Le pouvoir d initiative et d invention
105 pages
Français

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Le pouvoir d'initiative et d'invention , livre ebook

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Description

La division de la société entre ceux qui pensent et ceux qui exécutent s'est dissociée de la notion d'exploitation capitaliste. Ce qui ouvre un nouveau champ de réflexion sur les rapports entre militants ou dirigeants d'organisations et leurs publics. C'est à cet aspect nommé émancipation qu'est consacré cet ouvrage qui vise à proposer aux dominants involontaires comme à ceux qu'ils dominent actuellement des moyens d'agir autrement.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296716636
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le pouvoir d’initiative et d’invention Nouvel enjeu des luttes sociales
Du même auteur Liberté et efficacité des groupes de travail, 1978, Editions ouvrières. La parole et la technique. L’univers de pensée des éleveurs du Ternois, 1985, L’Harmattan. Publié avec le concours du CNRS. « Des catégories aux configurations : les conditions d’analyse des processus d’interinfluence », 1991,Économie rurale, n° 201,16-21. Raisons et pratiques. Dialogue avec un éleveur ovin, avec B. Hubert, E. Landais, J. Lasseur, 1993, dossier dansÉtudes Rurales,n° 131-132, pp 107-182. 1993. Pairs et experts dans l’agriculture. Dialogues et production de connaissance pour l’action. Dossier dansTravail - Idéologie-Pratiques, 1994, Éditions Érès, Ramonville Sainte Agne. L’invention des pratiques dans l’agriculture,vulgarisation et production locale de connaissance,1996, Karthala. La production de connaissance pour l’action.Arguments contre le racisme de l’intelligence,1999, INRA-MSH. Publié avec le concours du CNRS. « Veaux bretons et brebis alpines, entre objectivisme abstrait et relativisme », 2001,Travailler,n° 6, pp89-104. Le sens des pratiques. Conceptions d’agriculteurs et modèles de chercheurs, 2004,J.-P.Darré, A. Mathieu, J. Lasseur, dir. INRA-Quae. La recherche coactive de solutions entre agents de développement et agriculteurs. 2006GRET – CNEARC - GERDAL. © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13907-7 EAN : 9782296139077
Jean-Pierre Darré Le pouvoir d’initiative et d’invention Nouvel enjeu des luttes sociales
Questions Contemporaines Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Derniers ouvrages parus Jean-Pierre LEFEBVRE,Pour une sortie de crise positive,Articuler la construction autogestionnaire avec le dépérissement de l’État,2011. Jean-René FONTAINE et Jean LEVAIN, Logement aidé en France, Comprendre pour décider, 2011. Marc WIEL,Le Grand Paris, 2010. Theuriet Direny,Idéologie de construction du territoire, 2010.Carlos Antonio AGUIRRE ROJAS,Les leçons politiques du néozapatisme mexicain, Commander en obéissant, 2010. Florence SAMSON,Le Jungle du chômage, 2010.Frédéric MAZIERES,Les contextes et les domaines d'interventions de l'Attaché de Coopération pour le Français, 2010. Noël NEL,Pour un nouveau socialisme, 2010. Jean-Louis MATHARAN,Histoire du sentiment d'appartenance en e France. DuXIIsiècle à nos jours, 2010. Denis DESPREAUX,Avez-vous dit performance des universités ?, 2010. Vincent TROVATO,Marie Madeleine. Des écrits canoniques au Da Vinci Code, 2010. Ricciarda BELGIOJOSO,Construire l'espace urbain avec les sons, 2010. Collectif des médecins du travail de Bourg-en-Bresse,La santé au travail en France : un immense gâchis humain, 2010. Cyril LE TALLEC,Petit dictionnaire des cultes politiques en France, 2010. Steven E. STOFT,Dépasser Copenhague : Apprendre à coopérer. Proposition de politique mondiale post-Kyoto, 2010.
À ma compagne, Michèle, et à mes fils, Vincent, et Yann, qui n'est plus avec nous.
Introduction L’asservissement économique reste au centre de la plupart des luttes des opprimés - salariés, petits paysans d’ici et d’ailleurs - mais il s’y ajoute aujourd'hui, de façon croissante, la conscience de l’existence des formes d’asservissement intellectuel,c’est-à-dire des relations sociales qui reposent sur l’attribution à certains, au moins pour certaines circonstances, de la qualité depenseur pour les autres.Ce que résumait l’humoriste Pierre Desproges, en détournant le célèbre aphorisme de Descartes -Je pense donc je suis-, devenu «Je pense donc tu suis». Cet élargissement du champ des formes d’oppression et des luttes prend une place nouvelle dans les réflexions et les actions des membres des organisations politiques, syndicales ou associatives, et dans les travaux de philosophes ou de chercheurs en sciences sociales, sous le nomd’émancipation: l’émancipation, c'est l’affirmation, pour soi-même et pour le reste de la société, du pouvoir de penser, d’inventer et de décider ce qu'on a à faire. Et c'est en conséquence, pour les organisations, un élargissement important de l’aire des activités d’aide aux opprimés, en particulier l’aide à la constitution des moyens de réflexion collective entre égaux et l’aide à faire connaître leurs idées, aire d’activités qui entraîne l’abandon de formes de relations relevant de la division du travail entre concepteurs et suiveurs, entre l’avant-garde révolutionnaire et « les masses ».
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L’objet de cet ouvrage est de contribuer à la réflexion sur la notion d’émancipation et sur la notion connexe de division du travail entre ceux qui conçoivent et qui pensent et ceux qui sont censés suivre ou exécuter. Deux sortes de division du travail conception/exécution sont présentes dans nos sociétés : ce qui relève du domaine destechniqueset ce qui appartient au domaine des pratiques sociales. D’un côté la chaîne des chercheurs, ingénieurs, et techniciens, qui se conclut dans le travail des ouvriers et employés, et de l’autre celle qui va de Dieu ou d’Allah aux fidèles en passant par le prêtre, ou celle qui part d’un théoricien reconnu, comme il en a longtemps été avec Karl Marx, et qui se termine avec les salariés anonymes en passant par l’élu, le militant ou le dirigeant d’organisation. Du côté technique, les évolutions possibles de la part reconnue des « exécutants » à la conception de leur travail sont pour l’essentiel entre les mains des directions et cadres. Et l’on célèbre volontiers aujourd'hui les effets bénéfiques pour la productivité de la contribution des « opérateurs » à la conception des produits et des opérations de production. Cependant, ces discours peinent à se transformer en actes, dans la mesure où une telle politique se heurterait au souci de maintenir ou d’accroître l’emprise hiérarchique sur les salariés. De ce côté-là, donc, la dépendance conceptuelle tend à s’aggraver, plutôt que le contraire. Ce conflit, entre le maintien de la dépendance intellectuelle et l’ouverture émancipatrice existe aussi dans les organisations politique ou syndicales, c'est-à-dire lorsque les activités sont du domaine des pratiques sociales. Ces organisations - mais il semble qu'on pourrait en dire autant de l’église catholique - vivent une période où s’imposent des changements profonds dans le rôle qu'elles se donnent, dans le mode de relation institué avec
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leurs interlocuteurs et entre dirigeants et militants « de base ». Changements commandés par la perspective d’émancipation, qui entraîne l’abandon du rôle reconnu à ces organisations et à leurs dirigeants : «Il faut en finir avec le mythe de l’avant-garde »,dit le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, «Il ne faut pas reproduire la division du travail capitaliste »,lit-on dans un texte programme de Sud PTT. Ceux-là sont loin cependant de représenter les positions à ce sujet de la totalité des membres de leurs organisations, et encore moins celles de l’ensemble des organisations relevant de « la gauche ». Bref, ces organisations vivent actuellement une situation de conflit entre le modèle traditionnel, dont apparaît aujourd'hui l’inconséquence, puisque ceux qui se donnent pour but d’aider les opprimés à « se libérer de leurs chaînes », cherchent, pour cela, à leur imposer leurs vérités toutes faites, et un autre mode de relation, se situant dans une autre perspective que celle de guide. Mais cette substitution impose de se débarrasser des lieux communs, des évidences qui y font obstacle, et que leur statut d’évidence protège contre leur mise en question. Ce ne sont pas des idées construites, des théories ou des principes explicites : ce sont des usages de mots qui se sont établis au cours des ans. L’émancipation, c'est l’affirmation du droit et du pouvoir de penser et de produire des connaissances. Or ces usages ordinaires du vocabulaire relatif à la connaissance et à la production de connaissance constituent et expriment des façons de concevoir les choses qui rendent impossible la conception de l’émancipation. Les analyses critiques proposées dans ces pages portent sur ce que désigne le mot « connaissance », sur l’opposition entre « sentiments et raison », sur le statut de « la vérité », sur la relation entre « science et pratique », sur la relation entre « individus et
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société », sur les notions d’ « intelligence et de niveaux d’intelligence », sur les usages du mot « problème ». Faire venir ces diverses évidences à la surface pour se donner la possibilité de les démonter est mon but, cette critique ayant bien sûr aussi pour fonction de dessiner quelques traits d’un autre paysage,d’une autre place de la connaissance et de la production de connaissance dans la société.Je m’appuie en particulier, dans cette perspective, sur les notions, empruntées à certains linguistes, anthropologues et philosophes, de « point de vue », de « pertinence », de « configurations sociales », de « groupe coactif ». Les questions relatives à la connaissance occupent une place centrale dans la perspective d’émancipation, et de là dans cet ouvrage. La connaissance est au premier chef un thème de réflexion et de débats philosophiques. Je ne suis pas philosophe. Je me suis donc appuyé sur les travaux de certains philosophes que j’ai prolongés par mes expériences et recherches d’ethnologue auprès de salariés, et surtout d’agriculteurs : des philosophes (et certains anthropologues et linguistes) m’ont apporté l’usage de moyens conceptuels que je mets en œuvre dans le traitement de mes recherches empiriques. En précisant - ce qui n'est pas le moindre - que mon terrain principal, l’agriculture (en France surtout, et au Maroc et en Algérie) constitue, pour plusieurs raisons, un objet d’investigation particulièrement fécond pour l’étude des relations entre experts et praticiens en interaction, pour l’étude d’un objet central des recherches anthropologiques, les formes et les mouvements des connaissances dans un milieu social. D’un autre côté, mes expériences avec des milieux politiques ou syndicaux m’ont apporté une base de compréhension des perspectives d’émancipation qui s’élaborent dans ces organisations.
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