L effet-médias
251 pages
Français

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Description

Avec la globalisation et la diversification des moyens de communication, et face à la montée en puissance des sources alternatives et des canaux numériques (blogs, réseaux sociaux, sites), les nouvelles apparaissent aujourd'hui troublées et confuses. En analysant le flux médiatique, et en interrogeant ceux qui "font" et défont l'opinion (journalistes et communicants), voici une radiographie saisissante de "l'effet médias". Ils reposent aussi la question du statut de l'opinion publique, à l'heure où l'on croit davantage que l'on pense.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 346
EAN13 9782296260030
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’EFFET-MÉDIAS
Pour une sociologie critique de l’information
C OLLECTION
D ES H AUTS ET D ÉBATS
L’Harmattan

Dirigée par Pascal Lardellier,
Professeur à l’Université de Bourgogne

T ITRES DÉJÀ PARUS, OU À PARAÎTRE EN 2010 :

Serge CHAUMIER, L’Inculture pour tous. La nouvelle Utopie des politiques culturelles.

Claude JAVEAU, Pour l’élitisme , suivi de Vive la Sociale. Deux éloges pour temps de crise.

Arnaud SABATIER, Critique de la rationalité administrative. Pour une pensée de l’accueil.

Daniel MOATTI, Le Débat confisqué. L’École, entre pédagogues et républicains.
S ARAH F INGER
M ICHEL M OATTI


L’EFFET-MÉDIAS
Pour une sociologie critique de l’information
D ES MÊMES AUTEURS
S ARAH F INGER, Les perversions sexuelles , Paris, Ellipses, 1998.
S ARAH F INGER, Sexualité et société , Paris, Ellipses, 2000.
S ARAH F INGER, La Mort en direct. Snuff Movies , Paris,
Le Cherche Midi éditeur, 2001.
M ICHEL M OATTI, La vie cachée d’Internet. Réseaux, tribus, accros , Paris, Imago, 2002.
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12260-4
EAN : 9782296122604
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Cet ouvrage est dédié à tous les journalistes embarqués dans leur passion.

À Clelia et Philippe Joron.

À Tim.
« La presse, vous êtes tout de même obligé de la lire. Non pas pour savoir ce qui se passe, mais pour savoir ce que les médias veulent que les gens pensent. »
Edith Cresson,
L’Enfer de Matignon ,
de Raphaëlle Bacqué
INTRODUCTION
La société de communication et d’information, mirage hypnotique des dernières décennies du XX ème siècle, apparaît désormais comme un fait accompli. La prophétie de Timothy Leary, qui annonçait dans Techniques du chaos {1} un univers du XXI ème siècle dominé par « une nouvelle culture à l’échelle mondiale » et peuplé d’êtres « capables de communiquer à la vitesse de la lumière » est devenue une réalité omniprésente, au point d’en devenir invisible.
L’information s’impose partout, mais dans le même temps la pensée autonome semble plus que jamais étrangement égarée. La manipulation intellectuelle des esprits par les médias en est ainsi devenue une sorte de figure théorique aussi assidue dans le discours réactionnaire que l’absolue inculture des jeunes générations ou l’américanisation des consciences.
En étudiant un corpus de matériau informatif couvrant plus de trois années, journaux ou émissions d’informations télévisées et radiodiffusées, d’extraits de presse – classique ou en ligne, de la PQR et de la presse nationale – en analysant les données qualitatives ou quantitatives (avis, réactions {2} , opinions, choix, croyances…) que les sondages et autres baromètres mettent à disposition des moyens d’information, et en interrogeant ceux qui « font » ou défont l’opinion – journalistes et communicants – cet ouvrage propose un examen critique de la production de l’information. Mais aussi de la réception des nouvelles par les agents sociaux. En cela, il a le projet de serrer au plus près le dispositif complexe de fabrication de l’opinion.
Son ambition est aussi de participer à l’élucidation de quelques grandes questions qui traversent aujourd’hui nos quotidiens.
Pourquoi les médias, il n’y a pas si longtemps complices de nos pensées et de nos jugements, nous semblent-ils désormais abscons et étranges, pour ne pas dire étrangers à nos schémas habituels de référence ?
Pourquoi les informations qu’ils délivrent ne nous parviennent qu’à demi, ou alors de manière tellement indécidable qu’elles ne suscitent chez nous que peu de réactions ? Pour n’en citer qu’un exemple, et malgré la récurrence et l’insistance du propos médiatique, la plupart d’entre nous demeurent finalement plutôt passifs face aux menaces et dangers que l’activité humaine fait désormais peser sur notre planète. Et toute l’inquiétude suscitée par les suites qu’elle pourrait générer n’est pas compensée par un engagement fort ou des résolutions significatives à « changer » les choses. Serait-ce que l’information – pourtant abondante et variée – proposée sur le thème manque de profondeur, de pédagogie, d’implication ? Paraît-elle finalement trop alarmiste pour créer autre chose que de l’appréhension et de l’inertie ?
Pourquoi certaines informations nous paraissent-elles au fond terriblement excessives, et finalement, peu crédibles, et par leur démesure même, aussi abstruses que les plus superficielles des nouvelles ?
Pourquoi cette méfiance généralisée vis-à-vis du monde médiatique, jadis vécu comme une forme d’ultime rempart démocratique face aux coups de force des différents pouvoirs, mais qui apparaît désormais assimilé voire absorbé par eux ? Ne valait-il pas mieux alors la censure et le contrôle d’État sur l’information que cette supposée connivence, ces prétendues compromissions ou ces silences gênés ? Ne faut-il pas préférer l’interdit, que l’on peut contourner, à cette terrible autocensure qui dissimule en permanence son essence et sa réalité en maquillant sa geste sous les traits pseudo « décapants » de la provocation et du cynisme ?
Le journalisme a-t-il véritablement changé de nature, et amendé ses manières de faire (recueillir des faits) et d’aller à la rencontre des citoyens (transmettre ces faits en les rendant intelligibles et cohérents) ? L’investigation et l’enquête font-elles toujours partie de son arsenal méthodologique, en tant que seuls outils véritablement capables de dissiper les manipulations et les falsifications de tous les dominants ?
Le langage médiatique lui-même n’est-il pas devenu une sorte de jargon, de lingo inintelligible pour beaucoup, et destiné à la seule communauté des habitués de l’info ? Plus grave, le style et le lexique journalistiques ne sont-ils pas totalement l’objet d’une régulation et d’un conformisme qui finissent par ne plus s’adresser vraiment – groupe encore plus restreint – qu’aux seuls communicants, ou aux « professionnels de la profession » ?
Par ailleurs, la désaffection croissante du grand public vis-à-vis de la presse écrite, dont les ventes ne cessent de s’étioler, ne participe-t-elle pas à un appauvrissement intellectuel, un recul absolument inédit dans l’histoire, et totalement paradoxal face aux nouveaux appétits communicationnels nés de l’explosion d’Internet et des protocoles nomades d’information et d’échanges ?
L’INSEE estime ainsi que les Français consacrent un tiers de moins de leurs dépenses de presse (journaux et magazines) qu’en 1970. Le recul est selon l’Institut, surtout significatif depuis le début des années 1990, et cette désaffection touche plus fortement les classes populaires et les jeunes. « Plus la génération est récente, écrit l’INSEE, plus la part de la presse dans le budget est basse ». Ce qui permet de conclure nettement en faveur de « l’arrivée de nouvelles générations moins consommatrices de presse écrite que leurs aînées. » (INSEE Première, Le recul du livre et de la presse dans le budget des ménages, août 2009).

Peut-être faut-il y voir une sorte de transfert, en forme de désamour, qui faciliterait sans doute la prise de pouvoir d’autres vecteurs de publicisation, comme la communication publique, la publicité commerciale, les rumeurs, les sources incertaines ou multiples – comme les blogs personnels ou les forums du Net. Tous ces nouveaux « bruits » médiatiques qui finissent par être perçus comme des sources d’information, finalement aussi fiables que les médias traditionnels. Sans doute faut-il accepter l’idée que la place qu’occupent les médias aujourd’hui – au sens le plus large du mot « médias » – a modifié un certain nombre de croyances, le plus souvent en rupture avec les schémas hérités de l’univers médiatique né au milieu du XX ème siècle, et imposé des constats souvent contradictoires :

- 1) les médias sont de

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