Les téléfilms français
242 pages
Français

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Les téléfilms français , livre ebook

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Description

Le téléfilm joue un rôle positif dans notre adaptation nécessaire et pourtant difficile à l'évolution rapide et saisissante de la société. Le téléfilm parle du passé récent de la société qui change si vite sous nos yeux. Il est presque le seul lieu qui donne à voir l'histoire sociale, la fin des mines, des industries, des ouvriers. Nous devrions être plus attentifs à ce qu'il nous dit sous les apparences de la facilité

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296478381
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les téléfilms français
Nos contes initiatiques
Denise BRAHIMI
Les téléfilms français

Nos contes initiatiques



L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56877-8
EAN : 9782296568778
Nos contes initiatiques : les téléfilms français
La définition du téléfilm étant l’objet voire l’enjeu de tout cet essai de réflexion, on ne saurait commencer par là. Cependant, on peut déjà apporter quelque précision en explicitant le premier mot : pourquoi “nos” et qui est le “nous” auquel il renvoie ?
Ce “nous” désigne les téléspectateurs français, amateurs de téléfilms non moins français, ce qu’il ne faut évidemment pas prendre pour une proclamation nationaliste, encore moins pour une provocation. Chacun en a vu passer au moins quelques-uns sur le petit écran, surtout quand ils sont annoncés comme des nouveautés de l’année, proposées pour la première fois sur l’une des trois premières chaînes du PAF ou sur Arte. On peut en voir d’autres sur des chaînes moins fréquentées (Direct 8, W9, NT1, NRJ 12, Téva)... mais dont le rôle est justement de repasser des succès plus ou moins avérés et jugés exploitables pendant ce qu’on estime être leur durée de vie, plus ou moins une douzaine d’années.
Cette insistance sur le mot “français” peut paraître troublante, en notre époque de mondialisation, et pour éviter tout soupçon de préjugé politique ou idéologique, il faut évidemment s’en expliquer. Pourquoi le téléfilm est-il un genre national, alors que si peu de productions culturelles le sont aujourd’hui ? En fait la réponse est peut-être justement dans cette manière de poser la question. Le téléfilm français, dont on verra bientôt une cinquantaine d’exemples, semble avoir pour objet principal de combler certains manques et de se substituer à des pratiques, à des enseignements ou à des genres artistiques aujourd’hui disparus, parce que d’autres se sont substitués à eux. La géographie et l’histoire de France y sont très présentes, ainsi que la vie civique à la française, dans le cadre municipal et l’on dirait bien que ces domaines ont été pris en charge par le téléfilm à partir du constat que l’école s’en chargeait fort peu.
Son avantage par rapport à ce qui peut subsister de cet enseignement est d’avoir une grande diffusion médiatique et de donner aux téléspectateurs tous les plaisirs qu’ils attendent de la fiction 1 . L’idée de départ est donc qu’il existe en France une production de téléfilms principalement destinés aux habitants de ce pays, où d’ailleurs l’action est toujours située 2 ; prenant à la lettre le mot d’ordre de décentralisation 3 , le genre profite de cette belle diversité des provinces françaises qui ne peuvent manquer d’apprécier la mise en valeur de leurs traits originaux.
En ce sens, on pourrait dire que le téléfilm français prend la relève de ce que Balzac appelait les “scènes de la vie de province”, mais avec des intentions beaucoup moins critiques, et moins critiques aussi que celles de Chabrol par exemple qui au sein de la Nouvelle Vague en avait pris le relais. En ce sens, Chabrol est plus près de Balzac que du téléfilm parce qu’il ignore la décentralisation positive, qui apparaît dans toute sa force une trentaine d’années après la Nouvelle Vague. Le téléfilm français est un genre très situé dans le temps, ce qui pose d’ailleurs, comme on le verra pour finir, la question de son avenir. Après ces quelques réflexions sur ses caractéristiques françaises et pour en alléger la suite, on désignera désormais le téléfilm français par le sigle TVf, ou le f a un double sens puisqu’il signifie à la fois film et français.
Ce n’est pas seulement pour la beauté des décors naturels, la qualité des paysages, l’originalité de l’habitat rural ou urbain, que le TVf choisit très explicitement de se passer dans telle ou telle région (naturellement Paris n’est pas exclu pour autant). C’est aussi parce que la ville et la région sont devenues les lieux d’une vie civique et d’une réflexion “citoyenne” collective, désormais nourrie par la volonté d’aborder de façon détaillée ce qui est senti comme primordial depuis une dizaine d’années : les problèmes d’environnement. Autant on a en France le sentiment que la politique, remise entre les mains de “ceux qui nous gouvernent”, échappe au simple citoyen, autant la vie municipale intéresse les gens, leur paraît accessible, et suscite facilement des vocations — notamment chez les femmes ; de telle sorte que s’est constituée la catégorie de ceux et de celles qui se désignent eux-mêmes ou elles-mêmes comme “les élu(e)s”. Le TVf contribue beaucoup à cet intérêt, représentant souvent des scènes de conseil municipal, ou encore des rencontres de candidats avec leurs électeurs potentiels. On assiste à des affrontements, parfois à des tentatives d’intervention de la part d’autorités supérieures, mais on peut dire que globalement, la possibilité d’intervenir dans la vie civique est montrée comme accessible et souhaitable, et que toute action en ce sens est valorisée, comme signe d’une louable énergie.
A cet égard, et s’agissant des lacunes que le TVF vient ici combler, ce serait les insuffisances de l’instruction civique (ou de sa réception par des élèves peu concernés) qui sont si l’on peut dire rattrapées par ce moyen. Cependant il faut bien reconnaître que son action s’adresse surtout à une population adulte, car les enfants et les adolescents regardent assez peu le TVF, ayant d’autres spectacles qui leur sont spécifiquement destinés (malheureusement, disent un certain nombre de philosophes de l’éducation, défavorables à des spectacles ou lectures destinés spécifiquement aux enfants).
En tout cas, s’agissant de l’instruction civique, il semble bien que le TVf ait une intention pédagogique déclarée, de même qu’il se donne pour tâche de préciser et d’éclairer certains points de l’histoire récente ou plus ancienne — peut-être parce qu’ils sont mal connus et qu’on a voulu les occulter, peut-être parce qu’il faut lutter contre la tendance naturelle à l’oubli, mais aussi parce qu’il est notoire que l’enseignement de l’histoire fait partie depuis des décennies des disciplines sacrifiées. Sans jamais renoncer à la fiction, le TVf s’appuie au contraire sur elle pour raconter aux Français l’histoire de leur pays, à laquelle les plus anciens ont parfois participé et qui de toute manière suscite chez un certain nombre de gens plus ou moins cultivés une très forte curiosité. Le TVf prend en charge ce moment précis de l’histoire pour lequel il existe des témoins encore vivants, mais sans doute pour peu de temps ; il joue à la fois sur l’existence d’une mémoire et sur l’angoisse de la voir disparaître définitivement. A cet égard, les années 2000-2010 représentent un moment privilégié pour l’évocation de la Deuxième Guerre mondiale, et l’on aura l’occasion de constater qu’elle est un sujet de prédilection pour le TVf, qui insiste sur la dimension humaine et le rôle des individus, sans qu’il lui soit besoin de forcer sur les émotions, de toute manière garanties. Il se différencie par là des livres, revues et magazines qui sont souvent devenus le lieu où s’expriment universitaires et spécialistes, mettant l’accent sur des points d’érudition. Par rapport à ces savantes recherches, le TVf représente une manière beaucoup plus populaire d’aborder les questions. On peut aller jusqu’à penser qu’il joue le rôle d’une sorte d’ ”école du soir” ou de cours de recyclage, l’agrément en plus (dont celui d’être dans son fauteuil fait partie !)
Faut-il considérer qu’il en est de même pour l’exploitation de certains grands textes littéraires, dans le cadre d’une production qui incontestablement cherche à mettre en valeur cet aspect du patrimoine, ou à en tirer parti. Des écrivains comme Victor Hugo, Alexandre Dumas ou Maupassant sont certainement les piliers de la culture littéraire française — mais plutôt ce

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