Bonjour Nouvelles
356 pages
Français

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Description

Que faut-il entendre exactement par ce terme : nouvelle ? Pourquoi nouvelle ? On dit un vieux conte, un vieux roman. Dira-t-on une vieille nouvelle ? On pourra toujours dire : une nouvelle d’autrefois. Est-ce sans raison que l’on reproche au terme son imprécision ? Une imprécision qui n’est qu’apparente, mais qui déroute les littérateurs en lutte avec leurs premières expériences ...

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Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332728647
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-72862-3

© Edilivre, 2014
Avant-propos
La Nouvelle et moi
Que faut-il entendre exactement par ce terme : Nouvelle ? Pourquoi nouvelle ? et nouvelle en quoi ? On dit un vieux conte, un vieux roman. Dira-t-on une vieille nouvelle ? On pourra toujours dire : une nouvelle d’autrefois. Est-ce sans raison que l’on reproche au terme son imprécision ? Une imprécision qui n’est qu’apparente, mais qui déroute les littérateurs en lutte avec leurs premières expériences.
Beaucoup se demandent s’ils ont rédigés un conte ou une nouvelle ? Selon Littré, il s’agit d’une composition de petite étendue, qui tient le milieu entre le conte et le roman. Ce n’est pas toujours une « petite étendue ».
S’il s’agit de l’étendue, les genres littéraires ne se différencient-ils que par le nombre de caractères typographiques que réclame leur impression ?
Sans parler des histoires du Moyen Âge, les histoires contemporaines ne sont ni fantoches ni des fantômes. Ce sont les contemporains de ceux qui les recueillirent. Ils sont vivants ou censés l’être. On aurait pu rencontrer ces personnages, les connaître, se mesurer avec eux le verre ou le revolver à la main.
À entendre ou à lire leurs aventures, on rit ou l’on s’émeut d’autant plus volontiers que l’on se reconnaît ou que l’on reconnaît son prochain, dans le héros favorisé ou malmené.
Ces histoires contemporaines, ces témoignages, sont, comme nous disons maintenant, « inédites ».
De là cette forme substantive du mot Nouvelle dont l’admission se trouve confirmée, voire renforcée, dans le titre des Cent Nouvelles nouvelles donné par Antoine de La Salle au premier recueil de ce genre publié en français, l’an 1941.
En revenant dans les temps lointains, n’avons-nous pas de bonnes raisons de penser que, dès le XV e siècle, le narrateur de Nouvelles puisait dans l’invention et dans la tradition, dans le folklore au moins autant que dans la stricte vérité ? Toutefois, nous constatons qu’en même temps, il cherchait la vraisemblance.
Ceci est une innovation essentielle et dont il faut constamment tenir compte si l’on veut établir une distinction entre deux genres qui n’ont jamais cessé d’être cultivés concurremment dans les temps modernes.
S’émouvoir ou s’égayer, admirer, s’étonner, fut toujours le souhait d’un auditoire simple. N’en va-t-il pas de même, aujourd’hui, à peu près partout devant l’écran, le poste de T.V., à l’heure du marchand de sable ?
Le lecteur des Mille et Une Nuits et, comme celui des Contes de Perrault ou de Mme d’Aulnoy, sait savourer en gourmet la bienheureuse illusion. Il ne se plaindra jamais qu’on la lui rende incroyable en la lui montrant trop belle ou trop parée.
Au contraire, dès qu’il s’agit de Nouvelles , la véracité intervient ou au moins la vraisemblance. On les souhaite, on se plaît à les découvrir dans l’habile évocation des milieux, dans la précision et le relief des portraits et surtout dans l’exposition des faits.
La nouveauté, la crédibilité, voilà deux caractères qui suffisent à séparer nettement la Nouvelle de son léger, folâtre et vénérable ancêtre le Conte.
Lorsque j’écrivis, il y a longtemps, ma première Nouvelle, je me suis rendu compte assez promptement que pour rédiger une nouvelle, je devais posséder une certaine « chose » qui ne pouvait s’acquérir chez aucun maître ni dans aucune école. Je devais me souvenir, à chaque étape, que toute œuvre littéraire empruntait son caractère essentiel à la personnalité de l’auteur, à ses facultés créatrices dans le domaine de l’esprit, du goût, de l’observation, de l’imagination.
Pour que le sujet d’une nouvelle prenne toute sa valeur, il faut qu’il soit soutenu par l’intervention d’un caractère, d’une sensibilité, d’un tempérament capables de l’animer, de le colorer, de l’imprégner, d’en faire en quelque sorte « l’enfant » de l’auteur, mon « enfant ».
Je devais pouvoir dire, comme dans la Bible « Ceci est un de mes os et la chair de ma chair. »
J’écoute avec plaisir une « histoire » ingénieuse, dramatique ou comique. Pour lui accorder une valeur littéraire, j’exige qu’elle m’ait charmé ou ému profondément, par des moyens intérieurs.
Comment définir ces moyens, inclus tout entiers dans le mystère de la personnalité, donc profondément mystérieux ?
À chaque fois, je me dis à voix haute : « Maintenant oublie tout ! Regarde avec des yeux neufs, écoute avec des oreilles vierges. Que tout ce que tu vas écrire reflète directement tes impressions, tes sensations, ton jugement. Sois éperdument toi-même ! À ce prix, on te reconnaîtra une authentique personnalité. Et, surtout, écris avec plaisir ! »
Christian Jean Collard, –
I Des grands vides qui vous ricanent à la figure
Elle porta la main sur moi avec cette hardiesse que les femmes puisent dans la violence de leurs désirs ; une lumière froide sortit de son corps et surtout de ses pores, car aussitôt qu’elle m’eut touché, on entendit un cri semblable à celui d’une crécelle.
Cette aigre voix, si c’en était une, s’échappa d’un gosier presque desséché.
À cette clameur succéda vivement une petite toux d’enfant, convulsive et d’une sonorité particulière.
À ce bruit, les autres jetèrent les yeux sur nous et leurs regards furent comme des éclats.
La jeune femme eut voulu être au fond de La Meuse. Elle prit mon bras et m’entraîna vers une pièce étroite. Hommes et femmes, tout le monde nous fit place. Parvenus au fond des salles de réception, nous entrâmes dans une sorte de boudoir, à l’espace demi-circulaire.
Ma compagne se jeta sur un divan, sans trop savoir où elle était.
– Ma chère, la folie vous guette, lui dis-je.
– Pas encore, répondit-elle après une pose pendant laquelle je l’admirais, mais est-ce ma faute si je n’apprécie guère la littérature actuelle ? Si l’on peut appeler cela de la littérature ! Pourquoi ces gens, qui croient appartenir à une élite, laissent-il exercer leur maigre talent dans ces salons poussiéreux ?
– Allons, dis-je, vous imitez les sots…
– Non. Je vous explique le pourquoi de mon état d’âme sur le champ…
Et elle m’expliqua. Nous pensions, je ne m’en doutais point, la même chose sur l’écrit, c’est-à-dire que le temps était passé du Beau. L’humanité, quitte à y revenir, n’en avait que faire depuis longtemps. Depuis des années, l’art était devenu scientifique, de même que la science artistique ; tous deux se rejoignaient au sommet après s’être séparés à la base.
Aucune pensée humaine ne prévit à quels brillants soleils psychiques écloraient les écrits de notre temps. En attendant qu’ils fussent des œuvres, nous sommes dans un corridor plein d’ombres, nous tâtonnons dans les ténèbres en écrivant des livres de cuisine comme toute littérature.
Nous manquons de repères ; la terre nous glisse sous les pieds, le point d’appui nous fait défaut à tous, littérateurs et écrivailleurs que nous sommes. À quoi cela sert-il ? À quel besoin répond ce bavardage ? De la foule à nous, aucun lien ; l’élite dit : « tant pis pour la foule ! »
Tant pis pour nous surtout !
Mais comme chaque chose a sa raison et que la fantaisie d’un individu tel que moi me paraît tout aussi légitime que l’appétit d’un million d’hommes, il faut, abstraction faite des choses et indépendamment de l’humanité qui me renie, vivre pour ma tour d’ivoire, selon l’expression de Sainte-Beuve sur Vigny dans Les Consolations , et là, comme une danseuse Indoue dans ses parfums, rester seul dans mes rêves.
La femme me regarda longuement, pendant cet échange de propos puis, une main sur mon genou, elle déclara :
– J’ai parfois de grands ennuis, de grands vides, des doutes qui me ricanent à la figure au milieu de mes satisfactions les plus naïves ; et bien ! je n’échangerais tout cela pour rien, parce qu’il me semble en ma conscience que j’accomplis mon devoir, que je fais le bien, que je suis dans le juste.
Nous quittâmes le boudoir d’un pas tranquille, nous dirigeâmes vers la croisée d’une fenêtre donnant sur un petit balcon, attendîmes un moment, respirant profondément, quand la femme dit simplement :
– La nuit est belle…
– La nuit est femme, dis-je.
Nous n’échangeâmes point nos identités, de sorte que je ne la revis jamais.
Liège, Belgique, janvier 2014
II Le Domaine des Loups
Le Domaine des Loups, Soumagnac, dans les Ardennes belges (Province du Luxembourg). Il est 17 h 47, lorsqu’un homme regarde la place de la ville avec intérêt, bien que les lumières fussent glauques à n’y rien voir. À cette heure, la neige colle aux pieds et il n’y a guère de monde dans le centre. Les grands magasins sont encore ouverts et on y défait les décorations des fêtes de fin d’année pour les remplacer par de larges banderoles rouges sur lesquelles sont écrits en gras le mot « soldes ».
L’air est sec, il fait froid, les yeux piquent, les lèvres sont gercées.
Cet homme a pris un train, cet après-midi, Gare du Nord, et s’est installé dans un compartiment de seconde classe. Il vient seulement d’en descendre, après beaucoup de changements à travers les gares françaises et belges. Un taxi l’a conduit de la gare jusqu’au centre ville qu’il découvrait avec curiosité. Il y avait longtemps qu’il n’était plus venu dans la ville. Le taxi l’arrêta place du Général Bertrand. Des autobus attendaient de l’autre côté de la place.
Il venait de demander au chauffeur :
– Ces autobus se rendent-ils au « Domaine des Loups » ?
– Oui. Mais, à votre place, je poursuivrais avec moi. Ce n’est pas la porte à côté. Qu’allez-vous donc faire dans ce coin abandonné de Dieu et des hommes ?
L’homme répondit se rendre au Domaine. Le chauffeur parut étonné. Cet homme grand, sec, à la figure patibulaire, ne se doutait certainement pas où il allait met

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