Europe : il faut tout changer

Wauquiez Laurent

Description

« J’ai une conviction simple : soit l’Europe change du tout au tout, soit elle est condamnée. L’Europe était l’un des plus beaux projets politiques. Nous avions de l’or dans les mains. Mais l’enthousiasme a cédé la place aux négociations de marchands de tapis et l’élan s’est progressivement perdu. Oui, nous avons besoin de l’Europe, mais pas de cette Europe-là. Encore faut-il ouvrir le débat. Cela suppose de l’audace et du courage, juste ce minimum de volonté pour secouer les tabous solidement établis, depuis Schengen jusqu’à l’Europe à 28, en passant par le protectionnisme et la liberté de circulation. Aujourd’hui, soit on est pro-européen, et sommé de défendre tout ce que fait Bruxelles, soit on est anti-européen, et l’Europe devient porteuse de tous les vices. Au fond, on a renoncé à toute forme de liberté de pensée. Je réclame ce sursaut de lucidité qui doit permettre à des pro-européens de dire que ce n’est plus possible. Europe, oui, tout doit changer. » L. W. Un livre tonique, une analyse stimulante qui allie profondeur historique et vérité de ton. Illustrée de nombreux exemples et d’anecdotes vivantes, une vraie vision de l’Europe assortie de propositions nouvelles. Benjamin de l’Assemblée nationale lors de son élection comme député en 2004, Laurent Wauquiez, 39 ans, a été ministre chargé des Affaires européennes entre 2010 et 2011, avant de devenir ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il a fondé la Droite sociale en 2010, groupe qui rassemble des parlementaires et des élus locaux déterminés à réinstaurer l’équilibre entre les droits et les devoirs au sein de notre société. Il a publié en 2011 La Lutte des classes moyennes aux éditions Odile Jacob. Il est aujourd’hui maire du Puy-en-Velay et député de Haute-Loire. 

Sujets

• Political Science

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 10 avril 2014
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782738171696
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

© O DILE J ACOB , AVRIL 2014 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-7169-6
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À ma grand-mère, à son beau regard sur les autres et à son esprit joyeux.
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Europe : le rêve perdu
Première partie - L’Europe ne marche plus
Chapitre 1 - Ubu l’Européen
L’Europe veut-elle prendre la peine d’être populaire ?
L’enfer des dossiers européens : toute personne aidée par l’Europe finit par détester l’Europe
À la recherche de grands projets
La passion normative
L’enfer normatif est pavé de bonnes intentions
Chapitre 2 - La politique industrielle : une colombe au pays des faucons
La période héroïque : du charbon à l’aéronautique
L’odyssée européenne de l’espace
Et depuis, que d’erreurs : où est le Google européen ?
La politique européenne de l’énergie : Kafka le gazier
La concurrence : le nouveau veau d’or de la Commission européenne
L’anticoncentration ou comment tuer les champions européens
Amendes : de l’utilité de se tirer des balles dans le pied
Chapitre 3 - Immigration : voyage au pays des frontières passoires
Une régulation européenne de l’immigration est-elle vraiment possible ?
L’immigration légale, pomme de discorde
L’absence de politique d’immigration choisie
L’impuissance organisée
La lutte contre l’immigration illégale : sauve qui peut !
Roumanie et Bulgarie : bienvenue dans Schengen ?
La liberté ou la mort : réformer ou sortir de Schengen
Chapitre 4 - L’Europe de la diplomatie et des armées, un nain international
Le printemps arabe : l’Europe introuvable
Comment comprendre les enjeux du monde arabe : les dangers de la naïveté
Qu’a-t-on fait ?
Et le reste du monde… entre Mali et Ukraine
La baronne Ashton, la meilleure garantie qu’il ne se passera rien
Le manque d’Europe
Comment assumer le bras de fer ?
La défense européenne : chacun pour soi, Dieu pour tous
Deuxième partie - Les raisons de l’impuissance
Chapitre 1 - L’envers du décor : au secours, ils sont devenus fous !
Et d’abord qu’est-ce qu’un ministre des Affaires européennes ?
Le pas suspendu de la cigogne
La Commission européenne : le tapir qui se regarde le nombril
Le Conseil : la tribu des lémuriens
La démission du politique face à l’expertise administrative
Les grandes manœuvres du Conseil européen : au pays des grands fauves
Le Parlement européen : la grenouille et le bœuf
La meute des lobbies
Et le peuple dans tout ça ?
Chapitre 2 - L’élargissement : l’Europe sans fin ou la fin de l’Europe
L’évidence d’une responsabilité historique : la Première Guerre mondiale
La trahison de 1945
Le débat escamoté
À quoi bon consulter les peuples ?
Trop de différences, trop peu en commun
Le plombier polonais, symptôme de toutes les folies
Les Roms au pays de l’Europe ouverte
Le processus d’élargissement : porte fermée, fenêtres ouvertes aux quatre vents
La Turquie et le rapport à la vérité
Troisième partie - Plaidoyer pour une rupture
Chapitre 1 - Un noyau dur à 6 pour en finir avec l’élargissement
L’évidence du noyau dur : on ne fait pas à 28 ce qu’on faisait à 6
Un pari pascalien : inverser le sens de l’histoire, ou mieux vaut se recentrer que se diluer
Le cas du Royaume-Uni : de Gaulle avait raison
Le Luxembourg, paradis artificiel
Le fonctionnement du noyau dur
Les cercles : de l’euro au soft power
Comment convaincre l’Allemagne ? La réponse est en nous
L’exemple de Conducto : l’Europe dans cinq ans, politique-fiction
Chapitre 2 - Il faut sauver l’euro
Et d’abord pourquoi l’euro ?
Au cœur de la tempête
France et Allemagne : la cigale et la fourmi
Les secrets du rapprochement
La longue marche
La Banque centrale : dernier rempart fédéral
Et le politique ?
Comment voir l’avenir : la boule de cristal
Pour un big deal franco-allemand : il y a un après 3 %
Chapitre 3 - Plaidoyer pour un protectionnisme européen
Cette si chère énergie solaire venue de Chine
Notre folie libre-échangiste
Le plastique entre Europe et Asie
Les centres d’appels européens : bienvenue au Maroc
L’agroalimentaire ou comment l’Europe abandonne les siens
Et pendant ce temps-là, les autres pays se protègent
Plaidoyer pour une autre approche
Un préalable, clarifier les intentions françaises : le protectionnisme n’est pas un alibi pour ne rien faire
Un principe de bon sens, la réciprocité
Une politique douanière plus pragmatique
Une politique de la concurrence plus lucide
Et l’environnement, dans tout ça ?
La dimension sociale de la mondialisation : informer le consommateur qui est aussi un travailleur
La défaite de la pensée européenne : le joueur de flûte de Hamelin
Chapitre 4 - Renouer avec le goût du grand large
Erasmus : l’auberge espagnole Du mythe à la réalité
Internet l’européen ou le cheval de Troie des Américains
Découvrir des traitements efficaces contre la maladie d’Alzheimer
Une société européenne capable de douceur pour le grand âge ?
Financement : l’imagination n’est pas interdite
Chapitre 5 - Et pourtant elle a des racines : quelle identité européenne ?
Le Traité constitutionnel, somme de toutes les peurs
L’Europe peut-elle se construire sur un trou noir ?
L’exemple de l’agenda culturel européen
La belle aventure de l’identité européenne
Les grands débats : racines chrétiennes et État-nation
Le syncrétisme de l’Europe entre Athènes, Rome et Jérusalem
Comment ne pas être fier de cette âme européenne ?
Conclusion - L’Europe est morte, vive l’Europe !
C’est fini, c’est fini la comédie
Les deux voies
Le besoin d’une clarification : pour un référendum européen
La France face à elle-même
La décadence n’est jamais une fatalité
Le test du courage
INTRODUCTION
Europe : le rêve perdu

J’ai 16 ans, l’âge de tous les rêves et de toutes les utopies. La tête pleine de grands horizons. Nous nous retrouvons avec un petit groupe d’amis pour des soirées animées à refaire un monde que nous n’avons même pas commencé à explorer. On échange, on s’emporte, on se fâche, on gronde, on se déchire, on se réconcilie. Confrontée au cynisme désabusé des années 1990, notre génération cherche sa cause, sa ligne de vie, son but qui puisse lui donner un sens. L’Europe bien sûr, pour chacun d’entre nous : nous serions cette génération qui accoucherait du fédéralisme européen. Nous allions donner corps à l’ambition de Victor Hugo de faire des États-Unis d’Europe. C’était notre serment, notre nouvelle frontière. La cause était entendue : les limites nationales étant trop étroites pour enfermer nos rêves de grands espaces, c’est résolument vers l’Europe que nos regards rêveurs se tournaient. C’était l’époque de la commission Delors, de la chute du communisme et de la réunification du continent européen. Deux tiers des Français étaient favorables à l’Europe.
J’ai 38 ans. Je donne des cours de sciences politiques à une nouvelle génération. Face à moi dans la salle, des étudiants français qui sont allés aux quatre coins de la planète. Il y a aussi quelques Canadiens, deux Chinois et un Brésilien. Quand je demande qui croit au rêve européen, ils étouffent poliment quelques rires, des mains timides se lèvent, vestiges d’une ancienne espérance. Mais, pour l’essentiel, ils ont enjambé depuis longtemps une Europe poussiéreuse, pesante et inerte, pour partir vers le grand large. C’est la commission Barroso. Deux tiers de nos compatriotes considèrent que, pour la France, appartenir à l’Europe n’est plus une bonne chose.
Étudiant, j’étais résolument pro-européen. Maire, j’ai commencé à douter, confronté à tous les harcèlements de normes européennes parfois absurdes. Ministre des Affaires européennes, je suis reparti de Bruxelles avec une conviction simple : soit l’Europe change du tout au tout, soit elle est condamnée. La rupture ou la mort.
Mon itinéraire politique est inscrit dans cette ère du doute croissant. Jacques Barrot a accompagné mes premiers pas en politique. Tout le rattachait à cette tradition de la démocratie chrétienne qui croyait à l’idéal européen parce qu’elle en mesurait la dimension historique. Il porte en lui la foi européenne, et son esprit tourné vers l’équilibre et l’échange est fait pour le débat européen. J’ai vu son incompréhension et sa tristesse quand, scrutin après scrutin, la méfiance à l’égard de l’Europe montait dans l’opinion publique. Mais, quoi qu’il arrive, sa conviction restait intacte et ne pouvait être remise en cause. Pour nous, en revanche, les choses ont changé. J’appartiens à cette génération qui ne demandait qu’à croire à l’Europe et qui en grandissant découvre un paysage de ruines et ne comprend plus où sont les rêves avec lesquels on a bercé son enfance.
Comment en est-on arrivé là ? Comment passe-t-on de Delors à Barroso ? Comment, en partant de l’ambition des pères fondateurs de bâtir sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale, parvient-on à une Europe aussi étouffante que peu efficace ? L’Europe était un des plus beaux projets politiques. Nous avions de l’or dans les mains. Comment a-t-on pu accumuler autant d’erreurs jusqu’à vider l’Europe de son sens et construire un tel rejet par l’opinion ? Quand on écrira l’histoire des plus grands échecs politiques de cette fin de XX e  si