H
290 pages
Français

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Description

Alain Crémieux est ingénieur général de l’armement (aéronautique et électronique). Il s’intéresse à l’histoire et à l’éthique de l’armement.

En poste à Washington en 1983, il a été conduit à réfléchir à la logique qui sous-tend la théorie de la Mutually Assured Destruction dont le sigle MAD signifie « fou ».

Depuis soixante-dix ans, la guerre réelle est interdite par la menace virtuelle d’une horreur sans égale : l’horreur nucléaire. Alain Crémieux analyse cette contradiction logique par le biais d’une fiction qui se déroule dans un avenir indéterminé. Elle met en jeu les affres d’un commandant de sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE).

H analyse la plus étrange contradiction qui ait jamais été à la base de l’avenir d’une partie de l’humanité, voire de l’humanité toute entière.

Autres livres de l’auteur : Quand les Ricains repartiront, Les armements du prochain siècle, L’éthique des armes et Mémoires d’un technocrate.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 juillet 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332726544
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-72652-0

© Edilivre, 2014
Du même auteur
Du même auteur :
• L’armement à l’heure du désarmement
• Quand les Ricains repartiront
• L’éthique des armes
• Mémoires d’un technocrate
• Les armements du prochain siècle (le vingt-deuxième)
Ouvrages disponibles chez l’auteur
Commandes directes par mail : alain.cremieux@free.fr
Dédicace


Pour Pierre et Simone
Pour Marcel et Gilberte
Citation



It remains questionable whether the execution of a so-called retaliatory strike can serve national interests, once it has failed as a threat 1
Fred Iklé in “Every war must end”
Columbia University Press
New York
1991
1 . Savoir si l’exécution d’une frappe de représailles sert l’intérêt national, alors qu’elle a échoué en tant que menace, reste une question ouverte.
Remerciements
Je remercie Philippe Roger, Ingénieur de l’Armement (Génie maritime) et architecte de systèmes de combat devant l’Éternel, d’avoir bien voulu faire l’effort de me relire et de me signaler toutes les erreurs, voire les sacrilèges, qui trahissaient celui qui, Ingénieur de l’Armement (Air), ne s’est jamais trouvé (à son grand regret) à bord d’un SNLE en plongée. Quant aux progrès que j’ai fait faire à l’acoustique sous-marine, et à diverses autres branches de la science, pour les besoins de l’intrigue, ils restent de mon entière responsabilité.
Je remercie ma fille, Anne, pour sa relecture attentive, critique et instructive.
Chapitre I
En ce mardi de juin 20… le Capitaine de Vaisseau Michel Le Clerc traversait Brest lentement. Plus lentement que d’habitude. Son pas n’était jamais très rapide mais la démarche de ce jour trahissait une préoccupation. C’est tout juste s’il évitait les flaques d’eau qu’avait laissées ici et là l’orage de la veille. Alors qu’il ne passait jamais devant l’église Saint-Louis sans lui jeter au moins un regard, il ne sembla même pas se rendre compte qu’il avait quitté le trottoir et qu’il traversait la rue sans se soucier aucunement du trafic. Un taxi le sermonna d’un léger coup de klaxon auquel il ne prêta pas attention. Plus loin, il ne rendit leur salut ni au brigadier de gendarmerie qui, étonné, se retourna pour l’observer, ni à un adolescent qui l’avait pourtant gratifié d’un Bonjour Commandant très poli. Ce n’était pas son comportement habituel et il eut certainement été très étonné si quelqu’un lui avait fait remarquer ces manquements à une politesse élémentaire qui correspondait à des habitudes acquises dès l’enfance.
Les difficultés du Commandant Le Clerc n’étaient pas d’ordre personnel. Son ménage ne lui donnait pas de souci particulier. Sa femme, Chef-comptable dans la Marine, avait été mutée à Brest en même temps que lui à trois semaines près et ses enfants ne lui causaient pas de tracas excessif. L’aînée venait de passer brillamment sa première année de médecine. Les deux garçons franchissaient sans trop de mal les étapes du cursus lycéen et la petite dernière réussissait aussi bien en classe que dans son club de football féminin (section poussines).
Dans trois jours, le Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins, le SNLE, que commandait Michel Le Clerc devait appareiller pour deux mois.
Ce n’était pas la première patrouille de notre homme. Il avait déjà à son actif plus de deux ans de service à la mer en tant que sous-marinier. À peine sorti de Navale, il avait participé à des essais de sous-marins classiques, c’est-à-dire de sous-marins à propulsion diesel et dépourvus d’armes nucléaires. Après avoir fait les stages nécessaires, notamment à Cherbourg, il était passé à la propulsion nucléaire et avait commandé deux fois des Sous-marins Nucléaires d’Attaque dits SNA. Enfin cette patrouille était la troisième qu’il ferait à bord d’un SNLE et la deuxième comme commandant.
En passant devant l’église où il s’était marié, plus de vingt ans auparavant, il ralentit puis s’arrêta. Catholique croyant et pratiquant, il ne fréquentait cependant l’église qu’irrégulièrement et trouvait parfois de bonnes justifications pour ne pas y accompagner sa femme quand il n’y avait pas de raison particulière de la suivre. En tous cas il ne lui était jamais venu à l’idée, comme aujourd’hui, d’y faire une halte avant d’aller prendre son service. Immobile au centre du parvis, il s’étonnait lui-même et se demandait ce qui motivait son comportement. Finalement, il repartit sans entrer dans l’église mais non sans avoir donné un billet de vingt euros au mendiant, heureux mais lui aussi étonné, qui le gratifia d’un Merci, Commandant à peine murmuré.
Il n’est jamais agréable de sentir son inconscient prendre sans prévenir la direction des affaires et Michel Le Clerc, sans doute dans l’espoir de retrouver son ego habituel, pressa le pas et se dirigea plus résolument que jamais vers l’Amirauté.
Si, depuis une demi-heure, il se disait que rien de particulier ne le tracassait, il s’agissait bien en fait de cette sorte de mensonge à soi-même que chacun a expérimenté et qui tient tout autant du courage que de la lâcheté. Si le commandant de l’un des fleurons de la Royale voyait son front se plisser imperceptiblement et ses mains s’agiter juste assez pour que lui seul s’en rende compte, c’était bien parce que cette troisième patrouille sur SNLE s’annonçait différente.
Les fois précédentes, il avait affronté ces séjours à la mer de deux mois dans une bonne humeur et une tranquillité d’esprit qui, a posteriori , finissaient même par l’étonner. Quitter femme et enfants pour deux mois n’est pas sans causer des regrets mais c’est une caractéristique acceptée du métier de marin et tout particulièrement de sous-marinier nucléaire. On s’y fait vite, comme à tout ce que l’on sait inévitable. Après tout, les marins des siècles précédents partaient pour bien plus longtemps, ne revenaient pas toujours et, comme les sous-mariniers d’aujourd’hui, étaient dans l’impossibilité de communiquer avec leur famille. Certains de ses camarades de promotion de l’École Navale avaient dû accepter des affectations lointaines pour un à deux ans en célibataire. Son plus jeune fils était né pendant l’un de ses séjours en mer et cela restait un petit regret. C’est même aussi pendant l’un d’entre eux que la France avait changé de Président de la République et donc, lui, en quelque sorte, de patron direct ! Par ailleurs, ces périodes de deux mois en atmosphère confinée et dans un espace restreint étaient physiquement éprouvantes. Il était difficile d’en revenir sans avoir pris quelques kilos et on arborait toujours un teint blafard. Cela faisait dire à ses enfants qu’il s’agissait maintenant de manger moins et de faire du sport, au soleil de préférence, c’est-à-dire aussi loin que possible de Brest et de son crachin.
Les motifs de son inquiétude étaient ailleurs.
Lors de son dernier passage à Paris, il avait prolongé sa mission d’une demi-journée pour déjeuner avec son cousin et lui avait demandé de ne rien prévoir pendant la première moitié de l’après-midi.
Le colonel Georges Duvernoy était l’un des adjoints de l’amiral Chef d’État-Major Particulier du Président de la République, le CEMP. Un peu moins occupé que son patron, il avait pu lui consacrer cet espace de temps sans être dérangé par le moindre coup de téléphone, s’étonnant même que le portable crypté dont il était doté soit resté silencieux si longtemps. Le déjeuner et la conversation s’étaient déroulés autour de quelques sushis dans le studio qu’habitait Georges Duvernoy à Paris, sa femme étant restée à Metz avec les enfants. On ne sait jamais ce que dure une affectation à l’Élysée et il avait considéré plus prudent de ne pas risquer de changer deux fois les enfants d’établissement scolaire en cours d’année. Le studio avait l’allure qu’avait pu lui donner un célibataire occasionnel de quarante-deux ans. La femme de ménage Cap-Verdienne avait beau faire de son mieux pendant les deux heures hebdomadaires qu’elle y passait le mercredi, le désordre s’y réinstallait dès le jeudi matin. Le bureau était encombré de plusieurs ordinateurs et de divers terminaux qui firent sourire Michel. Son cousin lui expliqua qu’il n’avait rien trouvé de mieux pour faire disparaître le stress des journées à l’Élysée que de manipuler les jeux vidéo de l’année précédente que lui passait son fils quand il en était blasé.
Apercevant en entrant des dossiers dont le titre lui laissait présager que des informations secrètes avaient des chances de s’y trouver, Michel demanda plus sérieusement à son cousin s’il ne craignait pas de se voir un jour subtiliser des documents qu’il aurait mieux valu ne pas laisser traîner. L’affaire Dreyfus n’avait-elle pas commencé par le simple geste d’une femme de ménage ramassant dans la corbeille à papiers de l’attaché militaire allemand un document froissé qu’il aurait certainement mieux fait de brûler ? Georges le rassura en lui montrant le contenu de l’un de ses dossiers : une liasse d’informations touristiques sur la Cappadoce. On peut être colonel, servir à l’Élysée et regretter que des classeurs presque neufs soient jetés lorsque les affaires sont terminées. Michel se demanda s’il s’agissait d’écologie ou d’un sens de l’économie un peu excessif mais ne jugea pas nécessaire de se répondre.
Autour des sushis tout à fait convenables et de pâtisseries asiatiques, que Georges avait achetées chez le traiteur au pied de l’immeuble, un Breton pure souche reconverti pour s’adapter à la mode du moment, la conversation ne porta pas longtemps sur la santé des épouses et les études des enfants.
Michel avait toujours considéré qu’un commandant de SNLE est en droit de connaître au plus près la situation internationale telle qu’elle se p

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