Haïti : le paradis perdu
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Description

En retraçant la vie du général Leclerc, beau-frère du premier consul Bonaparte, et en examinant les circonstances de sa mort à Saint-Domingue en novembre 1802, on ne peut éviter de s’intéresser aux raisons pour lesquelles ce qui était la plus libre, la plus riche et la plus convoitée des colonies du monde est tombée dans l’extrême misère que l’on connaît aujourd’hui. Haïti, actuellement peuplée de 95% d’hommes noirs et de 5% de métis, n’a plus rien du paradis terrestre auquel Christophe Colomb croyait être parvenu. Ce sont des citoyens français dotés de tous leurs droits civiques et comblés d’honneurs par la patrie des droits de l’homme qui ont provoqué sa chute. Estimant qu’il valait mieux régner en enfer que servir au paradis, ils ont ordonné le massacre de leurs rivaux : tous ceux qui avaient la peau plus claire qu’eux. Ce faisant, ils ont tué la poule aux œufs d’or...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332726810
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-72679-7

© Edilivre, 2014
Préface de l’auteur
Pourquoi ai-je écrit ce livre ? Aux environs de l’année 1985, alors que j’avais plus de trente ans, j’ai envoyé au syndicat d’initiative de Pontoise une lettre à laquelle je n’ai jamais eu de réponse. Je demandais « une documentation aussi complète que possible » sur la vie du « général Victor-Emmanuel Leclerc ». « Peut-être », écrivais-je, « connaissez-vous une biographie détaillée de ce personnage ? ».
J’avais lu le livre Vingt cas suggérant la réincarnation d’Ian Stevenson, professeur de psychiatrie à l’université de Virginie. Ce chercheur a consacré sa vie à rendre visite, dans tous les coins du monde, à des parents dont l’enfant prétendait qu’ils n’étaient pas les siens et insistait pour retrouver ce qu’il appelait sa « vraie famille ». En scientifique rigoureux, il vérifiait minutieusement les assertions et les comportements de ces tout jeunes enfants qui s’étaient mis à raconter, avec force détails et dès qu’ils avaient été en mesure de parler, une vie antérieure généralement achevée par une mort violente quelques mois avant leur naissance. Après leur avoir permis de retrouver, en sa présence, leur « ancien »village et leur « ancienne » famille, il avait pu vérifier de visu l’authenticité de leurs souvenirs et la sincérité de leurs sentiments à l’égard de ces gens âgés qui étaient, pour leurs parents biologiques, de parfaits inconnus. Et il n’avait pu faire d’autre hypothèse que celle de la réincarnation pour expliquer une vingtaine de ces cas.
Sachant cela, je m’étais dit que, les lois de la nature étant immuables et l’exception impossible, s’il est avéré qu’il y a ne serait-ce qu’une seule personne sur terre dont la vie présente n’est pas la seule qu’elle ait vécu, nous devions tous être, malgré l’absence totale de souvenirs, des êtres réincarnés. Au cours d’une séance de méditation profonde, je m’étais donc posé la question : « Si j’ai vécu d’autres vies avant celle-ci, qui étais-je avant ma naissance ? Quel était mon prénom ? » Et j’ai aussitôt cru entendre une voix très claire et très distincte qui me répondait « Victor ». « Ce n’est pas possible ! », me suis-je dit, « C’est le prénom de mon grand-père maternel, décédé trois ans avant ma naissance, auquel ma mère et ma grand-mère m’ont toujours dit que je ressemblais beaucoup ! » J’ai donc demandé « Quel était mon nom de famille ? » La réponse, immédiate et beaucoup plus surprenante, fut « Leclerc », et non « Hamel ». « Quel était mon métier ? » « Général de Napoléon » et non « Douanier ». Voilà pourquoi, j’ai voulu en savoir davantage au sujet de ce général Leclerc, né à Pontoise le 17 mars 1772, au numéro 5 de la rue de Rouen, et baptisé à l’église Notre-Dame toute proche.
Rien de ce que j’ai vécu, rien de ce que j’ai appris en classe ou de ce que j’ai pu lire au sujet de Charles Victoire Emmanuel Leclerc n’avait pu m’amener à m’identifier à lui vers l’âge de trente ans. Ne dit-on pas qu’il était venu à Saint-Domingue avec la secrète mission d’y rétablir l’esclavage et la traite des noirs ? Ne raconte-t-on pas, avec délectation, les frasques supposées de son épouse, Pauline Bonaparte, dont on prétend qu’elle le rendait cocu ? Comme tout bon élève de terminale, j’avais appris que cet homme avait arrêté Toussaint Louverture par traitrise, sans avoir réussi à le soumettre en combat loyal.
Pourquoi n’éprouvais-je pas davantage de sympathie, au contraire, pour l’ancien esclave, le « Spartacus moderne » dont on dit qu’il a eu le mérite incomparable de chasser de son île natale tous les colonialistes qui la convoitaient : les Anglais et les Espagnols puis les Français envoyés par Bonaparte, probablement jaloux de la gloire acquise par celui qui prétendait, non sans raison, être « le Premier des Noirs » ?
Il est vrai que j’avais été très impressionné, une quinzaine d’années plus tôt, quand j’étais lycéen, par la forme de l’île de Saint-Domingue. Elle me rappelait celle d’une pince de crabe. En écoutant le récit fait par mon professeur d’histoire de l’échec de l’expédition lancée pour y rétablir l’ordre et l’autorité de la Nation française, j’ai immédiatement pensé que cette forme symbolisait fort bien les dangers du piège qu’elle avait refermé sur des milliers de nos soldats et sur leur chef, le général Leclerc.
La France est pleine de rues et d’avenues « du Général Leclerc » et mes parents habitaient dans l’une d’elles. Mais ce nom n’est généralement connu que parce qu’il a été adopté pendant la seconde guerre mondiale par Philippe de Hauteclocque, saint-cyrien de la promotion Leclerc , puis libérateur de la France en 1945 avec le général De Gaulle. Peut-être est-ce parce que je l’avais si souvent entendu que son patronyme fut le premier à me venir à l’esprit lorsque j’ai voulu savoir quelle était mon identité passée.
Toujours est-il qu’en octobre ou novembre 1967, alors que je m’apprêtais à fêter mon vingtième anniversaire en Amérique, loin de chez mes parents, je m’étais rendu dans une salle de spectacle pour écouter une chorale chanter des negro spirituals, j’ai soudain été saisi d’une terrible angoisse. J’avais besoin de sortir prendre l’air et, en même temps, je n’avais pas la force de me lever de ma chaise. J’avais l’impression d’être entouré de Noirs menaçants dont je ne comprenais pas l’animosité à mon égard. Je me souviens, par ailleurs, d’un cauchemar que j’ai fait peu après cette étrange expérience, dans lequel une vielle sorcière vaudou brandissant une espèce de baguette magique me maudissait en me tapant sur la tête. A chacun de ses coups, aussi léger qu’ait pu être le bâton, je me tassais davantage, malgré moi, sur le sol.
Je ne suis pas d’un naturel angoissé. Je n’ai de cafard que pour des raisons évidentes. Cette fois-là, il n’y en avait aucune. J’adorais et connaissais par cœur les chansons que chantaient des noirs américains comme Paul Robeson et Mahalia Jackson. Mes parents avaient leurs disques. Je me sentais en totale sympathie avec ces esclaves opprimés qui attendaient la venue d’un nouveau Moïse pour les libérer. Et si j’avais eu peur des noirs, il n’y en avait pas un seul, dans les collines du centre de l’état de New York où je suivais des études, à cinquante kilomètres à la ronde.
Je suis fier d’appartenir à une nation aussi peu raciste que la nôtre. A l’époque de cette incompréhensible crise d’angoisse, je suivais des cours en classe de terminale dans une « high school » américaine afin de perfectionner mon anglais. Parmi ces cours, il y en avait un qui s’appelait « social studies », un mélange d’instruction civique et de cours d’histoire des Etats-Unis. Tout ce que j’y ai entendu a renforcé chez moi la fierté d’être français. Il n’y a pas d’autre nation qui soit aussi reconnue pour son ouverture à d’autres ethnies et à d’autres cultures que la nôtre. Lorsque Lafayette a obtenu de Louis XVI les moyens logistiques de se battre aux côtés des rebelles américains contre les Anglais, il y est allé avec des Noirs recrutés aux Antilles. Sur place, il fut chargé, en particulier, de rallier à leur cause les « indiens » qui avaient conservé de nos compatriotes la langue et l’amitié. Encore de nos jours, en conséquence de leur métissage, certains amérindiens portent des noms français ou s’expriment, dans leur réserve, au beau milieu d’un océan anglophone, dans notre langue. J’étais fier d’entendre mon professeur dire que la France avait aboli l’esclavage bien longtemps avant toute autre nation.
Le 2 novembre 1802, 165 ans avant cette crise d’angoisse inexplicable, Leclerc est mort. Le 8 ou le 9 novembre 1802, 145 ans exactement avant ma naissance, son corps était rapatrié à bord d’un vaisseau pris aux Anglais : le Swiftsure . L’événement lui-même ne m’attriste pas. Au contraire, je le vois comme une délivrance. La pince du crabe avait enfin lâché sa proie et Leclerc allait pouvoir reposer en paix sur la terre de ses ancêtres.
Revenu d’Amérique, la première fois où j’ai emmené une jeune fille au cinéma, c’est à un documentaire sur le vaudou à Haïti que je l’ai fait assister. Cette jeune fille est devenue ma femme. C’est elle qui, une quinzaine d’années plus tard, en m’entendant parler de Leclerc à Saint Domingue, m’a rappelé ce détail. N’ayant pas de réponse de la part de l’office de tourisme de Pontoise, je me suis mis à lire, à la bibliothèque municipale de Lille, tout ce que j’ai pu trouver de la biographie de Leclerc.
Il valait la peine de chercher à comprendre qui étaient vraiment Leclerc et Toussaint Louverture. Grâce à l’internet, il est facile, de nos jours, de collecter une quantité impressionnante de renseignements. En fin d’année 2012, j’ai trouvé, en quelques clics, bien plus que tout ce que j’aurais voulu savoir trente années plus tôt en écrivant à l’office de tourisme de Pontoise ou en écumant toutes les bibliothèques de France. Mes connaissances, il convient de le dire avec gratitude, proviennent aussi, en grande partie, du livre d’Henri Mézière, Le Général Leclerc et l’expédition de Saint Domingue. La vie et la mort de ces hommes telles que je les ai découvertes, et à propos desquelles, je tiens à le dire, je n’ai rien inventé, sortent tout à fait de l’ordinaire. Elles nous informent aussi, et ce n’est pas le moindre de leurs mérites, sur la mentalité des hommes qui ont fait la révolution française et sur celle des indépendantistes qui les ont combattus pour faire de ce qui était la plus importante colonie française, le malheureux pays qu’on appelle Haïti.
1 La famille Leclerc, de Pontoise
Le père et le grand-père de Charles, Victoire, Emmanuel Leclerc, tous deux prénommés Jean-Paul, étaient à la

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