Pouvoirs et médias au Sénégal et ailleurs
276 pages
Français

Pouvoirs et médias au Sénégal et ailleurs , livre ebook

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Description

Au Sénégal, sous le régime du parti unique, les médias d'Etat aux ordres ont le monopole de l'information. Le quadripartisme initié en 1974 change cet état de choses, entraînant un pluralisme médiatique qui met au grand jour la connivence entre médias d'Etat et pouvoirs politique, religieux et économique. L'alternance démocratique de 2000 aboutit finalement à l'explosion de médias privés et de partis politiques. Face au pouvoir, quel comportement les médias doivent-ils avoir au Sénégal et en Afrique ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2014
Nombre de lectures 35
EAN13 9782336361499
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN : 9782336303765 28 €
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Karim Fall
POUVOIRS ET MÉDIAS AU SÉNÉGAL ET AILLEURS
Pouvoirs et médiasau Sénégal et ailleurs
Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen
Dernières parutions
Patrick HINNOU,Négocier la démocratie au quotidien,2014. Chrysostome CIJIKA KAYOMBO,Quelles stratégies pour une éducation idéale en Afrique ?, 2014. Augusto OWONO-KOUMA,:Les essais de Mongo Beti développement et indépendance véritable de l’Afrique noire francophone, 2014. Augustin Jérémie DOUI-WAWAYE,Repenser la sécurité en République centrafricaine, 2014. Martin ELOUGA (dir.),Les Tikar du Cameroun central. Ethnogenèse, culture et relations avec les peuples voisins, 2014. Mohamed Abdoulay DIARRA,Profession : marabout en milieu rural et urbain. L’exemple du Niger, 2014. Charles-Pascal TOLNO,Afrique du Sud, Le rendez-vous de la violence,2014. Koffi Matin YAO,Famille et parentalité en Afrique à l’heure des mutations sociétales, 2014. Titus MWAMBA KALEMBA,La qualité de l’éducation dans les écoles secondaires et centres professionnels salésiens de Lubumbashi. Résultats d’une enquête, 2014. Théophile ZOGNOU,Protection de l’environnement marin et côtier dans la région du golfe de Guinée,2014. Lambert MOSSOA,Où en est l’urbanisation en Centrafrique ?, 2014. Marc-Laurent HAZOUMÊ,Réinventer l’Université. Approches de solutions pour l’emploi des jeunes au Bénin, 2014. Hygin Didace AMBOULOU,Le droit des sûretés dans l’espace OHADA, 2014. Bernard-Gustave TABEZI PENE-MAGU,La lutte d’un pouvoir dictatorial contre le courant de la démocratisation au Congo-Kinshasa, 2014. Hygin Didace AMBOULOU,Le droit du développement et de l’intégration économique dans l’espace OHADA, 2014. Hygin Didace AMBOULOU,Le droit des sûretés dans l’espace OHADA, 2014. Khalid TINASTI,Le Gabon, entre démocratie et régime autoritaire, 2014. Comlan Atsu Luc AGBOBLI,Et demain l’agriculture togolaise…, 2014. Vincent MBAVU MUHINDO,De l’AFDL au M23 en République démocratique du Congo, 2014.
Karim Fall
Pouvoirs et médiasau Sénégal et ailleurs
© L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-336-30376-5 EAN : 9782336303765
AVANT-PROPOS
Les relations entre pouvoirs et médias ont toujours été tumultueuses. Tantôt, complices, tantôt ambiguës ou franchement antagonistes. Mais le mot pouvoir a de nombreuses connotations ou plutôt, recouvre des réalités multiples. Le mot pouvoir à lui seul, veut dire à la fois, « autorité, puissance, de droit ou de fait, détenu sur quelqu’un, sur quelque chose », nous dit le Petit Larousse. Voilà pourquoi ma réflexion ne se résume pas à la relation pouvoir-médias, mais aux relations que les pouvoirs politiques, économiques, religieux et syndi-caux, entretiennent avec les médias. Quant au mot média, il est de nature multiforme, notamment en ce début du e XXI siècle avec le satellite, le téléphone mobile et le Net qui viennent s’ajouter à la radio, à la télévision, aux journaux, livres, vidéogrammes, etc. Le média désigne donc tout vecteur de diffusion et de propagation de l’in-formation, quelle qu’elle soit. Ceux ou celles qui ont choisi d’utiliser ces diffé-rents supports précités sont des journalistes et donc confrontés J’ai entrepris d’explorer ce secteur, qui, aujourd’hui en Afrique, que ce soit sa partie anglo-phone, francophone voire lusophone, connaît après plus de cinquante ans d’in-dépendance, un foisonnement spectaculaire depuis près d’une décennie seule-ment. En faisant cela, j’ai cherché à avoir plusieurs explications ou si vous pré-férez des réponses à de nombreuses interrogations qui me taraudent depuis fort longtemps. Quel rôle les médias doivent-ils jouer, en Afrique ? Face au pouvoir : quel comportement doivent-ils avoir ? Est-ce que les médias sont plus libres aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans ? Les aux différents pouvoirs que j’ai énumérés plus haut et qui exercent dans tous les pays du monde, une réelle in-fluence, qu’elle soit positive ou négative, c’est selon. Quoi qu’il en soit, la co-habitation ou le compagnonnage pouvoirs et médias ne peut être que compliqué, schizophrénique voire le plus souvent conflictuel. Comme on l’a observé, tout détenteur de pouvoir a tendance à en abuser. Les pouvoirs, quels qu’ils soient, souffrent du même syndrome, bien sûr, à des degrés divers. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit principalement du pouvoir politique et en embuscade du pouvoir religieux et notamment musulman dans le cas du Sé-négal. Ici, le pouvoir politique et le pouvoir religieux se confondent ou plutôt,
se soutiennent mutuellement. Ma réflexion qui a la prétention d’embrasser tous les aspects de la relation pouvoirs-médias essentiellement au Sénégal, fera donc la part belle au compagnonnage pouvoir politique-journalistes. En second lieu, à la relation pouvoir politique-pouvoir religieux et journalistes. D’abord, au Sé-négal, pays où 85% de la population est de confession musulmane, le poids des chefs religieux de cette confession compte. Et les hommes politiques, toutes tendances confondues, cherchent à rentrer dans les bonnes grâces, des chefs religieux musulmans, uniquement, bien sûr, pour des raisons électoralistes. Deuxièmement, le pouvoir politique qui se ré-sume au pouvoir d’État, en d’autres termes, le pouvoir en place et ses satellites, le parti au pouvoir ainsi que les organisations affiliées. Pendant près de quarante ans, l’UPS, le parti-État, a détenu tous les pouvoirs : pouvoir d’État (l’ensemble de l’appareil d’État), économique, pouvoir syndical et associatif soutenu, il faut bien le dire, par le pouvoir religieux, notamment sous le régime de L.S Senghor (1960 à 1981). Pendant cette longue période, les médias sénégalais se réduisaient au quoti-dien national «Le Soleil», à l’agence de presse sénégalaise « APS » et àRadio-Sénégal, la radio nationale sénégalaise. Ces trois organes de presse dépendaient à tous points de vue de l’État sénégalais. Administrativement, financièrement, l’État était l’unique et principal actionnaire de ces trois organes. Leurs dirigeants étaient nommés par le gouvernement et ils étaient de facto, membres de l’UPS. On n’avait même pas à leur demander de faire acte d’allégeance puisque l’on était sûr qu’il n’y avait chez aucun d’entre eux, ni velléités d’indépendance, ni manifestation d’hostilité à l’égard du pouvoir en place. Cela ne veut pas dire qu’ils étaient tous des militants encartés de l’UPS, mais l’idée même que des adversaires du régime puissent être portés à la tête de ces institutions « straté-giques » ne traversait l’esprit de personne tant au gouvernement qu’au sein de l’UPS, le parti-État. Tout le monde trouvait normal que ces trois médias : Radio-Sénégal, le Soleil et l’agence de Presse Sénégalaise entretiennent avec le pou-voir des relations de dominant à dominés. Le patron du «Soleil» n’était-il pas membre de droit du bureau politique de l’UPS ? A la direction des services de l’information, n’avait-on pas placé à sa tête, le président de la Fédération des jeunes de l’UPS ? Quant àRadio-Sénégalet à l’agence de presse sénégalaise, des journalistes professionnels qui n’étaient pas des militants, encore moins des adversaires du régime s’acquittaient de leurs tâches avec rigueur et compétence. Car, àRadio-Sénégalet plus tard, àl’ORTSpuis à laRTS, il y a plus d’autocensure que de censure. Les hommes nommés à sa tête ont toujours su ce que le pouvoir atten-dait d’eux. Les médias d’État ont toujours subi la pression permanente des pou-voirs : pouvoir politique (l’appareil d’État et l’UPS) et pouvoir religieux avec les confréries. Tous ces pouvoirs soumettent responsables des médias et journa-listes à une pression constante. Durant la période que j’ai connue sous le régime
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de L.S Senghor (1906-2001),Radio-Sénégalpouvait diffuser pendant toute une journée rien que les activités du Président de la République. Par exemple : entre la présentation des lettres de créance d’un ambassadeur (allocution du diplomates-réponse du Président) et les audiences présidentielles, nous nous contentions de diffuser l’allocution du président et un résumé du dis-cours de l’ambassadeur. Quant aux audiences que le président accordait, noms et titres des personnalités étaient détaillés par le ou les présentateurs du «journal parlé». Tout cela devait ensuite être repris en « langues nationales » dans les éditions des journaux en pulaar, sérére, ouolof, diola, mandingue et mandjack. La présentation des lettres de créance d’un ambassadeur bénéficiait d’un traite-ment particulier. Une équipe deRadio-Sénégal formée d’un journaliste, d’un preneur de son et d’un technicien chargé de procéder aux branchements sur place se rendait au palais présidentiel. Le matériel devait être installé évidem-ment avant l’arrivée du Président de la République et du chef de la mission di-plomatique du jour, dans la grande salle des ambassadeurs, située au premier étage du palais. La cérémonie se résumait en un échange de poignée de mains entre le Prési-dent et le diplomate, le ministre sénégalais des Affaires étrangères (à l’époque Amadou Karim Gaye) et les trois diplomates qui accompagnent le récipiendaire. Ensuite, échange d’allocutions entre l’ambassadeur et le chef de l’État, celui-ci parlant en dernier. Voilà pour l’essentiel. Pendant ce temps, l’équipe deRa-dio-Sénégal: le preneur de son, le technicien et journaliste étaient à l’œuvre. L’équipe technique enregistrait les discours, le journaliste prenait des notes afin qu’à la rédaction, il puisse avoir des repères pour le montage, les « chapeaux » et les lancements. Après une telle manifestation, la voix de L.S Senghor devait occuper les ondes deRadio-Sénégalpendant toute la journée. L’essentiel des journaux ou bulletins d’information du jour comme du soir ou du lendemain matin devait être consacré à cet événement. Les congrès de l’UPS étaient encore mieux « couverts » par les médias nationaux. Là, c’était la grande mobilisation pour les patrons des médias et les journa-listes. Dès le matin du premier jour jusqu’au dernier jour et à la dernière minute, tous les moyens matériels et en personnels de Radio-Sénégal étaient à pied d’œuvre, enregistrant discours et chants à la gloire du Parti et de son secrétaire général, L.S Senghor. Plusieurs directs sont organisés notamment à l’ouverture du Congrès et lors de la clôture, surtout au moment du discours du secrétaire général du Parti et chef d’État. Pendant les trois jours du congrès, il n’y aura de répit ni pour les journalistes, ceux deRadio-Sénégal,du Soleilet del’APS, ni pour les responsables de ces médias. ARadio-Sénégal, pendant ce temps, c’est un véritable marathon qui était engagé. Les discours et les chants étaient diffusés, rediffusés, commentés et expli-qués par les journalistes.
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