L allégeance à l Etat moderne
528 pages
Français

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L'allégeance à l'Etat moderne , livre ebook

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Description

L'auteur fait l'analyse comparée de la construction de la morale politique française et japonaise au XIXème siècle et souligne leur proximité. L'attachement du citoyen républicain et du sujet impérial à une sacralité, qu'elle soit laïque ou théocratique est égale dans les deux pays. Il montre que la légitimation du pouvoir représente des modes d'intériorisation des normes qui hantent encore les formes les plus rigoureuses du nationalisme.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336394244
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JAP N
Études du fait japonais
L’allégeance à l’État moderne Perspective
Construction de la morale politique Yusuke INENAGA
en France et au Japon
eLa consolidation de la III République et de l’État Meiji
s’appuie sur trois piliers : administration agricole, éducation L’allégeance
publique et conscription universelle. À cet égard, l’analyse
comparée de la construction de la morale politique française
e à l’État moderneet japonaise au XIX siècle est instructive, qui révèle une
proximité. L’attachement égal du citoyen républicain et
du sujet impérial à une sacralité, qu’elle fût « laïque » ou Construction de la morale politique « théocratique », du régime politique le définissant, montre
que la légitimation du pouvoir ne représente pas seulement en France et au Japon
un degré de rationalité mais des modes d’intériorisation
des normes, radicalement différents, qui hantent encore les Préface de Pierre Birnbaum
formes les plus rigoureuses du nationalisme.
Yusuke INENAGA est docteur en science politique (Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne) et chercheur rattaché à l’EPHE/CNRS-GSRL. Spécialiste
en sociologie politique, il applique l’approche comparative à l’analyse
historique de la circulation transnationale des idées et des connaissances
socio-politiques. Ses travaux portent sur la question de l’autorité et de la
légitimation du pouvoir dans son rapport avec l’imaginaire national.
ISBN : 978-2-343-07390-3 JAP N
44 € Études du fait japonais
EFJ_INENAGA_38,3_ALLEGEANCE-ETAT-MODERNE.indd 1 12/10/15 22:58:24
L’allégeance à l’État moderne
Yusuke INENAGA
Construction de la morale politique
en France et au Japon






























L’allégeance à l’État moderne
Construction de la morale politique en France et au Japon








Japon. Études du fait japonais
Collection dirigée par Jérôme Pace

Consacrée au « fait » japonais, dans ce qu'il peut avoir de plus
large et recouvrant, Japon. Études du fait japonais est une
collection pluridisciplinaire, et loin de toute considération
historiographique et/ou de mode. Sa vocation est double : non
seulement donner un cadre d'expression cohérent aux
chercheurs, mais également permettre la diffusion auprès d’un
large public de travaux universitaires novateurs.



Yusuke Inenaga


L’allégeance à l’État moderne
Construction de la morale politique en France et au Japon


Préface de Pierre Birnbaum












© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
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GLI IXVLRQ KDUPDWWDQ#ZDQDGRR IU
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Remerciements
Je remercie M. Pierre Birnbaum qui a dirigé
ce travail de doctorat en science politique.
Pendant la rédaction, j’ai eu le grand plaisir
de travailler avec lui. Mes remerciements
s’adressent également à Mme Claudine Kelle
qui a relu avec intérêt la première version de
ce manuscrit et qui m’encourage toujours
dans mes activités scientifiques.



















































Préface

Cet ouvrage de Yusuke Inenaga représente une version
quelque peu différente de sa belle thèse de doctorat de
sciences politiques soutenue à l’Université Paris I. Tout
comme sa thèse, il constitue une remarquable étude
comparative des rapports entre État et religion en France et
au Japon durant la période 1868-1914, qui correspond à la
Troisième République et à l’État Meiji. Avant même de
revenir sur l’analyse elle-même, il faut souligner d’emblée
l’originalité de cette étude réellement comparative entre
deux nations aux codes culturels si dissemblables. Y.
Inenaga ne s’en est pas tenu à une analyse traditionnelle
consistant à présenter l’une après l’autre les deux sociétés,
il est parvenu à comparer terme à terme deux nations à la
longue histoire si dissemblable en mettant en lumière des
logiques profondément distinctes en fonction desquelles se
forment des consciences collectives différentes, des
conceptions de la citoyenneté ou de la patrie que tout
oppose. Par-delà les différences de régime, républicain
dans un cas, monarchiste dans l’autre, ce sont des espaces
publics opposés qui se forment, dans un cas, par la laïcité
et, dans l’autre, par la non différenciation entre religion et
espace politico-administratif. Dans ce sens, ce travail
s’insère parfaitement dans la lignée des recherches
comparatives qui prennent la variable étatique comme
essentielle.

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Pour rendre compte de ces logiques historiques à
travers une analyse empirique rigoureuse, Y. Inenaga
aborde un matériel empirique abondant, à travers un
prisme conceptuel remarquable ancré aussi bien dans la
théorie sociologique d’Émile Durkheim à Max Weber, que
dans la théorie politique générale concernant aussi bien la
construction de l’État que la nature de l’espace public, du
pouvoir politique, de la culture politique, etc. De plus, il
s’inspire brillamment de quelques grands auteurs de
théorie politique qui se sont eux-mêmes intéressés soit à la
France, soit au Japon, tels Charles Tilly, Reinhard Bendix,
Edward Shils, David Apter ou encore Theda Skocpol. Il
montre que ces comparaisons remarquables présentent
toutes, néanmoins, de sérieuses limites dues à une
méconnaissance des réalités japonaises. C’est dire que
seule son étude combine admirablement la recherche
empirique minutieuse avec une maîtrise parfaite des
théories les plus complexes.
Y. Inenaga, qui dispose d’une connaissance parfaite de
la littérature concernant les deux sociétés comparées,
montre comment, au Japon, le pouvoir parvient à
centraliser la société en rejetant le régime Tokugawa : il
détruit les fiefs sans pour autant modifier les normes
féodales au fondement de la communauté morale, reposant
sur la discipline, qui concerne aussi bien le politique que
les relations au sein du monde industriel. Ainsi le
changement « par le haut » ne modifie pas les mœurs
traditionnelles et ne permet pas l’émergence d’un État
différencié et fort. La communauté morale lie toujours la
construction de la nation à une religion d’État, une
théocratie où le shintoïsme demeure en étroite fusion avec

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l’État, organise le culte de l’Empereur et contrôle le
processus de socialisation politique. Dès lors, on se trouve
en présence, au Japon, d’une morale ethno-nationale qui
diffère radicalement de la morale civique mise en œuvre en
France, à la même époque, par les Pères fondateurs de la
eIII République à l’aide d’un État fort et différencié,
capable de susciter une communauté de citoyens détachés
du religieux.
Ayant retenu, à juste titre, de l’ouvrage classique
d’Ernest Gellner, Nation et nationalisme, que « ce n’est
pas la guillotine mais le (bien nommé) doctorat d’État qui
est l’instrument principal et le symbole principal de l’État.
Le monopole de l’éducation légitime est maintenant plus
important et plus décisif que le monopole de la violence
légitime », Y. Inenaga met l’École au cœur de son analyse
comparative du nationalisme dans chacune des deux
sociétés, car c’est bien dans ce cadre que se forment les
différentes valeurs collectives ; c’est aussi là que se
mettent

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