L Académie de Mazamet
374 pages
Français

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Description

Mazamet, ville de province, ville du Sud-Ouest, a un passé heureux. Ses habitants, toute classe confondue, y trouvèrent un peu de bonheur et c'est dans cet esprit que les auteurs nous dressent ici le portrait des origines d'un pays, de ses gens et de ses us et coutumes qu'ils ont aimés.
La finesse des dessins portent en eux cette âme délicate, ce cachet particulier propre aux vieilles photos d'époques, collectionnées en vrac dans une boîte en fer restée cachée au fond du grenier.
Les récits anecdotiques rapportant les exploits contrastés d'un membre de la famille têtu, caractériel mais attachant, ne peuvent que nous inviter à regarder en nous-même et à y retrouver, avec un peu de nostalgie, les racines de notre culture, celle du Sud-Ouest.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332701183
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-70116-9

© Edilivre, 2014
Dédicace


A mes enfants, pour qu’ils ne perdent ni le sens de l’humour, ni le goût de la Liberté.
A tous les amis qui m’ont aidé, avec ma gratitude.
A mon père, A l’Oncle Jules et à tous ceux qui sont part de ce livre et qui constitue notre histoire.
Précaution
Ce texte contient quelques mots occitans qui peuvent se présenter sous deux formes différentes, soit que je les aie transcrits tels qu’ils m’ont été confiés (ils sont alors écrits phonétiquement et ne posent pas de gros problèmes de prononciations) soit que je les aie écrits d’une manière orthodoxe.
Il importe de savoir que le a final se prononce « o » et que le o se prononce « ou » excepté lorsqu’il est accentué. Le u se prononce « u » sauf quand il est deuxième lettre de diphtongue (ex. : « Riu » ruisseau, se prononce « Riou »).
Enfin le v se prononce b, en Languedoc et en Gascogne, alors qu’en Provence il se prononce v.
Le patois de Mazamet étant un langage plus oral qu’écrit, il est difficile de le considérer comme du bon occitan. C’est pourquoi j’ai jugé utile d’indiquer chaque fois la traduction dans le texte même, pour éviter les rappels qui coupent le plaisir de la lecture.
Pour toutes les autres difficultés, veuillez vous reporter aux ouvrages spécialisés.
Préface
André Ribes était mon voisin de bureau, sur le chemin qui conduit au cimetière. Pendant des années, nous avons vu passer tous les enterrements. A priori, ce n’est pas très drôle. Lorsqu’on est en bonne santé, on n’est pas capable d’apprécier comme on le devrait tout le tragique d’une vie qui s’achève ; ni de mesurer la peine de ceux qui suivent le cortège. Mais, à force de les voir défiler, on acquiert le sens de la relativité.
Lorsque je suis venu m’installer rue Galibert-Ferret, j’ai rencontré l’auteur de ce livre en sortant de chez moi et il m’a dit :
– « Tu as rapproché ton siège social du cimetière ? »
A quoi j’ai répondu aussitôt :
– « Le jour où il faudra que je m’y rende, le chemin sera moins long »
Je cite de mémoire cette réplique qui montre qu’à Mazamet, les conversations de la rue sont empreintes de légèreté. Nous vivons dans une vallée balayée par les vents. Rien ne tient debout très longtemps, à moins d’être profondément enraciné. La lecture de l’Académie de Mazamet me confirme dans cette opinion. Aussi, en souvenir des saisons où nous trimâmes côte-à-côte, sur le trottoir des numéros impairs, j’ai envie de lui dire ceci :
– « Canto-coucut », ce nom si doux et si champêtre, inventé par les Mazamétains pour désigner le lieu de leur dernière demeure… je suis seul, maintenant que tu es parti, à surveiller de mes fenêtres ce bout de rue qui mène vers l’éternité. Je les vois défiler l’un après l’autre, nos glorieux ancêtres, aucun n’y manque, même les plus réticents. Tous ceux que tu as si bien saisis sur le vif dans ton livre, nous attendent. Seul, le coffre-fort, retenu sans doute par un membre de la famille, n’a pas suivit le corbillard. C’est peut-être leur vraie raison de regretter de quitter ce monde.
Quand notre tour viendra, nous irons les retrouver. Je peux d’ores et déjà t’affirmer qu’ils n’auront pas changé. Ton récit leur ira droit au cœur. En nous entendant raconter notre vie de tous les jours, ils plaindront d’autant plus les pauvres mortels restés sur terre qui n’ont, pour communiquer entre eux, que le téléfax ou autres inventions diaboliques, ces monstres froids à raccourcir le temps, qui les privent des contacts turbulents et vifs qui les persuadaient que sans le plaisir de marchander, il n’y a pas de joie de vivre.
Ils étaient heureux parce qu’ils croyaient à quelque chose. C’est ce qui les a sauvés.
Maurice ESTRABAUD
Commémoration
Personne ne choisit le lieu de sa naissance. Je me sens donc absolument innocent d’être né à Mazamet. Mais je suis prêt à plaider coupable, car, si je devais recommencer ma vie, avec la complicité d’une fée qui exaucerait mes vœux, je ne vois pas pourquoi je refuserais de naître à Mazamet, puisque c’est là que je suis né !
L’essentiel n’est-il pas de se libérer des appellations non contrôlées, tout en gardant son identité ? Exercice périlleux, qui nous conduit parfois à exhiber d’indélébiles cicatrices. Celles du cœur sont plus collantes que les étiquettes. Au moins, contrairement à la plupart des chantres de notre temps, je parle de ce que je connais !
Voici donc ce recueil, qui n’est pas de la littérature, puisqu’il s’est composé tout seul depuis deux siècles.
J’ai voulu écrire cette courte introduction pour saluer la mémoire de ceux qui ont permis, par leur esprit empreint de pittoresque, la réunion de ces souvenirs spontanés qui constituent, sans aucun doute, une académie, c’est-à-dire un lieu où l’on enseigne à vivre.
A.R.


« Aujourd’hui, presque tous ceux que j’ai aimé sans les comprendre quand j’étais jeune sont morts, mais je n’ai pas renoncé à chercher à les connaître ».
Norman MACLEAN
(La rivière du sixième jour)


Le cours René Reille


Vous savez que l’humour est le sel de la vie,
Car, la vie sans humour n’est qu’une tragédie.
J’aime donc, quant à moi, et cent fois plutôt qu’une,
Pour oublier surtout toutes mes infortunes,
Faire rire les autres, et, ce faisant, ma foi,
Ils ne rient plus de moi, mais à cause de moi.
Robert COULAS
Premiers pas
La Montagne Noire, c’est ainsi qu’on l’appelle depuis des siècles, bien que vue de loin, elle soit plutôt bleue, abrite ma ville au sein de deux vallées, celle de l’Arnette, qui coule vers le nord, celle du Thoré, qui va d’est en ouest. Dans ma jeunesse, je montais par le sentier, jusqu’à la croix de Boutonnet où je restais de longues heures assis, à contempler le paysage qui s’étendait à mes pieds : d’abord les toits de tuiles de Mazamet, dont l’onde d’argile cuite s’ouvrait en éventail, ponctuée par quelques couvertures d’ardoise de demeures plus cossues ; puis, vers l’ouest, j’apercevais Labruguière, Castres et vers le nord un petit village du Sidobre, Saint-Pierre de Trivisy, perché sur une hauteur. Bien plus loin encore, en fermant les yeux, je voyais Paris… Mon imagination traversait les causses, L’Auvergne, le Nivernais et autres provinces brumeuses qui me conduisaient vers la capitale, à grand renfort de tripous, d’omelettes aux truffes et de poulets de grain… Vaniteux comme un coq de basse-cour, je ne voulais pas vivre ici, dans ce gros bourg endormi sous les châtaigniers, où les gens me paraissaient sans grâce, ou au contraire trop distingués pour qu’on les approchât, poursuivant chacun à sa manière des objectifs dont l’importance m’échappait.
Je n’avais rien compris ! Incapable d’exorciser mes mauvais penchants en les formulant correctement, j’observais le monde comme si je n’en faisais pas partie. La quête du pittoresque l’emportait toujours sur l’amour du prochain.
La plupart des individus qui m’entouraient ne m’intéressaient qu’à l’argent. Ils pratiquaient un culte importé d’Amérique du Sud, vers les années mille neuf cent, de ces pays légendaires où il suffisait de s’expatrier pour faire fortune, rêvant d’Eldorado, fumant de longs cigares qui leurs jaunissaient les dents, parlant à haute voix avec un accent affecté : ils disaient bueno à tout bout de champ, ponctuant leurs phrases de « non » comme on le fait en Argentine :
– « Tu sais que le fils de Robertito, non, voulait une huit cylindres, non, mais il était amoureux de la fille d’Alfredo, non, alors, au lieu d’acheter la voiture, non, il a été obligé de se marier, non, et il a dit « oui », non… Caramba ! Quelle histoire, non !… ».
Ils roulaient dans de belles limousines qui soulevaient la poussière, écrasaient les poules et pétaradaient à tous les vents. Pendant les heures ouvrables ils s’enfermaient dans des bureaux mystérieux, à travers les fenêtres desquels on les apercevait, tournant la manivelle de téléphones aux socles de bois, éclairés par des lampes vertes, se livrant à des conversations où l’on croyait reconnaître quelques mots d’anglais parmi les imprécations espagnoles, plongeant leurs mains dans des paniers parallélépipédiques d’où ils extrayaient avec ferveur quelques poignées de laine qu’ils examinaient de très près, puis, restant immobiles comme s’ils invoquaient le Seigneur, ils murmuraient un chiffre dont j’étais trop jeune pour saisir le sens.
La poésie populaire
Mazamet se trouvait autrefois sur la ligne directe du chemin-de-fer Paris-Lamalou-Les-Bains. Les Parisiens qui allaient se soigner à Lamalou disposaient d’une voiture-lit spéciale que l’on accrochait à des convois synchronisés, ce qui leur permettait de s’endormir à Paris et de se réveiller à Lamalou. Le train s’arrêtait à Mazamet. Il constituait un agrément considérable pour les Mazamétains qui se rendaient à la capitale. Cette halte donna lieu à des plaisanteries de toutes sortes dont il nous reste la célèbre rimaille souvent reprise en guise de moquerie par les habitants des villes voisines qui accentuaient la dernière syllabe :
Mazamet… !
Cinq minutes d’arrêt… !
Buffet… !
Les cabinets… !
Sont près du parapet… !
Un autre texte désigne les habitants de la vallée du Thoré et d’alentour d’une manière lapidaire. Il est sans doute beaucoup plus ancien, toutefois nous n’en connaissons pas l’origine :
Noble d’Anglès…
Fabricants de Labastide 1 …
Foutrals d’Albine 2 …
Messieurs de Saint-Amans…
Gens de Mazamet 3 …
Faux-témoins de Saint-Alby 4 …
et
Putes de Labruguière…
Cet ouvrage ne serait pas complet sans ces deux « poèmes » que nous écrivons tels qu’ils nous ont été transmis.
1 . Fabricants : tisserands
2 . Foutrals : expression occitane : nigaud, imbécile (Mistral)
3 . Gens

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