Démocratie à haut débit
146 pages
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Démocratie à haut débit , livre ebook

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Description

Démocratie à haut débit expose l’anachronisme des institutions démocratiques à l’espace et au temps de la société à grande vitesse. L’accélération en communication moderne est loin de s’adapter au status quo institutionnel des politiques. L’agora digital a provoqué une refondation du contrôle de l’information politique, de la participation démocratique et la naissance de partis politiques en ligne. Gouverner, c'est intégrer la vitesse. Au forceps, le sceptre démocratique devra vibrer sous haut débit.

Cet indispensable ouvrage de science politique apporte une approche nuancée sur la gouvernance démocratique, le marketing politique à l’âge des multi-plateformes digitales, une vision originale du contrôle de l’opinion publique et de la gestion des partis politiques au XXIème siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 octobre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332831927
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-83190-3

© Edilivre, 2014
Dédicace


A
Marie Georgette & Alphonse Nana
Avec amour filial et honneur
Introduction
L’investigation académique relative au potentiel démocratique de l’internet dans la participation politique et civique s’est ramenée en un jeu de pendule intellectuelle, entre d’une part, l’école de Francfort avec Jürgen Habermas comme figure de proue, et d’autre part, les archi-pessimistes de la cyberdémocratie contemporaine. Cette valse incessante a eu pour limites méthodologiques d’entretenir une fixation quasi-immuable autour du paradigme habermasien des normes de l’agir communicationnel dans la sphère publique. Elle semble avoir figé pour la postérité intellectuelle des critères indépassables des conditions de participation au débat critico-rationnel en démocratie politique.
Pour J. Habermas, l’exercice du pouvoir légitime politique doit remplir les conditions de traçabilité d’une communication citoyenne argumentative et rationnelle pour aboutir au consensus. Du reste, l’élection de la sphère bourgeoise comme miroir d’émancipation citoyenne chez Habermas imposait tacitement un paradigme d’élitisme démocratique pour prendre part aux forums discursifs politiques. Partant, la double obsession d’une démocratie discursivement “hyper-rationalisée” et d’une discursivité politique démocratiquement fondée a campé les marques de “l’intellectuel public” comme seul guide-pontife du discours public politique légitime. Il ne surprend guère que l’héritage intellectuel des Lumières ait posé l’onction sur le patrimoine langagier comme le code génétique qui renfermait non seulement, tout le corpus dogmatique d’une rationalisation de la politique, mais aussi, d’une émancipation psychologique citoyenne dans la sphère publique. Ce qui a malencontreusement fait ombrage aux autres formes d’innovations démocratiques en matière de participation politique citoyenne.
En d’autres termes, J. Habermas a éclipsé la possibilité d’émergence de sphères publiques polycentriques, de nouveaux intellectuels publics non conventionnels, ainsi que l’acceptation de publics démocratiques pluriels non élitistes. En effet, l’enjeu de la participation démocratique transcende tout autant, la simple exigence mythique de compétence ou de certitude discursive scientifique citoyenne dans le champ politique, que l’héritage jaloux du formalisme rationaliste eunuque du discours public. D’où notre préoccupation. Quels “publics” et quelles nouvelles sphères publiques peuvent participer à l’architecture collective de la délibération démocratique ? Autrement formulé, les multi plateformes digitales du cyberespace peuvent-elles servir de support technologique à l’architecture démocratique en dépassant l’héritage normatif de l’exigence critico-rationnelle propre à la sphère publique habermasienne ?
En guise de réponse à cette interrogation, la présente contribution démontre qu’il nous faut penser aujourd’hui la sphère publique après J. Habermas, sans nostalgie et romantisme politique, au-delà de l’apriori des prérogatives langagières exclusivement rationalistes. L’espace public à l’âge des plateformes digitales ne saurait se ramener au formalisme langagier quasi puritain de la discussion publique, encore moins en une mimique ou un clone de l’agora d’Athènes. Le siècle de Périclès n’a pas offert une fibre optique pour connexion internet à ses citoyens. Le cyberespace démocratique a sonné à double titre, aussi bien la fin du paradigme hiérarchique de la compétence participative en politique, que l’obsession d’emprunter un mono rail discursif rationnel pour participer à la construction démocratique. Les multi plateformes digitales représentent de nouveaux langages de programmation de formes d’expression démocratique dans une société ouverte et soumise au cycle de la vitesse. Internet, combiné aux multi plateformes digitales, est devenu la nouvelle autoroute Romaine de communication reliant les citoyens entre eux et leurs gouvernants. Il est devenu d’autant plus facile et commode d’organiser et de mobiliser pour une cause en ligne. Dans un siècle où l’habitude de cliquer sur un smart phone pour envoyer ou recevoir de l’argent est devenue un geste banal jusqu’aux fins fonds des villages de Kisumu au Kenya, le refus du vote électronique ou de la délibération digitale passe de plus en plus comme un enlisement institutionnel politique anachronique. C’est sans surprise aucune que les nouveaux publics polycentriques ont provoqué la levée des barrières policières discursives dans la participation politique. Par conséquent, le cyberespace a provoqué la mort symbolique de “l’intellectuel public” en contraignant aussi bien l’institution académique que la praxis démocratique au retour dans l’agora public ouvert et sans exclusion d’où elles ont émigré.
Au-delà de l’approche habermasienne d’une éthique de la communication politique par la raison discursive, notre contribution repositionne l’agora en dehors de la cage d’acier du culte de la conversation politique rationnelle. Nous apportions une nuance selon laquelle le modèle d’une expérience de conversation politique coopérative réussie n’est pas nécessairement le gage d’un idéal, encore moins, d’un succès démocratique. Aussi faisons nous observer que le paradigme tant magnifié de la conversation rationnelle en politique n’est ni public, ni privé, mais avant tout social. Comme Michael Schudson nous le rappelle, la démocratie crée la conversation démocratique plus que l’éthique de la conversation naturelle crée la démocratie. Du reste, la pilule de la conversation argumentative et rationnelle en vue d’atteindre le consensus n’est pas une panacée magique aux problèmes de la démocratie. Bien au contraire, il est préférable pour le progrès démocratique d’opposer une fin de non-recevoir ou une suspension à la conversation politique quand nécessité fait loi. Tel semble le cas d’école que nous proposent les mouvements sociaux contemporains. Les actes de désobéissance civile, les “sitting” civiques, les boycotts et les démonstrations politiques constituent autant d’actes politiques souvent contraires aux règles de la civilité et de la conversation rationnelle. C’est sous cet angle qu’il nous faut appréhender la contribution démocratique et civique des nouveaux mouvements sociaux comme foyers incandescents d’expérience de participation démocratique sans élites et sans prérequis lexical du discours politique. Partant, la réinvention de l’agora par les multi plateformes digitales a provoqué une refondation du contrôle de l’information politique. Les politiques se sont soumis au tango des medias sociaux. Le sceptre démocratique est désormais sous connexion internet haut débit. Gouverner aujourd’hui, c’est aussi intégrer la dimension de la vitesse dans la communication politique. Les partis politiques en ligne sont entrés dans la course pour les élections démocratiques.
Quatre haltes analytiques majeures ponctuent notre démarche argumentative. Tout d’abord, nous entendons défendre à la suite de Jürgen Habermas que l’émancipation citoyenne se trouve indivisiblement rattachée au processus de participation citoyenne démocratique sous l’accord des raisons argumentatives. Pour ce faire, la sphère publique se conçoit, tout autant comme une force de rationalisation de la politique, qu’une promesse d’émancipation citoyenne. La valeur procédurale de la pratique délibérative démocratique repose sur l’interaction des raisons libres de citoyens égaux. Mais, en faisant l’élection de la sphère bourgeoise comme miroir d’une émancipation citoyenne fondée sur la pratique d’une discursivité langagière rationnelle, Habermas n’évite pas l’écueil de rapporter le réel aux frontières étroites du langage humain. Il fait ainsi les frais des limites cognitives de la rationalité par l’opinion publique comme tribunal de la vérité. L’éthique de la communication chez Habermas s’est engluée dans une forme puriste du langage rationaliste au point d’avoir épousé les allures d’une critique rationnelle sélective. Elle est restée totalement apathique aux formes d’exclusion sociale arbitraire dont sont victimes les femmes et les minorités dans l’espace politico-social.
Puis, nous établissons dans une deuxième approche que les mouvements sociaux ont longtemps été éclipsés au profit du prestige des forums politiques “élitistes” et rationalistes. Pourtant, un regard rétrospectif nous renseigne que les mouvements sociaux tels le Civil Rights Movement , le mouvement altermondialiste, ainsi que Occupy Wall Street contribuent davantage à une plus grande délibération participative démocratique que les pratiques délibératives rationalistes engluées dans les pièges du langage. Les nouveaux mouvements sociaux contribuent à une réinvention du langage de la démocratie. Leur approche horizontale de la participation politique est en passe de reléguer aux oubliettes le paradigme vertical de l’élitisme démocratique des partis politiques. Il va sans dire que cette réinvention de la sphère publique a vu naître de nouveaux leaders d’opinions. La nature asynchronique de la participation citoyenne en ligne émule l’émergence de nouveaux intellectuels publics non conventionnels. Ces nouveaux intellectuels publics ne se réclament pas forcément d’une élite académique et ne jouissent pas de bonus financiers des organes de presse traditionnels. Tels nouveaux intellectuels publics sont des activistes pour une cause comme Greenpeace ou la télé-démocratie plébiscitaire du Oprah Winfrey show. Quoiqu’il en soit, nous entendons attirer l’attention que le préalable d’un débat public discursivement hyper rationalisé n’est p

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