Guérison et religion en Afrique
118 pages
Français

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Guérison et religion en Afrique , livre ebook

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Description

La modernité laïque voudrait que seules la biomédecine et les diverses méthodes "scientifiques" de thérapie psychologique s'occupent de la santé des humains. Pourtant, même au coeur de l'Occident contemporain, les "religions de guérison" ont encore des adeptes. L'interpénétration du religieux et du médical est un phénomène universel, et en Afrique, la thérapie joue abondamment sur les zones de contact, de superposition et de fusion entre les domaines du religieux et du médical.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296487345
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guérison et religion en Afrique
Études Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa

Dernières parutions

Jean-Alexis MFOUTOU, La Langue de la politique au Congo-Brazzaville, 2012.
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Elliott Anani SITTI, Investir en Afrique pour gagner, 2012.
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Michel BOURGEOIS, Senghor et la décolonisation. Radio Dissóó, la révolte paysanne, 2011.
Melchior MBONIMPA
Guérison et religion en Afrique



L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1 @wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96817-2
EAN : 9782296968172
INTRODUCTION GÉNÉRALE
De quoi la religion peut-elle guérir ? On pourrait répondre à cette question en observant les personnes qui ont recours à des thérapies liées à la religion. On constaterait alors que n’importe quel type de pathologie peut pousser une personne souffrante vers des guérisseurs ou des lieux sacrés où elle espère bénéficier d’un miracle. Il y a un mot-valise qui pourrait désigner toutes les langueurs dont ces patients veulent se débarrasser : le mal signalé par toutes sortes de termes de la même famille, maladie, malheur, malaise, malchance, mal de vivre... Il se manifeste sous deux formes principales : la douleur physique et la souffrance psychologique :
On peut soulager, parfois guérir une douleur physique sans que la souffrance psychologique ou morale qui l’accompagne disparaisse pour autant... Il n’y a pas de douleur physique sans souffrance psychique, alors qu’il peut exister une souffrance sans douleur. Bien qu’elles ne se situent pas sur le même plan, elles sont souvent mêlées dans le vécu quotidien (MESLIN, 2006, p. 13-14).
Une vision simpliste pourrait suggérer qu’une division du travail s’impose entre le médical et le religieux. La médecine s’occuperait de calmer la douleur tandis que les diverses sagesses et religions donneraient un sens à la souffrance. Malheureusement, il est évident qu’on ne peut pas soigner les douleurs d’un patient sans prendre en compte sa souffrance, simultanément. La personne à soulager étant un tout, le thérapeute pourrait difficilement déterminer et isoler la partie à traiter selon ses compétences ou sa spécialisation, afin de laisser le reste du problème à d’autres intervenants. La modernité laïque voudrait que la médecine en général (la biomédecine ou les diverses méthodes de thérapie psychologique) s’occupe à la fois de la douleur et de la souffrance, mais partout, même au cœur de l’Occident contemporain, les religions revendiquent exactement le même pouvoir de guérison, c’est-à-dire de calmer aussi bien la douleur que la souffrance.
Dans une profession de foi qui clôture un livre au titre évocateur, Je crois au mir7acle, Kathryn Kuhlman déclare : « La foi commence là où finissent la raison et la logique » (KUHLMAN, 1969, p. 159). Le livre comprend une vingtaine de récits de guérisons qui se seraient produites lors de « réunions de miracles » organisées par cette évangéliste baptiste de Pittsburgh en Pennsylvanie. Le chapitre introductif qui donne son titre à tout l’ouvrage commence par une mise en garde très ferme servie aux mécréants :
Si vous lisez ce livre en me défiant de vous convaincre de quelque chose que vous ne désirez pas croire, alors ne le lisez pas et n’y pensez plus (...) Si vous lisez ces pages avec un esprit critique, cynique et incrédule, alors passez ce livre à quelqu’un d’autre, car leur contenu est vraiment sacré pour ceux à qui ces choses sont arrivées. Leurs expériences sont trop précieuses et trop sacrées pour être partagées avec ceux qui ne les liront que pour se moquer et les tourner en dérision (KUHLMAN, 1969, p. 11).
Ce livre réclame donc dès l’entrée, à l’instar de beaucoup de discours croyants, la capitulation de l’esprit, comme s’il ne fallait rien de moins pour que son contenu soit pertinent ou intéressant. Mais entre la foi aveugle et le scientisme le plus débile, il y a un vaste territoire où la raison et la logique ne sont pas ennemies de la foi, une immense zone où l’intelligence peut produire un discours sensé et crédible. C’est dans cet entre-deux que nous tenterons de camper nos propos sur les rapports multiples entre la guérison et la religion, des rapports qui résistent aux tentatives de dissolution ou de négation, notamment là où les promoteurs de la médecine « scientifique » comme unique voie pour maintenir ou retrouver la santé, ont cru, un moment, que le divorce définitif entre la foi et la science n’était qu’une question de temps.
En fait, on peut dire qu’en ce domaine, les extrêmes se ressemblent. C’est en tout cas à cette conclusion qu’aboutit Alain Finkierkraut dans une pénétrante analyse du roman de Flaubert, Madame Bovary, où il épingle deux curieux personnages aux convictions antithétiques, l’abbé Bournisien et le pharmacien Homais, deux incarnations de « la bêtise » :
L’abbé ne connaît qu’un livre – celui où souffle l’esprit ; le pharmacien quant à lui, brandit les livres qui, en développant l’esprit d’examen, ont rendu à la pensée son autonomie et ses propres critères. L’un veut humilier la raison devant la vérité divine ; l’autre veut affranchir l’homme de la vérité révélée pour le placer sous la seule loi de la pensée claire et raisonnable. Et pourtant, ces ennemis sont frères. Frères en obéissance et en idées reçues. Leurs valeurs sont contradictoires, mais leur crédulité est la même. De Bournisien à Homais, l’Absolu n’a fait que se déplacer ; la religion le loge au ciel, le scientisme libéral le met dans la raison humaine (FINKIELKRAUT, 1984, p. 88).
Homais, le voltairien pieux, le dévot de la science est donc aussi ignare et sectaire que Bournisien. « Dans le même livre, Flaubert nous montre la bêtise odieuse d’un anticlérical, et l’odieuse bêtise d’un prêtre qui justifie pleinement l’anticléricalisme » (SARTRE, cité par Finkielkraut, Op. cit. p. 89). Nous disions tout à l’heure qu’un discours sensé devrait se situer entre ces deux extrêmes. Mais celui qui veut échapper aux deux absolutismes pourrait également affirmer que le lieu d’où il parle ne se trouve pas à mi-chemin entre les deux, dans « l’extrême-centre », mais totalement ailleurs, hors du territoire que se disputent le fidéisme et le rationalisme. Tel est, en tout cas, le pari à relever : parler de religion et de guérison sans se laisser récupérer ni par la foi du charbonnier, ni par l’impiété tranquille ou agressive de ceux qui ne font confiance qu’à la médecine moderne pour saisir, expliquer et soulager toute langueur.
En examinant la revendication religieuse du pouvoir de guérison, nous garderons à l’esprit la thèse de la théologie négative qui affirme que Dieu habi

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