De l’art d’enseigner
372 pages
Français

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Description

À l’heure où l’activité enseignante est en péril, voici un témoignage inattendu et éclatant d’un travail d’enseignement solitaire, étranger, poursuivi à contre-courant de l’air du temps.


Dans De l’art d’enseigner, une petite « universitas » formée à l'occasion d'étudiants et d'enseignants, de chercheurs et de grands professeurs de Vincennes (Jean-François Lyotard, René Schérer) rendent un hommage studieux, pénétrant et passionné à un enseignement hors de l'ordinaire et qui aura compté pour chacun et chacune : celui professé, toujours dans le risque, par Plínio Prado.


S’y affirme la position aristophanienne qu’enseigner « n’est pas remplir un vase, mais allumer un feu ». Position à situer du côté d’une philosophie de la rencontre et de l’initiation, la seule à même de susciter un changement d’orientation au cours d’une existence, voire une transformation de son mode d’être, une révolution à la seconde personne du singulier.


Treize essais et un entretien, donc, pour témoigner d'un art oublié.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414228621
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-22860-7

© Edilivre, 2018
Présentation
Le livre De l’art d’enseigner : essais sur le travail de Plínio Prado est né d’une nécessité de recueillir la trace d’un travail qui d’ordinaire ne donne pas lieu à publication parce qu’il est éminemment oral, celui de l’enseignement.
Ce livre d’études, mais aussi d’hommage, dédié à Plínio Walder Prado Jr., vient combler une lacune importante. Il vient en effet éclairer un espace singulier de la création philosophique, largement négligé sinon ravalé aujourd’hui : la salle de cours et la relation enseignante. Or l’enseignement de la philosophie, selon Prado, est indissociable à la fois de la recherche, d’un style de pensée et d’un engagement proprement éthique, de telle manière que le contenu du discours de l’enseignant est indissolublement lié à sa pratique et à sa manière d’être. Prado conçoit la salle de cours comme un chantier d’idées, un lieu de construction de la pensée « en acte ».
Le livre De l’art d’enseigner fait d’abord le point sur l’œuvre d’un philosophe atopique qui s’inscrit, à sa manière, dans la mouvance de la philosophie de langue française contemporaine, tout en ayant consacré son premier travail important au dernier Wittgenstein. Né à São Paulo, Plínio Prado, militant de bonne heure sous la dictature militaire au milieu des années soixante-dix, obtint alors une bourse d’excellence du gouvernement français pour faire ses études à l’Université de Bordeaux. Avant de quitter le Brésil cependant, lors d’un dîner chez des professeurs à São Paulo, une brève rencontre avec Michel Foucault devait changer sa destination, sinon son destin. Foucault lui conseilla alors d’aller plutôt à Paris, « là où ça se passe » : au Centre Universitaire Expérimental de Vincennes, devenu l’Université de Paris 8. Ce fut dans cet endroit très particulier qu’était alors « Vincennes », en pleine effervescence politique, intellectuelle et créatrice, que Prado écrivit son mémoire de maîtrise sur « Kant et Hobbes selon l’analyse du discours », sous la direction de François Châtelet et Paul de Gaudemar, et plus tard, une thèse d’État sur Kant et Wittgenstein – « De l’art de juger » – avec Jean-François Lyotard.
On a souvent remarqué le travail d’écriture de Plínio Prado, son sens de la prose française. Or ce travail est aussi signé par son expérience, celle de sa condition d’être étranger dans un autre pays, dans une autre culture, ainsi que par la question de l’« étranger » chez soi, qui habite ou hante le chez soi, l’étranger « à l’intérieur ». Cette expérience se donne à penser sous le thème du dessaisissement de soi, qui lui est très cher et lui vient également de quelques références de langue française majeures ; pour citer quelques noms : M. Blanchot, G. Bataille, J. Lacan, M. Foucault, J. Derrida, J.-F. Lyotard, R. Barthes, M. Proust, S. Beckett ; mais aussi, dans le domaine allemand, F. Nietzsche, S. Freud, M. Heidegger. Ces auteurs balisent les trois champs à l’intersection desquels nous pouvons situer la pensée de Prado : la littérature, la psychanalyse et la philosophie.
La problématique de l’étranger chez soi est, selon Prado, une voie royale pour penser l’écriture, sa condition et son enjeu. C’est précisément ce qui est articulé et exploré dans l’étude stimulante de Julián Lasprilla, « Vers une rencontre avec l’ indicible : Plínio Prado lecteur de Clarice Lispector », où celui-ci montre avec finesse la manière singulière de chercher à inscrire ce qui ne se laisse pas écrire, telle qu’on la voit à l’œuvre dans l’écriture lispectorienne dévoilée par Prado.
L’écriture entendue comme un espace d’accueil de l’étranger chez soi est encore une manière d’écoute, une sensibilité de l’oreille à quelque chose qui n’a pas encore de forme pour s’exprimer, selon la délicate suggestion de Kanna Igarashi dans son texte : « Le Haïku et le “sentiment de l’existence”. Ascèse, écoute et résistance », nouant notamment la pensée poétique orientale au motif des sagesses occidentales que l’on retrouve de Socrate et Épicure à Rousseau et jusqu’à R. Barthes.
Dans le présent livre nous retrouvons aussi la problématique de l’« être étranger » travaillée dans le bel essai écrit par Helena Prado titré : « Être étranger chez soi. Identité et altérité culturelles à l’ère de la mondialisation ». Cet essai nous donne en particulier des pistes pour penser, à partir du cas exemplaire des Nippo-Brésiliens, les effets de la mondialisation sur notre identité et les atouts ou ressources que nous avons pour y faire face et nous gouverner nous-mêmes.
Ce livre paraît dans un moment de crise mondiale où en particulier l’éducation et l’enseignement font partie de l’effondrement général des idéaux concomitant à l’hégémonie de ladite « politique des choses » gérée par le système libéral. Voir la crise en cours de l’Université et de son principe , qui s’inscrit dans une conjoncture d’absence générale d’horizon, de disparition d’un véritable projet critique, historique et politique du monde. S’ensuivent nécessairement toutes les conséquences désastreuses pour nous aujourd’hui ainsi que le vide de sens qui nous laisse dans un état de « désorientation générale », comme l’a écrit Prado 1 . Le thème selon lequel une résistance reste encore possible, qui demeure fidèle au Principe d’Université , a été très bien analysé ici par Driss Bellahcene, dans son article « La résistance comme affect esthétique contemporain ».
Le livre De l’art d’enseigner se veut aussi une manière d’engager, selon les moyens de la réflexion, une résistance face à cet état actuel des choses. Nous sommes convaincus qu’il y a bien des propositions à élaborer, à inventer, à fomenter, à machiner pour faire face à ce nouvel ordre mondial de la désorientation générale et de l’ Université-entreprise (promouvant la nouvelle relation « pédagogique », contractuelle, commerciale : celle entre un professeur-fournisseur et un étudiant-client ). Ce livre est donc aussi une invitation à poursuivre le diagnostic quant au manque général de sens, d’inventivité, de sensibilité, dans un moment crucial où tout devient monnayable, y compris le lien , les « relations », la solidarité, où l’enseignement et la relation enseignante tendent à être complètement dédaignés, méprisés par tous, y compris le gouvernement et les ministères, l’université et ses chercheurs, ses enseignants et ses étudiants.
Le modèle de la résistance dont parle Prado, c’est la fleur saxifrage, cette petite fleur herbacée, rustique et sauvage, qui se fraye pourtant une place au milieu des pierres et des rochers. C’est elle qui apparaît comme une figure poétique de la résistance : petite fleur fine et légère , imprégnée cependant d’une force majeure, une force de vie, c’est elle qui peut fracasser une structure bétonnée . Face au monde comme il va, face à l’avènement de l’ Université-entreprise , une force de résistance doit pouvoir naître, de même qu’il arrive que cette fleur frêle sorte et émerge en résistant du dedans des structures rigides presque impraticables, infranchissables.
Nous estimons que dans le livre que l’on va lire il y a quelques sources précieuses d’inspiration pour penser également les « relations », et en particulier considérer sous un jour nouveau le rapport enseignant/étudiant. Voir à cet égard le très beau dialogue entre René Schérer et Plínio Prado, où la question de la relation enseignante est accueillie et pensée, nouée dans le jeu entre les deux textes : « Socrate et Alcibiade, suivi de Paradoxes Éducatifs » .
La relation enseignante, telle que Prado la conçoit, fait aussi l’objet de l’étude originale écrite par Sebastian Kock : « Goethe avec Lacan, ou Plínio Prado et la relation enseignante ».
Il ressort également, de la lecture du présent livre, que la question de l’ affect est au cœur de l’enseignement de Prado . C’est précisément ce qui apparaît dans sa manière très singulière d’enseigner : tel est l’enjeu de l’essai « Être juste avec l’affect : le paradoxe de l’inenseignable », de Viviane Horta.
Avec la question de l’ affect et de l’ art de juger , Plínio Prado occupe une position originale à l’égard du champ « esthétique ». Cette position ne tient pas seulement à l’ajointement qu’il opère entre l’art et la « politique » (ou plutôt l’éthique : celle d’une attention fine accordée à la résonance de ce qui cependant reste inexprimé). Ou encore à l’Idée, qu’il avance, d’une « Université comme œuvre d’art », le type idéal de communauté humaine (en se référant en particulier à David Lodge), ouvrant sur une « esthétique de l’existence belle et juste », où travail et jeu seraient en harmonie et chacun serait libre de chercher l’accomplissement de soi.
Prado s’attache à marquer, par une série de déplacements autour du projet d’une esthétique négative ou « anesthétique », ce qui lui paraît indissolublement lié, à savoir : l’affect secret, un absolu , la « présence » (irreprésentable), source insondable de tout art. Voir sur cela la discussion entre Prado et Lyotard au début de ce livre : « Le reste d’enfance, suivi d’ Agonie », discussion que nous avons reprise spécialement ici à cause de l’actualité surprenante de son thème et de son enjeu. En esquissant un diagnostic de ce nouvel ordre mondial, le nôtre, celui de la forclusion de l’ autre , de ce qui excède toute représentation, Lyotard écrit : « Plínio Prado souligne que l’oubli de l’absolu ne se laisse pas oublier : il se rappelle à nous par l’angoisse ».
L’esthétique devient alors chez Prado, lecteur de Kant, d’Adorno et de Lyotard, une « anesthétique » salutaire, tournée vers la dimension du sublime, mais d’un sublime revisité, «

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