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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 avril 2011 |
Nombre de lectures | 120 |
EAN13 | 9782296807334 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
CENSURE ET LIBERTES :
ATTEINTE OU PROTECTION ?
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54763-6
EAN : 9782296547636
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
CENSURE ET LIBERTES :
ATTEINTE OU PROTECTION ?
Colloque organisé en partenariat avec le centre de
recherche Droits et sociétés religieuses (D.S.R) et
l’Observatoire de la liberté de création
26-27 mars 2010
Sous la direction de Nathalie G OEDERT
L’Harmattan
Département de la Recherche
Université Paris-Sud 11 – Faculté Jean Monnet droit, économie, gestion
Collection Presses Universitaires de Sceaux
dirigée par Jérôme Fromageau
Initiée par le Département de la recherche de la Faculté Jean Monnet de l’Université Paris-Sud 11, cette collection, à destination d’un public élargi, a pour ambition de mieux faire connaître la variété des travaux pluridisciplinaires menés par les centres de recherche et leurs partenaires scientifiques français et étrangers dans les domaines économiques, juridiques et de gestion.
Déjà parus
Géraldine GOFFAUX – CALLEBAUT, Du contrat des sociétés, Essai sur le contrat instrument d’adaptation du droit des sociétés, 2008
Paul TAVERNIER, Regards sur les droits de l’Homme en Afrique, 2008
Jean-François LEMETTRE (eds), Risque, information et organisation, 2008
François JULIEN-LAFERRIERE, Dorian GUINARD et Sarah-Marie MAFFESOLI, Quel sens pour le droit ?, 2008
David GINOCCHI, Dorian GUINARD, Sarah-Marie MAFFESOLI et Sébastien ROBBE, Les modèles juridiques français et américain : influences croisées, 2009
Nathalie GOEDERT, Etat de droit et droits de l’homme. Echanges de points de vue France – Iran, 2010
Gratien MOLE MOGOLO, Le patrimoine des jeunes Eglises en République démocratique du Congo , Conditions juridiques de l’autonomie, 2010
Guillaume DELMAS, Sarah-Marie MAFFESOLI et Sébastien ROBBE, Le traitement juridique du sexe, 2010
Cheryl Susan Mc Watters et Henri ZIMNOVITCH, Histoire des entreprises du transport, Evolutions comptables et managériales , 2010
Correcteur : Caroline Schnettler, Université Paris-Sud 11
L ES CHARMES DISCRETS D ’A NASTASIE
Yves B OISSET
Réalisateur,
président du festival ciné-droit 2010.
Un peu naïvement sans doute, les milieux littéraires et cinématographiques ont souvent représenté la censure sous les traits, au demeurant charmants, d’Anastasie armée de longs ciseaux pour couper les textes ou les scènes qui lui paraissaient de nature à offusquer la morale ou les institutions.
En fait, au fil des films et des années, la censure s’était transformée en une sorte de machine publicitaire involontaire qui assurait, au prix de la disparition d’un sein ici, d’une fesse là ou d’une réplique insolente ailleurs, un succès inespéré aux films auxquels elle s’attaquait. Jamais par exemple, La religieuse, film pour le moins austère de Jacques Rivette d’après Diderot, n’aurait attiré autant de spectateurs s’il n’avait été interdit pendant plus de six mois. J’ai moi-même bénéficié, grâce à Monsieur Raymond Marcellin, calamiteux ministre de l’intérieur mais remarquable attaché de presse, des faveurs d’Anastasie. Interdit pendant plus d’un an pour atteinte à l’honneur de la police, Un condé a fini par sortir amputé d’une scène d’interrogatoire musclé et de quelques répliques un peu cinglantes sur les méthodes des défenseurs de l’ordre. Bien entendu, les spectateurs se sont précipités en masse pour voir ce film qu’on avait voulu cacher. Et tout naturellement sous le règne de Giscard, la censure cinématographique a disparu, remplacée par un organisme de classification des films, destiné à protéger les enfants et les adolescents.
On aurait sans doute pu s’en féliciter si Anastasie n’avait pas été supplantée, sous l’égide du grand démocrate mitterrandien Michel Charasse, par une forme de censure beaucoup plus subtile et singulièrement plus efficace : la censure du fric.
Si un sujet est un peu dérangeant pour le pouvoir, il suffit dans une république presque bananière comme l’est devenu l’Etat français, de quelques coups de téléphone aux chaines de télévision et aux organismes spécialisés dans le financement du cinéma pour paralyser la production d’un film. C’est discret, inodore, presque incolore sinon sans saveur.
Devant le silence assourdissant du cinéma français face aux grands sujets politiques et sociaux, on en viendrait presque à regretter les charmes, un peu fanés, de cette bonne vieille Anastasie.
INTRODUCTION
Nathalie GOEDERT
Historienne du droit,
maître de conférences à l’Université Paris-Sud 11
« L’espace consacré à mes prix internationaux au musée du cinéma à
Téhéran est bien plus grand que ma cellule pénitentiaire »,
Jafar Panahi, 2010.
On a longtemps pensé que l’avènement de la démocratie annonçait la fin de la censure. On s’est plu alors à dénoncer les excès d’un passé révolu et à railler les interdits « caricaturaux » des états totalitaires, afin de mieux flatter nos régimes démocratiques. Pourtant, malgré l’allègement de l’arsenal juridique en la matière, la censure reste en Europe une question d’actualité, qui révèle par ailleurs les apories du droit.
Considérée au sens strict, la censure désigne l’organe ou le procédé qui condamnent une opinion, un texte, une œuvre, l’interdisent ou exigent des modifications. Historiquement, les censeurs, à Rome, sont les magistrats chargés de procéder au recensement des populations et de contrôler, à cette occasion, la vie publique et privée des citoyens. La nota censoria, blâme infligé à l’homme ou à la femme qui avait accompli un acte considéré comme contraire aux usages des honnêtes gens, comportait avant tout une réprobation morale. Le terme censura est ensuite employé au sens concret de « mesure disciplinaire prise par l’Eglise contre un de ses membres ». L’Eglise exerçant une magistrature morale sur l’ensemble de la société, le même mot désigne bientôt toute condamnation, par l’Eglise, d’une pensée ou d’une doctrine. Au XVIIe siècle, l’usage se laïcise et s’étend au contrôle officiel des publications. Aussi, la censure est-elle, dès l’origine, institutionnalisée, afin de veiller au maintien des mœurs.
La définition ne saurait toutefois nous satisfaire aujourd’hui. Le terme en effet ne s’applique plus rigoureusement à l’organe de contrôle, ni même aux règles juridiques qui condamnent une certaine forme d’expression. Il s’applique à un ensemble de mécanismes officiels ou confidentiels et à une multitude d’acteurs plus ou moins légitimes, qui interdisent, réprouvent ou punissent une expression considérée comme dangereuse pour une communauté entière ou pour un public jugé plus particulièrement vulnérable. Ce qui frappe à travers l’ensemble des communications présentées lors de ce colloque, et rassemblées dans ce recueil, c’est en effet l’extraordinaire plasticité de la censure. Difficile à saisir, elle meut à volonté, selon la nature des sociétés, les hommes ou les croyances. Variable dans ses motifs, polymorphe, elle surprend aussi, produisant parfois les effets contraires de ceux qui étaient attendus.
Aujourd’hui comme hier, la censure vise à préserver la morale, composante de l’ordre et de la tranquillité publics. Etroitement liée à l’évolution des mœurs, elle est donc naturellement contingente et il est à peine nécessaire de rappeler que les mêmes faits, les mêmes propos peuvent ne pas donner lieu aux mêmes interdits, selon les époques, les lieux ou les circonstances. L’histoire de la littérature, du théâtre ou du cinéma nous a abondamment démontré que l’objet d’un scandale peut, quelques années plus tard, laisser indifférents les censeurs les plus vigilants. Mais l’évolution la plus sensible et la plus remarquable aujourd&