Inscrire la laïcité dans la Constitution belge ?

Hervé Hasquin

Description

La Belgique démocratique et sécularisée est un État laïque, même si le mot n’appartient pas à son vocabulaire constitutionnel. Faut-il corriger cette carence ainsi que le suggèrent des laïques soucieux de redéfinir la place et le rôle de la religion dans la vie publique ? Mais cette superfluité n’est-elle pas contreproductive tant l’expression est polysémique et source de confusion ? N’y a-t-il pas d’autres urgences ?

Sujets

• Liste de constitutions nationales
• Sciences humaines et sociales
• Société
• Constitution
• Science politique
• Politique

Informations

• Publié par: Académie royale de Belgique
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782803105649
• Langue: Français

Extrait

INSCRIRE LA LAÏCITÉ DANS LA CONSTITUTION BELGE

H ERVÉ H ASQUIN

Inscrire la laïcité dans la Constitution belge ?

Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be

Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0564-9 © 2016, Académie royale de Belgique

Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 83

Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be

Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique

Couverture : Loredana Buscemi, Académie royale de Belgique

Publié en collaboration avec

Avant-Propos

Un brûlot ? Non. Même si ce livre sera sans doute perçu comme tel par quelques laïcs hermétiques à la foi religieuse, à la croyance et pas encore débarrassés des scories marxistes qui ont longtemps pollué l’analyse sociologique du phénomène religieux. Il est davantage le fait de l’itinéraire intellectuel d’un professeur de l’Université de Bruxelles que « mai 68 » avait affûté pour les combats en faveur des libertés. Réformiste, pas révolutionnaire, franc-maçon depuis 1970, je tombai dans le chaudron laïque à 30 ans, au moment de l’« affaire Peers », qui avait éclaté en janvier 1973. Comme pas mal de Belges épris de liberté, je me devais, avec mes moyens, de voler au secours de ce gynécologue, emprisonné pour avoir pratiqué des avortements dans l’hôpital namurois qui était son port d’attache. Débats à l’Université, conférences en loges, rencontres citoyennes sur les questions que soulevaient les problèmes éthiques, ont définitivement forgé mes convictions de « penseur libre » et consolidé mon engagement laïque. Mais simultanément, quarante ans d’action et de réflexion, aussi d’enseignement auprès de plusieurs générations de jeunes adultes m’ont en permanence démontré la complexité de la psychologie humaine face aux interrogations existentielles, à la liberté, à la religion et m’ont également permis de saisir sur le vif le basculement spiritualiste qui s’opérait à la fin du e XX siècle. Au total, j’ai côtoyé l’humanisme laïque, sa générosité, hélas parfois aussi son intégrisme, de même que l’intolérance et le mépris de bien des pratiquants d’une religion à l’égard des mécréants, sans oublier la sensibilité vraiment laïque de croyants. Depuis la publication de la première « Histoire de la laïcité en Belgique » que j’ai dirigée en 1979 à l’occasion des dix ans du Centre d’Action laïque jusqu’à ce jour, j’ai été amené à m’exprimer à maintes reprises à l’occasion d’écrits scientifiques, d’interviews, d’émissions de radio et de télévision, de conférences, notamment au Collège Belgique de l’Académie en 2010 – « La laïcité en danger d’anti-religion ? (16 mars), « Les accommodements raisonnables sont-ils de saison ? » (23 mars) – ou dans divers « think tanks » maçonniques, notamment en France en janvier 2016 – « Pourquoi je ne suis plus Charlie », « Les musulmans sont-ils dangereux pour nos libertés ? ». Cet ouvrage concerne au premier chef l’actualité belge, mais il est aussi le fruit de nombreuses rencontres internationales en Europe du Sud, en Afrique et en Amérique du Sud.

C HAPITRE 1 La laïcité : aux origines d’un mot

D’ ABORDUNEMISEAUPOINT . L’ ADJECTIFGREC λαικος — LAÏC  — ESTDÉRIVÉDUSUBSTANTIF λαος — e  ; III . À PEUPLE IL EST DÉJÀ PRÉSENT DANS LES PAPYRUS HELLÉNISTIQUES AU SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE ’ , ’ : L ORIGINE IL DÉSIGNE UNE PARTIE D UN TOUT LA MASSE DES HABITANTS PAR OPPOSITION À CEUX QUI LA gouvernent. L B ’ . P ES TRADUCTIONS GRECQUES DE LA IBLE FIRENT ÉVOLUER L USAGE ROGRESSIVEMENT LE RECOURS À λαικος : λαος « APPARUT DANS UN CONTEXTE RELIGIEUX LE COMMENÇA À DÉSIGNER ESSENTIELLEMENT LA  » , . MASSE DU PEUPLE PAR RAPPORT À SES CHEFS LES PRÊTRES ET CEUX QUI EXERCENT UNE FONCTION RELIGIEUSE L’laïc λαος EMPLOI DE DANS LA TRADUCTION JUIVE ET CHRÉTIENNE EST ISSU DE CET USAGE PARTICULIER DE dans le cadre du culte. Bref,laïcs’opposa àsacré, leslaïcsà ceux qui s’occupaient du culte. Dès e le III , ’ ’É :laïc SIÈCLE DE NOTRE ÈRE L ÉVOLUTION ÉTAIT ARRIVÉE À SON TERME AVEC LES PÈRES DE L GLISE LE e  , . D II , ÉTAIT CLAIREMENT OPPOSÉ AU CLERC AU PRÊTRE ÉJÀ AU SIÈCLE LA TRANSPOSITION DU GREC EN LATIN s’était opérée sous la formelaïcus. E NRÉSUMÉ , NULLEPARTLESLAÏCSN ’ ÉTAIENTASSIMILÉSAUXMEMBRES  « DUPEUPLEDE  D IEU  » EN  . E , ’ OPPOSITION AVEC LES PEUPLES PROFANES N REVANCHE ON DISTINGUAIT DEUX CATÉGORIES À L INTÉRIEUR DU 1 peuple de Dieu : les clercs et les non-clercs, c’est-à-dire les laïcs . L ’É B F , ES ÉCRIVAINS CATHOLIQUES ET DIGNITAIRES DE L GLISE TELS QUE OSSUET ET ÉNELON POURSUIVIRENT e ’ XVII ’É : JUSQU AU SIÈCLE CE DISTINGUO NÉ AVEC LES PÈRES DE L GLISE LE LAÏC OU LAÏQUE EST UNE PERSONNEQUIN ’ APASREÇULESORDRESDECLÉRICATURE . L E Dictionnaire de l’Académie française,  1798, :laïque — DANS SA CINQUIÈME ÉDITION EN LE CONFIRMAIT LE LE MOT EST À LA FOIS ADJECTIF ET substantif — est celui « qui n’est ni Ecclésiastique, ni Religieux ». e U NEÉVOLUTIONSÉMANTIQUESEPRODUISITAU XIX SIÈCLETANTEN  F RANCEQU ’ EN  B ELGIQUE , CONCOMITAMMENTÀLADÉMOCRATISATIONETÀL ’ APPARITIONDUPLURIPARTISME . L ECONFLITIDÉOLOGIQUE  ’ ’É ’ , ENTRE D UNE PART L GLISE CATHOLIQUE ET LES PARTIS POLITIQUES QUI S IDENTIFIAIENT À SES INTÉRÊTS ET ’ — B , F — ’ D AUTRE PART LES PARTIS LES LIBÉRAUX EN ELGIQUE LES RÉPUBLICAINS EN RANCE QUI S ÉRIGEAIENT ENDÉFENSEURDEL ’ ÉMANCIPATIONDELAPUISSANCEPUBLIQUE , FAVORISALAMUTATION . S ILESUBSTANTIF ,  , , ’laïque DANS UN PREMIER TEMPS CONSERVA SA SIGNIFICATION ORIGINELLE EN REVANCHE L ADJECTIF TENDIT  « ’ DE PLUS EN PLUS À DÉSIGNER QUELQUE CHOSE OU QUELQU UN QUI EST ÉTRANGER À TOUTE CONFESSION OU DOCTRINERELIGIEUSE E ». DGAR  Q UINET  (1803-1875) ILLUSTRACETTETRANSITION . F ERMERÉPUBLICAIN , , HISTORIEN , ANTICLÉRICAL , ILESTD ’ AUTANTPLUSANQU ’ ILVÉCUTENEXILÀ B RUXELLESDE ÉCRIVAIN INTÉRESS T 1851 1858. I F ’É DÉCEMBRE À L AVAIT FUI LA RANCE AU LENDEMAIN DU COUP D TAT PERPÉTRÉ PAR LE FUTUR Napoléon III 2 1851. U , LE DÉCEMBRE N AN AUPARAVANT IL AVAIT PUBLIÉ UN OUVRAGE QUI TÉMOIGNAIT DE  ’ .L’enseignement du peuple SON EXASPÉRATION FACE À LA MAINMISE DU CLERGÉ SUR L ENSEIGNEMENT (P ARIS , 1850) FOISONNAITD ’ EXPRESSIONSTELLESQUE « ENSEIGNEMENTLAÏQUE », « INSTITUTEURLAÏQUE », «  », . M Q SOCIÉTÉ LAÏQUE UNE THÉMATIQUE QUI DANS LE CONTEXTE POLITIQUE BELGE FAISAIT MOUCHE AIS UINET ’ . S R N ÉTAIT PAS POUR AUTANT ATHÉE OU ANTIRELIGIEUX OUCIEUX DE LIBÉRER LES HOMMES DE OME ET DU , , « CATHOLICISME IL CROYAIT INDISPENSABLE DE LEUR OFFRIR UNE ORGANISATION RELIGIEUSE COMPATIBLE  » ; ’U , , AVEC LA PHILOSOPHIE LA PLUS HARDIE L NITARISME SORTE DE PROTESTANTISME LIBÉRAL AVAIT SES . N ’ FAVEURS OMBRE DE DÉMOCRATES BELGES LIBÉRAUX QUI L AVAIENT FRÉQUENTÉ SE RETROUVÈRENT PARMI LES 2 fondateurs de laLigue de l’enseignementen 1864 . B , ,laïque ’ REF BIENTÔT LA FORME SUBSTANTIVE DE S IMPOSA POUR DÉSIGNER AUSSI UNE PERSONNE QUI NE  . T , . A SE RATTACHAIT À AUCUNE DOCTRINE OU CONFESSION RELIGIEUSE OUTEFOIS LE PROCESSUS FUT LENT INSI DANSLE Dictionnaire de la langue française D ’E. L ITTRÉ l,aïque N ’ YAPPARAÎTQUESSAFOR SOU ME d’adjectif (t. III, 1873). C B . C P (1818-1902), , ETTE ÉVOLUTION NOUS EST CONFIRMÉE POUR LA ELGIQUE HARLES OTVIN ÉCRIVAIN - , ’ FRANC MAÇON ET LIBRE PENSEUR ÉTAIT L AUTEUR DE NOMBREUX ÉCRITS ENGAGÉS SOUS LE PSEUDONYME DE

D J . D 10 1851, « D I » OM ACOBUS ÈS LE JANVIER IL AVAIT SIGNÉ UN ARTICLE INTITULÉ ES NSTITUTIONS LAÏQUES ; ILYAFFIRMAITENTREAUTRESLANÉCESSITÉD ’ UNPRINCIPE l’«État est laïque» ; APRÈSLEBAPTÊME ( SIC ) , , ’ ; « CIVIL LE MARIAGE CIVIL IL RÉCLAMAIT L ENTERREMENT CIVIL IL DEMANDAIT LA SÉPARATION DES cérémonies religieuses et des actes civils, les unes laissées au choix de la conscience et tout à fait 3 , ’É ». FACULTATIVES LES AUTRES OBLIGATOIRES DE LA PART DE L TAT COMME UN DEVOIR ENVERS SES CITOYENS Par la suite, il utilisa couramment l’adjectif, mais pas encore la forme substantive. Elaïcité- ? , ’ I ’SupplémentDictionnaire T LE TERME DE QU EN EST IL L N APPARAÎT QUE DANS LE DU DE L 1884, 1877 ; ’ L ITTRÉ PARU EN MÊME SI LA PRÉFACE A ÉTÉ RÉDIGÉE EN L EXEMPLE CITÉ PAR ITTRÉ MONTRE À quel point il s’agit d’un néologisme : « C ARACTÈRELAÏQUE . A USUJETDEL ’ ENSEIGNEMENTLAÏQUE ,… LECONSEIL [ GÉNÉRALDELA  S EINE ] A  ,La Parole, 11 PROCÉDÉ AU VOTE SUR LA PROPOSITION DE LA LAÏCITÉ QUI A ÉTÉ REPOUSSÉE NOVEMBRE 1871. » À ’ , . J ’ C . P ’ L ÉVIDENCE LE MOT ÉTAIT RÉCENT E NE L AI TROUVÉ SOUS LA PLUME DE H OTVIN QU AU MILIEU DE ’ 1872Les Écoles laïques de Lyon L ANNÉE DANS UN ARTICLE INTITULÉ DONT IL VANTE LES PRINCIPES EN 4 vigueur « la gratuité, lalaïcité».; l’obligation de l’enseignement primaire L 1850-1875 ’ ’ A PÉRIODE APPARAÎT DÉCISIVE POUR L ÉMERGENCE D UNE NOUVELLE SÉMANTIQUE AUTOUR  ’laïc — laïque, ’ laïcité. D ’ - DE L ENSEMBLE LEXICAL ET D UN NOUVEAU VOCABULAIRE ANS L ESPACE FRANCO belge, elle correspond à la dictature de Napoléon III, SOUTENUE PAR LE CLERGÉ ET AU RÔLE DE BOUTEFEU ’ B D UN ANTICLÉRICALISME ANTICATHOLIQUE RADICAL JOUÉ EN ELGIQUE PAR DES EXILÉS FRANÇAIS AU NOMBRE  P Q . E B , F , ’ DESQUELS ROUDHON ET UINET N ELGIQUE IL EN ALLAIT DE MÊME EN RANCE L ENSEIGNEMENT  . L ’ , CRISTALLISAIT LES OPPOSITIONS ENTRE LES CATHOLIQUES ET LES LIBÉRAUX E VIOLENT DÉBAT QUI S ENGAGEA SURTOUTDANSL ’E UROPEDETRADITIONCATHOLIQUE , APRÈSLAPUBLICATIONEN  1859 DULIVREDE  D ARWIN (De l’origine des espèces) ETSATRADUCTIONFRANÇAISEEN  1862, EXACERBADESTENSIONSQUI  ’Quanta Cura(8 1864) ATTEIGNIRENT LEUR PAROXYSME AVEC LA PUBLICATION DE L ENCYCLIQUE DÉCEMBRE Syllabus. L C ACCOMPAGNÉE DE OU ATALOGUE DES GRANDES ERREURS DU TEMPS A CONDAMNATION DU LIBÉRALISME , DUSOCIALISME , DELALIBERTÉDEPRESSE , ETC ., RÉVOLTABIENDESESPRITS . C OMMELE  1875 ’ULB , H B (1835-1911), PROCLAMAIT ENCORE EN UN PROFESSEUR DE L ET DÉPUTÉ LIBÉRAL ENRI ERGÉ ce qui est essentiel : « c’est le respect de la liberté de conscience, du libre examen (…). » Il importe donc d’être : « L ’ ADVERSAIRED ’ UNERELIGIONQUIPROCLAMEL ’ INTOLÉRANCEETPROVOQUELEFANATISME (…) CARLE TRIOMPHEDU Syllabus, C ’ ESTL ’ ÉTABLISSEMENTDEL ’U NITÉCATHOLIQUE , C ’ EST - À - DIRE ’ , ’ ’ , L ANÉANTISSEMENT DE TOUTE IDÉE DE PROGRÈS ET DE LIBERTÉ C EST L ASSERVISSEMENT LA MORT 5 intellectuelle . » L APUBLICATIONDESTEXTESPONTIFICAUXDEDÉCEMBRE  1864 NECONSTITUAITQU ’ UNEÉTAPED ’ UN  - . U PROCESSUS QUI LEUR ÉTAIT ANTÉRIEUR ET QUI SE POURSUIVRAIT BIEN AU DELÀ N AN AVANT LA PROCLAMATION  ’I ( 1861), P IX DU ROYAUME D TALIE MARS IE ET SA GARDE RAPPROCHÉE AVAIENT DÉVELOPPÉ UN CONCEPT  É ’É : « NOUVEAU ALORS QUE LES TATS TEMPORELS DE L GLISE SE VOYAIENT DE PLUS EN PLUS FRAGILISÉS L’É , ». I ’ ’ ’ ’É , GLISE SOCIÉTÉ PARFAITE L S AGISSAIT D AFFIRMER L INDÉPENDANCE SPIRITUELLE DE L GLISE MAIS  S -S ; ’ UNE INDÉPENDANCE QUI REPOSAIT SUR LA SOUVERAINETÉ TEMPORELLE DU AINT IÈGE C ÉTAIT MPATIBLEAVECLAFORMULEDELASÉPARATIONEXPRIMÉEPOURLEPRINCIPALARTDL ’ UNIFICATION INCO ISAN E DELAPÉNINSULEITALIENNE , LE  P IÉMONTAIS  C AVOUR  «Libera Chiesa in libero Stato ». L E Syllabus  , AVAIT CONSACRÉ LES PRINCIPES ROMAINS APPROFONDIS PEU APRÈS DANS LA PERSPECTIVE DU PREMIER  V : 18 1870, CONCILE DU ATICAN LE JUILLET ON Y VOTA LA PRIMAUTÉ PONTIFICALE ET LE DOGME DE l’infaillibilité. V OILÀLECONTEXTEQUIFITNAÎTREU la N ïque D ’ UNNOUVEAUTYPEETENGENDRALA laïcité. C EDERNIER  . C P G CONCEPT RESTA TOUTE PROPORTION GARDÉE PEU UTILISÉ E FUT ENCORE LE CAS AVANT LA REMIÈRE UERRE . L 1905 É ’É MONDIALE A LOI FRANÇAISE DE DE SÉPARATION DES GLISES ET DE L TAT EST SOUVENT PRÉSENTÉE 6 comme fondatrice de lalaïcité., mais le mot n’est même pas repris dans le texte Ouvrons leNouveau Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire DE F ERNAND B UISSON 7  1911 . C , , C PARU EN ET ENSEIGNANT QUI EN QUALITÉ DE DÉPUTÉ AVAIT PRÉSIDÉ LA OMMISSION  S ’Laïcité PARLEMENTAIRE EN CHARGE DU TEXTE DE LOI RELATIF À LA ÉPARATION FUT RÉDACTEUR DE L ARTICLE dans sonNouveau Dictionnaire.

Laïcité’, ’ , , . « C E MOT EST NOUVEAU ET QUOIQUE CORRECTEMENT FORMÉ IL N EST PAS ENCORE D UN USAGE . C , ’ GÉNÉRAL EPENDANT LE NÉOLOGISME EST NÉCESSAIRE AUCUN AUTRE TERME NE PERMETTANT D EXPRIMER sans périphrase la même idée dans son ampleur. » Le mot avait été peu utilisé dans les débats de 1904-1905 au Parlement français. Jean Jaurès lui  3 1904 ’É C AVAIT RÉSERVÉ UNE BELLE TIRADE LE MARS LORS DE LA DISCUSSION DE LA LOI D MILE OMBES  ’ ’ C : ’« É RELATIVE À L INTERDICTION D ENSEIGNEMENT AUX ONGRÉGANISTES À PROPOS DE L TAT LAÏQUE », « », « ». L , ENSEIGNANT IL ÉVOQUA LA LAÏCITÉ DES PROGRAMMES LA LAÏCITÉ DU PERSONNEL A MÊME ANNÉE  S ,L’Humanité (2 1904) ’ À PROPOS DE LA ÉPARATION IL PUBLIA DANS AOÛT LE TEXTE D UN DISCOURS 8 prononcé quelques jours auparavant à Castres surDémocratie et laïcité. E B , . L N ELGIQUE ÉGALEMENT LA QUESTION SCOLAIRE A FAIT PARTIE INTÉGRANTE DU PATRIMOINE LAÏQUE A Ligue de l’Enseignement FONDÉEEN  1864 — ELLEINSPIRAAUXLAÏQUESFRANÇAISUNEORGANISATION  1866 — ’publicneutre, ANALOGUE EN FÉDÉRA LES EFFORTS EN FAVEURS D UN ENSEIGNEMENT ET DÉBARRASSÉ  « ». L DES DOGMES ET SUSCEPTIBLE DE RECEVOIR LES ENFANTS DE TOUTES LES CONFESSIONS E THÈME DE LA neutralité FUTSAMARQUEDEFABRIQUE . P OURSESPROMOTEURS , LA neutralité ÉTAITL ’ APPLICATIONDELA  ; : ’ LIBERTÉ DE CONSCIENCE ELLE IMPLIQUAIT UN PRINCIPE ESSENTIEL L ENSEIGNEMENT EST INDÉPENDANT DU culte. e e B REF , AUXCONFINSDES XIX ET XX SIÈCLES , LECONCEPTDELA laïcité, MÊMESILEMOTEST  , , RELATIVEMENT PEU UTILISÉ EST COMPRIS COMME SÉPARATION DU TEMPOREL ET DU SPIRITUEL NON  É ’É , INTERVENTION DES GLISES DANS LES AFFAIRES DE L TAT AU SENS LARGE DU TERME SUPPRESSION DE L ’ ENSEIGNEMENTDESDOGMESDANSLESÉCOLESPUBLIQUESETCAPACITÉDECELLES - CIÀACCUEILLIRLES ENFANTSDETOUTESLESCONFESSIONS . R EVENONSÀLATENTATIVESTIMULANTEDEDÉFINITIONQU ’ ENADONNÉE Jaurès en 1904 : « (…) SILADÉMOCRATIEFONDEENDEHORSDETOUTSYSTÈMERELIGIEUXTOUTESSESINSTITUTIONS , TOUT  , , , , , ’ SON DROIT POLITIQUE ET SOCIAL FAMILLE PATRIE PROPRIÉTÉ SOUVERAINETÉ SI ELLE NE S APPUIE QUE  ’ SUR L ÉGALE DIGNITÉ DES PERSONNES HUMAINES APPELÉES AUX MÊMES DROITS ET INVITÉES À UN SPECTRÉCIPROQUE , SIELLESEDIRIGESANSAUCUNEINTERVENTIONDOGMATIQUEETSURNATURELLE , RE PAR  , ’ LES SEULES LUMIÈRES DE LA CONSCIENCE ET DE LA SCIENCE SI ELLE N ATTEND LE PROGRÈS QUE DU  , ’ - - ’ PROGRÈS DE LA CONSCIENCE ET DE LA SCIENCE C EST À DIRE D UNE INTERPRÉTATION PLUS HARDIE DU DROITDESPERSONNESETD ’ UNEPLUSEFFICACEDOMINATIONDEL ’ ESPRITSURLANATURE , J ’ AIBIENLE  ’ , DROIT DE DIRE QU ELLE EST FONCIÈREMENT LAÏQUE LAÏQUE DANS SON ESSENCE COMME DANS SES , . O ’ INSTITUTIONS ET DANS SA MORALE COMME SON ÉCONOMIE U PLUTÔT J AI LE DROIT DE RÉPÉTER QUE démocratie et laïcité sont identiques. »

C2 HAPITRE La Constitution belge

L 1830 E CONTEXTE DE L B 1830 1794 1814/15 ES RÉGIONS QUI CORRESPONDENT À LA ELGIQUE DE FURENT FRANÇAISES DE À ET  1814/15 1830. E HOLLANDAISES DE À LLES FURENT DONC SOUMISES SUCCESSIVEMENT À DEUX FORMES DE er CÉSARO - PAPISME , D ’ ABORDCELUIDE  N APOLÉON , ENSUITECELUIDE  G UILLAUME , I ROIDES  P AYS -B AS . C ’ , 1794, ’ « J ». D ERTAINES D ENTRE ELLES AVAIENT MÊME FAIT AVANT L EXPÉRIENCE OSÉPHISTE U TEMPS DES P AYS -B ASAUTRICHIENS , LESRÈGNESDE  M ARIE -T HÈRÈSE  (1740-1780) ETDE  J OSEPH II (1780-1790) S ’ ÉTAIENTILLUSTRÉSPARUNEVOLONTÉDESUJÉTIONTOTALEDEL ’É GLISECATHOLIQUEÀLAMONARCHIE . T ’É P -B « É B » RANSFORMER L GLISE DES AYS AS AUTRICHIENS EN UNE GLISE ELGIQUE NATIONALISÉE ET AUX  R , ’ H . L LIENS LES PLUS DISTENDUS POSSIBLE AVEC OME TELLE ÉTAIT L AMBITION SUPRÊME DES ABSBOURG A  ’E . É , ’ MÊME POLITIQUE ÉTAIT MISE EN ŒUVRE DANS TOUT L MPIRE CHAUDÉS LE CLERGÉ ET L OPINION  , ’ R , CATHOLIQUE EURENT À SUBIR APRÈS L ANNEXION À LA ÉPUBLIQUE LA VAGUE ANTIRELIGIEUSE ET LES VENTES  . L C 1801 DES BIENS NATIONAUX E ONCORDAT DE ET LA RENAISSANCE DE QUELQUES CONGRÉGATIONS , ’ , . T , FÉMININES PLUS SOUVENT TOLÉRÉES QU AUTORISÉES RESTAURÈRENT LA CONFIANCE OUTEFOIS LE Catéchisme impérial’ ;  ’E « ET LA QUASI DIVINISATION DE L MPEREUR RELANCÈRENT L OPPOSITION LA GUERRE » N 1808 ’ ENTRE APOLÉON ET LE PAPE À PARTIR DE PRÉCIPITA LA RUPTURE D AUTANT QUE LES ARRESTATIONS ’ . L D ÉVÊQUES ET DE PRÊTRES SE MULTIPLIAIENT A CHUTE DU RÉGIME IMPÉRIAL FUT DONC INTERPRÉTÉE COMME  É , UNE DÉLIVRANCE PAR UNE GLISE ET SES FIDÈLES EXCÉDÉS PAR LES INTRUSIONS PERMANENTES ET l’autoritarisme du pouvoir civil. E 1814, ’É ’ , N L GLISE CARESSA L ESPOIR DE RECOUVRER SES ANCIENNES LIBERTÉS VOIRE MÊME DE  : RÉCUPÉRER LE DROIT DE PERCEVOIR À NOUVEAU LA DÎME RIEN DE TEL POUR ÉCHAPPER À LA DÉPENDANCE  . L . E , FINANCIÈRE PAR RAPPORT AU GOUVERNEMENT ES ILLUSIONS FURENT DE COURTE DURÉE N FAIT ELLES er S ’ ÉVANOUIRENTDÈS G 1817. UILLAUME I , ROICALVINISTE , SEHEURTAÀUNCLERGÉDEPLUSENPLUS ULTRAMONTAIN . C OMMEL ’ AVAITFAIT J OSEPH II, LESOUVERAINAUTOCRATEPRITENMAINSLAFORMATIONDES : 1825, , C PRÊTRES EN IL FERMA UNE SÉRIE DE SÉMINAIRES ÉPISCOPAUX INSTAURA UN OLLÈGE PHILOSOPHIQUE  ’É . L CONTRÔLÉ PAR L TAT ET DESTINÉ À COULER DANS UN MÊME MOULE LES FUTURS PRÊTRES A RECONDUCTION DU C ONCORDATEN  1827 N ’ ATTÉNUASUBSTANTIELLEMENTLESANIMOSITÉSDANSLESP PAS ROVINCES méridionales. À 1828, ’ PARTIR DE LE CARACTÈRE ABSOLUTISTE DU RÉGIME FINIT PAR LIGUER CONTRE LUI ET L OPINION  ’ . I , , « ’ CATHOLIQUE ET L OPINION LIBÉRALE NDISCUTABLEMENT DEPUIS QUELQUES DÉCENNIES IL S ÉTAIT TROUVÉ  », ’ ’ F. V K , « DANS NOS PROVINCES COMME L A FINEMENT PERÇU L HISTORIEN BELGE AN ALKEN MALGRÉ DES  , , , , BOULEVERSEMENT INOUÏS DES GROUPES DE BOURGEOIS DE MÊME FORMATION DE MÊME CULTURE RECRUTÉS  , - DANS LES MÊMES MILIEUX POUR DÉFENDRE LA POLITIQUE CÉSARO PAPISTE ET LAÏCISANTE DE TROIS  ». L’ V , 1768, « L’É MONARQUES SUCCESSIFS ADAGE DE OLTAIRE MAINTES FOIS FORMULÉ DEPUIS GLISE EST  ’É , ’É ’É », DANS L TAT ET NON L TAT DANS L GLISE RESTAIT POUR BON NOMBRE UN CHEVAL DE BATAILLE AUQUEL ILS ’ . L ’ ’A R ’ N ÉTAIENT PAS DISPOSÉS À RENONCER A CRAINTE D UN RETOUR À L NCIEN ÉGIME AVEC LES ABUS D UNE Église...