Géographie et cultures à Cerisy
400 pages
Français

Géographie et cultures à Cerisy , livre ebook

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Français

Description

Ce numéro spécial a pour objectif de faire le point sur les concepts, débats et méthodes de l'approche culturelle en géographie avec, en toile de fond, une question qui concerne tout particulièrement la revue Géographie et cultures, fondée par Paul Claval : est-elle une revue du tournant culturel ? Une revue en phase avec la transformation des sciences sociales ? Mais ce tournant ne fut-il pas aussi à l'origine de tourments pour la géographie ?

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Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2016
Nombre de lectures 20
EAN13 9782140010026
Langue Français
Poids de l'ouvrage 24 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Revue Géographie et Cl�e
GÉOGRAPHIE ET CULTURES À CERISY
sous la direction deFrancine Barthe-Deloizy
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L'HARMATTAN
La revueGéographie et culturesest publiée quatre fois par an par l’Association Géographie et cultures et les Éditions L’Harmattan, avec le concours du CNRS. Elle est indexée dans les banques de données Pascal-Francis, GeoAbstract et Sociological Abstract. Les trente derniers numéros et le premier sont consultables en ligne :http://gc.revues.org/
Fondateur: Paul Claval
Secrétariat d’édition: Emmanuelle Dedenon
Comité de rédaction: Francine Barthe (Université Jules Verne de Picardie), Rachele Borghi (Université Paris-Sorbonne), Emmanuelle Dedenon (CNRS), Martine Drozdz (Université Paris-Sorbonne), Hadrien Dubucs (Université Paris-Sorbonne), Louis Dupont (Université Paris-Sorbonne), Cynthia Ghorra-Gobin (CNRS), Sylvie Guichard-Anguis (CNRS), Claire Guiu (Université de Nantes), Jean-Baptiste Maudet (Université de Pau et des Pays de l’Adour), Bertrand Pleven (Université Paris-Sorbonne), Jérôme Tadié (IRD), Serge Weber (Université Paris Est Marne-la-Vallée).
Comité scientifique: Giuliana Andreotti (Université de Trente), Augustin Berque (EHESS), Paul Claval (Université Paris-Sorbonne), Béatrice Collignon (Université Bordeaux Montaigne), Jean-Robert Pitte (de l'Institut), Angelo Serpa (Université Fédérale de Bahia), Jean-François Staszak (Université de Genève), Martine Tabeaud (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), François Taglioni (Université de La Réunion). Cartographie: Véronique Lahaye Maquette de la couverture :Emmanuelle Dedenon Image de la couverture :Emmanuelle Dedenon Mosaïque de la couverture :Gabriela Nascimento
Toutes les photographies non légendées sont d’Emmanuelle Dedenon.
Remerciements chaleureux à Serge Weber pour sa participation active à l’édition de ce numéro. __________ Laboratoire Espaces, Nature et Culture(ENeC) – Paris IV Sorbonne CNRS UMR 8185 – 28 rue Serpente, 75006 Paris – Courriel : gc@openedition.org
Abonnement et achat au numéro: Éditions L’Harmattan, 5-7 rue de l’École polytechnique 75005 Paris France – www.editions-harmattan.fr/
__________ ISSN : 1165-0354 © L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09186-0 EAN : 9782343091860
SOMMAIRE
Partie I : Un colloque, la célébration d’un anniversaire : autour de la revue7 Le tourment culturel en géographie : pourquoi ? Paul CLAVAL 25Géographie et culturesune revue du tournant culturel ? Entre : murmures et paroles, les pages de la revue répondent Louis DUPONT 47 La collectionGéographie et cultures à L’Harmattan : quelles géographies culturelles ? Catherine FOURNET-GUÉRIN Partie II : Épistémologie/généalogie : du tournant au tourment culturel 63 Des mots et des choses:histoire ancienne et tournant culturel Colette JOURDAIN-ANNEQUIN79 Géographie, tournant culturel et imaginaires nationaux : Risorgimento, irrédentisme et l’invention géographique de l’Italie Federico FERRETTI
99 Tribulations tourmentées etselfiesde Tintin en Orient Anna MADOEUF113 Pour une approche constitutiviste de l’habitant en géographie culturelle André-Frédéric HOYAUX 135 De l’altérité à Jakarta : penser une ville « au sud géographique du monde occidental » Jucicaëlle DIETRICH Partie III : Esthétiques et savoirs géographiques 153 L’image dans l’écriture géographique : enjeux épistémologiques et valeur heuristique. Réflexions au détour des « tableaux géographiques » Vincent BERDOULAY, Paulo C. DA COSTA GOMES et Jean-Baptiste MAUDET 175 Une géoclimatologie culturelle:comparaison entre les paysages peints des Hollandais et des Espagnols au « Siècle d’or » Alexis METZGER et Martine TABEAUD
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189 Horizons géographiques du cinéma de fiction : variations autour de la « géographie-caméra » Bertrand PLEVEN 215 L’ambiance comme concept de la géographie culturelle francophone : défis et perspectives Rainer KAZIG et Damien MASSON 233 Qu’y a-t-il de géographique dans l’expérience de l’écoute musicale ? Réflexions autour d’un piano Serge WEBER Partie IV : Approches culturelles : engagements et réflexivité
257 Le chercheur et l’engagement local : du tournant aux tourments culturels Emmanuelle PETIT 277 De la peur et du géographe à Johannesburg (Afrique du Sud) : retour sur des expériences de terrain et propositions pour une géographie des émotions Pauline GUINARD 303Taking a line for a walk:dispositifs de pouvoir, illusions de fermetures et lignes d’horizon sur les plages de Rio Claire BRISSON 325 Quelle place pour le « culturel » en géographie des migrations internationales ? Hadrien DUBUCS 347 Retour réflexif sur la construction d’un objet géographique mémoriel : tourments, ancrages et circulations des mémoires douloureuses de la Shoah Dominique CHEVALIER 367 Empiries artistiques à propos du lieu Joseph RABIE Conclusion
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Géographie et cultures: le « tourment culturel »Paul CLAVAL
PARTIEIUNCOLLOQUE,LACÉLÉBRATIOND’UNANNIVERSAIRE:AUTOURDELAREVUE
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Theculturaltourmentingeography:why?
1 PaulCLAVALUniversitéParisǦSorbonne
INTRODUCTIONCette conférence dresse le bilan du tournant culturel que la géographie traverse depuis une génération et souligne un de ses aspects singuliers (Claval, 2007 ; 2012a) : la mutation fait naître chez les chercheurs des sentiments de doute au lieu du climat de certitude qu’entraîne une rupture épistémologique ou une révolution scientifique. Les géographes découvrent les faiblesses des approches qu’on leur a enseignées, s’interrogent sur des orientations qui leur paraissaient acquises, apprennent à se défier de leurs intuitions, se penchent sur leurs motivations profondes et inventorient les intérêts qu’ils servent consciemment ou inconsciemment. Le plaisir d’ex-plorer de nouvelles pistes se double d’inquiétude. Voici les réflexions que suggère ce changement de perspective.
MENERDESRECHERCHESDANSUNCLIMATD’INCERTITUDE
Lenouveauclimatd’incertitudedelarechercheCela fait trente ans que pour caractériser les problèmes que connaissent aujourd’hui les sciences de l’homme et de la société, on parle de tournant : tournant linguistique en histoire, tournant spatial en sociologie, tournant culturel en géographie. Que souligne-t-on ainsi ? Qu’adopter l’approche culturelle, c’est accepter une démarche modeste, dans laquelle il n’est d’autre certitude que celle que l’on bâtit peu à peu et de manière toujours provisoire, à travers la confrontation des points de vue et des interprétations – la démarche de l’érudition plus que celle de la preuve expérimentale, comme le rappelle Jean-Marc Besse s’appuyant sur Dardel : « La géographie est un savoir qui doit, selon Dardel, mobiliser de manière préférentielle les techniques du déchiffrement et de la lecture, de la compréhension et de
1 Courriel : p.claval@wanadoo.fr
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l’interprétation, plutôt qu’une science de la nature soucieuse du régime de l’explication et de la déduction » (Jean-Marc Besse, 1990, p. 158-159).
UnnécessairedécentrementLa géographie classique comme la nouvelle géographie concevaient la description et l’étude de notre planète d’un point de vue naturaliste. Les réalités terrestres étaient assimilées à un ensemble d’objets qui pouvaient et devaient être étudiés de l’extérieur, à partir de concepts et de catégories définies par le chercheur. Ce que dit l’approche culturelle, c’est que les objets dont traite la géographie sont créés par des hommes dont nous ne pouvons saisir de l’extérieur les motivations, la logique et les perspectives. L’approche culturelle impose un décentrement : le chercheur doit se défaire de ses idées pour s’imprégner de celles mises en œuvre par ceux qu’il étudie. Premier exemple : le paysage. Celui qui intéresse l’approche culturelle est construit, lu et interprété par ceux qui l’ont façonné, qui l’entretiennent et qui le vivent ; c’est le paysage des autres ; ce n’est plus celui que le spécialiste décryptait grâce à sa démarche « scientifique » (Claval, 2012b). Deuxième exemple : l’espace. À l’époque classique les géographes y distin-guaient des régions en fonction de l’uniformité des ensembles qu’ils repéraient ou des relations qui se tissaient en leur sein. L’approche culturelle étudie la manière dont les individus et les groupes occupent l’espace, s’y déplacent, y vivent et le transforment. Ils le lestent de valeurs symboliques, s’identifient à lui ou s’y sentent étrangers. Ils cherchent à se l’approprier. L’approche culturelle s’intéresse au pays et au territoire, et se détourne de la région au sens classique du terme (Claval, 2006). L’espace qu’elle aborde n’est jamais une étendue neutre. Un bouleversement complet de la démarche est donc en cours : c’est pour cela qu’il vaut mieux parler d’approche culturelle que de géographie culturelle.
RefuserlessimplificationsjusqueǦpratiquéesparlessciencesdel’hommeetdelasociété.La tâche des sciences de l’homme et de la société est écrasante : elles étudient à la fois (i) l’individu, ses besoins, ses préférences, ses goûts, ses habitudes et ses représentations, et (ii) la société, ses bases et son fonction-nement. Les chercheurs ont eu longtemps recours à des hypothèses qui leur permettaient de simplifier ce travail. 1- Parfois, on supposait que, placés dans les mêmes conditions, les individus étaient amenés à faire les mêmes choix parce qu’ils étaient soumis aux
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e mêmes conditionnements : pour certains géographes de la fin du XIX siècle e ou du début du XX , ceux-ci étaient environnementaux : c’était l’hypothèse déterministe. Pour d’autres, les influences dominantes étaient sociales : ceux qui appartenaient à la même caste, à la même classe ou au même groupe ethnique pensaient et agissaient de la même façon.
2- Autre hypothèse simplificatrice : certaines disciplines supposaient que les décisions humaines étaient rationnelles, si bien que pour les connaître, il suffisait au chercheur de se mettre, par l’esprit, à la place de ceux qu’il analysait : pas besoin de mener d’enquêtes ! L’économie s’était construite de cette façon ; la Nouvelle Géographie des années 1950-1960 en fait autant.
3- Pour beaucoup d’historiens, de sociologues ou de politologues, les choix éclairés étaient le fait des élites responsables de l’expansion économique et du processus de civilisation. Les géographes soulignaient, à l’inverse, que les décisions prises par les agriculteurs, les éleveurs, les mineurs ou les artisans permettaient aux sociétés de tirer de l’environnement ce qui était indispen-sable à leur entretien et au développement de leurs activités. Avant que le thème ne soit repris, trente ans plus tard, par l’École desAnnales, la géographie était la seule discipline à considérer comme rationnel le compor-tement des strates inférieures des populations étudiées.
L’approche culturelle condamne les simplifications qui avaient cours jusque-là : plus prudente, elle attache plus de soin à définir les bases sur lesquelles repose sa démarche.
APPRÉHENDERGÉOGRAPHIQUEMENTLACULTUREComment appréhender géographiquement la culture, désormais au centre des préoccupations ?
Lagéographieculturelletraditionnelle:préciserlerôledesoutilsetdesautresartefactsdanslaviedesindividusetdesgroupese La géographie culturelle de la première moitié du XX siècle s’attachait à tous les éléments matériels que les hommes mettaient en œuvre dans leurs relations à l’environnement : plantes et animaux domestiqués, outils, constructions. On considère volontiers ces approches comme dépassées. C’est oublier leur apport essentiel : comprendre les sociétés humaines implique la prise en compte de ce que les hommes ont inventé pour prolonger leurs gestes et les rendre plus efficaces (Leroi-Gourhan, 1943-1945 ; 1955 ; 1964-1965) ; les hommes ne peuvent être géographiquement saisis qu’à travers les instru-ments qu’ils inventent et les éléments de nature qu’ils mettent à leur service (Haudricourt, 1987). En tant qu’acteurs, ils ne peuvent être séparés de ce
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