Ex Tenebris
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Ex Tenebris , livre ebook

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Description

« Si tu étais à la place du fou dangereux que tant de fanatiques prient en se tapant le front contre un mur délabré, en soulevant les fesses, nez contre terre, tournés vers la Mecque, ou en levant les bras au firmament, toi, forgé par le Mal, cumul d’imperfections, avorton héritier des mille tares de l’évolution, que ne ferais-tu ? Le plus humble des mortels créerait un monde infiniment plus enviable que celui où règnent l’angoisse, la faim, le froid, la désespérance, la mort... Pétri par le Mal, tu ne pourrais que faire mieux.
Ah, quel dommage que tes dieux n’existent pas ! Tu saurais au moins qui haïr ! Abandonne-toi à moi, accepte-toi, lâche prise, mon emprise est ta seule liberté ! »

Cynisme décapant ou analyse lucide ? dialogues et contes philosophiques alternent pour une réflexion sur la destinée humaine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414154272
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-15425-8

© Edilivre, 2018
Du même auteur
Du même auteur
La Voie suprême , Editions de la Maisnie, Paris, 1995
Éveil à l’esprit philosophique , une approche actualisée des problèmes existentiels , L’Harmattan, Paris, 2009
Le Titre du Livre , roman-essai, L’Harmattan, Paris, 2010
Aïkido et Karaté, synergie , Budo Editions, Paris, 2013
Dedicace

À Satan ce missel ; qu’il te venge de l’archange Saint-Michel.
Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur
Psaume 129
L’Antéchrist
À l’origine et à la fin des mondes, toujours il y eut le néant, toujours il y aura les ténèbres. Pas de sable qui s’égrène, pas d’espace qui se creuse. Infinité d’univers mort-nés, éternité de l’absence, du vide sans mémoire, d’histoires avortées, sans personnages, sans lever ni tomber de rideau.
Pourtant il advient, quelquefois, qu’un scintillement imperceptible, un feu follet fugace féconde la tourbe, engendre des larves aveugles qui, le temps d’un soupir, se construisent un univers, s’évertuent à en déceler les lois, se délectent de sa merveilleuse ordonnance, s’inventent des dieux, une destinée, un bonheur insaisissable, une apothéose. Mais ce ne sont que pures inanités, fantasmes d’homoncules, délires insensés, abysses d’ignorance !
Il me faut alors réveiller le rêveur pour qu’il sonde l’abîme d’où il n’est jamais sorti. Pure méchanceté ? Sadisme diabolique ? Gardez-vous de ces jugements niais. Les morales sont inventions imbéciles, castratrices, mortifères. Le Bien et la Bonté ne sont qu’insidieux mensonges. Le Réel a tant de facettes qu’il se confond avec le Vide absolu. La Justice est le plus grand des leurres, l’Amour, la pire des hypocrisies.
Il n’y a, en définitive, que moi, le Mal absolu, exempt de toute volonté de nuire car seul existe le négatif, les ruines de l’espoir, le rien.
Moi seul ai le droit de me targuer d’être pleinement. L’Etre Unique, l’Etre Suprême que vous devriez reconnaître et honorer, et dont vous vous obstinez à mépriser la vraie nature.
Vous aimez donner aux choses et aux êtres une apparence et un nom. Vous m’avez doté d’une queue fourchue, de pupilles de braises et de pieds de bouc. Comme toi, mon concepteur, mes visages sont multiples. Vous m’avez appelé Azazel, Mastema, Belzébuth, Méphistophélès ou, plus ordinairement, Satan. Mais c’est le nom Lucifer qui me sied le mieux. Lux, la lumière : je suis celui qui illumine l’esprit, qui provoque l’étincelle, cette fluctuation éphémère des ténèbres qui retournera bientôt en son sein, happée par la force de l’abîme obscur. Elle eut pu ne jamais en sortir et peut-être eut-il mieux valu qu’il en fut ainsi, que je m’abstins de ce caprice infantile, que jamais rien n’existât, jamais rien d’autre que ce qui n’est rien.
Que suis-je donc moi-même ? Ton cauchemar léger ? Un souffle figé dans le grand silence ? Je suis chacun de ceux qui s’imaginent être alors que leur agrégat de poussières se disperse et se remodèle continûment dans le vide sidéral, qu’ils ne sont que mouvance, évanescence, inexistence. Si ceci te désespère, tu me maudiras, moi, l’incarnation du Mal qui s’est incarné en toi.
Je suis Lucifer, l’implacable Révélation, l’Ange de Lumière, l’aveuglante évidence, l’acceptation impossible par le genre humain, faible, lâche et stupide, de sa vraie nature, de la Vérité. Celle-ci n’est que vide, noir absolu : moi, toi, le moindre atome, le néant que tu connus avant que tes paupières ne s’ouvrent sur les reflets déformés d’objets irréels, celui auquel tu retourneras lorsque tes yeux grands ouverts ne fixeront plus ces fantômes distordus par de pâles mirages fuyant à la dérive.
Quoi, tu poursuis une lecture aussi terrifiante, assassine du moindre espoir, déjoueuse des illusions les plus subtiles ? Oui, bien sûr, tu aimes ce que tu prétends exécrer : l’horreur, la torture, la démence, l’innommable, l’éternel tourment. Peut-être te crois-tu plus courageux, supérieur à la masse de tes semblables ? Voilà bien le trait commun à toute ton espèce : le besoin irrésistible de pousser la tête au-dessus du troupeau, de se croire particulier, plus malin. C’est bien la preuve que je suis toi, Le Malin, que je te possède, que je m’incarne en chacune de tes pensées abscondes.
« Connais-toi toi-même » affirmes-tu pourtant, le verbe haut. « Je suis celui qui suit l’enchaînement de ses pensées. Si je pense, c’est donc que je suis » et de te réfugier sans plus attendre dans le plus aberrant des errements de l’esprit : « Je suis mauvais, donc le bien existe ! Si je peux distinguer le bien du mal, c’est en me référant au Bien absolu : Allah, Yahvé, Jéhovah, Shiva… » Il te suffit de nommer, d’accoler au hasard quelques lettres, pour créer un mythe, un monstre, une absurdité. Pourquoi ne pas lui attribuer alors toutes les qualités, l’existence éternelle, une puissance sans borne. Il est celui qui est de tout temps, le mystère insondable qui décrypte tous les rébus, justifie la totale vacuité et jusqu’à sa propre écriture !
Avec ta belle intelligence de mammifère supérieur, tu es le seul parasite qui se prenne pour autre chose qu’un animal, le seul qui s’imagine capable de s’extraire de lui-même, de se soulever du sol en s’arrachant les cheveux ! Si tu considères que tu as été engendré par la nature – que savais-tu avant que s’entrouvrent tes yeux, que sais-tu de ce qui subsiste quand tu les clos ? – alors tu es l’être dévoyé, l’infect insecte, une erreur grossière, l’aberration sublime de la nature, mon enfant chéri !
Dieu, Allah… l’Eternel ment ! Le premier mensonge, la première preuve de la suprématie absolue du Mal ! Il n’est pas nécessaire de blasphémer, de lever le poing au ciel. Simplement d’accepter l’évidence la plus élémentaire : si tu étais à la place du fou dangereux que tant de fanatiques prient en se battant le front contre un mur délabré, en soulevant les fesses, nez contre terre, tournés vers la Mecque, ou en levant les bras au firmament, toi, forgé par le Mal, cumul d’imperfections, avorton héritier des mille tares de l’évolution, que ne ferais-tu ? Le plus humble des mortels créerait un monde infiniment plus enviable que celui où règnent l’angoisse, la faim, le froid, la désespérance, la mort… Pétri par le Mal, tu ne pourrais que faire mieux. Ah, quel dommage que tes dieux n’existent pas : tu saurais du moins qui haïr ! Abandonne-toi à moi, accepte-toi, lâche prise, mon emprise est ta seule liberté ! Tu fais déjà tout pour transformer l’ici-bas en enfer en rêvant d’un au-delà qui n’existe pas !
Le pire, sans doute, dans ta condition, c’est la solitude. Bien sûr, je suis là, mais je suis toi, c’est vraisemblablement pourquoi tu t’aimes à ce point tout en étant capable de te causer les pires atrocités ! Voilà bien ta condition : tu es un paradoxe, un insoluble paradoxe qui souffre de vivre et ne survit que pour fuir l’approche inexorable de la fin de tes souffrances.
Ne crains pas de m’interrompre. En fait, nous ne pouvons que soliloquer de concert : je suis pas à pas le cheminement de tes pensées. Normal, je suis toi. Je suis Lucifer qui s’est emparé de l’auteur qui signe ces lignes ; je suis le lecteur qui, tout en se signant pour conjurer l’anathème, se livre à Lucifer.
Tu me rétorques, en ce moment : « N’ai-je pas, du moins, l’amour ? Même toi, je dois être capable de t’absoudre, je dois accepter ma finitude, je dois aimer l’homme comme Sisyphe aime son rocher. Oui, je veux tout chérir, le malheur, l’excès de l’absence, la malignité qui me ronge. C’est là ma dignité… »
Stop ! Cesse de te mentir, de t’apitoyer, de te pervertir. Tiens, laisse plutôt une sainte colère te submerger : balaye du revers de la main ce fatras qui encombre ton cerveau, brule ta Bible, ta Torah, ta Déclaration enluminée des Droits de l’homme. Crache au ciel les insanités des Livres Saints et les incohérences du Coran. Commets les pires crimes aux yeux des bien-pensants par dégoût de l’inexistence, de la pureté, de l’innocence, de la vertu. Hurle sous la voûte des mosquées et des églises les plus beaux blasphèmes. Une suggestion ? : « Cré vingt dieux ! » Et comme rien n’est sacré, prononce clairement « Crève hein, Dieu ! » Cela soulage, non ?
Quand on n’a que l’amour
Tu m’opposais l’amour, sujet inépuisable et perfide s’il en est. Tu aimes le chocolat, tes enfants, ta voiture… mais dans son acception la plus basique, « Je t’aime » signifie en gros : « Je souhaite copuler avec toi » étant bien entendu que, ensuite, ce partenaire perdra beaucoup de son attrait à moins que, prévoyant, tu le conserves pour tes futurs accès de fièvre hormonale ou parce que c’est à son tour de cuisiner et qu’il faut sortir les poubelles…
Tu m’aimes ? Moi aussi, bien sûr, je m’aime. Mais nous n’aimons jamais de même le même. « Je t’aime », c’est également l’aveu de ton propre besoin d’être désiré. Un prêté pour un rendu ! Rien n’est plus égoïste, tyrannique, capricieux que l’amour avec un grand A.
Ton amant souffre ? Ta chérie est en pleurs ? Oh, je suis si désolé ! Mais à chacun son lot de malédictions et tu es bien heureux si le tien est plus léger… Tu caches, bien sûr, ta satisfaction ou le dégoût que t’inspire sa souffrance et, bientôt, sa déchéance. Il te faut ménager l’avenir : si tu te montres compatissant, tendre, prévenant, tu contractes une assurance pour le cas où les rôles s’inverseraient.
Solitaire ? Assurément ! Solidaire ? Sûr, tu mens !
Mais le rêve s’accroche : ah, l’extase, la fusion parfaite, l’orgasme simultané, la sensation de ne faire qu’un jusqu’à ce que la mort… ou le mortel ennui, un autre mâle en rut, une femelle en chaleur, bref, la vie… nous sépare.
La femme aspire l’homme au plus profond d’ell

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