Anamimèse et métatexte
432 pages
Français

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Anamimèse et métatexte , livre ebook

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Description

Ce volume tente d’élaborer une théorie intégrée de la traduction, depuis le premier contact avec le texte jusqu’à la réalisation finale. Pour décrire les opérations d’appréhension et de compréhension du sens, la théorie s’appuie sur l’herméneutique de Gadamer et de Ricœur, de manière à expliquer le déploiement du texte dans le cerveau du lecteur. Ce livre approfondit les apports indéniables des nouvelles technologies : l’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour supplanter l’être humain dans le domaine de la traduction ?
L’opération de traduction est très complexe, car la déverbalisation et la déconstruction du texte de départ ne sont qu’une étape préliminaire à l’anamimèse et ensuite à la réalisation finale, le métatexte, qui s’adresse à un public d’une autre culture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414354191
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-35420-7

© Edilivre, 2019
1 Nécessité ou inutilité d’une théorie
… ce ne sont pas les théories qui engendrent les chefs-d’œuvre… au contraire, ce sont les chefs-d’œuvre qui fournissent les modèles aux théoriciens (Hérelle, 2005, p. 27).
La traduction peut fort bien se passer de théorie, non de pensée (Berman, 1999, p. 17).
L’interprétation consécutive a certainement précédé de très loin la traduction, qui n’a pu apparaître qu’avec l’écriture. L’interprétation simultanée viendra beaucoup plus tard, car elle est tributaire de l’électronique et elle verra le jour à la fin de la seconde guerre mondiale, au procès de Nuremberg. Dès l’aube de l’humanité, des groupes humains ont dû se concerter, discuter, négocier en transférant le contenu d’un message d’une langue naturelle à une autre, dans le respect le plus strict de la véracité et de l’exactitude des propos. Le terme traduction est ambigu, puisqu’il désigne aussi bien l’acte de traduire que le résultat. L’anglais et l’allemand différencient translating / Übersetzen et translatio n/ Übersetzung , pour spécifier le processus ou le résultat. Jusqu’au XVI è siècle, le verbe « translater » fut régulièrement utilisé pour désigner la transposition d’un texte d’une langue naturelle dans une autre. Par traduction, il faut entendre (1) un résultat, le produit fini, le texte traduit ; (2) une opération de traduction, une manière de traduire, de reformuler un texte ; (3) une comparaison, la mise en parallèle de deux langues (dans le cas des textes bilingues, par exemple). Traduire, c’est faire passer un ou plusieurs énoncés d’une langue naturelle dans une autre, tout en conservant l’invariance du contenu et en choisissant une formulation la plus proche possible de celle de la langue départ.
Le concept d’ invariance relative au contenu, qui fut âprement discuté au cours du temps, ne rend pas vraiment compte du processus de traduction : il est trop simplificateur, dans la mesure où il oppose la conservation du sens à sa manifestation sous des formes langagières très distinctes. Ce concept renvoie à l’équivalence, elle-même censée garantir l’invariance, ce qui dénote une certaine circularité. On peut toujours espérer sinon une « équivalence » approximative, du moins une correspondance au texte de départ.
Il n’est guère utile de redéfinir davantage la traduction, puisque d’excellents auteurs ont déjà analysé et décrit le problème, parmi lesquels il faut citer G. Mounin (1967), Reiß-Vermeer (1984, p. 6 et p. 41) et Kade (1980, p. 73). Ils distinguent différents types de transferts de texte d’une langue naturelle à une autre. Évoquons d’abord la paraphrase, qui adapte les moyens syntaxiques et stylistiques, tout en restituant assez correctement le contenu informatif. Il convient toutefois d’ajouter que la paraphrase peut tout aussi bien être intralinguale, se dérouler dans une même langue, qu’interlinguale, elle peut également décrire une manière particulière de traduire. Différents types de traductions méritent d’être mentionnés : la traduction et l’interprétation, qui ne se différencient pas seulement par l’oralité du processus (Lederer, 1981), puisque la traduction peut se réaliser à livre ouvert ( vom Blatt ). A l’intérieur de la traduction proprement dite, on peut distinguer la Rohübersetzung , soit une traduction non peaufinée, réalisée « à la volée », par exemple sur une cassette audio ou enregistrée sur une clé USB, pour dépanner un ami ; l’ Arbeitsübersetzung soit le document de travail, ainsi que la Kurzübersetzung ou traduction-résumé (Kade, 1980, p. 73). La traduction-résumé est fréquemment pratiquée dans certains organismes, les banques, par exemple : un cadre repère un article dans un journal étranger dont le contenu pourrait l’intéresser et il en demande un résumé traduit au service interne de traduction ou de relations internationales. On devrait ajouter une autre manière de transposer un texte : l’ adaptation particulièrement fréquente dans le domaine du théâtre ou du cinéma. L’adaptation du texte au goût du public est également une pratique courante dans la publicité. La postsynchronisation des films doit inventer des énoncés qui suivent autant que possible le mouvement des lèvres des acteurs tout en restituant le mieux possible le contenu des phrases.
L’opération de traduction peut se décomposer en une phase de lecture-interprétation au stade initial et en une autre phase finale de reproduction du texte dirigé vers un nouveau public de lecteurs.Traduire est une activité cognitive de communication, qui prend appui sur un texte de départ et envisage la situation du lecteur final ; elle est déterminée par la fonction du texte. Son but est de jeter des ponts entre différentes cultures et communautés linguistiques.Traduire, c’est transmettre des idées, des jugements et des sentiments de la manière la plus correcte et adéquate possible.
Aujourd’hui, si le métier s’est considérablement développé dans un monde globalisé d’échanges, les traducteurs sont le plus souvent les parents pauvres de la littérature (Nicole Vulser, Le Monde , 24/03/2017, p. 8). Pourtant 18 % des livres paraissant en France sont en réalité des traductions. Il est vrai que la plupart des traducteurs littéraires exercent en principal un autre métier : ils sont universitaires ou professeurs et sont le plus souvent des traducteurs occasionnels, même si certains sont chargés par une maison d’édition de traduire une grande partie de l’œuvre d’un écrivain.
Ce livre de théorisation de l’opération de traduction a jailli d’une passion pour la lecture et la comparaison de textes rédigés en différentes langues : c’est un peu en amateur averti et en contemplateur que j’ai consulté et apprécié de nombreuses traductions, toujours en m’inquiétant de savoir si le traducteur avait trébuché ou franchi allègrement et brillamment les innombrables obstacles du texte. J’ai ainsi acquis beaucoup de respect pour tous les traducteurs qui ont osé s’engager hardiment dans ces épreuves ; je ne puis accepter les jugements souvent trop sévères de certains traductologues : il est de meilleures et de moins bonnes traductions, parfois l’échec est manifeste, mais on ne peut se risquer à affirmer que quatre-vingt-dix pour cent des traductions sont des ratés.
Comment oser écrire encore des considérations sur la traduction, après tant de publications parues au cours des siècles, depuis l’Antiquité : « la proliférante et répétitive littérature consacrée à la traduction » (Berman, 1999, p. 16) pourrait décourager les candidats théoriciens. En réalité, on constate un vrai paradoxe : tant de publications théoriques, tant de littérature, tant de discussions et de dissensions inutiles, s’il faut en croire Berman, auraient finalement brouillé les cartes, au point d’indisposer les lecteurs. Au cours du vingtième siècle, les publications relatives à la traduction et à la traductologie se sont diversifiées et multipliées à un point tel qu’on pourrait se convaincre que tout a déjà été dit, redit et contredit.
Le travail du traducteur a été longuement scruté et commenté, notamment par les praticiens eux-mêmes. L’opération de traduction fut décrite de diverses façons, sous divers angles et aspects ; le rôle et l’importance des traductions dans les littératures nationales furent abondamment et longuement commentés. Il est vrai aussi que ces publications contiennent de nombreuses métaphores caractérisant l’acte de traduire, qui sont englobantes, suggestives, évocatrices, mais qui ne conviennent pas dans un travail analytique et descriptif.
Après avoir dépouillé quelques milliers de pages relatives à la traduction, on risque de sombrer dans la confusion totale et de trouver les redites fastidieuses. On lit beaucoup d’affirmations non étayées, de jugements sans nuances, de rejets et d’exclusions des considérations émises par les prédécesseurs. Même les philosophes se laissent séduire par des métaphores hardies. Tel Ricoeur qui évoque la résistance de la langue de l’étranger, mais aussi celle de la langue d’arrivée en ces termes : « ce refus sournois de l’épreuve de l’étranger de la part de la langue d’accueil » (2004, p. 10). La langue d’accueil est-elle sournoise au point de rejeter l’altérité ? Depuis longtemps, les linguistes, Sapir, Whorf, Leo Weisgerber et Mounin ont montré que les champs sémantiques des langues ne se recouvrent jamais parfaitement et que le découpage à l’intérieur de ces champs sémantiques est particulier à chaque langue. Des écrivains, des philosophes, des linguistes, des traducteurs ont ajouté leur contribution et complexifié le problème : le foisonnement des conceptions parfois complémentaires, souvent contradictoires, a probablement créé une sensation de désordre chez les lecteurs. Les polémiques naissent des considérations esthétiques fondées sur des jugements de valeur personnels, des goûts individuels très variés et des préférences difficilement généralisables.
Pourquoi s’adonner encore à une théorie de la traduction ? Est-il encore permis d’ajouter à la confusion ? Il est paradoxal de lire dans les considérations de Berman que la littérature est proliférante et répétitive, alors que dans le même temps l’absence d’une théorie de la traduction est regrettée par de nombreux auteurs. Mon approche est une theôria , une contemplation et non une théorie dont on pourrait tirer directement des applications, tout comme une théorie de la littérature peut commenter, expliquer, éclairer, mais non fournir des recettes d’écriture et de composition ou de lecture analytique d’un poème. Il n’est pas question de développer une méthode et des procédures de c

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