Krisis. Perspectives pour un monde aux alentours de 2010
112 pages
Français

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Krisis. Perspectives pour un monde aux alentours de 2010 , livre ebook

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Description

Comme le disait Durkheim, est normal ce qui correspond à l'état habituel d'une société, et pathologique ce qui constitue un état exceptionnel et surprenant. "Crise devient alors synonyme de l'histoire et des sociétés humaines. Il ne faut plus chercher les causes de la crise, mais les catégories philosophiques qui nous permettent de penser ce qui advient aujourd'hui, ce qui nous donne accès aux conditions d'existence et de vie quotidiennes.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296464605
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I NTEMPESTIVES


K RISIS
S OUS LA DIRECTION DE P ANAGIOTIS C HRISTIAS


I NTEMPESTIVES


K RISIS

P ERSPECTIVES POUR UN MONDE
AUX ALENTOURS DE 2010


L’H ARMATTAN
Intempestives
Panagiotis Christias, Gérard da Silva, Igor Fiatti, Aristotelis Giannakos, Santiago Lopez Petit, Jesus Marchante Collado, Roberto Nigro, Bruno Péquignot, Luca Pinzolo, Giancarlo Pizzi, Davide Rossi, Philippe Tancelin, Gabriele Vesco.


Illustration de couverture :
Goya, Les rêves de la raison engendrent des monstres, eau forte et aquatinte


© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55023-3
EAN : 9782296550233

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
La revue Intempestives entend exister par numéros thématiques, donnant la parole à contre – courant de la pensée unique, en son échec patent. L’équipe fondatrice de la revue n’est nullement représentative d’une approche spécifique. Elle comprend aussi bien des universitaires en chaire que des auteurs, des scrutateurs du monde contemporain, des militants ou des artistes. Ce qui peut conduire à des approches assurément différentes, voire divergentes.
S’il est un axe, toutefois, c’est celui de la jonction de l’art et du politique. Et l’engagement, en l’un comme l’autre, est privilégié.
Krisis. Perspectives pour un monde aux alentours de 2010
Panagiotis Christias
Nicosie – Athènes – Paris,
décembre 2010 – janvier 2011

Krisis : mot grec ; action ou faculté de distinguer (Aristote) ; action de choisir, élection, choix ; action de séparer d’où dissentiment, contestation (jointe à éris ) (Platon, Aristote) ; mise en accusation (Lycurgue) ; ce qui décide de quelque chose, issue, dénouement, résultat (d’une guerre) (Démosthène) ; phase décisive d’une maladie, crise (Hippocrate, Galien) ; explication, interprétation d’un songe (Diodore de Sicile) ( Le Bailly ).

L’analyse historique et sociale et la réflexion philosophique et politique recourent presque toujours, fatalement, irrésistiblement, pourrait-on soutenir, à la notion de « crise » pour décrire un état social et politique qui ne rentre dans aucune des catégories d’ordre et de normalité établies ou imaginées, et qui exprime plus le malaise des intellectuels à comprendre et à accepter une réalité qui ne correspond pas à leurs idées toutes faites, qu’à la chose qui est censée être décrite. Comme si la réalité humaine se devait d’aller de pair avec la réflexion humaine sur la réalité humaine. De la sorte, « crise sociale », « crise des valeurs », « crise de l’Occident », « crise du capitalisme » sont devenus aujourd’hui la panacée des intellectuels de toutes les couleurs : phase décisive de la maladie du processus historique d’un sujet politique connu sous le nom d’Occident ; ce qui décide du résultat de la guerre entre le juste et l’injuste, le maître et l’esclave, le salariat et le patronat, le « progrès » et la « réaction » ; explication, interprétation d’un rêve ou d’un cauchemar de mondialisation, globalisation ou altermondialisation. La « crise » est même devenue plus que cela : elle est à la fois la réalité politique et sociale et la cause de cette réalité, comme si dire que nous vivons en période de crise explique eo ipso pourquoi et comment nous vivons dans cette période. À force de fustiger la réalité en lui attribuant le qualificatif de « crise », nous avons privé ce mot grec de sa première signification philosophique : action ou faculté de distinguer , potentiel et force d’analyse philosophique, jugement informé, établissement de critères de réflexion, cheminement et voie compréhensifs.
Commençons par l’évidence même : si l’on accepte le mot « crise » en son sens vulgaire, alors c’est un état normal de l’humanité. Comme le disait Durkheim, est normal ce qui correspond à l’état habituel d’une société et pathologique ce qui constitue un état exceptionnel et surprenant. Par exemple, qu’il y ait des meurtres est normal dans les sociétés humaines, dans le sens où on ne connait aucune société exempte de ce phénomène ; une société sans meurtre serait gravement pathologique. « Crise » devient alors synonyme de l’histoire et des sociétés humaines. Ce n’est que par rapport à un idéal social que nous traitons une période historique – voire notre période historique – de « crise ». Notre entreprise doit, dès lors, chercher non pas les causes de la « crise », mais les catégories philosophiques qui nous permettent de penser ce qui advient aujourd’hui, sous nos yeux, ce qui nous donne accès aux conditions d’existence et de vie quotidiennes. Plus que cela elle doit nous permettre de comprendre les caractéristiques de notre époque, sa différence spécifique, ce qui implique aussi les problèmes spécifiques liés à notre héritage et à notre condition. Nous présentons donc une étude des phénomènes non pas nouveaux, mais nouvellement vécus et réinterprétés selon l’esprit et l’opinion de notre temps. C’est la voie sur laquelle sont engagés les collaborateurs de ce numéro d’ Intempestives : modernité et universalisme (Fabio d’Andrea, Rome), puissance métropolitaine (Dalie Giroux, Ottawa), biopolitique et écriture de soi (Oratio Maria Valastro, Sicile), mythe et globalisation (Mabel Franzone, Buenos Aires), imaginaires de la jeunesse dans la globalisation (Angel Enrique Carretero Pasin, San Diago de Compostella). Ce que nous chercherons à faire, par cette introduction, c’est de présenter non pas les articles eux-mêmes, mais une grille commune de lecture, établissant les liens entre l’universalisme, les métropoles, le mythe, le moi et la jeunesse.
En lisant l’article de Fabio D’Andrea, nous constatons que ce que nous appelons globalisation ou mondialisation est un processus à l’œuvre au moins depuis les Lumières. Et cela parce que, comme le note l’auteur, la première bataille gagnée de la mondialisation fut la domination des systèmes de savoirs locaux par les systèmes philosophiques et scientifiques universalistes. Ce fut en effet le début de la mise en place d’un système de gouvernance mondiale par l’élaboration des logiques économiques et juridiques qui permettaient au savoir industriel de s’investir dans tous les coins du globe. La question actuelle n’es pourtant pas celle du dix-neuvième siècle et de la suprématie coloniale de l’Europe. Car, force est de constater que la force de la mondialisation n’est plus soutenue par l’énergie initiale du Big Bang européen originaire, mais des forces centrifuges de la matière noire que sont les individus, les tribus, les classes et les autres sujets nouveaux de la mondialisation. La force de l’individualisme est qu’il exploite avec une extrême délicatesse les passions de l’âme humaine et que, malgré les théories postmodernes qui soutiennent le contraire, l’individu est autant une création rationaliste, dans les papiers de certains philosophes, qu’un volcan d’énergie pulsionnelle, émotionnelle pré-rationnelle, dans son fonctionnement social réel. Les systèmes de valeurs locaux ainsi que les systèmes de valeurs universalistes (grands monothéismes, valeurs capitalistes etc.) restreignent le pouvoir d’action de l’individu en l’incluant dans les limites d’une valeur éthique de l’instrumentalisme économique et juridique. Preuve en est que la grande théorie économique libérale du dix-neuvième s’intéresse plus aux passions et aux sentiments moraux qu’aux procédures mathématiques de fonctionnement des bourses. Mais aujourd’hui la chose est tout autre : l’émancipation du pouvoir économique du joug national politique témoigne du fait que les forces obscures des individus et des minorités égoïstes ont porté des coups fatals au tissu de la cohésion collective des sociétés humaines. C’est la raison pour laquelle la proposition de Dalie Giroux devient intéressante : si on ne peut plus considérer le politique au point de vue national, il faudrait peut-être envisager une autre forme de cohésion politique, celle de la métropole.
L’analyse du rôle de l’« accumulateur de puissance métropolitain » comme &

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