L Amérique Empire
336 pages
Français

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Description


L'Amérique est un empire qui ne dit pas son nom. De leur conquête sur les Indiens aux offensives militaires à travers le monde, les Américains ont constamment été en guerre, non pour créer des colonies comme un empire classique, mais pour étendre leur puissance politique et diffuser l'American Way of Life.


L'Amérique empire raconte l'histoire de cette nation partie de rien et qui domine aujourd'hui tout : finance, culture, technologie, armée, institutions internationales... Peu de grandes décisions dans le monde ne se prennent sans que la Maison Blanche ne soit impliquée. Peu d'empires ont connu un tel rayonnement.


Comment l'Amérique en est-elle arrivée là ? Comment s'est-elle développée ? D'où viennent la fascination et la crainte qu'elle suscite ? L'Amérique empire tente de répondre à ces questions et soulève l'inéluctabilité de tout empire : sa chute.


L'Amérique traverse en effet des zones de turbulence majeures : enracinement du trumpisme, déroute en Afghanistan, avènement du wokisme, montée de la Chine, résistance de la Russie... Les Etats-Unis révèlent qu'ils sont plus que jamais un colosse aux pieds d'argile.


L'Amérique empire est un voyage historique et géopolitique dans le temps qui nous fait remonter aux motivations des indépendantistes des 13 colonies britanniques et nous mène à nos jours au piège de Thucydide chinois et la crise existentielle que traverse les Etats-Unis d'Amérique.


De 1776 à aujourd'hui, l'histoire de l'Amérique s'est toujours écrite dans la violence et la passion.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mai 2023
Nombre de lectures 13
EAN13 9782373000726
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Amérique empire



©Éditions Temporis, 2023
9 rue Vaneau, 75 007 PARIS
www.editions-temporis.com
ISBN : 978-2-37300-072-6




L’Amérique empire


Nikola Mirković





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Introduction Empire caché, Nation gâchée
« La décadence de Rome commença quand l’immensité de l’Empire rendit impossible la République »
Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence.
Nouveau Monde et Vieux Continent
Il est difficile de parler des États-Unis sans passion. Terre de rêve ou de malédiction, ce pays ne laisse pas indifférent. Les Américains, appelés aussi États-Uniens, sont si proches de l’Europe par la culture, les origines et le mode de vie qu’on croit souvent que nous faisons partie d’un même bloc civilisationnel. L’Atlantique apparaît alors comme un lac qui séparerait les deux rives d’un même continent. Mais c’est une vision en trompe-l’œil qui ne reflète pas la réalité de l’évolution de l’histoire. Les Américains ont quitté l’Europe il y a 300 ans pour construire un projet bien distinct de celui des nations du Vieux Continent. En trois siècles, ils se sont radicalement émancipés de leur ancien modèle pour devenir modèles à leur tour. Les pères pèlerins du Mayflower se sont faits pasteurs d’un monde nouveau. Fuyant le modèle européen, les colons ont conquis un territoire immense qu’ils ont érigé en matrice et sont partis à la conquête du monde entier dans le but de le transmuer. Mais ce modèle quel est-il ? De quel idéal est porteur le rêve américain ?
Un Empire qui ne dit pas son nom
Les États-Unis d’Amérique ont été fondés par quelques milliers de colons, essentiellement anglo-saxons, installés depuis le XVII e siècle sur le continent américain. Ces aventuriers ont traversé l’Atlantique



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pour rompre avec l’héritage politique européen dans le but de créer un nouveau monde. En moins de deux cents ans les USA se sont hissés au rang de la plus grande puissance mondiale à tel point qu’il est possible de parler aujourd’hui d’Empire. Nous connaissons de nos livres d’histoire l’Empire romain, l’Empire austro-hongrois, l’Empire ottoman, l’Empire français et bien d’autres encore. Tous avaient en commun la volonté de faire grandir une structure politique par-delà les frontières afin d’étendre leur puissance économique, militaire, culturelle ou religieuse. Auguste, Charlemagne ou Napoléon ont tous rêvé de grandeur pour leur État et ont tous été convaincus que leur vision politique était une vision universelle capable de s’adapter et de s’étendre aussi loin que possible. Seules les défaites militaires pouvaient dresser les limites de leurs rêves. Ils ont bâti des empires. En ce qui concerne les US, d’aucuns pourraient rétorquer que le mot « empire » n’est pas adéquat. Ce n’est pas parce que les US sont très puissants qu’ils formeraient pour autant un Empire. Les Américains d’ailleurs n’en revendiquent pas le titre… officiellement.
Empire d’Amérique
Pourtant les États-Unis d’Amérique sont bel et bien un empire dans tous les sens du terme. Nous allons tenter de démontrer dans les pages qui suivent que cette dénomination convient pour qualifier la puissance américaine. Nous verrons que les US, dès leur conception, avaient une vocation impériale et qu’il est possible de déclarer aujourd’hui que l’Empire américain est le plus puissant empire de tous les temps. Contrairement à Rome, Paris ou Vienne, Washington ne s’est jamais officiellement réclamé d’un Empire. Pourtant, comme ses illustres prédécesseurs, Washington déploie des bases militaires à travers une vaste étendue terrestre et maritime au-delà de ses frontières. Il veut régir le commerce. Il veut qu’on parle sa langue, qu’on pratique ses coutumes, qu’on célèbre ses fêtes. Lui aussi brandit l’aigle comme symbole. L’Amérique est un Empire, parce que l’Amérique commande. Sa puissance se manifeste dans son étendue comme dans sa durée. Sa force se mesure à l’incidence de ses décisions. Son importance se perçoit dans le rôle qu’elle joue à toutes les échelles : si l’Amérique change, le monde change. Si l’Amérique guerroie, les nations entrent en guerre. Cet empire se veut donc, et comme n’importe quel autre qui le précéda, centre et ordre du monde, point d’équilibre des nations, avenir de l’humanité, source de bien pour tous.



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Le complexe impérial
Pourquoi cet État si puissant qui dispose d’une armée présente sur tous les continents et qui a toutes les caractéristiques de l’Empire ne se définit- il pas comme tel ? La réponse est certainement dans la question car une des clefs du succès américain est précisément d’avoir bâti sciemment un empire qui ne dit pas son nom. Mais alors pourquoi ? Pourquoi les Américains ne revendiquent-ils pas ce terme ? De nombreux pays européens l’ont fait sans vergogne et sont fiers même d’en afficher l’héritage. Quelle ville impériale regrette sa vocation universelle et l’héritage de son rayonnement passé ? Il est impossible de visiter Paris aujourd’hui sans glorifier les références de l’histoire impériale de la France, que cela soit aux Invalides, à l’Arc de Triomphe, sur la Place de la Concorde… L’Empereur Napoléon est à tous les coins de rue de Paris. Il en est de même pour Pierre le Grand à Saint-Pétersbourg ou François- Joseph à Vienne. Alors quelle est donc cette pudeur qui frappe les Américains pourtant si exubérants d’ordinaire ? Pourquoi n’osent-ils pas avouer qu’ils ont bâti un Empire ?
Raisons d’un tabou
À la réflexion, plusieurs hypothèses viennent à l’esprit, qui s’entrecroisent et se superposent. Tout d’abord, il est clair qu’en taisant sa dimension impériale, l’Amérique entend rester fidèle à sa vocation républicaine et fédérative : un pays qui se présente comme une association d’États unis par un projet commun ne saurait proclamer ses intentions hégémoniques. De même, le fait de dissimuler sa nature impériale exonère l’Amérique d’avoir à s’acquitter des devoirs du vainqueur. Tout Empire qui domine se doit de protéger, d’organiser, de légiférer, de faire prospérer les nations conquises. Une puissance qui règne sans le dire récupère le tribut mais s’affranchit de toute rétribution : le conquérant prélève mais n’élève pas. Plus subtilement alors, les États-Unis, qui ont le privilège de dominer une grande partie du monde sans avoir à le dire, exercent un règne plus aisé parce que dissimulé. Par cette ruse, l’Oncle Sam fait figure de père protecteur et débonnaire, qui fait passer pour ingrats et aigris tous les opposants à son pouvoir. Ceux-là sont même fous et atrabilaires, qui se révoltent contre une domination qui n’existerait pas. De quel joug veulent-ils donc se libérer, puisque nulle autorité ne leur a été imposée ? On le voit donc alors, la dissimulation des intentions impériales américaines s’explique à la fois par une incompatibilité de nature autant



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que par une efficacité de moyens : taisant sa volonté de puissance, l’Amérique se fait plus puissante encore, tout en déclarant officiellement vouloir rester fidèle à son idéal et à ses rêves.
L’Amérique empire
Le paradoxe de cette supercherie est alors que le tour de passe-passe, effectué avec soin dès l’origine par ses fondateurs, va se retourner contre les prestidigitateurs eux-mêmes. En se démettant de leurs tâches impériales, les États-Unis se sont soustraits à tout devoir politique et, ce faisant, ont bradé leur nation aux plus offrants. Refusant de gouverner en souverains, ils ont perdu leur propre souveraineté. Et cette défection d’autorité a nui aux Américains eux-mêmes, qui souffrent désormais et s’essoufflent en traversant une crise de confiance et d’optimisme inédite dans leur histoire. Car il ne faut pas s’y tromper, l’Amérique va mal. Le pays est criblé de dettes et divisé contre lui-même. Elle perd son identité. Une vague de suicides et de décès par surdose inquiète les institutions. Les deux dernières élections ont révélé la réalité d’un territoire fracturé séparant deux entités hétérogènes et incompatibles. Angus Deaton, prix Nobel d’économie, a relevé cette détresse et a mis des mots sur ce désarroi. Évoquant ces « morts par désespoir », il dresse le constat d’une désespérance sociale qui fait des Américains eux-mêmes les victimes d’une économie trop grande, parents pauvres d’un rêve qui les a bien vite dépassés. La classe moyenne se paupérise, les ouvriers et les agriculteurs subissent un endettement qui les accable. Certains se donnent la mort dans la détresse des fins de mois impossibles et l’indifférence d’une spirale financière qui les broie. Qui veut s’en convaincre n’a qu’à arpenter les quartiers désaffectés de la « Rust Belt » jadis si prospère. Des hangars désaffectés y croisent le chemin de voies ferrées qui ne mènent nulle part, se perdant dans les herbes sauvages et les monticules de ferraille : l’ American way of life est venu se briser sur la dure réalité d’une dynamique qu’il a lui-même créée.
Potestas, maiestas, auctoritas
L’oncle Sam serait-il devenu l’envers cynique d’un ogre dévorant ? Le prix de l’Empire est la mort de la nation. Les pages qu’on va lire ont pour objet cette inflexion pour rendre compte d’une lente et subtile transformation. La dissimulation du fait impérial a effectivement généré la faillite du projet national selon plusieurs étapes qui s’incarnent dans l’histoire du peuple



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américain. Un premier moment est celui de la fondation par élection : les passagers du Mayflower , fuyant les persécutions britanniques, conçoivent leurs États-Unis comme une terre promise bénéficiant des grâces et de la protection particulière du Très Haut. Forte de cet appui, l’Amérique se lance dans une politique de l’extension par dominat

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