« Artiste sans talent »
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« Artiste sans talent » , livre ebook

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Description

Pourquoi écrire ? Tant d’autres l’ont déjà fait, avec un talent fou. On prend le risque de s’exposer à la critique de son for intérieur, d’être incompris par ses proches et de se décevoir.

Cependant, peut-on ne pas écrire ? Exutoire, volonté de transmettre et beauté de s’interroger : n’y a-t-il pas là trois raisons, chacune suffisante, pour se lancer dans cette aventure ?

Selon son éducation, ses relations, son vécu, l’écriture est une invitation. Que ce soit par éclairs ou le résultat d’un long travail, la création est là, à portée de plume.

D’un essai sur la création aux créations que cette vision a engendrées, Artiste sans talent propose de saisir ce que veut dire « écrire ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334233507
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-23348-4

© Edilivre, 2017
Écris-toi
« On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu’on n’oserait confier à personne. »
Emil Michel Cioran – De l’inconvénient d’être né
Ce livre est le fruit de la nécessité et du malheur.
La nécessité, parce que je ne choisis pas d’écrire : je ne peux qu’écrire. Sans cet exutoire, je n’aurais fait que vivre dans mes émotions au point qu’elles me consument entièrement.
Le malheur, parce que ma création a une vitalité quand elle naît d’une tempête. Cette dichotomie entre bonheur et création explique le sens du sacrifice. Rien de grand ne se fait sans sacrifice, et je dois faire quelque chose de grand, car j’en ai la possibilité. Et si cela me prive de mon bonheur, alors ma création n’en sera que plus féconde.
Que doit savoir mon lecteur ? Il saura déjà tout ce qui compte par la suite, car il n’y a que moi dans ce livre, par sa forme comme par son fond : des thèmes divers mais recoupant des enjeux communs, mes expériences, et une forme fragmentaire et décousue.
Il n’aura simplement pas mon nom.
Je suis un jeune étudiant en médecine, passionné d’art, de philosophie, de littérature, invivable par ses excès. Créateur, paranoïaque, à l’écoute, passionné, la liste pourrait être longue, mais en lisant ce livre, n’importe qui en saura bien plus sur mon compte et tirera ses propres conclusions quant à ma personnalité.
Je ne sais pas à qui s’adresse ce livre. À celui qui est troublé ? Il n’y trouvera que des questions. À celui qui ne s’interroge de rien ? Il ne le comprendra pas.
La réponse est qu’il est pour moi, mais aussi pour les inconnus qui sont prêts à entrer dans l’esprit d’un homme, l’espace de quelques pages.
Je ne suis rien, ce ne sont pas des mémoires, car je suis à l’aube de ma vie. Il n’y a aucune sagesse dans ce livre ; il y a beaucoup de malheurs, beaucoup d’amertume, un sentiment désagréable d’impuissance face à l’absurde mais un combat qui continue.
Pourquoi continuer ? Parce qu’il y a toujours la famine, la maladie, l’injustice et que ces problèmes me dépassent. Les méandres de mon esprit sont des défauts que je ne peux me permettre. Ainsi, en écrivant, je tente de m’en débarrasser.
Le mode d’apprentissage qui consiste à penser qu’on « y met un bon coup » pour achever quelque chose est propre aux études de médecine ou aux prépas. Négliger le temps car on ne peut le prendre en considération. Il manque, partout et en permanence. Ainsi, même en prenant du temps, en m’investissant, mes démons ne me quitteront pas et je ne les dompterai jamais.
La tristesse est le seul mode d’existence compatible avec ma personnalité. Les seules personnes qui pourraient me conduire au bonheur me tournent le dos et celles qui restent ne peuvent endiguer mon malheur.
Ce recueil de pensées fragmentaires, de propos inachevés, s’inspire grandement de la forme des Pensées de Pascal, des Propos d’Alain, mais plus encore des écrits de Cioran ; bien que style et profondeur en soient encore loin, c’est d’eux dont je me réclame. Ainsi, l’aspect décousu, sans être volontaire, est consubstantiel à certains écrits, comme le disait Cioran : « Le souci du système et de l’unité n’a été ni ne sera jamais le lot de ceux qui écrivent aux moments d’inspiration, où la pensée est une expression organique, obéissant aux caprices des nerfs. »
On peut distinguer deux grandes parties : celle qui retrace un parcours initiatique, qui prend la forme d’un essai, et surtout d’un hommage ; la seconde est celle d’une émancipation, d’une création qui tente de s’extraire des grands génies qui la précèdent ; l’œuvre finale ayant pour objectif d’être un hymne à la création.


Je tenais à remercier mon éditeur, qui a eu l’audace de me suivre dans cette première aventure, en m’accordant sa confiance. Je souhaitais également dédier ce livre à quelques proches :
À ma mère, dont je ne peux être que le fils.
À mon grand-père, premier et plus grand éducateur, et ma grand-mère, d’un soutien sans mesure.
À mes maîtres, dont l’exigence et l’amitié m’ont fait grandir.
À mes relecteurs, dont l’intelligence et l’altruisme ont permis d’améliorer ce livre.
À mes détracteurs, qui m’ont poussé à publier.
À mes amours déçues, qui m’ont inspiré beaucoup de ces lignes.
À toi, mon amour vrai mais encore inconnu sous ce nom.
Et à toi, lecteur, qui donne vie à ce livre.
Éducation des temps modernes
Maîtres et détracteurs
« Le commencement du talent pour un littérateur, c’est le besoin de faire croire qu’il n’est pas compris de sa famille. »
Jules Renard – Journal 1893 – 1898
La tiédeur m’indiffère. Ainsi, je remercie uniquement deux catégories de personnes : celles qui m’ont élevé et celles qui ont tenté de m’abaisser. Je le fais à voix haute pour les premiers et les seconds n’en savent rien.
Le premier maître de ma vie fut mon grand-père maternel. Il m’a montré que la plus grande aptitude de l’homme était l’émerveillement, qui se manifestait notamment par l’art.
Ainsi, il m’a conduit dans un lieu magique : l’Hôtel Drouot. J’avais sept ans, j’atteignais difficilement la hauteur des vitrines (ce qui contraste avec mon mètre quatre-vingt-quinze actuel) et là, j’ai découvert un monde. Des passionnés de dirhams d’argent d’Idris I er à ceux de fauteuils contemporains en passant par les tableaux, les tapisseries, les bijoux ou encore les boules presse-papiers. Cet endroit bouillonne d’experts pressés, de collectionneurs fous, oubliant parfois de se laver tant ils sont obsédés par leurs collections, et aussi par cet endroit. Les enchères sont la source d’une excitation apeurée, qui n’est pas sans rappeler les descriptions de Dostoïevski dans Le Joueur . Quelques numéros avant le lot désiré, vous avez comme des acouphènes, votre ouïe diminue, vous commencez à avoir chaud. Ça y est, vous ne notez plus les prix d’adjudication des objets qui défilent maintenant dans une indifférence totale. C’est l’heure de votre numéro. Là, vous trouvez différentes catégories de clients (ou un autre nom masculin). Ceux qui veulent se faire remarquer et tentent de placer la première enchère. Généralement, vous les trouvez au premier rang, ils parlent fort et vous savez à quel point ils ont de l’ego. Si le portefeuille va avec, ne vous battez pas inutilement avec eux. Il y a ensuite ceux qui sont en plein milieu de la salle, afin de ne pas être remarqués, ils enchérissent discrètement, scrutent discrètement, font tout discrètement. Là sont les collectionneurs, qui viennent pour un objet précis. Enfin, il y a les stratèges passionnés, qui flânent dans l’Hôtel Drouot sans but, mais qui se laissent facilement tenter par les merveilles cachées qu’on y trouve. Eux enchérissent du fond de la salle, pour voir tous les autres, mais aussi afin de pouvoir changer de salle si rien ne vient les charmer.
Grâce à mon grand-père, j’ai tout appris de la peinture, de la littérature, de la guerre, de l’honneur, de la droiture et du courage.
D’autres grands maîtres ont marqué mon existence : un de mes professeurs de français, spécialiste de Sartre. Lors de notre première rencontre au lycée, je l’ai trouvé suffisant, imbu de lui-même et faiblement investi avec ses élèves de lycée. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’on ne pouvait arriver à son niveau sans aucun talent. Ainsi, comme avec chaque maître, j’ai dû faire mes preuves. Travailler, lui montrer mon intérêt et mon investissement. Ainsi, il a commencé à me conseiller, m’apprendre au-delà des standards qu’il fixait pour ses élèves. Il m’a ensuite aidé en philosophie lors de la préparation du concours général. Aujourd’hui, au-delà d’un maître, j’ai la chance de pouvoir le considérer comme un ami. En dépit de son savoir, infiniment supérieur au mien, il m’écoute, s’interroge sur la médecine, discipline où je peux à mon tour devenir enseignant pour lui.
Je ne peux pas omettre ma chère mère dans ces lignes. Si absente au début de ma vie, si présente par la suite, je lui dois tout, sans qu’elle ne me demande jamais rien. Nous avons toujours quelque chose à nous apprendre et je ne serais pas l’auteur de ces lignes si elle n’était pas l’auteur de mes jours.
Dans ce cercle de personnes ayant exalté mes traits, j’inclus quelques grands auteurs, comme Montaigne, Hugo, Nietzsche, Zweig ou Jankélévitch, qui ont marqué ma vie sans que je puisse exister dans la leur.
Tout lecteur, déjà troublé par ces premières pages plongeant dans un épais brouillard, ne peut que se demander quel est le rapport avec la phrase de Jules Renard. Où est l’opposition avec la famille ? J’y viens.
Ma grand-mère paternelle, fière du nom qu’elle avait épousé, appliquait une politique du droit d’aînesse bien plus aboutie qu’elle ne l’avait jamais été auparavant. Mon frère était roi, et j’étais l’autre. Selon elle, mon intérêt pour l’art était la seule chose que je pouvais faire dans ma vie : m’intéresser à une discipline qu’elle jugeait « inutile ». Cependant, comme le dit Cyrano : « Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! Non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! ». De là vient le titre, artiste sans talent, artiste qui ne pourra rien créer d’estimable.
Mon père, lui-même pourtant cadet, s’est laissé influencer par cette idée lumineuse de sa mère. Ainsi, nos liens ont faibli, jusqu’à devenir inexistants ou inamicaux quand on ne pouvait faire autrement que de se parler. Mais, comme il l’a brillamment soulevé : « cela t’a forgé ». Je défends le concept de résilience, mais je ne pense pas qu’il faille provoquer les souffrances ou remercier son bourreau. Si on s’en sort, on en sort abîmé et on est tout de même passé près d’être complètement

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