Gare de l est n°1
240 pages
Français

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Gare de l'est n°1 , livre ebook

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240 pages
Français

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Description

Lancée à la suite d'une émission diffusée sur la radio européenne Euradio depuis 2007, cette collection vise à diffuser les connaissances des meilleurs experts des espaces des Balkans, d'Europe orientale, de Russie, du Caucase et d'Asie centrale. Ce premier numéro offre, par zone, un panorama des grands faits politiques et sociétaux qui marquent la période actuelle ainsi qu'une sélection d'articles transversaux et de photo-reportages qui permettent d'appréhender l'âme des temps dans ces zones parfois oubliées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2013
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296540095
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright
© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66977-9
Ulrich Huygevelde, rédacteur en chef Édito
Loin ? Près ? Depuis toujours, l’Orient européen ne cesse de se jouer de nos références, de nos codes occidentaux pour nous interroger et, le plus souvent, nous dérouter. Le soleil s’y lève parfois, soulevant des espoirs, troublés, depuis de longues années déjà, par les ombres d’une trop grise actualité. Rudes à la géographie et à l’histoire, les mondes de l’Est ne s’appréhendent pas sans volonté et humilité.
C’est une part de cette complexité que nous souhaitons contribuer à éclaircir en lançant Gare de l’Est, une nouvelle collection consacrée à l’actualité et l’analyse de ces espaces. Fédérant spécialistes, acteurs et observateurs d’ici et de là-bas, et prenant volontairement le contre-pied du tout immédiat aujourd’hui dans l’air du temps, elle fera la part belle aux longues interviews et articles de fond.
A l’instar des initiatives prises précédemment par le collectif à l’origine de ce projet, cette collection se veut une passerelle de plus, modeste mais néanmoins réelle, entre les Europes. Puisse-t-elle trouver sa place. A vous d’en décider !

Sommaire Couverture 4e de couverture Copyright Ulrich Huygevelde, rédacteur en chef Édito Sommaire Le grand témoin BALKANS 6 mois dans les Balkans L’Albanie, cent ans d’indépendance Serbie-Kosovo, un accord et des questions La Macédoine à l’heure de la cohabitation séparée EUROPE ORIENTALE 6 mois en Europe orientale La verticale du pouvoir au Belarus : de la capitale au village ? Ukraine, le glissement autocratique Belarus, d’une saison l’autre RUSSIE 6 mois en Russie La Russie est-elle encore un pays de pauvres ? Sotchi, les jeux de la démesure Développer le tourisme dans le Caucase Nord, une utopie ? La Tchétchénie reconstruite attend aussi ses touristes Nouveaux visages du monde agricole russe Vladimir, le dernier des paysans Le bio, nouvelle quête des « bobos » russes Femmes de Russie CAUCASE-SUD 6 mois dans le Caucase-Sud Alternance politique en Géorgie : une bonne nouvelle pour les droits de l’Homme ? L’Arménie, un refuge incertain pour les Arméniens de Syrie Les « invisibles » : le cas des femmes azéries de Géorgie Jours tranquilles à Soukhoum ASIE CENTRALE 6 mois en Asie Centrale Dérives populistes en Asie centrale Le Kirghizstan, du berger au « biznesman » La mer d’Aral, une catastrophe très politique TRAVERSES Société – Contrôle des naissances, les rendez-vous manqués de l’Etat russe Terres et Mers – L’écotourisme : une vue du Belarus Histoire – Ambassadeur à Moscou pendant la terreur stalinienne Histoire – Retour sur la campagne de Russie et ses commémorations Culture – Théâtre sur les rives de l’Amour Culture – Le Roman des Kadaré Culture – Chisinau, patrimoine en sursis Remerciements SOUTENIR GARE DE L’EST Adresse
Le grand témoin

Vaira Vike-Freiberga a été Présidente de la Lettonie de 1999 à 2007. Née à Riga, Vaira Vike-Freiberga subit dès son enfance les affres que connaît alors son pays et qui contraignent ses parents à l’exil dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Installée d’abord au Maroc avec sa famille, elle gagne en 1954 le Canada. Elle y mène une carrière scientifique de haut niveau, notamment dans le domaine de la psycholinguistique, avant de retourner en Lettonie dans les années 1990. Elle en devient chef de l’Etat en 1999 et bénéficie tout au long de son mandat de très flatteurs taux de popularité. En décembre 2007, elle est nommée vice-présidente du Groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe 2020-2030, et en 2009 est candidate à la présidence du Conseil européen.
Madame Vike-Freiberga livre ici son regard sur la Russie, pays avec lequel la Lettonie voisine parfois difficilement. Elle analyse les obstacles et les lourdeurs du passé qui y entravent la construction d’un véritable Etat de droit.
GDE : Quelle est selon vous la principale entrave au développement démocratique de la Russie ?
VVF : Le problème fondamental de la Russie est qu’elle n’a jamais connu la démocratie. Il n’y a pas de tradition ni de compréhension de ce que cela veut dire au juste. Cela s’explique notamment par le fait qu’il y a eu, à partir de la Révolution de 1917, une propagande professionnelle, accompagnée de répressions suffisamment sanguinaires pour inculquer aux Russes l’idée qu’il n’existe qu’une seule idéologie correcte et que l’instrument d’exécution de cette idéologie c’est le parti communiste, la population n’ayant pour sa part qu’à obéir et tout accepter.
La soumission passive a été imposée durant des décennies à coups de matraques, de tortures, d’exécutions et de déportations de masse. Ce ne sont pas seulement les ‘‘ennemis du régime’’ (réels, potentiels ou imaginaires) qui étaient ciblés. Des dizaines de milliers de communistes dévots se sont aussi pris des balles dans la nuque. Même la fidélité idéologique la plus servile n’offrait aucune protection à l’individu. Staline a instauré l’incertitude totale et la Terreur dans le sens le plus littéral du mot. C’était là son crédo et la base de son pouvoir absolu. Personne ne devait se sentir en sécurité, même pas sa famille, même pas ses plus proches et fidèles. Il le rappelait régulièrement.
Des décennies de ce genre de contrôle absolu laissent des traces dans la mentalité de la population, même si la rigueur des sévices a diminué après la mort de Staline. Le résultat, c’est qu’en 1991, quand le système s’est finalement écroulé, la population s’est retrouvée, du fait de son inexpérience, sans savoir quoi faire de sa liberté toute neuve.
Les traces de cette histoire particulièrement violente sur le système politique russe sont-elles encore largement prégnantes ?
LE SYSTÈME DEMEURE EXTRÊMEMENT DANGEREUX POUR CEUX QUI SE METTENT EN TRAVERS DU POUVOIR POLITIQUE OU ÉCONOMIQUE

Le système actuel est certes beaucoup moins arbitraire et moins dramatiquement répressif pour la majorité de la population. Le peuple a acquis le droit de voyager à l’étranger par exemple, entre autres fruits auparavant défendus. Néanmoins, le système demeure extrêmement dangereux pour ceux qui se mettent en travers du pouvoir politique ou économique, comme on le voit avec les meurtres réguliers de journalistes, d’avocats ou d’activistes défenseurs des droits de l’homme.
Le pouvoir n’attaque plus la population entière, mais se concentre sur ceux qui s’opposent trop activement au contrôle politique du Kremlin, ou ceux qui surestiment leur pouvoir économique, comme Khodorkhovski. Le message demeure clair : il vaut mieux rester à sa place, être conscient des lignes rouges que le pouvoir impose et les respecter scrupuleusement.
Tant que le citoyen reste tranquille et qu’il n’a pas le malheur de croiser la route de quelqu’un d’important avec des revendications quelconques, il peut se sentir en relative sécurité, ce qui est une amélioration par rapport à l’é poque précédente. Mais l’activisme trop visible n’est toujours pas encouragé, ce qui brime le développement de la société civile. De plus, à tous les niveaux de la « verticale du pouvoir », les traditions d’arbitraire et d’extorsion semblent être bien résistantes au changement. Il est frappant de voir la différence entre le degré de démocratisation de la société russe durant les vingt dernières années et celui des pays baltes durant la même période. La Lettonie, l’Estonie et la Lituanie ont connu vingt années d’indépendance entre les deux guerres, qui ont laissé des traces profondes dans la mentalité de leurs populations, surtout un sentiment d’opposition inter ne au régime soviétique. Dès qu’ils ont recouvré leur indépendance, leur désir le plus vif était de trancher avec le passé des cinquante dernières années, et ceci aussi rapidement que possible. Ces peuples voulaient regagner leur place au sein d’une Europe démocratique et se transformer en conséquence, même si cela devait entraîner un coût social non négligeable. En Russie, par contre, nombre de gens déplorent toujours la chute de l’

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