Échos des voix antiques
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Échos des voix antiques , livre ebook

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Description

Nous savons depuis longtemps que nous « sommes Grecs » par nos racines culturelles : l'invention du souci politique, celui de la justice dans la « Belle Cité », l'extraordinaire étonnement qui fit naître la philosophie, le mystère de l'Homme le plus sage, la condition humaine de cet être de caverne que nous ne cessons d'être, la question cruciale de ce qu'est notre âme, les inimaginables aventures des récits mythologiques à propos de Bacchus-Dionysos, les désastres de la guerre, la quête de l'Atlantide, l'invention d'un bonheur à la portée de l'Homme... Tels sont les thèmes antiques, ici évoqués par Benjamin Orcajada. Ils ne cessent de faire écho dans le monde contemporain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414349937
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue Président Wilson – 93210 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-34994-4

© Edilivre, 2019
Du même auteur

Du même auteur :
Voir et Savoir
Société des écrivains
Essai d’Esthétique

La gloire du Paon
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Essai

Prodiges
Edilivre
Poèmes

Eclats
Edilivre
Poèmes
Prologue
Le caïque glissait dans la brume qui peinait à s’éclaircir. Il finit par accoster sur le quai du petit village, coiffé par la silhouette sombre des pins. Dès le petit matin, il fallut marcher dans les pas invisibles des processions antiques, grimper jusqu’aux falaises de Delphes qui surplombaient la mer d’oliviers et le golfe de Corinthe. Le rocher de la Sybille était couvert de lierre, le théâtre était vide et le temple, dont il ne restait que des vestiges, était désert. Plus loin, dans la cité d’Athènes, bruyante et polluée, les marches du Propylée me hissèrent sur l’Acropole, et je fus projeté jusqu’à l’infinité du ciel attique. Ailleurs, à Olympie, dans le fracas divin des colonnes de marbre et les arbres fleuris, des stèles éparses célébraient quelque olympique exploit d’athlètes disparus. Puis, le chant des enfants qui fleurissaient la fête de Pâques, que j’entendis dans les gorges désertiques de Samaria près de la mer libyenne sur la côte crétoise, furent ceux d’une interminable jeunesse, un écho si lointain, un rappel nostalgique de tout ce que nous fûmes. Ici je me souviens.
Echo, la pauvre nymphe condamnée au silence par la jalousie de l’épouse de Zeus, ne put que répéter les derniers mots de celui qu’elle entendait. Le jeune Narcisse, perdu dans la forêt, appelle ses compagnons de chasse. « Rejoignez moi » dit-il. La nymphe s’élance vers celui qu’elle aime car elle croit qu’il l’appelle. Surpris, Narcisse la repousse. Il ne veut pas d’elle, il n’admire, n’entend que soi.
Nous qui sommes si attentifs à notre vie présente, ferons-nous de même à l’égard de ces voix antiques qui viennent d’un si lointain passé ?
D’où venons-nous ?
Il nous faut revenir quelquefois à nos souvenirs d’école, ou sur quelques voyages touristiques vers Athènes, Corinthe, Epidaure, Mycènes ou Delphes, pour prendre clairement conscience du fait : Nous venons des grecs à plus d’un titre depuis bien longtemps. Certes, le Moyen-âge, le Gothique ou le Baroque, les influences Celtiques ou Anglo-Saxonnes, n’ont pas grand chose à voir avec la Grèce. Cependant, la sourde présence de celle-ci, comme une source intarissable et souterraine, sur laquelle nous sommes, n’en est pas moins constante. Elle fut analysée par l’helléniste Jacqueline de Romilly.
Presque tout ce qui fait la culture occidentale semble venir des grecs. « On a quelquefois cette impression qu’ils ont été les premiers à réfléchir sur tout, dit-elle. C’est qu’en réalité ils s’expriment et écrivent sur tout ».
Par exemple, l’Erechthéion est cet ancien temple bâti au V ème siècle avant J.C. sur l’Acropole. Il jouxte le fameux Parthénon et il est célèbre pour son portique orné des cariatides, six jeunes filles de marbre, supportant le lourd entablement. C’est aussi une prouesse architecturale : la construction la plus complexe de l’architecture grecque. Son concepteur est anonyme. Pour éviter qu’elle ne soit écrasée par la masse colossale du Parthénon, on l’implanta en porte à faux sur une vaste terrasse latérale. Alors que le mur soutenant les cariatides s’étend sur celle-ci, le reste de l’édifice se trouve à un niveau plus bas de trois mètres dix. L’architecte sut venir à bout de la difficulté mais on sait qu’il profita de l’occasion pour rédiger un traité. Voilà déjà un trait essentiel de l’esprit grec ; le souci de transmettre un savoir.
Dans des horizons plus lointains, les paysans Egyptiens, pour des raisons pratiques de partage des terres entre les fils héritiers, appliquaient le calcul de proportion entre les trois côtés du triangle rectangle, mais il fallut un Pythagore pour écrire un traité de géométrie. Nos étudiants apprennent encore cela.
Ces exemples montrent que le génie grec se manifesta par une volonté de théorisation systématique. Le mot théorie signifie observation, contemplation. C’est qu’il faut, pour apprendre, des manuels rédigés. La Paidéia , l’éducation des enfants sera une préoccupation de la Grèce entière. Il n’y a pas de science sans éducation de l’esprit et pas d’éducation possible sans amour du savoir.
L’homme grec est aussi celui de la Polis, la Cité. C’est elle qui devient le lieu de rencontre où se définissent les préoccupations fondamentales qui tissent l’être de l’homme. Elle est considérée comme un microcosme, reflet miniaturisé de ce macrocosme qu’est l’univers.
Faut-il gérer la Cité ? Les citoyens se réunissent sur l’agora, la place publique. Chacun doit parler, s’exprimer librement, les lois seront écrites et les réflexions sur la question politique ne manquent pas.
Voici donc l’originalité grecque : elle impose une rupture avec l’Orient où tout semble pharaonique, mystérieux, complot de palais, secret d’alcôve, obéissance à un maître absolu, servitude et oubli de soi.
Il y a une grande différence de mentalité entre un type de pensée traditionnel définissant tout un pan de civilisations lointaines et un type de pensée moderne en gestation que les Grecs inaugurent.
Le plus remarquable sans doute, c’est qu’ils inventent la notion de personne humaine. En politique l’égalité des droits du citoyen athénien fonde la démocratie. Elle n’est pas simplement considérée comme une particularité locale mais aussi comme un modèle de constitution.
On invente le droit. Tous seront ainsi égaux devant la loi même si les travers de la démocratie sont diagnostiqués et sévèrement jugés. La tyrannie, le gouvernement despotique d’un seul. la violence brutale et la barbarie sont condamnées.
Pour ce qui est des savoirs, les Grecs marquent une exigence de différenciation importante : La religion, la poésie, la philosophie, la science… Tout cela ne doit pas être confondu. Ce qui est porté au plus haut, c’est le souci de faire la différence. Si pour les Athéniens, les étrangers sont barbares, ce n’est pas parce qu’ils sont rejetés, mais parce qu’ils ne savent pas parler correctement. Comme les oiseaux ils ne respectent pas les articulations. On verra même Platon comparer le bon philosophe dialecticien, amoureux des analyses et des synthèses à un bon cuisinier qui sait découper les pièces selon les articulations naturelles.
Au fil de ces considérations se tisse une nouvelle conception de l’homme et du monde. Ce qui émerge c’est la fondation d’un véritable humanisme plaçant pour la première fois et de manière franche l’homme au centre de toutes les préoccupations. Rien d’étonnant alors que l’on ait désigné les études de Lettres classiques les « humanités ».
Transportons-nous dans l’impressionnant théâtre d’Epidaure ; Ecoutons la voix qui nous vient de la pièce Antigone de Sophocle : « Entre tant de merveilles du monde, la plus grande merveille, c’est l’homme ».
Quelques rappels historiques nous permettront de mieux cerner notre dette envers les grecs de l’Antiquité. Au IX ème siècle avant J.C. Hésiode rédige sa Théogonie. Il nous y présente un Univers où les hommes et les dieux se côtoient et même festoient ensemble. Le monde est pénétré de divin. Par delà les fantaisies des fables, un nouveau type de discours plus rationnel apparaît.
Anaxagore prétend que le « Noùs », l’Esprit, gouverne le monde. Thalès, que le premier principe est l’eau d’où vient toute forme de vie. De nouveaux penseurs font école ; on les appelle des « Physiologues » car ils étudient la « Fusis », la matière. Démocrite prétend que l’univers est composé de petites particules indivisibles et en mouvement appelées « atomes ».
Au VI ème siècle avant J.C. Héraclite, qu’on surnommait l’obscur pour la brièveté de ses aphorismes, sera le penseur de cette matière en devenir, l’eau, la terre, le feu et l’air se mêlent subtilement. On lui doit une formule énigmatique célèbre : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Peut-il en être autrement puisque tout est vie est que la vie est devenir ? Le même poète et philosophe d’écrire : « Le temps est un enfant qui joue aux osselets. Royauté de l’enfant. » Pythagore enquête sur la nature, Parménide invente la logique. Dans une belle «  Lettre sur le bonheur  », Epicure conseille à son disciple Ménécée de ne point s’effrayer devant la mort. Elle n’est rien. Une belle vie est possible.
Grande leçon de sagesse lorsqu’on nous met en garde contre les faux bonheurs des réussites sociales qui flattent les ambitions, les orgueils ou les plaisirs de consommation effrénée. On a colporté beaucoup de contresens sur l’épicurisme. On le verra. C’est que, comme nous le disent les philosophes contemporains, réussir dans la vie n’est pas forcément réussir sa vie. Epicuriens et stoïciens sont sur ce point en parfait accord. La conduite de l’âme appelée pychagogie vise à atteindre un bonheur authentique qui est un état de sérénité, une absence totale de trouble appelée Ataraxia . Entre l’état psychologique et les états de la matière, il y a comme un parallélisme ; à l’ ataraxia correspond la katastématiké , un équilibre parfait des atomes.
Quant aux sentiments religieux, la somme fabuleuse de temples dédiés à Apollon, Poséidon, Athéna et aux autres dieux montre combien ceux-ci sont vénérés et respectés. Mais, vous le remarquerez, leur composition architecturale est très ouverte. On peut facilement circuler entre les colonnes, aller, venir, rentrer dans le lieu saint et sortir dans le lumière du ciel. Les dieux festoient avec les hommes. Les cérémonies religieuses sont des fêtes populaires, des processions qui ont lieu à l’extérieur du temple et scandent les

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