, les premiers de cordée vont entraîner dans leur chute la foule des suivants. Il sera bien temps pour ces peuples de s’en prendre aux leaders qui ouvrent la voie, du reste ils ne grimpent plus, ils tombent essayant d’agripper au passage quelques roches pouvant freiner ou ralentir leur descente vers l’abîme.
Ne cherchons plus les coupables, nous le sommes tous, courtisans, partisans, opposants, incrédules, philosophes de bas étages, gilets de toutes les couleurs, enseignants et médias, tout le monde tient dans sa tête et dans ses mains ce morceau d’enfer que nous commençons à vivre. Le ver est dans le fruit depuis trop longtemps. Quel jardinier sérieux pense à faire pousser des fraises en septembre, manger des melons charentais cultivés au Maroc, bouffer des chauve-souris et des vermisseaux de terre en criant au génie des cuisines étrangères? Voltaire nous conseillait de cultiver notre jardin, il ne nous a jamais dit de s’occuper de celui des autres.
II
Mes parents étaient communistes, je l’ai été aussi, j’ai même eu ma carte : pauvres rêveurs que nous étions. Il nous aurait suffi de mettre le nez dehors ou d’aller faire un séjour en URSS pour comprendre tout le danger de cette doctrine. Une chanson dit : « Lénine réveille toi… » Non de grâce, ne te réveille pas, reste bien enterré au fond de ton trou où tu as dû être bouffé par les mêmes vers qui se sont régalés de tes victimes préalablement mises en terre avant toi. Ma colère n’a d’égal que mon impuissance, nous avons participé à un dîner de cons auxquels nous étions tous invités.
J’ai vieilli, mûri, appelez ça comme vous voudrez, je suis devenu socialiste, j’ai voté Mitterrand, le président de la gauche Caviar, tous ces bobos avec le cœur à gauche et le portefeuille à droite, comment peut-on prôner de belles idées et faire soi-même exactement le contraire ? Cela ne peut pas durer longtemps. Les Mitterrandistes avaient préparé le terrain, il nous fallait un fossoyeur : Hollande, l’homme qui estima que la France dépensait trop inutilement dans le domaine de la santé et qui par le biais de son gouvernement fit des coupes drastiques vers les années 2013 dans ce secteur. Les dirigeants de tous poils de l’époque se foutant de manière quelque fois irrévérencieuse de Roselyne Bachelot et de son principe de précaution. Elle avait commandé trop de masques, vous vous rendez compte, à quoi donc pourraient servir des masques ? Je ne sais pas si les dieux sont tombés sur la tête, je suis athée, mais les dirigeants politiques qui se sont engouffrés dans cette voie, oui !

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