Thérapie Anticomplotiste
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Thérapie Anticomplotiste , livre ebook

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Description

Gaspard Bonucci est Gilet jaune. À la suite d’une altercation avec la Police, il est condamné à suivre une thérapie. C’est en se servant de ce contexte que l’auteur nous fait part de sa vision du monde et de son avenir. Plus qu’un roman, c’est essentiellement un essai qui peut et qui doit faire réfléchir chacun d’entre nous. Avec la mondialisation, c’est la fin du capitalisme et de tout autre système dominant au profit du libéralisme qui jette les bases d’un nouvel ordre mondial. Chaque grand évènement est analysé pour être lié à un autre. Des attentats du 11 septembre à la crise sanitaire en passant par les révolutions du Moyen-Orient, on s’intéresse à un autre mode de pensée, que l’on plussoie ou pas.Ce livre est un incontournable si on veut comprendre le monde dans lequel nous vivons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 mars 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9791097406196
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0345€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

THÉRAPIE  
ANTICOMPLOTISTE  
 
Tous droits réservés
©Estelas Éditions
11590 Cuxac d’Aude, France
 
estelas.editions@gmail.com
www.estelaseditions.com
wwwJaimeLaLecture.fr
ISBN : 9791097406196  
 
 
« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »  
 
Gaspard Bonucci
 
 
 
 
 
 
 
 
THÉRAPIE  
ANTICOMPLOTISTE  
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
14h, après une bonne entrecôte, des frites et de la salade en accompagnement, son plat préféré depuis l’adolescence, Aymé Tullipot sortit le manuscrit que lui avait remis son dernier patient, un certain Gaspard Bonucci, par envoi postal (Tullipot exigeait presque systématiquement de ses patients cet effort, qui faisait partie intégrante de la cure, selon lui). Depuis le début de l’épidémie de Covid qui frappait la France et le monde, 3 mois désormais, il ne pouvait plus exercer son travail de psychothérapeute en présentiel.  
Pour continuer à gagner sa vie et ne pas avoir à vivre sur les confortables réserves d’argent qu’il avait accumulées depuis 30 ans qu’il exerçait sa profession à Nancy, dans l’est de la France, il avait recouru à la technique du visioentretien, louant les progrès considérables qu’apportait Internet dans cette crise. Grâce à cette invention géniale, il pouvait maintenir son aide si nécessaire au bien-être des malheureux atteints de souffrances psychologiques ! En parallèle, il avait accentué sa pratique du travail écrit, auquel il recourait déjà avant l’épidémie, estimant que l’écriture était la rampe de lancement idéale pour bien fonder la cure par visio.  
Dans le cas de Bonucci, il avait d’autant moins hésité à lui réclamer ce genre d’exercice que celui-ci était un patient d’un genre nouveau. C’était un Gilet jaune qui avait été condamné, en décembre 2019, après une manifestation ayant mal tourné à Nancy, par le Tribunal de Grande Instance en comparution immédiate et exceptionnelle, à 6 mois de prison ferme. Sa faute : avoir accusé le maire de Nancy, le jeune radical de droite David Radiguet, d’être le commanditaire de la répression violente intentée par les forces de l’ordre contre les manifestants, qui avait provoqué six blessés suite à des jets de grenades à fragmentation et des coups de matraque portés au visage. Le lendemain, un scandale avait éclaté dans les médias locaux, certains Gilets jaunes dénonçant l’usage disproportionné de la force pour disperser les manifestants.  
Sur le fond, l’affaire était entendue pour Tullipot. Il pensait pis que pendre des Gilets jaunes depuis leur apparition dans l’espace public en novembre 2018 et les assimilait à des fainéants et des violents, voire à des terroristes d’un genre nouveau. Dès lors, il ne pouvait à ses yeux qu’être inacceptable que cette engeance de marginaux et de cas sociaux, sans autre espoir de salut que le chaos, trouble l’ordre public. Et s’ils objectaient qu’ils rencontraient des difficultés pour se nourrir et travailler, sa réponse était toute prête : ils n’avaient qu’à voter aux élections, au lieu de s’abstenir, ce qui était le cas de la plupart d’entre eux.  
Satisfait de son raisonnement et plus encore de sa conclusion, qu’il pensait définitive, Tullipot avait refermé le chapitre Gilets jaunes pour revenir à son mode de vie, sa patientèle et les problèmes, tous bourgeois, qu’elle soulevait. Autant dire qu’il ne fut pas peu surpris d’apprendre par le journal local la décision du Tribunal de Grande Instance de Nancy, qui s’était engagé à commuer la peine ferme en sursis si, en guise de travaux d’intérêt général, Bonucci se faisait suivre par un psychothérapeute.  
Il ne s’attendait pas à ce qu’on considère les Gilets Jaunes comme des cas pathologiques, alors qu’il les avait rangés spontanément et sans trop y réfléchir dans le rayon des extrémistes politiques. Mais, après réflexion, il avait fort bien accueilli cette décision, car elle allait dans le sens de sa conception de la psychothérapie, qu’il estimait être la plus sûre des démarches pour se libérer de la violence intérieure qui habitait l’individu.  
Plus encore, il avait été carrément éberlué que ledit Tribunal le retienne comme le psychothérapeute de référence auquel Bonucci devait s’adresser. Peut-être était-ce pour son travail réalisé en prison auprès des psychopathes et des pervers qu’il avait été retenu, peut-être aussi pour les livres qu’il avait écrits à partir de ces expériences ? On ne le lui avait pas expliqué et il n’avait osé le demander. En tout cas, lorsqu’il avait reçu la notification issue du jugement et dûment étayée, il avait été agréablement surpris de constater que la décision du tribunal n’avait pas été prise à la légère. Dans les motivations qu’avait fournies le juge, Bonucci était assimilé à un complotiste souffrant de troubles paranoïaques sévères, qui, pour cette raison, nécessitait d’être considéré comme un malade à soigner de toute urgence.  
Encore fallait-il qu’il accepte ce suivi, ce qui pour Tullipot n’était pas gagné d’avance. Au vu de son pedigree, un tel margoulin ne pouvait qu’être rétif à l’autorité et devait, à n’en pas douter, se prendre pour un militant politique victime du délit d’opinion et du harcèlement judiciaire à son endroit. Si Tullipot était sceptique concernant l’efficacité d’une telle thérapie, au niveau des institutions locales, les conclusions du Tribunal de Nancy avaient été unanimement célébrées. Toutes les huiles du milieu nancéien s’étaient félicitées de cette décision avant-gardiste, qui faisait taire les critiques contre le fonctionnement démocratique de l’État.  
Le maire de Nancy s’était empressé de se targuer dans les médias, à l’intention de son électorat composé principalement des bourgeois de la ville, d’avoir obtenu gain de cause contre les diffamations d’un de ces égarés de Gilets jaunes, ce qui légitimait sa posture de défenseur de l’ordre et de la morale à la tête de la cité. Le Procureur avait souligné que la Justice avait donné d’elle-même un visage à la fois ferme et compréhensif à l’intention des habitants de Nancy, de nature à les persuader qu’elle était capable de faire face au soulèvement de certaines couches marginales parmi le peuple, en essayant de réhabiliter, au lieu d’enfermer les citoyens qui troublaient la paix sociale et démocratique.  
Démentant la méfiance de Tullipot, Bonucci n’avait pas tardé à le contacter et, gage de son sérieux, n’avait pas manqué d’envoyer par la poste, comme il était convenu, le manuscrit que Tullipot lui avait commandé. L’exercice avait pour but de récapituler en quelques pages la vision du monde du patient, de telle sorte que ce dernier arrive plus facilement à conscientiser son problème (selon l’expression préférée de Tullipot). Bonucci s’était montré enchanté par cette proposition. Il faut dire qu’elle le valorisait, en lui permettant de rendre publiques ses révoltes intérieures.  
Mais Tullipot n’était pas au bout de ses surprises. Il se trouvait à mille lieues de constater que le profil de son client ne correspondait pas au portrait-robot du Gilet jaune qu’on dressait dans les médias. Il n’était pas ce beauf inculte qui confondait les revendications politiques avec la violence irréfléchie du haineux en furie. Au contraire, il avait suivi des études en philosophie jusqu’au Master, où il avait consacré le mémoire à la démocratie directe chez Rousseau. Si depuis lors, il refusait de travailler, c’était par principe : le travail représentait selon lui l’aliénation suprême et l’émanation archétypale de l’ordre bourgeois, à renverser de toute urgence.  
Tullipot, qui considérait au contraire le travail comme le meilleur moyen de sortir de l’aliénation, avait jugé que le plus avisé n’était pas de polémiquer inutilement avec son patient, alors que la seule chose qui comptait était que le verdict de la Justice soit respecté. Dans le cas de Bonucci, le résultat serait concluant s’il était confirmé qu’il avait pris conscience de son complotisme et qu’il le rejetait. La Justice pourrait alors faire savoir urbi et orbi que le complotisme était un mal guérissable, ce qui rassurerait les bourgeois, qui commençaient à s’inquiéter de la persistance de cette maladie du siècle rongeant la société de son venin suspicieux.  
Quant à Tullipot, il escomptait retirer de sa participation à une expérience aussi en pointe la reconnaissance médiatique, lui qui était déjà reconnu sur le plan professionnel à Nancy, mais aussi en France. Il attendait notamment que les journaux le présentent comme le psychothérapeute le plus engagé sur le plan politique. Il en profiterait pour expliquer dans les séminaires que la psychothérapie était une pratique assez performante pour obtenir avec le complotisme des résultats aussi concluants qu’en matière de névroses ou de tocs.  
Il se servit un bon scotch whisky, son péché mignon quand il lisait les travaux de ses patients. Il sentit qu’il allait entrer dans un monde qui lui répugnait, où la mentalité qui sévissait était acoquinée avec le révisionnisme. Mais c’était son travail, il devait en accepter les affres, et, s’il avait réussi à alléger en prison les souffrances de psychopathes ou de pédophiles qui avaient commis les crimes les plus atroces, il serait capable d’obtenir avec un complotiste des résultats aussi concluants.  
Preuve qu’il se sentait intellectuellement prêt pour engager la thérapie de Bonucci, il s’avisa à sa grande surprise qu’il avait inconsciemment effectué le travail de distinction entre le psychopathe et le complotiste. Il s’était empressé de noter ce résultat, en le considérant comme potentiellement fécond pour un travail de réflexion ultérieur, d

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